École maternelle et primaire privée Saint-Louis

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

A son décès, en 1821, l'inspecteur des manufactures Pierre Augustin Laboreys de Châteaufavier légua à la commune d'Aubusson la somme de 20000 francs pour permettre l'installation d'une école des Frères chrétiens dans la ville. Mais la majorité des notables aubussonnais, menée par Augustin Bandy de Nalèche, le sous-préfet et par le juge d'instruction Grellet-Dumazeau, étaient très hostiles à l'arrivée de ces religieux voués à l'éducation, dont le mouvement avait été fondé en 1680 par Jean-Baptiste de La Salle. Ils firent tout leur possible pour s'y opposer : les premières années de l'institution furent donc difficiles et marquées par des conflits. Néanmoins, l'école congréganiste reçut en 1835 le titre d'école communale et connut par la suite une grande prospérité sous la conduite du frère Prétextat, qui la dirigea de 1840 à 1876. Mais, après divers incidents, son successeur fut révoqué et le conseil municipal vota la laïcisation de l'établissement en 1883.

Les frères décidèrent alors d'ouvrir une école privée. La famille d'industriels Jorrand leur offrit sa protection et surtout un nouveau local, rue Saint-Jean, dans une propriété connue sous le nom de "Chalet : "ils avaient trouvé pour eux et pour leurs élèves un abri charmant au milieu de la verdure, et sous le dôme des grands arbres de la rue Saint-Jean" livre ainsi une description de l'époque. Après quelques travaux préalables, l'établissement ouvrit ses portes en 1884, avec trois classes et 120 élèves, au nombre maximum fixé par les autorités.

Mme de Chateaufavier ayant fait des Frères de l'Ecole Chrétienne son légataire universel et la donation de 20 000 francs en rente ayant été concédée à la ville à la condition qu'elle les entretienne, l'Institut engagea un procès contre la commune, au terme duquel cette dernière dut lui rendre les titres de rente et payer 16 000 francs d'arrérage. Cette somme contribua à l'édification d'un nouveau bâtiment.

En effet, le "Chalet" ne convenait pas à un usage scolaire et les Jorrand voulaient en récupérer la jouissance. Ce fut encore eux qui fournirent un terrain place Villeneuve, à côté du collège et qui financèrent l'édification de l'école Saint-Louis.

Elle fut placée sous la protection de saint Louis, souverain connu pour ses engagements en faveur de l'éducation. Ce vocable fut également choisi en hommage à Louis, le fils de l'industriel Adolphe Jorrand, qui était ingénieur et donna les plans de l'édifice. La première pierre en fut posée le 23 avril 1896 et la rentrée eut lieu le 9 octobre suivant. L'inauguration officielle de l'établissement se déroula le 28 octobre 1896, en présence de Monseigneur Renouard, évêque de Limoges.

La direction de l'école fut confiée au frère Hélène, M. Magnol.

La séparation de l'Eglise et de l'Etat, en 1905, provoqua une vive émulation parmi les généreux donateurs de l'établissement, qui connut une nouvelle période de prospérité. Mais la loi du 7 juillet 1904 avait interdit l'enseignement aux congrégations : les frères durent quitter Aubusson le 2 août 1904.

Après une courte vacance, ils assurèrent toutefois leur mission d'enseignement jusqu'en 1920. A cette date, ils durent se concentrer dans des établissements plus importants et quittèrent Saint-Louis. La paroisse d'Aubusson consentit alors à faire un effort pour soutenir le fonctionnement de l'école, mais Monseigneur Floccard, évêque de Limoges, dut intervenir lorsque ses crédits vinrent à s'épuiser. Il mit à exécution son projet de dédoublement du petit séminaire Saint-Louis de Limoges par un équivalent creusois. Il chargea l'abbé Gourrier de cette mission en 1927. Il y eut la première année 7 élèves internes et 15 externes. Jusqu'en 1959, le supérieur, devenu chanoine Gourrier, assura son travail, secondé par l'abbé Spitz et des laïques. Mais le diocèse ne disposa bientôt plus de prêtres en nombre suffisant pour l'encadrement des élèves. En 1956, Monseigneur Rastouil, évêque de Limoges, obtint à l'occasion d'un pèlerinage à Lourdes l'aide des Oblats du Sacré-Cœur. Ces religieuses de la "Pieuse Union" vinrent de Montluçon pour combler les lacunes relevées parmi les professeurs, à la grande satisfaction de l'abbé Blandin, qui succéda en 1959 au chanoine Gourrier à la tête de l'école.

