Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Plusieurs éléments dispersés dans le bâti actuel de la parcelle permettent de restituer un ou plusieurs édifices pouvant remonter au moins au 13e siècle, probablement construits en même temps ou peu après la porte de la Cadène, comme le suggèrent la trace de porte en plein cintre restituée en façade, et les arcades du mur arrière donnant sur une petite salle ménagée dans le rocher dont le plafond est partiellement constitué du sommet de deux anciens silos amputés de leur partie basse. Dans la partie de l'immeuble située à l'angle de la rue de la Cadène et de la place du Marché au Bois, les vestiges se concentrent sur la façade sur rue et le mur arrière côté nord : une haute porte en arc plein cintre ajourait la première tandis qu'un placard mural à feuillure équipait le second. Ce mur arrière semble se prolonger vers l'est, où en rez-de-chaussée, il est constitué par une maçonnerie très soignée de moyen appareil ajourée de deux grandes arcades à angle vif, ensemble datable du 13e siècle.

Les quatre fenêtres à croisée de la façade sur rue marquent la campagne de restructuration importante dont l'édifice a bénéficié à la fin du Moyen Âge. A l'intérieur, un mur de refend a coupé l'espace en deux parties, une des salles du 1er étage ayant conservé une cheminée et une niche d'évier, témoin de sa vocation domestique. Sans pouvoir l'assurer, c'est peut-être à cette période qu'a été mise en place la voûte en plein cintre qui couvre le rez-de-chaussée de la moitié est de l'immeuble. En façade, la grande arcade à profil en anse de panier semble toutefois plus tardive (17e siècle ?). Dans la partie du mur qui prolonge l'immeuble jusqu'à la rue Guadet, un soubassement en légère avancée garde la trace d'une autre arcade en anse de panier dont la retombée est marquée par une imposte moulurée indiquant une phase également attribuable à l'époque moderne.

La dernière phase de transformation de l'ensemble date du dernier quart du 19e siècle, lors du percement de la rue Guadet, à l'origine de la construction de l'immeuble urbain à entresol, deux étages et comble à surcroît qui borde ce nouvel axe.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Principale : 2e moitié 19e siècle

Secondaire : 17e siècle (incertitude)

Secondaire : 18e siècle (incertitude)

Les vestiges les plus anciens sont dispersés en plusieurs endroits de la parcelle, mais permettent de restituer approximativement les contours d'une construction de plan barlong, longeant la rue de la Cadène. A l'ouest de la porte du même nom, la façade présente le grand arc plein cintre d'une porte, entièrement reconstitué lors d'une restauration du 20e siècle. Mais au revers, les éléments laissés en place de l'arrière-voussure en arc segmentaire sont garants de l'authenticité de la baie qui peut dater de la fin du 12e siècle ou du début du 13e siècle. Au-dessus et autour de l'ouverture, le parement intérieur, qui semble en grande partie conservé, est constitué de moyen à grand appareil régulièrement assisé. Environ 30 cm au-dessus de l'extrados de l'arrière-voussure, le mur comporte encore une ligne de cinq corbeaux espacés d'environ 45 cm, qui devaient recevoir chacun les abouts des solives du plancher de l'étage. La fenêtre percée après coup dans la partie est du mur a dû en supprimer un. Trois autres corbeaux subsistent sur le mur opposé, côté nord. Ce mur, au parement très altéré, semble avoir été également bâti en moyen appareil, et pourrait donc dater de la même phase. Il conserve à l'étage les traces de trois montants à feuillure de ce qui doit avoir été un placard mural à deux logettes, aujourd'hui bouché, et dont les assises des pierres d'encadrement, très érodées, coïncident toutefois avec celles des éléments conservés du parement d'origine. Au-dessus, une ligne de corbeaux en quart-de-rond, partiellement conservée sur le mur opposé, permettent de situer le niveau du plancher d'origine de l'étage.

Dans la partie située à l'est de la porte de la Cadène, les vestiges sont surtout groupés au fond du rez-de-chaussée où une pièce a été ménagée dans le rocher. Son creusement a détruit le bas de deux silos, dont la présence, révélée par leur dôme supérieur laissé intact, avec pour l'un d'eux, le trou d'accès encore garni d'un bouchon en pierre, suggère une occupation antérieure à l'édifice. Le mur qui épouse le contour incurvé de la paroi entaillée d'un des deux silos est en bel appareil à joints fins de module moyen (entre 25 et 35 cm de hauteur d'assise). Il est ajouré de deux arcades de profil brisé à angle vif. Au revers, dans la salle côté rue, des corbeaux en quart-de-rond sont encore fichés dans ce mur, témoin d'un couvrement primitif planchéié, comme dans l'espace voisin côté ouest.

