Lycée climatique puis lycée Grand Air

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Arcachon

Historique de la construction :

La création de lycées climatiques a été décidée en France peu après la guerre de 1939-1945 sous l’impulsion de Gustave Monod, directeur général de l’enseignement du second degré, pour permettre l’éducation des enfants dont la santé nécessitait un séjour climatique. Bien avant ce souhait de l’État, à Arcachon, lors de la séance du Conseil municipal du 21 Aout 1896, des vœux avaient été exprimés par des élus. Le docteur Joseph Pauliet avait proposé entre autres « d’obtenir du gouvernement la création d’un lycée, sorte de sanatorium pour les maîtres et les élèves et principalement destiné à ceux qui arrivent de nos colonies ou de l’étranger ne s’acclimatant que difficilement au climat de la France ». Réinscrite dans la séance du 26 novembre 1896, la proposition du docteur Pauliet avait été approuvée à l’unanimité.

Les deux guerres mondiales interrompirent le projet. L’idée du lycée a cependant fait son chemin. Le docteur Lorentz Monod, conseiller municipal, présente un rapport relatif à la création d’un « Lycée climatique d’expérience » lors de la séance du Conseil municipal du 26 janvier 1945. Le docteur fait alors l’historique complet du projet. La création du lycée climatique ne verra officiellement le jour que plus tard, par un arrêté ministériel du 17 juillet 1945. Le Ministère de l’Éducation nationale, par la Direction générale de l’Architecture et la Direction des Bâtiments, Palais et Ordonnances Urbaines, présente un devis sommaire pour la construction d’un lycée climatique en date d’avril 1946. L’architecte en est Paul Domenc (1906-1979), entré au Service des Bâtiments civils en 1940. Premier Grand Prix de Rome, il va devenir architecte en chef des Bâtiments civils et des Palais nationaux (BCPN). Il est nommé architecte en chef pour la construction du lycée Grand-Air d’Arcachon le 1er janvier 1946. Les architectes adjoints (architectes d’opération) sont Henri Hourtic et André Larcher œuvrant à Arcachon et dans la région. Le projet dessiné par l’architecte est à la fois imposant par sa capacité d’accueil - plus de 700 élèves, et remarquablement adapté au site dunaire et forestier. Outre les bâtiments pour l’administration et les services généraux, le programme prévoit 33 classes pour les 1er et 2ème cycles, des ateliers pour un effectif de 200 élèves d’enseignement technique, un internat pour 300 élèves, des dortoirs, un réfectoire de 464 places et deux salles de réunion des élèves.

Gustave Monod, pose la première pierre du lycée climatique le 11 septembre 1947. La construction du lycée est prévue selon un échelonnement en 3 tranches de travaux, de 1946 à 1964. Un courrier du maire daté du mois d’Avril 1951, mentionne qu’à cette date « le lycée reçoit d’ores et déjà des internes de 5ème de 6ème ». Au cours de la séance du Conseil municipal du 28 février 1952, le maire évoque l’inauguration prochaine du lycée « qu’il ne faut plus appeler lycée national d’expérience climatique, mais lycée de Grand-air ». La cérémonie officielle a lieu le 23 mars 1952, en présence du ministre de l’Éducation nationale André Marie.

En février 1957 Paul Domenc envoie au maire les plans des bâtiments de la 3ème tranche : « A la suite de diverses discussions au Conseil général des Bâtiments de France, les plans d’exécution m’ont été demandés. Ces discussions ont porté sur la nécessité d’harmoniser ces bâtiments avec ceux existants. Je pense y avoir réussi par la silhouette que donne le bâtiment parallèle à l’avenue et celui moins haut en retour ; qui constituent une jonction avec les constructions actuelles. » En 1960, ce sont les abords du lycée qui font l’objet de travaux d’aménagement.

En 2014, l'agence des architectes Ferron et Monnereau a construit la nouvelle salle de restaurant dans la continuité du réfectoire, proche du collège.

Aujourd’hui le lycée « Grand Air », propriété de la Région Nouvelle-Aquitaine, compte 1100 élèves répartis dans une douzaine de classes de seconde, de première et de terminale. Il a fait l’objet de plusieurs opérations de rénovation et de restructuration.

