Ferme dite "de Bois-Boutet", actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Mignaloux-Beauvoir

Au 17e siècle, le domaine appartenait à des notables poitevins, et relevait de la commanderie de Beauvoir et de l'abbaye de la Trinité. C'est à cette époque que remontent probablement les parties les plus anciennes des bâtiments actuels : deux baies encadrées d'ailerons à volutes, une porte intérieure couverte d'un arc en plein cintre, une petite baie rectangulaire à encadrement chanfreiné, et peut-être la porte en plein cintre visible sur l'élévation sud-est. Le logis, caractéristique de son époque, devait comprendre un rez-de-chaussée surmonté d'un toit à lucarnes. A la fin des années 1660, le domaine appartient à Gabriel Daniau, sieur de La Blanchardière, avocat au présidial de Poitiers et ancien sénéchal de Montierneuf, marié à Marie Clerville. Après son décès, le domaine reste aux mains de sa veuve et d'un de leur fils, Jean-François-de-Salles Daniau (1670-1703), prêtre-chanoine de Saint-Pierre-le-Puellier de Poitiers. A la mort de ce dernier, leurs héritiers reçoivent le domaine ; il s'agit de Jean Clerville sieur de la Picardière, Marie-Anne Le Gaigneur épouse de Pierre Girnal, gentilhomme de la Maison du roi, premier commis des fortifications de France, demeurant à Paris, et Marthe de Lugré épouse de Jean Auboin, maître particulier des Eaux et Forêts de Poitiers. Ils le revendent le 29 juillet 1705 à Pierre et Antoine Babault, marchands de drap et de soie à Poitiers. Dans cet acte de vente, la maison est appelée le Petit Bois. En dépendent deux métairies « consistant tant en maisons, prés, bois taillis et futaies, terres ». L'une de ces deux métairies correspond probablement à la ferme dite plus tard Gros Verrou. Le Petit Bois et ses deux métairies restent dans la famille Babault tout au long du 18e siècle. Le puits, sur lequel est gravé la date 1716, est peut-être le témoin de travaux réalisés à cette époque. L'ensemble est cédé à titre de bail à rente foncière et viagère par Françoise-Radegonde Babaud, fille de procureur, demeurant à Poitiers, à François Roy et Suzanne Gordien le 5 thermidor an II. François Roy était menuisier et demeurait avec son épouse à Poitiers. L'acte décrit ainsi la propriété : « une maison et dépendances [...] comprenant deux chambres basses, greniers régnant dessus, cellier, cour, jardin, fruitière, prés, bois taillis et futaies ». Sont également cédées les métairies de la Lussaudrie et de Bois-Boutet, exploitées toutes deux par Louis Chavigneau, plus une borderie exploitée par Sylvain Guénault. Les bâtiments apparaissent ensuite sur le cadastre de 1819 : la demeure de Bois-Boutet sur la parcelle E 191, et la métairie de Bois-Boutet, plus tard appelée Gros Verrou, en E 195. Autour se trouvaient deux jardins (E 193 et 194), deux prés (E 190 et 197), une pâture (E 198), un taillis (E 189), un terrain laissé "vague" (E 192) et une parcelle de luzerne (E 196). François Roy organise le partage de ses biens le 21 mai 1820. Il conserve pour lui la demeure de Bois-Boutet, décrite comme « une maison de maître ... consistant en une cuisine, trois chambres contiguës, un petit fourniou à côté de la cuisine, un cellier ou petite grange à côté de ladite maison, un toit à brebis, un toit à cochons, un toit à volailles, le tout se tenant, une cour renfermée de murs et un puits dans ladite cour ». Autour de la maison, il disposait aussi du jardin cadastré E 193, qui comprenait un verger, l'ensemble étant entouré de fossés et de haies vives, du pré cadastré E 190, appelé « la Luserne », et d'une partie du taillis appelé Bois-Boutet. Il se réserve aussi la propriété de deux tiers de la grange de la métairie du Bois-Boutet « à prendre dans l'intérieur de ladite grange du côté de l'écurie ». François Roy donne à ses trois enfants Pierre, François et Françoise Radegonde mariée à Pierre Boudet, tous cultivateurs, la maison de la métairie du Bois-Boutet (ferme dite plus tard Gros Verrou). Elle comprenait une pièce au rez-de-chaussée surmontée d'un grenier, une cave à l'arrière de la pièce, et un fourniou. Le dernier tiers de la grange et la partie de cour y correspondant leur sont aussi donnés. Les enfants avaient le droit d'abreuver leurs bêtes à la mare située sur les terres de leur père, ainsi que d'utiliser son puits et son four. Quelques années plus tard, le 12 octobre 1824, François Roy donne à ses trois enfants sa demeure de Bois-Boutet, ainsi que le jardin et le pré. Il meurt peu après, le 12 janvier 1825. On sait que sa succession mobilière comprenait 3 lits, 15 linceuls, une nappe, 9 serviettes, une maie à pétrir, une armoire, un buffet, deux charrettes, une bourrique, trois oilles, de la paille, deux milliers de foin, un tas de fumier, et une batterie de cuisine, le tout d'une valeur de 1000 francs. D'après le cadastre, François Roy fils vécut dans la maison de la métairie de Bois-Boutet (ferme dite plus tard Gros Verrou), tandis que sa soeur Françoise-Radegonde vécut avec son mari Pierre Boudet dans la maison de maître. Elle y mourut le 7 avril 1826, et son inventaire après décès décrit la maison : la cuisine ainsi qu'une pièce étaient ouvertes sur la cour, tandis que les deux autres pièces ouvraient à la fois sur le jardin et la cour. La cour contenait un tas de fumier et des morceaux de bois, la grange une charrette, l'étable deux boeufs. Après le couple Boudet-Roy, la demeure de Bois-Boutet échoit à François Roy fils en 1839, selon les indications du cadastre. Après lui, Bois-Boutet et la métairie voisine, dénommée plus tard Gros Verrou, changent plusieurs fois de mains. En 1855, le tout appartient à Jacques Mousseau, maire de Mignaloux-Beauvoir de 1861 à 1884. Au début de son mandat, et jusqu'à la construction de la mairie-école dans le bourg de Mignaloux, sa maison de Bois-Boutet sert même aux réunions du conseil municipal. Jacques Mousseau meurt en 1890 : son tombeau est encore visible dans le cimetière de Mignaloux. Bois-Boutet passe alors à Louis Mousseau, probablement son fils, puis à Joseph-Arthur Girault, demeurant à Poitiers, en 1909. Ce dernier achète aussi une maison bâtie sur la parcelle E 190. Tout au long du 19e siècle, puis au 20e siècle, le domaine connaît d'importantes transformations. Le cadastre indique que des travaux sont réalisés en 1842 et 1855 : c'est peut-être à cette époque que le logis est reconstruit, ne gardant que quelques traces de son aspect antérieur. Si le logis a conservé son implantation, son élévation a été modifiée : nouveaux percements, surélévation de l'étage de comble en étage en surcroît. L'ensemble des dépendances formant l'aile nord-est a été agrandi. D'autres dépendances ont été ajoutées au sud-ouest, ainsi qu'un mur et un portail pour fermer la cour au nord-ouest. Des toits à animaux ont été adossés dans la cour contre une partie de ce mur. Des deux mares visibles à l'ouest sur le plan cadastral de 1819, il n'en reste plus qu'une. L'ensemble des bâtiments est resté la propriété de la famille Girault pendant presque tout le 20e siècle, avant d'être divisé et de perdre sa fonction agricole.

