Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

La porte Saint-Romain est la principale porte médiévale assurant la communication entre la ville haute et les faubourgs implantés en contrebas, en particulier celui entourant l'abbaye Saint-Romain. La partie la plus ancienne de l'ouvrage d'entrée est un simple passage percé dans l'enceinte urbaine, couvert en arc brisé, qui pourrait dater de la fin du 12e siècle. Ce passage débouche sur un espace quadrangulaire entouré de murs massifs, dont l'ouverture postérieure, autrefois défendue par une herse, était encadrée par deux tours semi-circulaires, l'une conservant la trace d'une archère à étrier. Les dimensions imposantes de l'ouvrage incitent à voir dans ce massif la base d'une ancienne tour-porte, de type keep-gatehouse, dont le modèle est diffusé à l'époque d’Édouard Ier dans le dernier quart du 13e siècle. Selon l'historien de la fortification Nicolas Faucherre, ce donjon-porte serait à attribuer au roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, à une époque où le château est encore tenu par la famille seigneuriale des Rudel, comme affirmation du pouvoir Plantagenêt sur la ville dans un contexte de tensions avec le roi de France.

La porte est précédée d'une barbacane mentionnée dans le mémoire sur l'état de la forteresse en 1337. Cette barbacane à l'origine détachée, est convertie en un énorme boulevard d'artillerie de la fin du 15e siècle, formé d'un ouvrage en fer à cheval dont seul l'espace intérieur est aujourd'hui visible. Le corps d'entrée, vraisemblablement ruiné assez tôt, apparaît comme un passage ouvert sur des plans du 17e siècle. L'ensemble est englouti dans un bastion lors des travaux réalisés par Vauban en 1687. Ces espaces en sous-sol sont réaménagés lors de l'établissement d'un hôpital de siège sur l'ancienne porte en 1739. Des insurgés politiques y ont été enfermés en 1852.