Le grand projet : adaptation au site et composition

Le plan à l'échelle de 0,001 par mètre, daté du 22 avril 1946, dressé par Paul Domenc présente l'ensemble du projet. Ce plan du "Lycée climatique de la ville d'Arcachon" s'inscrit dans un vaste rectangle (530 mètres sur 320 mètres) délimité par les chemins garde-feu n°17 (actuelle rue du Docteur Lorentz-Monod) et le garde-feu du Sémaphore (actuelle rue Pierre Frondaie). Le plan montre une symétrie des bâtiments répartis de part et d'autre d'un axe nord-est/ sud-ouest. De chaque côté du bâtiment du réfectoire, les longs bâtiments des classes sont disposés en courbe, ouverte vers la forêt au sud-ouest. L'établissement doit tirer profit du soleil et de l'air balsamique et recevoir en même temps les bienfaits de l'air marin porté par les vents du nord-est, quelque peu atténués par les pins de la dune de sable. Les courbes de niveaux mentionnées sur le plan montrent, en effet, que le terrain descend depuis l'entrée principale située sur le garde-feu N°17, vers le bâtiment du réfectoire. Cette entrée (existante aujourd'hui) n'est pas dans l'axe principal du plan général. Cet axe est matérialisé par un escalier monumental, construit mais aujourd'hui sous la végétation, présent sur divers dessins de Domenc. Il descend vers le parc et la forêt. Ainsi la composition architecturale symétrique de l'ensemble -précepte enseigné à l'école des Beaux-arts- conçue par Paul Domenc, montre ici comment l'homme de l'art a adapté son projet au site et au programme d'un établissement climatique.

Autres lycées de plein air

Le lycée de Grand-Air de la Baule-Escoublac (Loire-Atlantique) a été, comme à Arcachon, construit dans des dunes de sable plantées de pins. L'architecte Claude Béraud, Grand Prix de Rome, a réalisé l'établissement de 1954 à 1959. L'ossature est constituée de portiques en béton armé, les murs pignons sont en moellons de granit brun du pays. Une polychromie (jaune citron, bleu lavande pour les bâtiments filles, rouge et vert chez les garçons) accentue la nature des locaux correspondants. Le lycée mixte était conçu pour accueillir 800 élèves.

Le lycée climatique d'Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées), aujourd'hui Lycée-Collège climatique René-Billères a été construit en 1955 par l'architecte André Remondet, Premier grand Prix de Rome. L'établissement présente une ossature apparente en béton armé. Les façades latérales sont en moellons de pierre de pays jointoyées, toitures à une seule pente. Le programme initial prévoyait 400 élèves. L'établissement a été inscrit au titre des Monuments historiques en 2008.

Œuvre du 1% :

Des bas reliefs ornant le dessus des portes ont été confiés au sculpteur Claude Bouscau dans le cadre du 1% artistique. Les peintres Jacques Lagrange, Yves Trevedy ont exécuté les "cartons" des céramiques destinées au décor mural du réfectoire, réalisées dans l'atelier de l'artisan-céramiste Largeté. Des toiles marouflées réalisées par le peintre André Breuillaud commandées en 1959, devaient orner 2 foyers d'élèves. Elles ne sont plus dans l'établissement aujourd'hui.

Périodes

Principale : 2e moitié 20e siècle

Dates

1947, daté par source

1952, daté par source

1960, daté par source

2014, daté par source

Auteurs Auteur : Domenc Paul

Paul Domenc est né à Marseille en 1906, et décédé en 1979. Admis en première année à l’École spéciale des travaux publics et du bâtiment à Arcueil en 1922, il est reçu au concours d'admission à l’École des beaux-arts en juillet 1925. En 1927 il entre à l'atelier Laloux-Lemaresquier. Logiste pour la première fois en 1932, il obtient le premier grand prix de Rome en juillet 1935 et séjourne à Rome de 1936 à 1939, visitant Venise et allant jusqu'à Rhodes ou il travaille à la reconstitution de l'acropole de Lindos. Mobilisé pendant la guerre, il est en 1940 auditeur au Conseil général des bâtiments civils et palais nationaux, puis au Conseil général des bâtiment de France en 1945. Architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, il interviendra au domaine de Saint-Germain-en-Laye, à la Malmaison, à l'observatoire de Meudon, puis à la Cour de cassation et à la Cour d'appel de Paris (1954-1970), ainsi qu'au ministère de la Justice, place Vendôme, et enfin au Haras national du Pin.De 1945 à 1958, Paul Domenc participera à la reconstruction de la Normandie, à Caen et à Flers. À la même période, il réalise le lycée de grand air d'Arcachon (1946-1952), et le Centre national de recherche zootechnique à Jouy-en-Josas (1950-1960). Il est nommé professeur d'architecture au cours supérieur de dessin formant les professeurs de la ville de Paris en 1959. Comme architecte conseil des Ponts et chaussées (à partir de 1964), il effectue les études esthétiques du pont de Nogent-sur-Marne et des ouvrages de franchissement de l'autoroute A 15 entre Saint-Ouen et le port de Gennevilliers, ainsi que des études d'adaptation des réservoirs d'eau à leur environnement.

