"Attention : le récit des documents qui vont suivre, on été recopier textuellement sur l'original manuscrit tout d'abord par Monsieur L. DANIAU en 1803 et repris par J. Bain le 15 septembre 1879. Quelques mots malgré tout ont été mis entre « guillemets » et suivis d'un mot plus compréhensible, afin que tous les lecteurs puissent mieux le comprendre.
Armand COUDRET 1976.
PLAN ET DESCRIPTION DE LA CAVERNE DU CIMETIERE CHARLES A VERRINES-SOUS-CELLES :
Remarques pour trouver plus facilement l'entrée de la caverne. Prenez au bout du champ dont les sillons vont du Levant au Couchant et comptez ensuite les sillons du champ qui vont du nord au midi, vous trouverez que ce premier champ a 18 sillons, en y comptant les deux demis sillons qui en font un et les autres champs suivants, de même ; parce que ces quatres champs sont à quatre particuliers différents.
Le second champ a 24 sillons.
Le troisième en a 9.
Le quatrième en a 7, et prenez ensuite un sillon et demi du 5ème champ et descendez à l'aplomb dans le chemin, vous trouverez l'entrée de la caverne qui est dans l'ornière gauche du chemin, lorsqu'on va de la Tuilerie à Verrines, comme il est à remarquer ici sur le plan qui est l'entrée de la caverne, vis à vis d'un noyer qui est dans le pré Aux Moines.
DU DEDANS DE LA CAVERNE :
Premièrement, cette Caverne est divisée en cinq grands « Colideaux » (corridors), (se reporter au croquis)
A : peut avoir 30 pas de longueur, sur 12 pieds de largeur (comme les autres)
B : peut avoir 12 pas de longueur,
C : peut avoir 18 pas de longueur,
D : peut avoir 25 pas de longueur,
E : peut avoir 30 pas de longueur sur 12 à 15 pieds de largeur.
RECIT SUR CETTE CAVERNE PAR L. DANIAU EN 1803 :
Il y a 60 ans environ (1743) que le chemin du cimetière Charles (vis à vis le pré Aux Moines) s'enfonça ! donc, l'on fût bien surpris de voir une caverne que jamais n'avait entendu parler.
Un jour que je parlais à un vieillard, il me dit qu'il avait entré à l'époque ou le chemin s'était enfoncé, mais que ne pouvant y voir, parce que les chandelles n'y pouvaient plus vivre, c'est pourquoi il ne pouvait pas m'en faire un beau récit, mais qu'il avait entendu dire que cette caverne allait jusque sous le bois du Luc et même que quelqu'un y avait entré et qu'il y avait trouvé du charbon, mais ne pouvant y porter de feu, n'y chandelle, parce que le feu et les chandelles s'y éteignaient.
Moi ; curieux de savoir comme cette caverne était, un jour que je passais dans ce chemin avec ce vieillard, je lui demandais l'endroit où ce chemin s'était enfoncé, il me le fit voir, mais ce vieillard en avait déjà perdu l'entrée.
C'est en l'an 1803, pour un jour de Pâques, en plein midi, jour de foire à Saint-Romans, j'y fus avec une pioche et une pelle de bois, j'y travail l'espace de trois heures. J'y fis un grand trou sans que personne mis visse. Donc j'étais las de travailler, voyant que je ne pouvais pas en trouver l'entrée ; mais cependant je trouvais toujours de la terre remuée, ce qui me donnait du courage à travailler, je quitte ce trou tout ouvert, ce qui étonna fort les habitants de l'endroit, de voir un trou fait en si peu de temps dans le milieu du chemin sans que personne n'eut pu voir qui, l'avait fait.
Enfin ce monde ému ; les uns disaient que c'était des sondeurs, qui croyaient qu'il y avait de l'argent caché ; les autres disaient que c'était des malfaiteurs qui voulaient s'y réfugier etc.
Le maire même, parlait d'y faire monter la garde et s'il savait ceux qui avaient creusés ce chemin, il les ferait mettre en prison et il aurait fait « tapper » (reboucher) le trou à leur dépend etc.
Moi, entendant parler de toutes ces choses, je « fus » le boucher la veille de la Casimodo et j'y planta un frêne dans le trou. Encore d'autres inquiétudes et racontages plus fort que jamais ! ! !
Enfin voulant savoir absolument comme cette caverne était faite, nous y retournâmes à cinq dans la nuit d'un samedi au dimanche « piquer » dans ce même trou et nous y « picquirions » (avons creusé) plus bas que je n'avais fais, à la fin nous y « trouvirons » (avons trouvé) l'entrée d'une petite caverne qui n'allait que trois pas sous terre, enfin frustrés de notre espérance, nous retournâmes boucher le trou.
Enfin ayant entendu dire que l'entrée de cette caverne n'était pas si loin et qu'elle était trois ou quatre pas plus proche du champ de Pain Bénit.
