Présentation de la commune de Floirac

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Une histoire discrète et mal connue jusqu'au milieu du 19e siècle

L'histoire de Floirac jusqu'à la Révolution est relativement mal connue, faute de sources abondantes. Divers vestiges archéologiques ont été ponctuellement mis au jour : des silex taillés de la période paléolithique (pointes, racloirs...), des petites boules en pierre polie, à l'usage incertain. Des interrogations subsistent sur l'existence d'une occupation humaine dans le vallon du bourg avant le Moyen Âge, ayant précédé l'implantation de l'église.

À partir de la période médiévale, la paroisse dépend de la seigneurie puis principauté de Mortagne, et le prieur de Mortagne a le pouvoir de proposer à l'évêque ses candidats pour la nomination à la cure de Floirac. Une autre autorité s'exerce jusqu'à la Révolution : celle du chapitre de la cathédrale de Luçon (Vendée) dont dépend le petit prieuré de Floirac. Celui-ci est matériellement constitué de l'église, de son cimetière, préservé de nos jours, et du presbytère, aujourd'hui disparu et qui se situait juste au nord de l'église. L'implantation de ce prieuré au fond d'un vallon vulnérable aux attaques, en retrait par rapport à l'estuaire et ses activités, reste énigmatique.

Floirac fait en effet partie d'un territoire stratégique, convoité au Moyen ge par les différentes armées. C'est probablement ce qui explique l'existence de nombreuses cavités souterraines, sans doute conçues comme des refuges pour les habitants face aux assaillants, davantage que des souterrains reliant de manière hypothétique des lieux trop éloignés les uns des autres. Une de ces cavités a été découverte au lieu-dit la Croix, une autre, plus importante encore, à Féole (voir en annexe).

Du point de vue économique, la paysannerie de Floirac vit, jusqu'à la Révolution et même jusqu'au milieu du 19e siècle, d'agriculture, d'un peu de viticulture et des ressources des marais. C'est ce que montre l'analyse de l'occupation du sol au début du 19e siècle, grâce au cadastre de 1833. Le territoire de la commune est alors pour moitié occupé par les champs céréaliers, que ce soit sur le plateau autour de Féole, ou sur les coteaux et dans les combes près de Mageloup. Cette production de blé alimente des moulins à vent postés sur les coteaux de Mageloup et à Bel Air, et mentionnés sur la carte de Cassini au milieu du 18e siècle. Ces activités permettent au nombre d'habitants d'atteindre un niveau relativement élevé : au 18e siècle, Floirac compte environ 800 habitants, 820 au milieu du 19e siècle.

De son côté, la superficie viticole est encore très minoritaire au début du 19e siècle (12 % seulement du territoire). La vigne est cantonnée à quelques pentes ensoleillées, orientées au sud (par exemple au pied de Clopilet), ou à de petites parcelles longilignes sur le plateau, exception faite des superficies viticoles plus importantes liées à une ou deux métairies près de Féole. Quant aux marais, soumis aux assauts de l'estuaire, ils sont exploités pour la pêche, la chasse et l'élevage. Ils sont délimités à l'ouest par l'étier de Fondevine dont un bras aboutit à l'estuaire, formant un petit chenal.

Depuis le Moyen Âge, les pratiques collectives occupent une grande place dans ce contexte économique. Elles s'appliquent en particulier pour l'élevage aux marais appelés "les Cordées", entre l'actuelle route D245 et les bords d'estuaire, marais qui, jusqu'à la Révolution, appartiennent à l'abbaye de Masdion. Les pratiques collectives concernent aussi les landes et les bois qui couvrent l'extrémité nord de la commune jusqu'au 19e siècle (leur étendue est alors presque aussi grande que celle des vignes). Cet usage collectif apparaît dans l'histoire avec un accord passé le 14 mars 1457 entre les habitants de Mortagne, Épargnes, Virollet, Brie, Boutenac, Saint-Romain et Floirac d'une part, l'abbaye de Masdion et le seigneur de Mortagne d'autre part. Les seconds autorisent les premiers à faire usage d'un bois, le Bois-Rigaud qui, au 16e siècle, fait place à une lande dont il reste encore aujourd'hui des vestiges au nord de Floirac.

Les révolutions du vent puis du vin au 19e siècle

Si la Révolution française a peu d'impact sur Floirac (mis à part la saisie, comme biens nationaux, des quelques terres dépendant du chapitre cathédral de Luçon), la commune va connaître au 19e siècle deux phénomènes économiques successifs qui vont permettre son enrichissement. Le premier concerne l'utilisation d'une ressource naturelle très présente sur l'estuaire de la Gironde : le vent. Déjà présents au 18e siècle, les moulins à vent voient leur nombre augmenter dès le début du 19e siècle, à la faveur de la suppression des monopoles seigneuriaux par la Révolution. Les moulins de la Sablière, de la Champagne et de Clopilet sont probablement édifiés dans les deux premières décennies du 19e siècle. Sur le cadastre de 1833, on compte dix moulins à vent, dont sept au sommet des coteaux de Mageloup, face à l'estuaire.