(source: Académie d'Architecture. "Portraits d'architectes", suppl. aux Cahiers de l'Académie d'architecture, 1986).

Voir aussi : la notice Aghora du Dictionnaire des architectes élèves des Beaux-Arts : Domenc, Paul (19/02/1906 - 08/10/1979) (inha.fr)

, architecte
Auteur : Larcher André

Architecte associé avec Henri Hourtic. Voir l'étude de Gabriele Lechner (bibliographie dans la notice : Présentation de la commune d'Arcachon).

Agence : Villa Les Terrasses (12 ?) , rue Pereira, Arcachon

___________

André Théophile Francisque Larcher, né à Rennes (Ille-et-Vilaine) le [17 d'après la liste matricule et le dossier d'élève, 12 d'après sa fiche S.A.D.G.] septembre 1911, fils de ? Larcher, et de ? Heitz, élève de Paul Bigot, admis en 2è classe le 8 mars 1932, 1è classe le 26 décembre 1933, 1è Seconde Médaille au Concours Bourgeois et Godeboeuf le 10 décembre 1935, diplômé le 9 novembre 1937 (167è promotion, L'habitation d'un Maître-ferronnier, mention assez bien) (architecte à Arcachon, Gironde; reconstruction de Saint-Vivien-de-Médoc, Gironde, en 1949-57, lycée climatique à Arcachon en 1946-52, avec Paul Domenc et Henri Hourtic; membre titulaire de l'Association des élèves et anciens élèves de l'École nationale et supérieure des Beaux-arts ou Grande Masse de l'École des Beaux-arts en 1931, membre de la S.A.D.G. en 1939, figure encore dans l'annuaire 1973; Archives nationales de France, AJ/52/1296, dossier d’élève; patrimoine inventaire Aquitaine)

Biographie rédigée par Marie-Laure Crosnier Leconte : Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968) AGHORA

, architecte
Auteur : Hourtic Henri

Henri Hourtic est architecte de la ville d'Arcachon à partir de 1945. École nationale des Beaux-Arts de Paris, ateliers Bigot et Courtois (dplg en 1942)

-lycée climatique d'Arcachon, 1947-1952 (A. Larcher, P. Domenc, architecte en chef)

-aménagement et extension du groupe scolaire Victor-Duruy, Arcachon, 1949-1953 (A. Larcher)

-école maternelle, cité Claveau, Bordeaux, 1952-1954

-cité Carnus, Arcachon, 1956-1958 (A. Larcher, J. Touzin)

-lycée François Magendie, Bordeaux, 1956-1963, (A. Courtois, A. Gilet)

