Maison de charité, hôpital et manufacture royale de coton, puis maison de retraite et mairie

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Monpazier

La présence d’un hôpital à Monpazier est attestée depuis le Moyen Âge : le subdélégué Lacam rappelle en 1762, exhumant pour cela le testament d’Aymeric de Rampieux (1328) [1], qu’un tel établissement a d’abord existé hors les murs avant qu’une maison de la rue Saint-Michel (ancienne rue Saint-Joseph ?) ne s’y substitue au sein même de la bastide. Aucun vestige ni aucun texte ne subsiste de ces premiers édifices (hormis, éventuellement, la mention d’un couvent à Monpazier par le chanoine Tarde dans ses chroniques [2]), mais des pièces du fonds de Pourquery à Bergerac et des Archives départementales de la Gironde suggèrent qu’un hôpital est toujours actif au 18e siècle [3]. En revanche, dès 1766, de nombreuses sources viennent éclairer la création à Monpazier – ou la refonte, donc – d’une maison de charité de grande envergure : à la fois hôpital, orphelinat et filature royale de coton.

Deux institutions sont à l’origine de cette fondation : le chapitre de Monpazier, en la personne de son archiprêtre M. de Laborie, et les Dames de la Miséricorde, mandatées par l'évêque de Sarlat pour tenir l'hôpital existant en ville au 18e siècle. Le lieu de la création de la maison de charité est tout choisi : dès 1699, Mademoiselle de Gironde, baronne de Lavaur, avait légué un emplacement où établir un hospice. Il semble que l’initiative de la fondation revienne aux sœurs, qui proposent dès 1766 aux chanoines de prendre à leur charge le vœu que Mlle de Gironde, à condition que ces deniers les soutiennent [4] ; l’archiprêtre du chapitre entérine immédiatement leur proposition, rappelant tout de même que la testatrice n’avait pas laissé les fonds suffisants pour que les chanoines donnent suite à ses souhaits jusqu'à cette date. Appuyée sur une construction antérieure, au vu de la date "1670" gravée sur une porte de l'aile est (peut-être un élément du couvent voisin des Récollets, dont le décor floral du bossage du portail est semblable à celui de cette porte, à moins qu'il ne s'agisse de l'ancienne maison de la donatrice), deux ailes neuves sont issues d'une seule et même campagne de construction, au croisement des rues Notre-Dame et Galmot.

L’établissement, en partie construit avec des pierres remployées de l’enceinte urbaine, est opérationnel dès 1775 et « revêtu des lettres patentes du roi » [5]. En 1778, Paule Latapie, inspecteur des manufactures, relève l’intérêt de l'établissement de Monpazier, pourvu d’une quarantaine de rouets sur lesquels on file un coton en provenance de Saint-Domingue ou de la Guadeloupe. Surtout, en 1780 une visite du site donne lieu à un compte rendu très précis, rédigé par M. Mousson de Lestang, qui détaille l’aménagement de l’hôpital, de la chapelle, des quartiers d’habitation, de la filature, etc. [6]. Faire correspondre les éléments décrits avec les bâtiments visibles aujourd’hui n’est cependant pas chose aisée : la maison de charité a probablement englobé une partie du couvent des Récollets et/ou l’a complété, d'un porche notamment, construit dans le prolongement de la rue Galmot.

La Révolution menace la maison de Charité et il faut toute la pugnacité de M. de Laborie pour qu’elle demeure [7]. Toutefois, elle est rapidement amenée à partager ses locaux avec l’administration publique et le tribunal de justice de paix. La part affectée à l’hôpital reste néanmoins importante et cet établissement conserve une activité prépondérante aux 19e (une plaque en façade rappelle l’existence d'un orphelinat en 1855) et 20e siècles [8].

La chapelle a été totalement réaménagée aux 19e et 20e siècles.

Notes :

[1] Archives départementales de la Gironde, C 1105.

[2] TARDE Jean. Les chroniques. Annotées par le vicomte Gascon de Gérard. Paris : Oudin, 1887.

[3] Archives municipales de Bergerac, fonds de Pourquery ; PONS Jacques, 1997.

[4] CHARRIER Gustave. "Pièces relatives aux diverses communautés religieuses de Monpazier". Bulletin de la société historique et archéologique du Périgord, t.23. Périgueux : 1896, p.221.

[5] Ibid., p.223 ; PONS Jacques, 1997, P.14.

[6] Voir le document reproduit en annexe.

[7] Archives départementales de la Dordogne, Q 313. Voir le document reproduit en annexe.

[8] Une partie des pièces de sa comptabilité est conservée aux archives municipales de Monpazier.

Périodes

Principale : 3e quart 18e siècle

Secondaire : 3e quart 17e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Dates

1670, porte la date

1855, porte la date

L’édifice occupe l’angle d’un îlot voisin de la place des Cornières. Il est formé de trois ailes ordonnées selon un plan en U dont les angles sont soulignés par de petits pavillons, qui épousent les contours du "moulon" bordant ainsi trois rues différentes. La cour intérieure délimitée par ces trois corps de bâtiments est longée, au nord, par une galerie en pierre sur piliers accessible au moyen d’un escalier droit à repos. L’édifice est constitué de trois niveaux – deux dans la plus grande partie de l’aile nord qui abrite la chapelle –, tous logeables, au vu de l’espace sous toiture que libère la charpente à brisis.

L’intérieur conserve quelques éléments remarquables mais épars : la volé droite d’escalier dans l’aile ouest, sur laquelle fut remontée la rambarde en fer forgée de l’escalier du couvent voisin ; une cheminée assez archaïque au premier étage du pavillon sud-ouest ; un large escalier en charpente du 18e siècle, sans doute amputé de décorations comme celles visibles dans d’autres maisons du bourg. L'aile nord, quant à elle, héberge une chapelle dont la façade montre l'accès et deux travées de baies hautes ; l'intérieur, présente une galerie et un simple plafond.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

Toits
Plans

plan régulier en U

Étages

1 étage carré, étage de comble

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans brisés

    Partie de toit : croupe brisée

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours sans jour

    Structure : en charpente

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : fleur


Précision sur la représentation :

Une fleur à 4 pétales est sculptée sur l'agrafe de la porte de l'aile est.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Monpazier , 24 rue Notre-Dame

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1845 SU 302 à 304, 1986 AC 222, 223

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