Maisons, fermes : l'habitat à Buxerolles

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Buxerolles

L'analyse par période de construction, estimée ou fournie par les sources cadastrales, des maisons et des fermes retenues au cours de l'étude, traduit l'évolution à la fois démographique et urbanistique de la commune (fig. 1) : une seule maison, celle de la Barre, porte encore des traces médiévales et du 16e siècle ; 10 ont dû être construites, en tout ou partie, au 17e siècle, et 17 autres au 18e siècle ; la grande majorité des maisons et des fermes recensées (168) ont été construites ou reconstruites au 19e siècle, et notamment (129) dans sa seconde moitié ou à sa fin ; enfin 30 maisons et fermes parmi celles recensées ont été édifiées dans la première moitié du 20e siècle. 14 dates inscrites ont été relevées sur 12 bâtiments pour l´ensemble de la commune, avec parfois deux inscriptions sur un seul édifice : trois dates inscrites pour le 18e siècle (1704, 1725 et 1761 ; voir fig. 7), 8 pour la seconde moitié du 19e siècle (1867, 1869, 1879, 1883 et 1884) et 2 pour le premier tiers du 20e siècle (1912 et 1930).

Le nombre de constructions après 1945 montre ensuite l´explosion démographique et urbanistique de Buxerolles : 1261 logements édifiés dans le 3e quart du 20e siècle, et 3028 entre 1975 et 2004, dont les deux tiers après 1990. Près de 10 % des résidences principales de Buxerolles ont été construites entre 1999 et 2004. A cette date, on comptait un total de 4543 logements à Buxerolles contre 859 en 1962. Parmi ces logements, la très grande majorité sont des pavillons individuels (un type de construction qui n'est pas retenu dans la présente étude dont le corpus contient 188 éléments). Le type de logement collectif vertical, un temps adopté à Buxerolles (par exemple les immeubles de la Saboterie en 1955 et de la Vallée Sainte-Croix en 1964), a été rapidement abandonné, les constructeurs et les habitants semblant préférer le type de maison individuelle en s'inspirant du modèle de la cité des Castors (par exemple pour la cité des Amandiers en 1965-1969). Les années 1990-2000 connaissent cependant un retour du logement collectif, avec toutefois des immeubles plus petits, à côté de pavillons individuels toujours aussi majoritaires. Les fermes quant à elles ont toutes fait l´objet de modifications (agrandissements, remaniements, suppressions ou ajouts d´ouvertures) au cours des 19e et 20e siècles, pour répondre à l´évolution des besoins de l´agriculture et de l´habitat. Presque toutes ont aujourd´hui perdu leur vocation agricole.

Périodes

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

188 maisons et fermes ont été recensées dans la commune. Parmi elles, seulement un quart (soit 46) sont des fermes ou d'anciennes fermes, c'est-à-dire des ensembles comprenant un logement et des dépendances agricoles. Les trois autres quarts (soit 142) sont de simples maisons qui possèdent parfois des annexes et des communs. Cette proportion est le reflet du caractère de plus en plus résidentiel de Buxerolles à partir de la seconde moitié du 19e siècle, époque de construction de la majorité des maisons et fermes considérées dans l´étude. Si aucun château n´est présent sur le territoire de la commune, celle-ci possède trois manoirs, c'est-à-dire des anciennes grosses demeures liées à un fief seigneurial : la Loubantière, la Charletterie et Clotet. Parmi les nombreux lotissements récents, seuls ont été retenus ceux qui sont constitués de maisons de série, bâties selon un agencement et une architecture homogènes. On en dénombre 14 à Buxerolles : rue Edith-Piaf, rue de la Vincenderie, cité des Peupliers, la Noblesse, cité des Amandiers, rue Frison-Roche, rue des Marguerites, cité des Castors, rue des Cigales, rue des Libellules, les Terrageaux et allée des Imprimeurs. Enfin deux secteurs urbains ont été étudiés dans leur globalité : celui du Mail et de l´hôtel de ville, et celui des Bizais.

