Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Cette maison occupe la moitié ouest d'une longue parcelle qu'elle partage avec une seconde habitation tournée vers la rue de l'abbé Bergey (maison 380-2). Un dessin de Léo Drouyn réalisé à partir d'un croquis de J. Alaux datant des années 1810-1820, présente à cet emplacement les restes d'une maison romane dont le mur occidental formait l'enceinte de la ville. Le cadastre de 1845 en présente le plan, mais le bâtiment figuré ici n'occupe que la moitié nord de l'emprise du bâti d'origine conservé en sous-sol. La façade ouest a aujourd'hui entièrement disparu et des élévations d'origine, il ne subsiste plus qu'une partie du gouttereau nord, le reste ayant laissé la place, au début du 20e siècle, à une maison sans caractère dont le plan reprend celui du bâtiment originel.

C'est au sous-sol que se trouvent aujourd'hui les éléments les plus intéressants puisque la majeure partie de l'enveloppe de la maison romane y est conservée.

Le niveau de soubassement de cette unité communique actuellement, à l'est, avec les caves de la maison voisine, selon un dispositif composite de voûtes datant de diverses périodes, résultat de nombreuses phases de remaniement s'étalant sur huit siècles.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Secondaire : limite 13e siècle 14e siècle (incertitude)

Bâtie en moellon, cette maison très homogène ne date que du début du 20e siècle : les clichés les plus anciens qui représentent cette partie de l’enceinte montrent encore l’édifice qui l’a précédé, couvert d’une toiture à une seule pente et construit en pierre de taille. Les murs latéraux étaient peut-être encore ceux du Moyen Âge, qui se présentaient à leur extrémité ouest sous forme d’arrachement, prouvant que la façade d’origine avait déjà été démolie. Celle-ci, qui formait l'enceinte de ville, a totalement disparu mais elle figurait encore sur les cadastres anciens et elle a été représentée sur un dessin de Léo Drouyn comme un pan de mur en ruine, conforté en son milieu, dans l’axe du mur de refend à l’intérieur, par un contrefort montant de fond jusqu'à hauteur du chemin de ronde. Plus au sud, un léger décrochement du mur semblait délimiter la travée sud de l’édifice au pied de laquelle semble être dessinée une porte couverte d’un arc en plein cintre. Cette partie correspondant aujourd’hui à l'espace entaillé dans le rocher au-dessus de l'entrée actuelle de la cave depuis le fossé (porte la plus au nord), l’hypothèse que cette demeure ait comporté un accès direct au fossé parait d’autant plus vraisemblable que de tels dispositions ont été formellement observées sur deux demeures du front nord (de la suite de demeures dites "Palais Cardinal", cad. AP0449-1 et 449-3). L'étage de cette même travée était ajouré d'une baie géminée à colonnette centrale et baies couvertes d'arcs en plein cintre, encadrées par une archivolte, également en plein cintre. Elle devait être d’un type similaire à celui des baies conservées dans la maison voisine AP0379. A la suite du décrochement, un pan de mur, plus long que la travée précédente et percé d'une fente de jour, reliait ce qui devait être l’angle sud de la demeure à la tour d’angle de la proche maison cad. AP0381. Cette portion de mur, qui fermait peut-être simplement un espace non bâti, auquel cas la fente de jour était en réalité une archère, a totalement disparu au profit d'un escalier et d'un plan incliné reliant le jardin au fossé.

Ce bâtiment présentait un étage de soubassement dont les gouttereaux nord et sud sont posés directement sur le rocher. Le parement de grand appareil indique ici indéniablement un édifice roman, certaines assises dépassant même les 50 cm de haut. Cette grande salle était probablement couverte d’une charpente ou d’un plancher d’une seule portée de presque 10 m, dont les poutres (solives ou fermes) étaient confortées par es jambettes qui ont laissées des traces nettes sur les deux murs latéraux. Par la suite, dans le courant du 14e siècle, l’espace a été divisé en deux nefs par un mur de refend, orienté est-ouest, ajouré de grandes arcades légèrement brisées retombant sur des colonnes dont une a conservé son chapiteau cubique à pans coupés et mince tailloir profilé d'un bandeau et d'un cavet. Subsistent aujourd'hui deux arcades, larges respectivement de 5,30 m et 5,10 m. A l'est, le départ d'une troisième arcade indique que le bâtiment se poursuivait jusqu'au niveau du mur occidental de la maison 380-2, mur qui porte encore la trace du solin de sa toiture à deux pans qui est venue s'ancrer sur le mur arrière de l'unité 380-2. La disparition du mur occidental formant enceinte ne permet malheureusement plus de comprendre l'articulation entre ce dernier et les gouttereaux qui font partie des rares répertoriés à Saint-Emilion dans une maison sur l'enceinte (voir également parcelle cad. AP0440). Le volume de cette grande salle est aujourd'hui recoupé en deux par un plancher en béton implanté juste en-dessous du dernier tambour des colonnes, si bien que ces dernières ne sont visibles que depuis les carrières ouvertes depuis les fossés. Ces colonnes reposent sur des plinthes elles-mêmes posées sur de hauts socles rocheux dégagés lors des différentes phases d'exploitation et d'aménagements de la carrière. Ce sol est aujourd'hui de niveau avec les caves voûtées de la maison 380-2, également recreusées par les carrières, créant ainsi une enfilade de pièces longue de 31 m entre le fossé et la rue de l'Abbé-Bergey.

Du rez-de-chaussée de cette maison romane, il ne reste plus qu'une partie du gouttereau nord visible depuis la parcelle cad. AP0379. Malgré de nombreux remaniements, le parement roman de grand appareil est encore en place et ses assises filent au-delà de l'actuel angle nord-est de la maison, ce qui confirme que l’édifice originel était bien accolé à l’unité voisine du côté est. Au niveau du même angle nord-est, subsistent les restes d'une porte, aujourd'hui couverte d'un arc segmentaire mais à l'origine dotée d'un arc brisé dont le parement conserve la courbe de l'extrados (le départ de l'arrière-voussure en arc segmentaire est encore perceptible au revers du mur). A l'ouest de la porte, une goulotte atteste la présence d'un évier inséré après coup. A l'est de la porte, le parement d'origine file sur les premières assises, à hauteur du seuil de la porte, jusqu'à l'angle de la maison 380-2. Au-dessus, les assises, toujours en grand appareil, sont assez perturbées et témoignent d'un ou plusieurs remontages, probablement pour assurer la liaison, soigneusement chaînée, avec l'angle nord-ouest de cette maison 380-2. Ce mur gouttereau nord correspond probablement au refend figuré sur le dessin de Léo Drouyn. Celui-ci avait alors un étage, ajouré d'une fenêtre barlongue, et portait encore une toiture, certainement celle du bâtiment figurant sur les cadastres anciens. Son angle nord-est était pourvu d'une échauguette sur cul-de-lampe couverte d'une toiture en poivrière. Ce bâtiment a aujourd'hui disparu au profit d'une construction de plain-pied qui occupe l'ensemble de l'emprise du bâti originel et dont le pignon occidental a remplacé le mur d'enceinte. L'angle sud-est englobe un puits plus ancien dont le conduit parementé est visible depuis le niveau de soubassement.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Mise en oeuvre : moellon

  3. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 4 rue de l' Abbé-Bergey

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 279, 2010 AP 380 ([1])

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