Les pensionnaires de l'établissement devinrent de plus en plus nombreux avec le temps, provoquant des réaménagements successifs des bâtiments. A l'origine, Saint-Louis se composait d'un long vaisseau principal, à trois niveaux desservis par un escalier central. La façade principale donnait sur une cour limitée à l'ouest par un préau non fermé, un jardinet et la maisonnette des époux Valette, du côté de la voie ferrée. Côté rue, l'école était ceinte d'une grille, avec des cabinets d'aisance. L'autre façade, à l'est, donnait sur un vaste jardin potager enclos de murs, avec un puits en son milieu. Pour répondre à l'accroissement des effectifs apparu dans les années cinquante, les salles de classe furent déplacées et agrandies. Le dortoir occupa d'abord le premier étage du bâtiment principal, puis le second, ce qui entraîna une surélévation de la toiture et la construction d'un escalier extérieur sur le pignon. Le préau fut fermé et une maison fut édifiée à son extrémité. La cour fut transférée à l'emplacement de la maison du gardien, dont le logement fut agrandi pour accueillir la maternelle.

En 1971, les petits pensionnaires devenant plus nombreux, un CP ouvrit ses portes.

En 1972, l'école, initialement de garçons, devint mixte.

En 1980, l'abbé Blandin passa la direction de Saint-Louis à la sœur Marguerite de Felletin. Les sœurs de Montluçon quittèrent ainsi Saint-Louis.

En 1986, le collège s'installa à Saint-Roch de Felletin. Saint-Louis ne comporta plus dès lors qu'une maternelle et trois classes primaires, dirigées par Mme Levacher.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1898, porte la date

Auteurs Auteur : Jorrand Louis, architecte

Le bâtiment principal se développe dans la profondeur de la parcelle. Il s'agit d'un long vaisseau en pierre enduite sur trois niveaux, desservi par un escalier central, sous un toit à longs pans couvert d'ardoise. Côté rue, il présente un mur-pignon avec deux ouvertures superposées : une petite fenêtre carrée dotée d'un appui saillant, surmontée d'une imposte vitrée et d'un linteau brisé en pierre de taille portant la date gravée de 1898 et, à l'étage, un triplet de baies cintrées, couronné par un arc de décharge en briques rouges.

Sur la ligne faîtière figure, en acrotère, une statue en pierre de Volvic représentant un ange bénissant, avec un livre ouvert, symbolisant la mission d'éducation des Frères chrétiens. Sur cour, le bâtiment comporte trois travées, rythmées au rez-de-chaussée alternativement par des baies cintrées et des baies à arc brisé. Toutes les ouvertures se distinguent par leur encadrement de briques rouges, disposées en chaînages harpés. Sous le mur gouttereau court une frise d'arcatures en briques rouges, simplement interrompue, dans la travée centrale, par trois claveaux de pierre formant fronton, sur lesquels est inscrit en lettres gothiques "Ecole Chrétienne Libre". Le second étage, en attique et en léger retrait, a été rajouté à une époque ultérieure à la construction originelle, pour permettre la surélévation des combles, afin d'y accueillir le dortoir.

Le rez-de-chaussée et le premier étage abritent aujourd'hui des salles de classe. Au second se trouve donc le dortoir, aménagé sous les combles, ainsi que les chambres individuelles des enseignants. Côté rue, une chapelle de plan carré, orientée au nord, se développe sur les deux niveaux correspondant aux premier et au second étages. Ses ouvertures comportent toutes des verrières décoratives, dont un triplet de baies central orné de deux vitraux à motifs géométriques encadrant une grande composition. Cette dernière évoque le sacrifice du Christ à travers deux figures : le pélican, connu pour nourrir ses petits de son propre sang et le poisson, symbole eucharistique et baptismal, dont le nom grec "ichthus" forme l'idéogramme "Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur". Les verrières de la chapelle présentent toutes la même harmonie colorée, dans des tons rouges, orangés et ocres. Leur mise en place date probablement des années 1950.

Le style de l'école Saint-Louis se rapporte à la fois à l'éclectisme, par sa recherche de fonctionnalité et au néo-gothique, par le profil ogival de ses ouvertures.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

2 étages carrés, étage de comble

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Décors/Technique
  1. vitrail
Décors/Représentation

Précision sur la représentation :

Sur le fronton, inscription en lettres gothiques : "École Chrétienne Libre".

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , 7 rue William-Dumazet

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2007 AH 108

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