L´habitat à Buxerolles, qui couvre près de la moitié du territoire de la commune, est éclaté entre plusieurs anciens hameaux, un bourg réduit, et un nouveau centre-ville qui forme avec le quartier du Planty une agglomération (fig. 2). Cette dernière occupe le sud-ouest de la commune, dans l´attraction immédiate de la ville de Poitiers. Les anciens hameaux et le bourg se trouvent plutôt dans la moitié nord de la commune, là où ils ont été relégués par l´ancienne exploitation agricole que les habitants de Poitiers faisaient de la partie sud, aujourd´hui en agglomération. Le hameau de la Dinière, au sud-est, fait exception à la règle, de même que la Charletterie, rejointe par l´urbanisation de Saint-Eloi. Sur les 188 maisons et fermes recensées, 73 se trouvent au Planty (y compris rues de la Vincenderie et Camille-Girault), 28 à Lessart, 17 à Clotet, 16 à la Vallée-la Caborne, 14 au bourg (y compris la Barre), 13 à la Dinière, 10 à l´Ormeau. Rares sont les maisons et fermes isolées, par exemple Puy-Mire, Chandy et Val-Vert ; elles sont de toute façon aujourd´hui souvent rejointes par l´urbanisation, comme aux Terrageaux et au Sentier. La taille réduite du bourg et, en retour, l´éclatement de l´habitat en hameaux peut s´expliquer de deux manières : d´abord un espace géographique ouvert où peu de contraintes pèsent sur l´implantation et l´expansion de l´habitat ; ensuite l´exploitation du sol par les notables et les abbayes de Poitiers sous l´Ancien Régime, qui s´appuyait sur des métairies autour desquelles se sont constitués les hameaux, la Vallée et l´Ormeau par exemple. Parmi les hameaux, outre le quartier Planty devenu agglomération, Lessart est le plus important, faisant même parfois office de second bourg. Son importance est due à sa double position : sur le Clain et sur la route d´accès nord de Poitiers.

Les maisons et les fermes de Buxerolles présentent les mêmes caractéristiques générales de construction (matériaux, élévation, couverture, etc.) que dans les autres communes autour de Poitiers. La plupart ont été édifiées en moellons de calcaire, recouverts d´enduit dans la grande majorité des cas. Une seule maison, au 31 rue des Quatre-Cyprès, est intégralement construite en pierre de taille. Mais, presque partout, la pierre de taille est utilisée pour les chaînes d´angles et les encadrements des ouvertures. Parmi les maisons recensées, deux, construites au milieu du 20e siècle, sont en béton. Sur les 188 maisons et fermes, plus de la moitié (soit 102) sont couverts en tuile creuse traditionnelle. Un quart (soit 49) possèdent au moins une partie de couverture en ardoise, et 18 % (soit 35) une partie de toit en tuile mécanique. Ces types de matériaux, notamment l´ardoise, sont caractéristiques des toits de la seconde moitié du 19e siècle et du début du 20e siècle ; or c'est à cette époque que sont construites de nombreuses maisons à Buxerolles. L´ardoise notamment révèle l´élévation du niveau de vie d´alors, chacun cherchant à imiter les demeures bourgeoises. Pourtant seulement 27 maisons et fermes (soit 14 % du total) possèdent un toit à croupe, signe également d'une certaine recherche dans la construction.

