Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Une licence pour l'établissement d'une maison forte est accordée à Bernard de Poyane en 1315 par le roi-duc Edouard II, mais pour l'historien Jacques Gardelles il s'agit de la localité de Poyanne dans les Landes. Cependant, l'hospitium et terram de Poyanas, de même que La Libarda, sont bien mentionnés dans les premières décennies du 15e siècle. Cet hospitium est à la tête d'une petite seigneurie distincte de celle de la Libarde. La fusion des deux seigneuries et la destruction de la maison forte de la Libarde font que Poyanne est indiqué comme "château de la Libarde" sous l'Ancien Régime.

Selon les recherches menées par Jacques Lisse, Jacques de Baussay est seigneur de Poyanne et de la Libarde en 1504. Sereine de Baussay épouse Alphonso Lazaro, garde de la chambre du Roy et capitaine de deux compagnies entretenues au pays de Piémont. Leur fils, Jacques François de Lazaro, est dit écuyer, seigneur de Poyanne, La Libarde et Lafosse et autres lieux en 1603. La fille de celui-ci, Jeanne Catherine de Lazaro, épouse en 1606 ou 1616 François de Calmeil, seigneur de Turtault. Plus tard, en 1663, une autre Jeanne de Lazaro épouse Gabriel de Nort, fils de Antoine de Nort, conseiller au Parlement et de Catherine de Mosnier. Gabriel de Nort décède en 1698, un inventaire de ses biens à « Pouyanne » est alors dressé : maison modeste, en rez-de-chaussée, composée de 5 pièces d’habitation principales, plus deux de domestiques et d’une cuisine. Le tout couvert d’un grenier à grains. La grange sert aussi bien à faire le vin qu’à abriter 20 brebis et leur bélier. Trois juments sont dans l’écurie.

Le fief appartient au milieu du 18e siècle à la famille de Boucaud, apparentée à la famille de Nort : Joseph François de Boucaud, écuyer, est qualifié en 1748 de seigneur des maisons nobles du Bousquet et de Poyanne.

Un inventaire de Poyenne [sic] est dressé par Me Lataste à Bourg (AD Gironde, 3 E 25659) et décrit les bâtiments : ensemble de pièces en rez-de-chaussée, une grande salle basse d’entrée ayant son aspect au midi et huit chambres – une cuisine, une chapelle domestique, plusieurs logements de paysans, une fuie, des chais, cuviers, greniers et une cour dans l’enceinte du bâtiment – une écurie, un parc à bestiaux et une « vollière » ; en mauvais état.

L'ensemble est vendu à Jean Senet (meurt en 1782), maître de barque et négociant en grains. A sa mort, ses deux enfants se partagent ses biens : son fils aîné Jean hérite de Poyenne et d’une maison sur le port « actuellement louée à l’administration royale pour servir de bureau de départ à la patache ».

Le site de Poyanne à Bourg ne doit pas être confondu avec celui à Gauriac, émanation plus tardive de la seigneurie de Poyanne.

Si la plupart de éléments défensifs ont été démantelés durant la Révolution, le plan cadastral de 1825 montre encore un ensemble de bâtiments organisés sur une cour quadrangulaire, avec ce qui semble être la tour d'un colombier dans l'angle sud-est. L'archéologue François Daleau a cependant pu encore observer les anciens fossés de la maison forte, lors de la visite du site qu'il effectue en 1877. Quant au colombier qui existait encore à cette époque, il aurait été détruit vers 1953.

Le site actuel est occupé par un ensemble agricole, dont les éléments les plus anciens ne paraissent pas antérieurs à la fin du 18e ou au début du 19e siècle. Le plan cadastral de 1825 montre notamment que l'aile sud, donnant sur une terrasse aux angles concaves, semble correspondre, au moins en partie, à la série de logements alignés visibles aujourd'hui. Dépendance du château viticole de La Grave dans la seconde moitié du 19e siècle, situé à environ 500 mètres et en relation visuelle avec lui, cet ensemble est destiné à l'hébergement des ouvriers du domaine. Sully Rambaud, propriétaire de ce château mentionné dès la seconde édition du Cocks et Féret de 1868, est le probable commanditaire d'agrandissements et de modifications diverses intervenues à cette époque.