Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

La parcelle, dont le grand axe est parallèle à la rue Guadet, comporte deux constructions : en léger retrait, à l'arrière d'un jardinet clôt d'une murette, un immeuble à deux étages sur ses trois-quarts nord, flanqué d'un garage à un seul niveau au sud aligné en front de rue. L'importante rupture de pente qui lui sert d'assiette détermine la répartition des niveaux : deux étages côté rue Guadet et un simple rez-de-chaussée à l'arrière, sur la rue de la Liberté. C'est une construction en pierre de taille aux ouvertures régulièrement réparties en cinq travées, chaque niveau étant séparé par un bandeau mouluré. La toiture à longs pans est bordée d'une corniche également moulurée.

A l'intérieur, côté rue Guadet, un niveau de soubassement creusé dans le rocher est accessible depuis le garage. Le rez-de-chaussée ne comporte qu'une pièce adossée au rocher. Un passage maladroitement creusé permet d'accéder à une cavité d'envergure inhabituelle (environ 8 m de diamètre à la base sur 8 m de haut). La paroi, lissée, est de plan légèrement quadrangulaire aux angles arrondis, ce qui rend difficile son classement dans les typologies de ce type de cavité observé en nombre à Saint-Emilion : s'agit-il d'un silo ou plutôt d'une fosse d'extraction telle que celles identifiées sous les angles ouest de la "salle gothique" (cad. 428), ce que suggèrent ses dimensions imposantes qui excèdent de beaucoup celles habituellement usitées pour les silos. Au-dessus d'une ouverture de carrière, un passage voûté en pierre de taille a été construit probablement au 18e ou 19e siècle, pour communiquer avec l'étage de l'immeuble. Cette fosse a été éventrée du côté est par les galeries d'une carrière d'où sont accessibles un puits maçonné et une fosse d'aisance moderne. De plan quadrangulaire, cette dernière est entièrement creusée dans le rocher et couverte d'une voûte de tracé segmentaire en pierre de taille percée de deux ouvertures d'évacuation.

A l'angle sud-est de l'immeuble, dans une partie de mur sud constituée par le rocher creusé, une cheminée suggère la présence d'un habitat troglodytique antérieur à la construction de l'immeuble après 1870.

Enfin, le garage côté sud s'appuie contre la paroi rocheuse dont la taille semble plus ancienne que celle appartenant à l'emprise de l'immeuble. Au droit de cette paroi, un mur de moyen à grand appareil apparaît au-dessus de la toiture du garage, où il comporte trois corbeaux en quart-de-rond à bandeau sommital qui ont dû servir à soutenir la panne de rive d'une toiture. Dans le garage actuel, la maçonnerie, partiellement recouverte d'enduit, semble avoir souffert de l'humidité et avoir subi d'importantes réparations. Le mur est bien visible aussi depuis la ruelle à l'arrière du garage, où il apparaît sur la hauteur de quatre assises. Le moyen appareil à joints maigres correspond au standard de la construction des années 1200 à Saint-Emilion.