-logements pour la C.I.LO.F., Cazaux (La Teste), 1958-1959

-logements pour la C.I.LO.F., La Teste, 1959

-logements pour la C.I.LO.F., Hourtin, 1958-1962

-agrandissement de l'Institut de biologie marine, Arcachon, 1962-1963

-halle à la criée au poisson, Arcachon, 1961

-chapelle du sanatorium Armaingaud (aérium Saint-Vincent de Paul), années 1960

__________________

Henri Gabriel Hourtic, né à Arcachon (Gironde) le 9 septembre 1914, fils de ? Hourtic, et de ? Monteil, élève de Pierre Ferret à l’École régionale d’architecture de Bordeaux, admis en 2è classe le 12 mars 1934, 1è classe le 16 juillet 1936, admis 12è au 2è essai du Concours de Rome le 7 mars 1939, autorisé à transférer son inscription à Paris par lettre du 5 juin 1941, élève de Paul Bigot et Alexandre Courtois, engagé dans l'aviation de chasse durant la seconde guerre mondiale, grand blessé de guerre, amputé d'une jambe en 1940, achève sa carrière de pilote avec le grade de lieutenant-colonel de réserve, diplômé le 17 février 1942 (180è promotion, Une église rurale en Soule (Pays Basque), mention très bien) (architecte à Arcachon [entre 1949 et 1967], et Royan, Charente-Maritime [en 1951, bureau des régions sinistrées, agréé M.R.U. pour la Gironde et la Charente-Maritime]; architecte ordinaire des Bâtiments civils et Palais nationaux; architecte de la Ville d'Arcachon; lycée Grand Air à Arcachon, en 1946, avec Paul Domenc (1906-1979) et André Larcher, maison particulière à Teuillac (Gironde) en 1965 pour son frère enseignant, René Hourtic, chapelle du sanatorium de Moulleau, temple de Mérignac en 1968, transformation de Grand Hôtel d'Arcachon; membre de la S.A.D.G. en 1943, figure encore dans l'annuaire 1962, mais plus dans l'annuaire 1973; membre du Conseil régional de l'Ordre des architectes [en 1962]; officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 39-45; membre du conseil d'administration de la Croix-Rouge, président du Rotary-club d'Arcachon et de la société d'entraide de la Légion d'honneur; ami du sculpteur Claude Bouscau qui réalise sa tombe sur l'allée Fénelon du cimetière d'Arcachon; mort en 1971; Archives nationales de France, AJ/52/1294, dossier d’élève; ministère de la Culture, base visites virtuelles)

Biographie rédigée par Marie-Laure Crosnier Leconte : Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts de Paris (1800-1968) AGHORA.

, architecte
Auteur : Bouscau Claude

Le sculpteur Claude Bouscau est né à Arcachon le 15 mai 1909. Il étudie à l'École des Beaux-Arts de bordeaux puis à l'École des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier Bouchard. Il obtient en 1935 le Premier Grand Prix de Rome. Mort à Paris le 5 avril 1985.

http://www.claudebouscau.com/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bouscau

, sculpteur
Auteur : Lagrange Jacques, peintre
Auteur : Trevedy Yves, peintre
Auteur : Breuillaud André

André-François Breuillaud, né le 13 juillet 1898 à Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne) et mort le 27 juin 1994 à Vence (Alpes-Maritimes) est un peintre français.

, peintre (, attribution par source)
Auteur : Ferron et Monnereau

Agence d'architecture à Bordeaux.

, agence d'architecture (attribution par source)
Auteur : Remondet André

D'après l'annuaire des architectes français de 1965, André Remondet est architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux.

Entré à l'École nationale supérieure des beaux-arts, il est l'élève de Roger-Henri Expert, dont il achève certaines réalisations après la Seconde Guerre mondiale (l'École normale supérieure de Cachan et l'église Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus de Metz). Premier Grand Prix de Rome en 1936, il séjourne à la Villa Médicis du 16 janvier 1937 jusqu'à sa mobilisation en septembre 1939.

Nommé architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, il succède à Auguste Perret à la tête de son atelier à l'École nationale supérieure des beaux-arts. Il est nommé architecte en chef des ZUP de Pau, Poitiers Nanterre et Avignon, et architecte-conseil de la ZUP de Vitry-sur-Seine.

Il est élu en 1980 à l'Académie des beaux-arts dans le 5e fauteuil de la section architecture en remplacement d'Urbain Cassan.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Béraud Claude

Claude BERAUD (1912 - 1982) 1er Grand Prix 1942. Elève de Charles LEMARESQUIER.

, architecte (attribution par source)

Conçu pour sept cents élèves dont trois cents internes, le lycée se compose de plusieurs bâtiments indépendants : quatre bâtiments de classe avec dortoirs à l'étage, trois pavillons familiaux pour jeunes internes, un bâtiment de services généraux avec réfectoires, salles à manger, salles de dessin et bibliothèque, un bâtiment de salles spécialisées avec cabinet médical et plusieurs pavillons réservés aux logements de fonction. Les bâtiments, établis sur des fondations en semelles filantes, sont réalisés à partir d'ossatures de béton armé avec remplissage de briques creuses à l’exception des façades latérales qui sont construites en moellons lités et apparents avec joints creux. Les parties en briques ou en béton (corniches, bandeaux, cadres pré-moulés des baies, piles de portique) ont reçu un enduit en ciment de pierre. Les toitures en tuile creuse reposent sur des charpentes en béton armé.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : brique

  2. Mise en oeuvre : béton armé

Toits
  1. tuile creuse
Étages

rez-de-chaussée, 1 étage carré, 4 étages carrés

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Partie de toit : croupe

Décors/Technique
  1. céramique
  2. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Arcachon , 1 avenue Docteur-Lorentz-Monod

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2012 AS 7

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...