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Peintures murales de l'église : Le Christ et les Évangélistes, armoiries pontificales et épiscopales
Historique
Ce décor homogène, daté de 1875 dans les publications consacrées à l'église, fut en fait commencé en 1869 (date inscrite au-dessus des armes du pape Pie IX dans la nef) et achevé en 1870 (date sur la clef de l'arcade d'entrée de la nef) - le dernier millésime est réapparu lors de la restauration intérieure de 2003. Les initiales du peintre, jusqu'à présent non identifié, sont celles de Louis Léonard Fortuné, dit Fortuni (Bordeaux, 1839 - Pau, 1906), très actif dans le Béarn et les Landes méridionales sous le Second Empire et la IIIe République. L'artiste, qui avait déjà travaillé en 1866-1867 pour l'église de Hauriet dans le même canton (peintures détruites en 1954), devait encore réaliser en 1879 le décor de la chapelle du Sacré-Cœur à l'église de Baigts, commune voisine de Caupenne.
Comme dans la quasi-totalité des œuvres connues de Fortuné, les représentations figurées dérivent de modèles gravés : les Évangélistes reproduisent ainsi une série de gravures de Joseph von Keller (1811-1873) d'après Friedrich Overbeck (1789-1869), éditée en 1842-1844. Fortuné introduit toutefois plusieurs variantes ou adaptations : le Saint Jean est une copie littérale, mais l'aigle qui l'accompagne est transféré sous une autre forme sur la console aux pieds du saint ; le Saint Matthieu d'Overbeck est transformé en Saint Marc (suppression de l'ange assis à ses pieds et ajout d'un lion sur la console) ; le Saint Marc de la gravure devient un Saint Luc (suppression du lion couché derrière le saint, remplacé par un taureau sur la console) ; le Saint Luc d'Overbeck n'est pas repris (sans doute à cause de sa pose de profil) et le quatrième évangéliste de Caupenne (Saint Matthieu, en raison des interversions signalées) est quant à lui copié d'après le Saint Simon de la série des Apôtres d'Overbeck, gravée par Bartolomeo Bartoccini en 1848, puis par Franz Keller vers 1865. La figure du Christ trônant, dont la source n'a pas été identifiée, doit aussi s'inspirer d'une estampe allemande, peut-être d'après Ernst Deger (1809-1885), dont le Christ Pantocrator de l'église Saint-Apollinaire de Remagen (Rhénanie-Palatinat) est assez proche.
Le curé Darrieutort, dans sa monographie paroissiale de 1881, mentionne ce décor, réalisé sous son prédécesseur, avec un mépris non dissimulé : "Au-dessus des ouvertures donnant dans les nefs latérales, on voit les écussons de Pie IX, Mgr Savy, Mgr Lanéluc [sic] et Mgr Épivent. Ils ont été peints lorsqu'on couvrit les murs et la voûte d'une peinture d'un goût fort douteux, mais très apprécié de nos paysans. [...] Les murs du chœur sont peints dans le même genre et le même goût que le reste de l'église. On y voit N.S.J.C. enseignant et les quatre Évangélistes."
L'ensemble a fait l'objet en 2003 d'une restauration complète par l'atelier de Jean Poydenot, de Mont-de-Marsan (7, place Nonères).
L'église conserve également un Baptême du Christ sur toile attribuable à coup sûr au même Léonard Fortuné. Les trois tableaux qui ornent le retable de l'autel nord lui reviennent sans doute aussi.
Détail de l'historique
Description
Le décor, probablement exécuté à la chaux, couvre la totalité des murs (à l'exception de la partie basse lambrissée), des piliers et des voûtes de l'église. Il inclut au milieu de la voûte de la travée droite du chœur un motif (colombe du Saint-Esprit) en stuc ou plâtre dont la polychromie a sans doute été réalisée à l'huile par le décorateur de l'ensemble.
