Donjon
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente > Montignac-Charente
Historique
Le chroniqueur Adémar de Chabannes raconte comment le comte de Périgord avant 969, est jeté en prison dans le castrum de Montiniacum. S’agit-il de Montignac-Charente, comme le proposent les derniers éditeurs de la chronique ou de Montignac-sur-Vézère en Périgord comme le propose plutôt Luc Bourgeois ? Quoiqu’il en soit, le château qui nous intéresse ici existait bien avant 1020-1028. Comme le précise le moine Adémar, il est alors reconstruit de nouveau (« a novo extruxit ») pour le comte d’Angoulême, qui abandonne sa résidence d’Andone pour s’installer ici, sur un terrain peut-être inféodé par l’évêque. Une autre chronique (Historia pontificum et comitum Engolismensium) évoque la fortification du château et la construction de sa grosse tour au début du 12e siècle : vers 1126-1130, Giraud de Blaye, qui avait pris possession du château, est assiégé par le comte Wulgrin qui reprend la place et en renforce les défenses par des murs de pierre et une haute et robuste tour. Ce château comtal est transmis par les Lusignan à Guillaume de Valence, en 1243. Il passe ensuite en différentes mains avant d’être cédé vers 1400 à Guy de la Rochefoucauld, dont la famille conserve le fief jusqu’à la Révolution. Vendue et démantelée en plusieurs parcelles, l’enceinte castrale est aujourd’hui partagée entre plusieurs propriétaires.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 12e siècle, 15e siècle |
---|
Description
Le château de Montignac est installé sur une colline dominant le confluent du Jabart et de la Charente. Il contrôlait un ancien pont sur le fleuve. Le bourg s’est développé très tôt à son pied, près de l’église paroissiale Notre-Dame. Une chapelle – aujourd’hui détruite – existait également à l’intérieur de l’enceinte castrale. Cette enceinte est en grande partie détruite, mais son plan ovoïde se lit encore très bien sur le cadastre. Elle était isolée par des fossés, sauf au sud, sur le front le plus escarpé. C’est là que s’ouvre la seule porte conservée, un simple passage voûté en berceau dans lequel est percé un simple assommoir. Les deux tourelles rondes qui l’encadrent sont pleines et restaurées, mais des fentes de tir lisibles sur leur parement révèlent la présence d’archères. L’ensemble peut être daté des années 1200. Cette porte s’ouvre sur le bourg par un escalier et une pente assez raide ; il ne pouvait s’agir que d’une issue secondaire, une poterne. La porte principale était au nord, vers le plateau. Elle a disparu, comme la muraille de ce côté, ainsi que la plupart des bâtiments qui occupaient la cour. Ils sont connus par quelques représentations de l’époque moderne qui montrent des logis assez vastes agencés autour du donjon roman seul conservé.
La grosse tour que tout le monde s’accorde à identifier comme un donjon roman du 12e siècle n’est conservée que sur une douzaine de mètres de hauteur. Dégagée des appentis qui la masquaient encore récemment, elle présente une construction soignée, de moyen appareil de pierres de taille, avec de nombreuses traces de réfection en moellons. Les contreforts plats qui renforcent les angles et les côtés sont parfaitement liés à la construction originelle. Elle a été étudiée, avant de récents travaux, par André Châtelain dont nous suivons ici les observations. De plan rectangulaire (13,50 x 10,70 m), avec des murs de 2,50 à 3 m d’épaisseur (au nord), la tour renferme une salle (7,60 x 5,90 m), haute de 8 m sous une voûte en berceau longitudinal. Châtelain note que des travaux récents ont dégagé la salle basse, haute de 3 m « qui n’était jadis séparée du premier étage, haut de 5 m, que par un plancher aujourd’hui disparu ». L’existence de ce plancher est révélée par les trous d’encastrement dans les murs. Le mur sud est percé d’une étroite fenêtre haute, donnant seulement un peu d’air dans l’espace intérieur. Les murs est et ouest sont percés chacun d’une porte sous arc plein cintre, aujourd’hui de plain pied avec la cour, et dont les dispositions très restaurées nous paraissent suspectes (non étudiées). Le mur nord est percé d’un passage biais, manifestement créé après coup pour communiquer avec la tourelle d’escalier hors œuvre, de plan polygonal, ajoutée sans doute au 15e ou 16e siècle. Cet escalier, dont les marches ont été refaites, dessert le second niveau du donjon, désormais arasé et protégé par une toiture de tuiles. Le mur gouttereau montre néanmoins le départ de la voûte en berceau qui existait à cet étage, et les traces évidentes d’un incendie. Comment accédait-on aux parties hautes du donjon avant la création de cette tourelle hors œuvre ? L’épaisseur du mur nord suggère l’existence d’un escalier droit intérieur, qui ne pouvait exister (le cas échéant) qu’en partie haute. Des relevés et une observation plus fine de l’édifice seraient nécessaires pour répondre à ces différentes questions.
Les restaurations importantes que l’édifice a connues, ainsi que la piscine installée dans la cour du château, laissent peut d’espoir pour entreprendre une étude archéologique du site.
Patrick Piboule signale l’existence d’un souterrain aménagé sous le donjon.
Détail de la description
Murs |
|
---|---|
Toits |
|
État de conservation |
|
Informations complémentaires
Le castrum de Montignac est (re)construit pour le comte d’Angoulême entre 1020 et 1028 après l’abandon du site d’Andone. Ce nouveau château de Montignac reste étroitement tenu par le comte aux 11e et 12e siècle. De cette époque datent l’enceinte de pierre dominant le bourg, et le donjon roman arasé qu’elle enserre.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
---|---|
Référence du dossier |
IA16008450 |
Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine Baudry Marie-Pierre |
Cadre d'étude |
|
Aire d'étude |
Poitou-Charentes |
Phase |
repéré |
Date d'enquête |
2010 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Donjon, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/cfb6326a-bc70-4fce-9068-b0c315c98cf7 |
Titre courant |
Donjon |
---|---|
Dénomination |
château |
Parties constituantes non étudiées |
enceinte donjon tour porte |
Statut |
|
---|---|
Protection |
|
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente , Montignac-Charente
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1843 C5 722 à 732 (Donjon parcelle C 729), 2014 C 352 à 356, 1028, 1096 à 1098, 1377 (Donjon parcelle 1028)