Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Ce port était celui du bourg d'Orlac, réuni à la commune de Dompierre en 1825. Des vestiges d'un aménagement du lit mineur du fleuve ont été mis en évidence par des prospections subaquatiques menées en 1988, sous la direction de J.-P. Gailledreau et J.-M. Trochut : un ensemble de pieux, datés de la fin du 10e ou du début du 11e siècle, disposés à une quinzaine de mètres de la berge droite actuelle, et des pierres de mouillage formant un alignement sur 130 mètres de long. Une épave du 11e siècle a également été découverte par Eric Rieth, ce qui montre que cet endroit est utilisé depuis au moins cette époque pour la navigation.

Dans les rôles d'équipage du quartier de Saintes pour l'année 1765 existe celui de la gabare le St-Jean-Baptiste d'Orlac de 16 tonneaux, appartenant à Denis Geofroy, armée à Saintes et commandée par Pierre Daviaud de Chaniers. Ce dernier est assisté par deux matelots et un mousse. En un an, l'embarcation effectue dix-sept voyages entre Saintes et Rochefort, dont seize pour le transport de vin et de bois et un pour celui de farine "pour le commerce". Des tuiles sont mentionnées dans l'un des chargements. Deux voyages de retour sont mis à profit pour rapporter des futailles. Les douze matelots et mousses qui se succèdent sur deux années montrent que l'équipage est recruté sur Saintes, Chaniers, Courcoury et Les Gonds.

Au 19e siècle, comme les ports voisins, il est connu pour ses expéditions de vins rouges vers Rochefort et d'eaux-de-vie issues de la distillation des vins blancs vers Cognac. Le bâtiment, situé le long de la route de Saintes à Cognac, servait vraisemblablement pour le stockage des marchandises.

Le quai de ce port date de 1882, lorsque la commune est autorisée à construire un quai de débarquement et perçoit pour cela une subvention du Conseil général. L'édification est confiée à Emile Grené, tailleur de pierre habitant Dompierre. Le marché, passé le 6 août 1882, prévoit un mur de 10 mètres de long, avec un retour du côté de l'ouest, le long du fossé de M. de Bremond, de 12 mètres et un retour de 3 mètres du côté est. En blocs de pierre de 1 mètre sur 50 centimètres, il doit faire 1,50 mètre de hauteur et 50 centimètres d'épaisseur, et être construit parallèlement et à 42 mètres de la rive gauche. Un procès-verbal de récolement des travaux est réalisé le 28 octobre 1882. L'étude du profil transversal du fleuve montre qu'il existe devant le quai une partie plus profonde pouvant faire penser à un chenal, facilitant l'accostage des bateaux. L'aménagement du port, tel qu'il se présente de nos jours, correspond donc à des travaux réalisés à la suite de la régulation du cours du fleuve par la construction des barrages de la Baine et de Saint-Savinien, qui ont relevé le niveau minimal de l'eau (la hauteur d'eau est actuellement de 5 mètres à Orlac). Dans un rapport daté de 1900, l'ingénieur ordinaire mentionne que le quai a été construit pour faciliter l'embarquement du silex, mais que, depuis lors, il n'a été que peu ou point utilisé.

De nos jours, ce port est utilisé comme espace de détente avec un accostage pour les pénichettes et autres embarcations.