Ecole primaire publique de filles, actuellement école élémentaire publique Jules-Ferry

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Marans

Dès la fin des années 1870 et le début des années 1880, parallèlement à l'adoption des lois de Jules Ferry sur l'instruction publique, la municipalité de Marans entreprend de construire une nouvelle école communale publique de filles, l'école étant établie dans des locaux trop petits, rue Guy-Seguinot et rue des Moulins (école maternelle). La commune compte alors deux écoles de filles (une publique, encore tenue par des religieuses, et une privée), en plus des deux écoles de garçons (publique et privée) et de l'école maternelle communale ou salle d'asile. Le site choisi pour la nouvelle école de filles est un terrain où ne figuraient que de simples jardins sur le plan cadastral de 1820, au sud de la place du Château (place Ernest-Cognacq).

Une première consultation d'architectes a lieu en 1879. Le 25 novembre, l'architecte départemental Charles Bunel présente un projet d'inspiration néo-gothique, avec en façade principale, sur la place, un avant-corps central que couronnerait un fronton et un décor armorié. Ce projet est écarté au profit de celui, présenté les 15 juillet et 9 septembre 1881, par Charles Smolski, architecte à Luçon. Représentatif de l'architecture scolaire de la Troisième République à la fin du 19e siècle, ce projet prévoit un bâtiment de plan massé, constitué d'une partie centrale encadrée de quatre salles de classes (deux de chaque côté) et, dans leur prolongement, de logements de fonction (dont celui de la directrice, le plus grand, à l'angle de rues à l'ouest). La partie centrale accueillera un vestibule de plan en croix, une loge de concierge, un parloir et une large cage d'escalier. Selon une organisation rationalisée, chaque salle de classe pourra accueillir de 40 à 42 élèves, répartis sur des tables en rangées face à l'estrade de l'enseignant. Le bâtiment, construit notamment en pierre de taille des carrières de Saint-Même, prendra place entre la rue et la cour postérieure, encadrée par des préaux. Smolski envisage, dans une variante de son projet, de partager la cour en deux à l'aide d'un troisième préau qui relierait le bâtiment principal à un gymnase en fond de cour, mais cette proposition est finalement écartée.

Approuvés en 1882, les travaux sont adjugés le 18 février 1883 à Benjamin Guillet, entrepreneur de travaux publics à La Roche-sur-Yon. La date 1883 est d'ailleurs inscrite sur un des panneaux sculptés à l'angle du logement de directrice ouest, à l'angle entre la rue Virecourt et la place Ernest-Cognacq. Les travaux sont réceptionnés en 1884, avec de menus ajustements par rapport aux plans initiaux (par exemple, la façade principale sur la place est percée, pour l'école, d'une seule porte au lieu des deux prévues par l'architecte en 1881).

Vers 1970, lorsque le collège quitte ses locaux de la rue Guy-Seguinot pour la rue de Bel-Air (collège Maurice-Calmel), l'école de garçons qui s'y trouvait également fusionne avec l'école des filles (le mur qui les séparait est abattu), l'ensemble formant depuis lors l'école élémentaire publique Jules-Ferry.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1883, porte la date, daté par source

Auteurs Auteur : Smolski Charles

Architecte communal à Luçon (Vendée) dans les années 1870-1880.

, architecte (attribution par source)

L'établissement actuel englobe les locaux de l'ancienne école de filles (seuls traités ici) et ceux de l'ancienne école de garçons, rue Guy Seguinot (voir le dossier documentaire correspondant). L'ancienne école de filles est un bel exemple d'architecture scolaire de la Troisième République. Son architecture illustre le développement de l'instruction publique à la fin du 19e siècle, dans la ligne des lois de Jules Ferry. Cette architecture mêle par ailleurs des références au classicisme (fronton, pilastres...) et d'autres empruntées à l'architecture médiévale (colonnettes, contreforts...).

Le parti adopté pour l'ancienne école de filles est celui d'un imposant corps de bâtiment principal aligné sur la voie (ici la place Ernest Cognacq), encadré par deux autres corps abritant des logements de fonction. La cour s'étend à l'arrière, bordée d'un préau le long de la rue Virecourt.