La répartition géographique des 46 fermes ou anciennes fermes recensées confirme le caractère dispersé de l'habitat et de l'activité économique, mais encore indique le caractère plus ou moins agricole des hameaux. En effet, seulement 6 d´entres elles se trouvent dans le bourg, ce qui représente malgré tout près de la moitié des bâtiments qui y ont été recensés. Les autres fermes se répartissent essentiellement entre la Vallée-la Caborne pour un quart (13 fermes), la Dinière pour un autre quart (11 fermes) et l´Ormeau (8 fermes soit 16 %). Au contraire, le hameau de Lessart notamment, beaucoup plus tourné vers le commerce et la meunerie, n´abrite que 2 anciennes fermes. De même, on ne recense qu´une ferme au Planty, au milieu de ce quartier résidentiel. Une seule ferme est isolée, à Chandy. Dans chaque ferme ou ancienne ferme, le logement principal, ou logis, ainsi que les dépendances sont répartis autour de la cour. Le plan que le logement principal, ou logis, et les dépendances forment autour de la cour, présente différents types que l'on peut parfois observer en même temps dans une seule ferme, révélant ainsi une évolution (fig. 3). Ces types se retrouvent dans les autres communes autour de Poitiers, dans des proportions cependant parfois différentes. A Buxerolles, la moitié des fermes (soit 24) sont à bâtiments séparés (fig. 8). Un quart (soit 14) sont à bâtiments jointifs, formant la plupart du temps un L (7 fermes), moins souvent un U (4 fermes) (fig. 9). 8 fermes seulement présentent un plan allongé, et 4 forment un bloc en longueur, une forme ancienne qui a ensuite toujours évolué en bâtiments jointifs ou séparés. Cette répartition témoigne de la possibilité pour les cultivateurs buxerollois d'utiliser un territoire suffisamment vaste et libre, donc de répartir leurs bâtiments de manière assez lâche plutôt que de les concentrer sur la parcelle. La majorité des fermes ou anciennes fermes comprennent une cour fermée par un muret ou un mur de clôture, avec généralement un portail à piliers maçonnés (fig. 10). Certaines anciennes métairies d´Ancien Régime, par exemple à l´Ormeau, présentent encore en tout ou partie le portail à porte charretière et à porte piétonne, en arc cintré, qui marquait l´entrée du domaine (fig. 11). Témoin de l'évolution de l'habitat et de l'utilisation des bâtiments, un logement secondaire, qui a pu être autrefois le logement principal avant extension, a été observé dans 8 cas. Les trois quarts des fermes (soit 35) possèdent une grange, ouvrant par une large porte charretière. La quasi totalité des granges sont à façade en gouttereau (fig. 12). Seules 4 présentent une façade en pignon, dont 3 sont observées dans une ferme qui possède aussi une grange à façade en gouttereau. Cette écrasante majorité traduit une production agricole modeste, une grange à façade en pignon pouvant abriter plus de récoltes et de matériel en surface et en hauteur. De même, seules 8 fermes jouissent d'un hangar, utile pour abriter du matériel. Ces quelques hangars sont sans piliers, avec seulement trois pans de murs, signe là encore d´une construction limitée, liée à des besoins modestes. Parmi les autres dépendances agricoles, 6 fours à pain ont été recensés dans les fermes ou anciennes fermes. On observe aussi des toits, des fenils, quelques écuries et des puits (fig. 13 et 14). Des pigeonniers ont été observés dans les trois manoirs de la commune, Clotet, la Charletterie et la Loubantière, ainsi qu´à la maison de Val-Vert (fig. 15).

Quant aux 142 maisons, soit les trois quarts des bâtiments recensés à Buxerolles, leur répartition géographique coïncide là encore avec l´éclatement de l´habitat en hameaux au détriment du bourg, tout en faisant apparaître trois regroupements principaux. On en dénombre en effet 72 au Planty, 26 à Lessart et 17 à Clotet. Le bourg quant à lui n´en compte que 8 mais cela représente plus de la moitié des bâtiments qui y sont recensés : cela confirme le caractère plus agricole que résidentiel de ce bourg très réduit. La répartition géographique des maisons est par ailleurs inversement proportionnelle à celle des fermes : on dénombre peu de maisons dans les hameaux dominés par les exploitations agricoles tels que la Vallée-la Caborne (3), la Dinière (2) et l´Ormeau (2) ; au contraire, le Planty confirme son caractère avant tout résidentiel. Quelques maisons apparaissent isolées : l´une d´elles l´est encore, celle de Puy-Mire, deux autres ont été rejointes par l´urbanisation, au Sentier et aux Terrageaux. Cinq catégories de maisons se distinguent parmi le corpus (fig. 4). Les maisons de faubourg (fig. 17), situées dans un parcellaire relâché, sont les plus nombreuses (soit 72), la majorité se trouvant au Planty où elles ont été construites sur des terrains agricoles sans contrainte d´espace. Les maisons de bourg (fig. 16), c´est-à-dire situées dans l´alignement des autres maisons en bordure de voie, dans un parcellaire resserré, ne sont que 34 ; on les trouve dans le bourg et dans les hameaux de Lessart et de Clotet où l'espace, compris entre le Clain et le coteau, est plus resserré. On dénombre par ailleurs 20 maisons de type rural (fig. 18), accompagnées d´une cour et de petites dépendances, le tout caractéristique de quartier résidentiels comme le Planty ou Saint-Eloi. 12 villas de type balnéaire (fig. 19) ont aussi été recensées, représentatives du soin apporté au décor des maisons à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Enfin 4 maisons de campagne (fig. 20), c´est-à-dire de grosses demeures avec communs et parc, se trouvent sur le territoire de la commune, à Val-Vert, à la Dinière et au Planty. Toutes ces maisons possèdent une cour et souvent un jardin, le tout fermé dans un tiers des cas (47) par un mur de clôture, dans un autre tiers (42) par une clôture basse, avec un portail dans la moitié des cas (71). La moitié des maisons sont accompagnées de communs (remise, garage) ou de petites dépendances agricoles (toits). Quelques-unes (9) présentent la marque d´une activité commerciale ou artisanale, actuelle ou passée.