C'est alors que dans la nuit du 29 octobre 1803, veille du dimanche, à un beau clair de lune, moi et mon frère Jean « nous y fûmes y piquer » dans l'endroit que nous doutions et nous trouvâmes l'entrée qui n'était pas plus de deux pieds de profondeur, donc mon frère Jean, « fût avertir mon frère Pierre » qui dormait dans son lit, il se leva et nous y entrâmes tous trois et nous virer bien clair par toute la caverne par le moyen de la lanterne que je « construisais » longtemps auparavant, donc je m'imaginais que les chandelles y « meuraient » que la seule raison était, qu'elles n'y prenaient pas d'air. Donc par l'aide d'un soufflet je leur donnais un air modéré qui les faisaient vivre. Je ne suis pas incrédule de croire qu'autrefois, ils ne pouvaient point y porter de chandelles vivantes, car moi par expérience, je « saissa » (cessa) de souffler dans ma lanterne qu'un petit moment et mes chandelles allaient déjà s'éteindre.
Ce qui avait été dit de cette caverne est bien faux, en disant qu'elle allait jusque dessous le bois du Luc et qu'on y avait trouvé du charbon ; point du tout - ! ! ! Elle est dans la même situation que je viens de la « dépaintré » (dépeindre) comme « chi » (ci-dessus), il n'y a ni or ni argent, ni fer, ni charbon, cette caverne ressemble visiblement à une ancienne carrière très « basse » (profonde), là, où il serait sorti de très belles pierres, bonnes à bâtir, et en grand nombre, parce que l'endroit est très vaste et même « effroyable » (effrayant) à regarder, à cause des éminences de rochers qui « pendules » (pendent) sur la tête où l'on dirait que c'est prêt de tomber sur soi.
L'entrée de cette caverne était autrefois dans le pré aux Moines parce qu'il est aisé de connaître par le dedans de la carrière.
Tout ce que dessus a été fait et éprouvé par « moy » (moi), (montre que c'est solide).
CHOSES CURIEUSES DU CIMETIERE CHARLES PAR DEMANDES ET REPONSES :
D : pourquoi trouve-t-on aujourd'hui des tombeaux de morts entre Mortefond et Verrines ?
R : parce qu'il y a eu un cimetière qu'on nomma le cimetière Charles.
D : pourquoi le nomme-t-on le cimetière Charles ? Lui ; et plusieurs autres qui se trouvent dans ce pats là ?
R : parce que ces sortes de cimetières étaient du temps de Charles IX, roi de France et que ces cimetières portent aujourd'hui le nom de leur fondateur.
D : c'est donc Charles IX qui a fondé ces cimetières ?
R : oui !
D : pourquoi les nomment-on plutot cimetière Charles que les autres cimetières qui ont été fondés du temps de ce « soi-di-zon » (soi disant) nom ?
R : parce que ces cimetières ont servi pour enterrer les morts des batailles qu'il a fait dans ce pays là et qui sont remarquables à cause qu'ils ont des tombeaux de pierre, en façon de bassin, là où on mettait les morts et que les autres cimetières n'ont pas ces tombeaux en pierre on en a trouvé « joliment » (beaucoup) du cimetière Charles à l'entrée de Verrines.
D : vous croyez donc que Charles IX, roi de France a guerroyé dans ce pays là ?
R : oh ! S'il a guerroyé ! Et de très grandes batailles dans tout le Poitou et en plusieurs endroits de France, surtout chez nous, car en l'an 1563, la guerre était si fortement « allumée » que cela n'était qu'un théâtre de carnage de guerre et de divisions.
D : contre qui bataillait-on ?
R : contre les « Huguenauds » (Protestants) qui voulaient se rendre maîtres de presque toute la France (dont le foyer était ici) et qui firent beaucoup de morts dans tout ce pays là. Car l'année 1569, ils pillèrent et brûlèrent l'église et l'abbaye de Celles et plusieurs autres des environs. Mais les Huguenots furent taillés en pièce et le roi Charles IX fut vainqueur « à quel pris » et on aurait vu fleurir que la religion catholique si Charles avait vécu d'avantage.
Attention : les récits de ces documents ont été recopiés textuellement sur leur vu, par Monsieur L. DANIAU en 1803.
Toutefois quelques mots « - » ont été corrigés plus exactement remplacé par un mot entre parenthèses, afin que le lecteur puisse en comprendre le vrai sens.
Même les fautes d'orthographe ont été en principe respectées.
Cette page termine donc les oeuvres laissées par Monsieur L. DANIAU d'où il est à noter de signaler aux lecteurs, la personnalité locale de cet homme - il fût chargé d'établir en 1789 le cahier des doléances du Tiers Etats avec A. COLLON, sur des matières essentiellement économiques de la commune".