La façade du corps principal de bâtiment, entièrement construite en pierre de taille, s'élève au nord, sur la place. Couronnée par une corniche à modillons, elle présente neuf travées d'ouvertures réparties en trois ensemble. La partie centrale est scandée de pilastres qui soutiennent un entablement, sur lequel est inscrit "Ecole communale laïque de filles", et un fronton dans lequel prend place une horloge signée de l'horloger Lussault. Les trois ouvertures du rez-de-chaussée, dont la porte centrale, se distinguent par leur linteau mouluré et en arc en plein cintre, avec agrafe et sommiers saillants. De fines colonnettes encadrent les baies de l'étage. De part et d'autre de cette partie centrale, les six autres travées s'intercalent entre des contreforts plats. Les baies, identiques d'un niveau à l'autre, présentent un appui mouluré et un linteau en arc délardé et à coussinets. Les pleins de travées des neuf travées sont ornés de tables. Les deux contreforts situés aux extrémités de la façade se terminent par un amortissement qui prolonge le mur pignon découvert du bâtiment.

Plusieurs de ces caractéristiques se retrouvent sur les deux logements de fonction qui encadrent le corps principal de bâtiment : corniche à modillons, contreforts plats, appuis moulurés, linteaux à coussinets, tables sur les pleins-de-travées. Ces élévations se distinguent par leurs bandeaux moulurés, leur linteaux droits et à platebandes, et leurs travées jumelées. Le logement ouest est traité de façon particulière, occupant un angle de rues. Plus grand que le logement est, il étire trois travées d'ouvertures sur le côté, rue Virecourt. Son angle, arrrondi, présente un élément sculpté à chaque niveau.

La façade sur cour du corps principal de bâtiment, au sud, est tout aussi monumentale que la façade nord, malgré l'absence de fronton. Cette absence laisse davantage paraître le toit, ses cheminées en brique et pierre ainsi qu'une cloche centrale. La façade du bâtiment présente là encore neuf travées d'ouvertures, toutes séparées cette fois-ci par des contreforts plats, ce qui confère à l'ensemble une grande verticalité. Les trois travées centrales se distinguent toutefois là encore de leurs voisines : elles comprennent une porte au rez-de-chaussée, en arc segmentaire pour la porte centrale, en plein cintre avec sommiers saillants et agrafe pour les deux portes qui l'entourent. La même porte centrale est surmontée d'une haute baie également en plein cintre, éclairant une cage d'escalier. Quant aux autres travées d'ouvertures de la façade, elles allient de larges baies à linteau en arc segmentaire et à coussinets au rez-de-chaussée, et des ouvertures du même type mais plus étroites et avec larmier, à l'étage.

L'intérieur de l'ancienne école de filles a peu été modifié et présente par conséquent encore l'essentiel de son organisation d'origine. La porte centrale de la façade nord ouvre sur un vaste vestibule de plan en croix, dont le sol est recouvert de dalles en pierre. Les poutres du plafond sont soutenues par de puissants corbeaux ornés de volutes, eux-mêmes placés au sommet de piliers contrebutés de pilastres et sur lesquels retombent des arcs en plein cintre. Des bureaux prennent place de chaque côté de l'entrée. A gauche et à droite du vestibule, se trouvent deux salles de classe de chaque côté. Au fond du vestibule, derrière la travée centrale de la façade sud, s'élève une large cage d'escalier. Un escalier en bois, rampe-sur-rampe et à mur noyau, y donne accès à l'étage. Là se trouvent des sanitaires, côté nord, des salles de classe côté ouest, un ancien dortoir et un ancien logement de surveillant côté est.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile mécanique
Étages

1 étage carré

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon découvert

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : enfant


Précision sur la représentation :

Parmi les deux panneaux sculptés qui ornent l'angle du logement ouest, à l'angle de rues, le panneau supérieur présente un encadrement mouluré, surmonté de volutes et des armoiries de la Ville de Marans (elles-mêmes reprises de la famille de Bueil, seigneurs de Marans au 17e siècle). Au-dessous, dans le cadre, un enfant assis étudie, entouré d'un globe et d'instruments scientifiques. Au-dessus de lui, des couronnes de laurier s'enfilent sur une palme.

Le second panneau sculpté, au rez-de-chaussée, présente dans un cadre mouluré un faux cuir découpé sur lequel sont inscrites les initiales R et F ("République Française"). Au-dessus, la date de construction de l'école, 1883, est portée sur un cartouche, sous deux branches de chêne.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marans , 15 place Ernest-Cognacq

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1820 E 99, 2016 AH 54

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