Site de bains de Camou

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Camou-Cihigue

Bien qu'une datation précise soit difficile à attribuer, le site de la source de Lamina Ziloa (Trou de la Fée) à Camou-Cihigue est connu et fréquenté depuis plusieurs siècles, voire des millénaires. Selon le linguiste Jean-Baptiste Orpustan, le nom même de Camou proviendrait d'ailleurs du vocable "Gamere", signifiant très probablement "source thermale" et repéré dans de nombreux sites d'eaux minérales curatives des Pyrénées occidentales comme Cambo-les-Bains - dans la province du Labourd -, le quartier de Camou à Barèges, Camu en Béarn ou Gamarde-les-Bains dans les Landes. Plus généralement, la forêt des Arbailles, où se trouve la source, se caractérise par ses nombreuses grottes et cavités recelant du matériel archéologique préhistorique - dont la représentation d'un cheval polychrome mis au jour dans la grotte de Sinhikole à Camou. Cette ancienneté est aussi attestée par l'existence de la légende des Laminak de Camou, qui ancre symboliquement le site dans la mémoire collective.

Si le toponyme Camou figure dans l'ensemble de la cartographie entre les 16e et 19e siècles, la source n'y est en revanche pas indiquée. Sa fréquentation est essentiellement locale, provenant de la Soule et du Béarn. La résurgence, située au sein d'une cavité rocheuse au fond d'un vallon verdoyant, se trouve sur des terrains privés depuis au moins le 18e siècle. En 1831, elle se situe ainsi sur la propriété de Pierre Etchebarne, un important propriétaire terrien de la localité.

En 1857, la source est mentionnée pour la première fois par Francisque Michel qui la classe dans la catégorie des eaux salées non potables et lui attribue le nom de Guessale (Gesala), "propre à faire du sel blanc". Un culte des eaux est alors bien présent au sein du territoire, comme l'illustre la chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste au-dessus du village de Cihigue.

Après plusieurs procédures successorales, la source de Camou est achetée par un cultivateur voisin, Pierre Aguer, en 1905 et 1906, lequel commence à l'exploiter de façon plus commerciale. En l'espace d'une trentaine d'années, ce dernier constitue une véritable propriété à vocation thermale qui se compose des parcelles vallonnées qui environnent la source aménagée, de la maison Eiheski transformée en établissement de bains et hôtel, de la grange Borda reconvertie en écurie et remise pour accueillir les moyens de locomotion des curistes, ainsi que de sa propre ferme Aguerria. Les pathologies gynécologiques, les rhumatismes, les problèmes de stress ou de croissance infantile y sont traités par la pratique des bains qui peut être complétée par l'ingestion de l'eau d'une source voisine.

Plusieurs analyses hydrologiques sont pratiquées au cours du 20e siècle, confirmant les propriétés de ces eaux à la fois sulfureuses, radioactives et chargées en chlorure de sodium. La source chaude, atteignant environ 33 degrés, présente un débit de 1,5 litre par seconde, tandis que la source froide, jaillissant à seulement quelques mètres de la première, atteint une vingtaine de degrés.

En 1985, le syndicat intercantonal du Pays de Soule - aujourd'hui communauté de communes de Soule (Xiberoa en basque souletin) - entreprend de valoriser les sources dites "oubliées" de son territoire, dans l'ombre des stations thermales prestigieuses du Béarn ou de Bigorre ayant connu leur âge d'or au 19e siècle. Dans ce contexte, la collectivité commande les analyses des sources présentes sur son territoire, parmi lesquelles les deux résurgences - chaude et froide - de Camou, ou encore la célèbre source d'Ahüsquy. Depuis cette époque, plusieurs acteurs locaux, dont le CAUE, les associations Lauburu et Ikertzaleak, travaillent à la valorisation des lieux, notamment par des aménagements, des recherches historiques ou l'installation d'une signalétique et d'un panneau d'interprétation à l'attention du public.

Malgré l'arrêt de l'activité de l'établissement thermal, les propriétaires de la source continuent de la laisser en libre accès au public et ont aménagé un sentier cheminant le long du ruisseau de Camou. Le panneau marquant l'entrée du site invite les baigneurs à fréquenter les eaux dans le respect de l'environnement et de la mémoire des lieux. La ferme Aguerria et l'ancienne grange ont désormais une vocation exclusivement privée, tandis que la maison Eiheski, qui a également cessé son activité hôtelière, abrite le restaurant Aguerria.

Périodes

Principale : 1er quart 19e siècle

Principale : 2e quart 20e siècle

Le site des bains en bordure d'une petite agglomération rurale, au cœur d'une propriété vallonnée et arborée traversée par le ruisseau qui s'écoule de la source Lamina Ziloa, sourdant du rocher au pied d'une colline. Autour de la petite place de village, sont organisées les constructions relatives à l'histoire thermale du site, relevant toutes de l'architecture vernaculaire souletine : la maison Eiheski, ancien établissement de bains, marquée par son portail d'entrée en pierre, est implantée perpendiculairement au ruisseau près de l'entrée du chemin conduisant à la source ; directement en face, s'élève l'ancienne grange Borda ; puis, à quelques mètres sur sa droite, la ferme Aguerria. L'entrée du site de bains, propriété privée, est matérialisée par un portail et un panneau explicatif évoquant brièvement son histoire et les règles de bonne conduite à y tenir.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : moellon

Toits
Escaliers

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Camou-Cihigue

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2018 0A

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