Thermes d'Orteig

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Eaux-Bonnes

Avec les Bains ordinaires, l'établissement d'Orteig constituait le deuxième pôle thermal de la station d'Eaux-Bonnes, également doté de leur aménagement paysager sur la rive gauche du Valentin et au bas de la rue de la Cascade.

Parmi les six résurgences localisées dans le bourg thermal, la commune décide d'exploiter la source d'Orteig au début des années 1850. Elle reçoit l'autorisation d'exploitation des eaux et envisage la construction d'un établissement spécifique en 1852. Deux ans plus tard, l'architecte départemental Gustave Lévy et l'ingénieur des mines Jules François réalisent le projet de captage de la source. Un important déblaiement du site, implanté en contrebas de la montagne et au bord du Valentin, est mené entre 1856 et 1859, puis on procède à la construction de l'établissement d'Orteig et du pont voisin menant au village d'Aas de 1864 à 1870. Les deux réalisations sont exécutées par l'entrepreneur Charles Courrèges, sous la direction du conducteur de travaux Jules Turon.

Parallèlement, afin de parachever le site, un premier plan d'embellissement, comprenant un petit jardin public et nécessitant l'expropriation d'une dizaine de parcelles, est projeté dès 1861 puis exécuté en 1868 sous la direction de Turon en 30 journées d'ouvriers. Un second programme d'aménagement paysager est réalisé au même endroit par l'architecte communal Pierre Gabarret entre 1877 et 1878. Cette démarche témoigne des politiques d'aménagements urbains habituelles dans la seconde moitié du 19e siècle.

Les cahiers de chantier permettent de dénombrer entre 10 et 20 ouvriers en permanence tout au long de l'année 1864. Se côtoient chef de chantier, maçons, charpentiers, marbriers, tailleurs de pierre, manœuvres et autres ouvriers. Le transport des matériaux est facilité par des voitures attelées fournies par les entrepreneurs Courrèges et Panacau. En 1867, un projet de logement pour les futurs employés du site est abandonné au profit de la construction d'un autre établissement de bains d'eau naturelle, les Bains ordinaires, implanté juste en face sur la rive droite du Valentin.

Les Thermes d'Orteig rencontrent de nombreuses vicissitudes techniques tout au long de leur éphémère existence en raison de leur exposition périlleuse aux crues qui, avant la création d'une retenue en aval au 20e siècle, étaient régulières sur le site. En 1875, il est nécessaire d'exécuter des travaux, notamment de canalisation du Valentin, et d'adjoindre un réservoir supplémentaire aux thermes afin de les protéger des inondations, l'ensemble étant projeté par Pierre Gabarret. En 1901, une fuite non réparée malgré les injonctions de la commune la conduit à fermer le site et à suspendre l'administrateur des établissements thermaux, Bonnecaze, remplacé par le comptable dénommé Puyaubreau. La matrice cadastrale indique ensuite que le "pavillon du bassin des Bains d'Orteig", c'est-à-dire une partie de ce petit complexe thermal, est démoli et dé-cadastré en 1904. En 1924, la construction d'un nouveau réservoir est encore projetée.

Tombé en désuétude, l'établissement est démoli dans les années 1970. Il en reste une salle souterraine située sous la route actuelle, où se trouve encore l'ancienne fontaine accueillant la sortie de la source.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1864, daté par source

1868, daté par source

1887, daté par source

1904, daté par source

Auteurs Auteur : Lévy Gustave

Architecte départemental des Basses-Pyrénées, en poste entre 1856 et 1879. Il travailla notamment pour les églises de : Garlin (reconstruction, 1856-1864), Rontignon (achèvement, 1857-1861), Arzacq (construction, 1857-1868), Eaux-Bonnes (temple protestant, thermes, mairie, écoles..., 1857-1861), Aubertin (construction, 1859-1867), Bougarber (clocher, 1861-1868), Bilhères (agrandissement, 1863-1867), Eaux-Bonnes (église, 1862-1869), Saint-Palais (deux projets de construction refusés, 1863 et 1864), Lamayou (construction, 1864-1876), Maucor (reconstruction, avant 1867), Beuste (construction, 1864-1869), Bordes (construction, 1864 puis 1872-1885), Saint-Faust (construction, 1866-1867), Arbus (reconstruction, 1867-1868), Portet (reconstruction, 1867-1870), Abère (projet de reconstruction non exécuté, 1868), Ponsons-Dessus (construction, vers 1868), Saint-Vincent (projet de construction d'un clocher, non exécuté, 1868), Soumoulou (projet de construction non exécuté, 1870), Boeil-Bezing (reconstruction, 1871), Arrien (projet de reconstruction non exécuté, 1872), Esquiule (reconstruction, 1874-1879).