La limite orientale de cette demeure semble avoir été le mur qui sert d'assise à l'arrière de l'immeuble construit le long de la rue Guadet au 19e siècle : il est visible depuis la cour intérieure aménagée au 1er étage de la partie est de l'immeuble : il présente, jusqu'à hauteur du 2e étage, une maçonnerie de moyen appareil qui correspond aux standards des 12e et 13e siècle. Toutefois, une porte en arc plein cintre tournée vers l'intérieur suggère que le bâtiment se prolongeait encore vers l'est.

La campagne de la fin du Moyen Âge semble avoir profondément restructuré l'espace de la construction primitive. Un mur de refend à peu près dans l'axe de la porte de la Cadène a été monté, plaqué contre la pile d'appui de cette dernière. Comme le mur longeant la rue du Marché au Bois, il est en moellon tout-venant caractéristique des modes de construction courantes de la fin du Moyen Âge. Ce mur étant percé d'une porte au rez-de-chaussée comme à l'étage, il marque une subdivision qui n'implique pas une partition en deux unités distinctes. L'ébrasement très accusé du montant gauche de l'embrasure de la porte de l'étage, qui débouche aujourd'hui sur une cour intérieure, pourrait indiquer la présence d'une vis d'escalier. En façade, la répartition assez symétrique et régulière des baies conservées confirment la division de l'espace en deux parties, de part et d'autre de la porte de la Cadène. Il s'agissait de fenêtres à croisée de largeur identique. Celles du 1er étage, en partie restituées à partir de vestiges en place, présentent un encadrement assez simple, à baguettes croisées reposant sur de petites bases prismatiques, datables de la fin du 15e siècle. Les fenêtres du 2e étage paraissent avoir été de même ampleur, leur appui mouluré étant de même envergure que ceux des baies du 1er étage. Le bâtiment ruiné ayant été dérasé à hauteur d'appui du 2e étage, rien ne permet plus de connaître la hauteur de l'immeuble à cette époque.

A l'intérieur, dans l'espace côté ouest, le mur de refend est percé au rez-de-chaussée d'une porte étroite à encadrement chanfreiné et linteau droit aux angles arrondis, soulignés par un petit motif triangulaire engravé, qui appartient à la même campagne de la fin du Moyen Âge. Au-dessus de cette ouverture, des trous d'encastrement régulièrement espacés selon un axe diagonal et laissés intentionnellement apparents lors de la restauration, signalent probablement l'emplacement d'un escalier droit permettant d'accéder à l'étage. A ce niveau, plusieurs aménagements de confort sont attribuables à cette phase de remaniement. Sur le mur ouest, il s'agit d'une cheminée, très restaurée, mais dont certains éléments du piédroit de gauche et de l'angle droit du manteau semblent garantir en partie l'authenticité de la forme de sa modénature. Deux pierres en saillie visibles sur une carte postale ancienne marquaient aussi sa présence avant le ravalement de ce mur. En face, dans l'épaisseur du mur est, subsiste une niche couverte d'un arc segmentaire dont les piédroits sont couronnés d'une imposte pour le maintien d'une tablette d'étagère. La typologie de l'aménagement incite à le l'interpréter comme une niche d'évier, mais toute trace de ce dernier a disparu. Une autre niche d'évier, couverte d'un arc plein cintre, a été conservée dans le mur ouest, près de l'angle nord. Une cuve et des paillasses latérales, impossibles à dater, ont été conservées, bien que la niche ait été transformée en fenêtre lors de la restauration. La voûte plein cintre qui couvre la salle du rez-de-chaussée de l'espace situé à l'est de la porte de la Cadène est plus difficile à dater avec certitude. Elle est montée avec soin, en panneresses de module assez régulier, qui ne présentent pas de trace d'outil caractéristique en parement.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
Étages

2 étages carrés

État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 27 rue Guadet

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 322, 2010 AP 321

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