Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

L'immeuble est construit sur la rupture de pente importante qui longe la rive ouest de la rue de la Porte Brunet. Un étage de soubassement rachète la différence de niveau entre le rez-de-chaussée côté rue et le rez-de-jardin à l'arrière, ouvrant sur une terrasse, elle-même dominant un jardin situé à environ 3 m en contrebas d'une barre rocheuse (cad. AP077).

Dans une pièce technique du niveau de soubassement, le mur latéral nord est apparent et présente une maçonnerie de moyen appareil qui correspond au standard de construction du Moyen Âge, reposant directement sur le rocher affleurant. A l'opposé, côté sud, le mur est entièrement sous enduit, mais à l'extérieur, sur la terrasse (aujourd'hui remplacée par une véranda), un montant de cheminée à base prismatique confirme l'ancienneté du mur, même si la modénature prismatique désigne un remaniement de la fin du Moyen Âge. Une colonne à chapiteau lisse qui sert aujourd'hui de support à l'escalier construit dans les années 1970 pour relier la demeure au jardin, supportait la poutre maîtresse de la maison dans les années 1970, quand les propriétaires actuels ont entrepris la rénovation. Sa typologie formelle comme sa position structurelle rencontrée en d'autres endroits de Saint-Emilion (maison dite Commanderie, cad.AP032, maison dite Emiliano, cad.AP50) corrobore l'hypothèse que cette parcelle a été occupée par une unité d'habitation médiévale. Un tambour de colonne déposée dans le jardin, qui comporte des corbeaux latéraux, conforte l'hypothèse d'une colonne servant de relais pour les poutres maîtresses servant au maintien des lambourdes du plancher au milieu de la maison.

La façade sur rue de l'immeuble, en pierre de taille normalisée, est à deux niveaux ; un rez-de-chaussée ouvert d'une porte de garage probablement percée dans la 2e moitié du 20e siècle, et deux fenêtres quadrangulaires à l'étage. Les seuls éléments de décor sont concentrés sur un bandeau mouluré séparant les deux niveaux, et la corniche à petits denticules, qui permettent de situer la construction de l'immeuble dans la première moitié du 19e siècle.

Dans le jardin, en contre-bas de l'escarpement, un grand arc de décharge de profil segmentaire a été plaqué contre le rocher pour supporter le muret de soutènement de la terrasse. Cet aménagement semble tardif, du 17e ou du18e siècle (clef en saillie du reste des claveaux de l'arc). Il a probablement été construit en même temps que le pigeonnier de plan carré qui le jouxte au nord. Sous l'arcade, une porte quadrangulaire ouvre sur la galerie souterraine d'une petite carrière d'extraction, servant actuellement de remise.