Périodes

Principale : 17e siècle (incertitude)

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Secondaire : 20e siècle

Dates

1716, porte la date

1842, daté par source

1855, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

L'ancienne ferme de Bois-Boutet comporte trois corps de bâtiments en U autour d'une cour, fermée sur le quatrième côté, au nord-ouest, par un mur et autrefois un portail dont on voit encore les chasse-roues. Le logis occupe l'aile sud-est. Sa façade donne sur la cour. Elle présentait probablement autrefois une porte centrale entre deux travées. Une porte apparemment ancienne est observée à droite. Deux fenêtres récemment percées se trouvent au-dessus de chacune des portes. Vers l'extérieur, côté sud-est, l'élévation du logis présente cinq baies au rez-de-chaussée, dont une porte centrale en plein cintre, clef et sommiers saillants, et deux à l'étage, dont une petite baie à encadrement chanfreiné. Sur l'autre façade, côté cour, on observe en particulier une ancienne lucarne dont les éléments ont été remployés en montants de fenêtre. Dans la partie nord de l'aile du logis se trouvait autrefois la cuisine, dans le prolongement de laquelle il y avait un four et une resserre à bois, dans l'angle des ailes du logis et des dépendances. L'aile nord-est regroupait une grange située entre deux étables. L'autre ensemble de dépendances, lui faisant face au sud-ouest, rassemblait une étable, une porcherie et une écurie, dans le prolongement de laquelle se trouve, au-delà du mur fermant la cour, un petit hangar. D'autres toits à animaux sont adossés à la partie nord du mur fermant la cour. Dans la partie sud de la cour se trouve un puits. Une mare est visible à l'ouest de l'ensemble bâti.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile creuse
Étages

étage en surcroît

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Typologie
  1. ferme à bâtiments jointifs
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : volute


Précision sur la représentation :

L'ancienne lucarne observée sur la façade sur cour du logis, est ornée d'ailerons à volutes.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Mignaloux-Beauvoir , 1848 route de la Gare

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Gros Puits

Cadastre: 1819 E2 189 à 198, 2004 F1 62 à 64

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