Au cours du 19e siècle, ces moulins se perfectionnent, comme l'indique l'adoption, par les moulins de la Sablière et de la Champagne au moins, du système d'ailes Berton (un assemblage de planches déployables, plus efficace que les toiles traditionnelles). La minoterie par le vent trouve toutefois vite ses limites car, si fort puisse-t-il être, le vent est très irrégulier. Cela est source d'une production incertaine et d'incidents parfois fatals aux ailes et aux meules des moulins. Voilà pourquoi, dès le milieu du 19e siècle, un certain nombre de moulins cessent de tourner.

Leurs propriétaires réorientent alors leur activité vers une autre source de revenus qui, dans les années 1850-1870, enrichit considérablement la commune et ses habitants : la viticulture. Comme dans toute la région, la production de vin et d'eau-de-vie fait la prospérité, aussi intense que brève, de nombreux habitants de Floirac, même si cet enrichissement est moins important que pour les communes portuaires et commerciales voisines. Durant ces quelques décennies, beaucoup de bâtiments sont construits ou reconstruits, et des chais viennent s'accoler aux logis. Le phénomène semble toutefois davantage profiter aux exploitations plus proches de l'estuaire et de ses ports, tandis que les hameaux situés à l'intérieur des terres tirent moins leur épingle du jeu.

Pour tous, cette période de prospérité relative s'arrête dans les années 1880. La crise du phylloxéra décime les vignes et l'économie de la commune, comme celles de toute la région. Le nombre d'habitants passe de 784 en 1866 à 630 en 1891. On constate même la disparition ou le rétrecissement de quelques hameaux, notamment près du bourg. Dès lors, et jusqu'au milieu du 20e siècle, les exploitations se tournent vers la polyculture, pratiquant à la fois la céréaliculture, l'élevage et encore un peu de viticulture.

La reconstitution des vignes est toutefois partielle et les autorités doivent intervenir pour soutenir les exploitants : en 1905 et 1906 par exemple, la municipalité de Floirac met en place des ateliers publics de distillation, et l'instituteur pèse gratuitement les récoltes de vin à un appareil communal. En 1910, la récolte des vignes est détruite par un phénomène climatique, et un secours est demandé à l'État.

Dans les marais, les parcelles longilignes séparées par des fossés, sans haies pour faciliter la circulation, sont plus que jamais exploitées pour faire paître les troupeaux et récolter du foin. Loin de tout dessèchement, la mise en valeur des marais se limite à l'existence d'une Société syndicale de la Prairie de Floirac. La vaine pâture est strictement réglementée. En novembre 1912 par exemple, le conseil municipal en rappelle les règles : l'usage des marais est limité dans la saison et dans la journée ; il ne peut se faire qu'en dehors des périodes d'ensemencement et d'épizooties, de dégel, de pluies et d'inondations. Chaque foyer ne peut laisser dans les marais qu'un maximum de 6 vaches, 50 moutons, 2 chevaux et 2 juments. La chasse et la pêche restent des activités primordiales pour les habitants, comme en témoigne la demande exprimée par le conseil municipal, en 1909, de maintenir "la chasse au filet des oiseaux de passage".

Les transformations d'une commune rurale au 20e siècle

Au cours des décennies suivantes, la modernité entre peu à peu à Floirac, d'abord par le biais d'équipements publics. Dès la fin du 19e siècle, la ligne ferroviaire du tramway départemental qui relie Touvent à Jonzac via Saint-Fort-sur-Gironde, propose une halte à Féole. L'électrification de la commune commence en 1929-1930. En 1939, une convention est signée avec la Société charentaise de distribution électrique pour l'électrification des écarts. En 1955, la municipalité décide de raccorder la commune au système d'adduction d'eau de Saint-Fort, ce qui est fait en 1960.

Pourtant, le nombre d'habitants ne cesse de diminuer : il passe de 610 en 1906 à 435 en 1946 et à 269 en 1982. La fusion des écoles de filles et de garçons est décidée dès 1930, et l'école ferme en 1984. Parmi les autres bâtiments publics, le presbytère est démoli dans les années 1970.

Dans les marais, les pratiques ancestrales, la vaine pâture notamment, se maintiennent jusque dans les années 1960. L'inondation régulière des marais préoccupe de plus en plus les exploitants. En 1962, une pétition réclame un meilleur entretetien de l'étier de Fondevine qui inonde les marais, fait perdre les foins et coupe la route vers Mortagne. En 1963, un particulier, Paul Richaud, ingénieur de formation, entreprend d´endiguer les marais vaseux les plus proches de l´estuaire, après s´être formé aux techniques mises en oeuvre aux Pays-Bas. Il obtient en 1967 et 1969 une concession sur le domaine public, détenu par le Port autonome de Bordeaux.