Détail de la description
Catégories |
peinture murale |
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Matériaux |
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Iconographie |
Précision sur l'iconographie : Les peintures couvrent l'intégralité des murs, piliers et voûtes à l'intérieur de l'église (à l'exception de la partie basse des murs, lambrissée). Le décor figuré est limité au chœur (murs et voûte), au sommet du mur oriental des deux collatéraux et à la voûte de l'avant-nef. Hormis quelques motifs symboliques (chrisme sur les piédroits de l'arcade d'entrée de la nef) et héraldiques (armoiries épiscopales et papales au-dessus des grandes arcades de la nef), le reste du décor est purement ornemental, avec quelques éléments en trompe-l’œil. Avant-nef : sur le mur occidental, grand panneau à pointes de diamant en trompe-l’œil, flanqué de deux colonnes feintes et surmonté d'un bandeau à ruban plissé et d'une lunette en plein cintre (décor détruit) ; sur la voûte, semis de motifs végétaux avec, au centre, l'Agneau de Dieu vexillifère dans un médaillon circulaire ; sur les piédroits de l'arcade d’entrée dans la nef, médaillon polylobé à fond d'or avec chrisme entre l'alpha et l'oméga, entouré d'étoiles et de croix pattées. Vaisseau central : sur l'intrados des grandes arcades, frises de médaillons circulaires enfermant des croix ancrées et fleuronnées, rinceaux de lierre sur les chanfreins ; écus armoriés dans des médaillons à fond d'or au-dessus des arcs (voir inscriptions et marques) ; sur la voûte, peinte en jaune d'or, quadrillage semé de croix grecques fleuronnées blanches ; sur les nervures des ogives, frises végétales, frises de pyramides (ou de dents de scie ?) bleues et de perles dorées. Collatéraux : sur le registre supérieur des murs, faux appareil à fond vert d'eau semé de croix ancrées et d'étoiles ; dans les embrasures des fenêtres, frises de quadrilobes fleuronnés sur fond bleu ; sur les voûtes, des motifs similaires à ceux du vaisseau central (mais les croix fleuronnées sont aussi rayonnantes) ; sur les nervures des ogives, frises de pyramides (ou de dents de scie ?) rouges et de palmettes bleues ; sur le mur oriental du collatéral nord, au-dessus du retable, le Sacré-Cœur bénissant, à mi-corps dans un médaillon se détachant sur un fond ornemental à réseau en amande et tiges végétales ; en pendant dans le collatéral nord, au-dessus du retable de la Vierge, le monogramme MA dans un cartouche à cuirs découpés et coquille sommitale. Chœur : sur les deux colonnes de l'arc triomphal, réseau losangé perlé semé de fleurs de lys d'or ; sur les murs nord et sud, architectures en trompe-l'œil à fond d'or, avec arcature cintrée sur colonnettes encadrant les effigies des Évangélistes et du Christ enseignant, placées devant un fond faux damas bleu, sur des consoles en pierre feinte ornées du symbole tétramorphique correspondant à chaque évangéliste ou, pour le Christ (assis sur un trône doré), d'un ange en buste aux ailes déployées ; corniche à modillons feints au-dessus des arcatures ; sur l'embrasure des fenêtres, rinceaux avec pommes de pin ou grappes de raisin, semis d'étoiles ; sur le bandeau sommital des murs, frise de quadrilobes à croix grecques fleurdelisées ; sur la voûte de la travée droite de chœur, larges rinceaux à grappes de raisin sur fond rose, encadrant au centre, dans un grand médaillon à fond bleu, une gloire en relief (stuc ou plâtre polychrome) avec la colombe du Saint-Esprit entourée d'angelots, de nuées et de rayons ; sur le cul-de-four de l'abside, semis d'étoiles dorées sur fond bleu nuit. |
Inscriptions et marques |
Signature et date peintes à la clef de l'arcade d'entrée du vaisseau principal : L L F. / 1870 (surmontées d'une palette avec pinceaux et règle dans une couronne de laurier). Armoiries (au-dessus des quatre arcades du vaisseau principal, dans des médaillons à fond d'or entourés d'une ceinture verte à boucle semée de croix pattées blanches) : 1) [1ère travée, arcade nord] armes de Dominique-Marie Savy, évêque d'Aire et Dax de 1827 à 1839 ("D'azur à la croix haute recroisetée d'argent, fichée sur un joug de même, la base entourée de flammes d'or, accostée en chef à senestre de quatre larmes de même", devise AMORE LEVIUS) ; 2) [1ère travée, arcade sud] armes de François-Adélaïde-Adolphe Lannéluc, évêque d'Aire et Dax de 1839 à 1856 ("Écartelé, au 1 d'azur au pélican avec sa pitié d'argent, au 2 de gueules à la tour d'or, au 3 de gueules au serpent d'or en pal, au 4 d'azur à la colombe d'argent essorée et en bande") ; 3) [2e travée, arcade sud] armes de Louis-Marie-Olivier Épivent, évêque d'Aire et Dax de 1859 à 1876 ("D'azur à la molette d'or en abîme accompagnée de trois croissants du même, deux et un", devise FIDE ET CARITATE) ; 4) [2e travée, arcade nord] armes du pape Pie IX ("Écartelé, aux 1 et 4 d'azur au lion couronné d'or, la patte dextre posée sur une boule du même, aux 2 et 3 bandé d'argent et de gueules") avec la date ANNO MDCCCLXXIX. |
État de conservation |
L’ensemble a été entièrement restauré en 2003. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre objet mobilier |
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Référence du dossier |
IM40005541 |
Dossier réalisé par |
Maisonnave Jean-Philippe
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Mugron |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2014 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Peintures murales de l'église : Le Christ et les Évangélistes, armoiries pontificales et épiscopales, Dossier réalisé par Maisonnave Jean-Philippe, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/cea326b4-7003-4814-a499-0bc6727b642e |
Titre courant |
Peintures murales de l'église : Le Christ et les Évangélistes, armoiries pontificales et épiscopales |
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Dénomination |
peinture monumentale |
Titres |
Le Christ et les Évangélistes, armoiries pontificales et épiscopales |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Caupenne
Milieu d'implantation: en village