La disposition des habitations, c´est-à-dire les logis des fermes et les maisons, révèle elle aussi la manière dont l´espace est occupé. Ainsi la majorité d´entre elles sont construites soit en retrait par rapport à la voie, soit en alignement sur la voie, de toute façon parallèlement à cette dernière. On ne dénombre que 42 habitations perpendiculaires à la rue, un type de construction qui se rapporte souvent à un parcellaire où l´espace manque. A Buxerolles au contraire, le peu de contraintes spatiales et le fait que beaucoup de bâtiments ont été édifiés sur des terrains vierges de constructions, permettent de construire en s´étalant en façade sur la rue. Par ailleurs, les deux tiers des habitations (soit 131) présentent un étage avec pour plus de la moitié de ce corpus (soit 86), un comble ou un étage en surcroît (fig. 5 et 22). Cette caractéristique se rapporte à l´époque de construction de la majorité des habitations recensées à Buxerolles, soit la seconde moitié du 19e siècle : à cette période, l´élévation du niveau de vie se traduit en effet par des habitations de plus grande ampleur. De part et d´autre de cette catégorie d´élévation, on ne compte que 12 habitations en simple rez-de-chaussée, 36 en rez-de-chaussée avec surcroît (fig. 21), et 6 avec deux étages. Les habitations en rez-de-chaussée simple ou avec surcroît sont en très grande partie observées dans les fermes, lesquelles sont minoritaires à Buxerolles. Enfin, 30 habitations avec sous-sol ont été dénombrées. Sur les 188 habitations, la moitié (soit 89) présentent en façade des ouvertures réparties en deux ou trois travées, caractéristique des logements de taille moyenne (fig. 6, 24 et 25). Les trois travées se répartissent généralement de manière ordonnancée, avec une porte centrale. Pourtant le nombre d´habitations avec une seule travée et au moins une autre baie en rez-de-chaussée (fig. 23), est élevé : ce type caractéristique des petits logements représente plus du tiers du total (soit 70). Enfin 5 habitations seulement ouvrent par quatre travées, caractéristique des logements les plus importants. Pour ce qui concerne les décors, 6 habitations présentent encore une ou plusieurs ouvertures à encadrement chanfreiné (fig. 26), signe que le bâtiment date de l'Ancien Régime : on en observe dans 3 habitations à Lessart, une à Clotet, une à l´Orbras et une à la Barre. Les décors sont surtout le fait des habitations de la seconde moitié du 19e siècle et du début du 20e siècle. Ils sont donc assez fréquents sur les façades des habitations de Buxerolles, majoritairement construites à cette époque : appuis moulurés (49 habitations), encadrements saillants (42 habitations), bandeau d´appui ou de niveau (18 habitations), corniche moulurée (22 habitations) (fig. 27 et 28). Une pierre d´évier a été observée à côté ou à proximité de la porte dans 6 habitations.

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