Avec deux autres exploitants, MM. Beguet et Popin, M. Richaud parvient à endiguer et à assainir 300 hectares de marais sur les communes de Floirac, Mortagne et Chenac-Saint-Seurin-d´Uzet. Un système de digues, de fossés, de vannes et de buses à clapet, acheminant l´eau au port de la Rive, est mis en place. Le remembrement des marais de Floirac est réalisé en 1968. À cette occasion, les limites avec les communes de Mortagne et de Saint-Romain-sur-Gironde, qui dans les marais épousaient d'anciens chenaux, sont rectifiées. Les travaux menés par M. Richaud suscitent toutefois une vague de contestations et d´incidents parfois violents, qui se termine devant la Justice. En tout état de cause, ces aménagements font entrer les marais dans l´agriculture moderne, avant tout céréalière, et en bouleversent le paysage.

Au cours des deux dernières décennies, la population de Floirac a recommencé à augmenter grâce à l'arrivée de nouveaux habitants. Elle compte aujourd'hui 330 habitants (recensement de 2008). Située sur la "route verte", route touristique qui longe la rive droite de l'estuaire, Floirac tire parti de ses paysages, appréciés par de plus en plus de résidents secondaires (20 % des logements sont des résidences secondaires).

L'inventaire du patrimoine de la commune a donné lieu à la réalisation de 186 dossiers documentaires (171 sur le bâti et 15 sur les objets mobiliers et le décor porté de l'église). Parmi les éléments étudiés, 12 ont été sélectionnés pour leur intérêt historique et/ou architectural, 155 ont été repérés et 2 ont été recensés. Un dossier de synthèse a été réalisé sur l'habitat (maisons et fermes).

La commune de Floirac se situe sur la rive droite de l'estuaire de la Gironde. Son territoire couvre 1286 hectares. Sa façade sur l'estuaire est relativement étroite (environ 1,5 kilomètres), mais la commune s'étend jusqu'à plus de 8 kilomètres à l'intérieur des terres.

Le caractère longiligne du territoire de la commune de Floirac permet d'appréhender une succession de paysages variés, depuis l'intérieur des terres jusqu'aux abords immédiats de l'estuaire. Le contraste est important entre le paysage plat du nord de la commune et le relief du sud.

À son extremité nord, la commune frôle la forêt de la Lande et présente les vestiges d'anciennes landes. Puis, entre les Girauderies et la route D730 de Royan à Mirambeau, s'étend un plateau agricole et viticole, paysage ouvert qui enveloppe de rares hameaux et fermes isolées, notamment Féole (ou "Fiole"). Ce plateau s'élève peu à peu vers le sud. De l'autre côté de la route, un promontoire culmine à 52 mètres d'altitude et offre un premier aperçu sur l'estuaire, au loin. C'est là qu'ont pris place des moulins à vent récemment restaurés.

Au pied de ce promontoire, une première vallée, en pente douce, s'étend d'est en ouest. Elle prend naissance aux Baudets et s'étire vers Rabaine où commence un ruissellement vers les marais de Fondevine qui délimitent la commune à l'ouest. Les pentes et le fond de cette vallée sont occupés par des champs céréaliers et quelques vignes.

En continuant vers le sud, le terrain s'élève à nouveau en une étroite langue de terre nord-ouest/sud-est. Culminant à 64 mètres d'altitude, elle est majoritairement couverte de bois et de vignes. Elle plonge rapidement au sud vers le petit bourg de Floirac, niché au creux d'un vallon long et étroit, lui aussi tourné vers les marais de Fondevine. Quittant le bourg vers le sud, la route monte sur un autre promontoire qui relie le coteau de Tasserand et le hameau de la Croix, aux abords de Saint-Fort-sur-Gironde, à l'est. C'est là que se trouve le point le plus élevé de la commune (69 mètres d'altitude).

Après une nouvelle dépression, à la Font de Mageloup (qui tire son nom de la présence d'une des fontaines de la commune), s'élève le petit plateau de Mageloup (63 mètres d'altitude) où s'est développé l'essentiel de l'habitat. À partir de là, autour du Breuil, de Clopilet et du Moulin de Mageloup, le paysage se déchire en coteaux qui plongent vers des vallons ou "combes", notamment la Combe Martin. Depuis ces balcons sur l'estuaire, cadre idéal où se sont implantés plusieurs moulins à vent, le regard porte de Blaye à Talmont-sur-Gironde et au Verdon.

Au pied de ces promontoires, les marais desséchés s'étendent jusqu'à une digue qui les sépare des marécages aux abords immédiats de l'estuaire. Aux fossés et canaux rectilignes creusés pour draîner les terres céréalières, succède une mer étroite de roseaux et de vase, ponctuée de quelques tonnes de chasse. À l'ouest de la commune, les marais de Fondevine sont plantés de peupliers qui alternent avec quelques prairies.

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