Plusieurs travaux et équipements importants lui sont attribués à Pau : réaménagement de l'ancien asile d'aliénés départemental et construction d'un nouveau (Saint-Luc, 1865-68) ; hôtel de ville-théâtre (1862) ; prison départementale (1863) ; Grand Hôtel (1862)...

, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : François Jules, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Turon Jules

Conducteur de travaux, actif dans la seconde moitié du XIXe siècle aux Eaux-Bonnes et aux Eaux-Chaudes.

, conducteur de travaux (attribution par source)
Auteur : Courrèges Charles

Entrepreneur actif aux Eaux-Bonnes dans les années 1860-1880.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Gabarret Pierre

Architecte communal des Eaux-Bonnes dans les années 1870-1880.

, architecte communal (attribution par source)

L'établissement d'Orteig était implanté sur un site naturel au bord du Valentin, en contrebas de la montagne et à l'extrémité de la rue de la Cascade, avec les avantages - un cadre pittoresque - et les inconvénients environnementaux - l'exposition aux intempéries, à l'érosion et aux inondations - que cela suppose. A travers les projets architecturaux successifs, se manifeste toujours une quête de cohérence urbaine et d'aménagement global du site, intégrant les bains voisins et un petit parc paysager, en tant que prolongement de la station vers la route d'Aas. Cette réflexion répondait à la fois aux nécessités urbaines contemporaines et aux attentes de la société en villégiature, à la fois convalescente, oisive et mondaine.

En l'état actuel, aucun document iconographique représentant les thermes d'Orteig n'a été identifié. En revanche, les devis estimatifs dressés par l'architecte et les entrepreneurs de travaux permettent de connaître leur mode constructif, notamment les matériaux pétrographiques et autres matières premières, tous issus de l'environnement local, à l'instar de l'ensemble des constructions à Eaux-Bonnes. Par exemple, le sable devait être extrait au départ de la promenade Horizontale, la chaux provenait des fours d'Estialecq, les moellons des carrières d'Arudy, et les pierres de taille des carrières d'Iscoo ou d'Arrecq de Miey-Dio.

Un profil en long dressé en 1865 par Turon pour le projet de place publique montre un édifice de plan carré. Un plan des environs datant de 1868 présente, quant à lui, un projet d'implantation d'un bâtiment rectangulaire avec un développement semi-circulaire accueillant les salles de bain. Ce projet devait remplacer un petit pavillon primitif carré situé à l'emplacement même de la source, mais il n'a pas été exécuté. Le plan de reconstruction de la Maison Salanave, détruite par une inondation, illustre en effet l'implantation définitive de l'établissement, qui adoptait un plan plus simple de forme rectangulaire déployé dans la longueur entre le chemin d'Aas et le Valentin. Sa façade principale était devancée par un perron central. Entre cette élévation et la Maison Salanave se trouvait un petit jardin public irrégulier orné de conifères.

En ce qui concerne le mobilier, un devis réalisé pour les grands thermes indique que les salles de bain d'Orteig étaient équipées de baignoires en marbre blanc. En outre, un inventaire des établissements thermaux dressé en 1908 décrit sommairement les équipements et la distribution des thermes d'Orteig : promenoir, salon bureau, cabines "supérieures", sous-sol, deux cabines, une grande douche, un chauffoir, une cuisine et un dépôt de charbon. Ce document confirme la modestie des proportions et des équipements de l'édifice au regard du grand établissement thermal historique. En revanche, pas plus que les plans, il ne renseigne sur le parti pris esthétique du bâtiment qui, au vu de sa datation, de sa fonction et du bâtiment d'hydrothérapie voisin, associait sans doute les formes dépouillées de l'architecture vernaculaire et des influences néoclassiques.

Le site des Thermes d'Orteig et des bains ordinaires a été considérablement modifié, l'établissement ayant laissé place à une voie publique goudronnée. On accède à l'unique salle subsistante des thermes, située sous la voirie, par une bouche exiguë, au sein d'un conduit vertical doté de barreaux d'échelle scellés dans la paroi. Dans cet espace, un premier niveau, haut d'environ 1,50 m, conduit vers quelques marches d'escalier descendant vers la seconde partie de la salle, qui présente davantage de hauteur. Près de cet escalier, trône encore une ancienne vasque en pierre avec son tuyautage et un robinet adoptant le parti pris académique. L'eau à température naturellement chaude de la source s'écoule encore et crée une ambiance vaporeuse (rendant difficile les clichés photographiques). La salle est entièrement dallée de pierre locale. Elle ne comporte plus pour seule ouverture que son entrée verticale bien qu'une porte condamnée, avec son encadrement en pierre de taille de style historiciste, subsiste encore dans la partie supérieure de la salle.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Étages

sous-sol

État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Eaux-Bonnes , place d' Orteig

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2018 AN 40

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