Présentation de la commune de Blaye

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

Si une fréquentation du promontoire rocheux dominant l'estuaire de la Gironde est attestée par l'archéologie dès l'époque néolithique et durant la protohistoire, les témoignages d'une occupation pérenne du site ne sont avérés que dans l'antiquité. Le site fortifié du castrum de Blavia, cité par Ausone, est implanté au voisinage d'un chenal constituant un port naturel, en position de point de rupture des charges sur l'itinéraire entre Bordeaux et Saintes, et, au-delà, vers Poitiers et les régions septentrionales. Des indices d'une occupation antique semblent également avoir été identifiés sur la colline de Sainte-Luce.

A la fin du 4e siècle, la mort de saint Romain à Blaye, évangélisateur de la région, puis le développement d'un lieu de culte sur sa sépulture, ont conforté la position militaire de la place par une fonction religieuse. La situation de port-relais de la cité de Bordeaux sur la rive droite de l'estuaire a contribué au maintien de l'agglomération durant le haut Moyen Âge, avec la création d'une abbaye dédiée à Saint-Romain, attestée à l'époque carolingienne et dont le prestige est renforcé par l'inhumation de Roland de Ronceveaux, selon la tradition rapportée par la Chanson de Roland. L'importance religieuse de la localité est encore accentuée à la fin du 11e siècle par la fondation d'une seconde abbaye, dédiée au saint Sauveur. Outre une chapelle située dans l'enceinte du château des Rudel, les établissements monastiques sont à la tête des deux paroisses des faubourgs. La paroisse de Sainte-Luce est également citée au 13e siècle. Quant à la viguerie du castrum médiéval, elle s'étend sur un large district, couvrant les limites du Bordelais jusqu'au Vitrezais, aux confins de la Saintonge.

La militarisation de la ville haute à l'époque moderne conduit au renforcement des faubourgs, en dépit des nombreuses destructions ordonnées par le pouvoir royal au milieu du 17e siècle, afin d'éloigner les habitations des glacis de la citadelle. L'habitat rural, constitué de fermes et de métairies dispersées formées de petits logis juxtaposés, semble dès lors fixé, ainsi que l'attestent les plans depuis la fin du 17e siècle. Un hameau, appelé village de Bugeau, est constitué à l'époque moderne sur l'une des hauteurs du sud de la ville, en retrait de l'estuaire, doté d'une chapelle et constituant à la fin du 17e siècle la paroisse de Sainte-Luce, démembrée de Saint-Sauveur. L'ensemble de la population de Blaye est alors estimée à 540 feux. Le territoire agricole est constitué de prairies dans les zones basses des bords d'estuaire, de cultures vivrières à proximité de la ville et le long du ruisseau du Saugeron, et essentiellement de vignes sur les coteaux dominant l'estuaire, dont une partie probablement cultivées en "joualles" (alternance de rangs de vignes, de fruitiers et d'autres cultures). Outre la vieille route du nord, une voie de grande communication dite "chemin neuf" est créée au milieu du 18e siècle en direction de l'est, établie dans les années 1770 comme route de poste de Blaye à Saint-André en Cubzaguais. La carte de Belleyme, à la fin du 18e siècle, permet de préciser le contours des anciennes paroisses, sensiblement identique au découpage communal actuel, de Gontier au sud à Tire-Huit dans les secteurs de palus au nord, et à Tout-Vent sur les coteaux à l'est. Les terres émergées de l'estuaire au droit de Blaye entre le milieu du 17e siècle et le début du 19e siècle, l'île Saint-Simon ou Pâté et l'île du Fagnard ou Sans Pain, ont également intégré le territoire blayais au moment de la constitution des communes durant la Révolution. L'importance maritime du port est disputée par Pauillac, qui revendique à la fin de l'Ancien Régime un port oblique d'Amirauté. Quant à sa prédominance au plan administratif, elle est contestée par Bourg, qui, en dépit d'une importance de Blaye "supérieure à celle de Bourg, soit par sa situation, ses grandes routes, soit par sa population et l'étendue de ses rapports commerciaux", obtient le statut de chef-lieu de district. Cependant, la ville de Blaye est désignée comme chef-lieu d'arrondissement dès leur création, en 1801.

La commune de Sainte-Luce, d'abord indépendante, est réunie à celle de Blaye par ordonnance royale du 9 juillet 1817. La population totale de l'ensemble regroupe alors 4250 habitants. Sur le plan de l'organisation religieuse, la succursale de Saint-Sauveur est supprimée par ordonnance royale du 16 janvier 1831.

Le rang de sous-préfecture nécessite de doter la ville d'une armature de bâtiments administratifs lui faisant jusqu'alors défaut. Les années 1830-1850 sont une époque intense pour l'architecture publique, avec le remaniement de l'hôtel de ville, l'acquisition et le réaménagement de la sous-préfecture, la création d'un collège, la construction puis l'agrandissement d'une prison et la reconstruction du tribunal. De nombreuses carrières de pierre sont en activité au 19e siècle dans le territoire communal, au sud de la rue des Maçons et sur le plateau du Monteil notamment. Alors que le renouvellement du bâti est important en ville, mais aussi en campagne avec la reconstruction de domaines durant la seconde moitié du siècle, la population communale connaît son optimum démographique, pour culminer à plus de 5000 habitants vers 1890, mais subit une décroissance assez marquée à partir de la Première Guerre mondiale. Si les bords de l'estuaire, entre le port et le quartier Bugeau, sont largement industrialisés, le paysage rural reste dominé par l'agriculture et surtout la viticulture jusqu'aux années 1950. La reprise démographique enregistrée dès lors, et l'arrivée d'une population liée à l'installation d'une base américaine à Bussac-Forêt, nécessitent la construction des premiers lotissements sur la colline du Monteil. Le mouvement de conquête du foncier alors engagé gagne progressivement l'ensemble des collines du Monteil et de Sainte-Luce, mouvement renforcé à partir de la fin des années 1970 par la construction puis la mise en service en 1982 de la centrale nucléaire du Blayais à Braud-et-Saint-Louis. Seules les terres inondables des palus et les meilleurs vignobles, dominant l'estuaire au sud et au nord de la ville, sont épargnés par l'urbanisation qui recouvre une part importante du territoire communal.

Au côté d'un renouveau viticole au sein de l'appellation "Blaye Côtes de Bordeaux", d'un port de commerce encore actif, d'une industrie marginale mais dynamique, avec une usine de grosse robinetterie, d'un important secteur tertiaire lié à la présence de l'hôpital et à la proximité d'une centrale nucléaire, la commune mise aujourd'hui sur le patrimoine et le tourisme pour assurer son développement : la citadelle, longtemps considérée comme une charge pour la municipalité, maintenant inscrite sur la liste du patrimoine mondial, est désormais perçue comme un atout à valoriser pour développer l'attractivité du territoire. La construction d'un nouvel office du tourisme intercommunal face à la citadelle en 2019, symbolise cette ambition nouvelle.

Dans le cadre de l'opération d'inventaire du patrimoine architectural effectuée dans les années 2010 dans la commune, 930 dossiers documentaires ont été établis. Sur ce chiffre, plus de 240 édifices ou ensembles bâtis ont été sélectionnés pour leur intérêt historique et/ou architectural. La citadelle et les différents éléments qui la composent ont bien sûr été étudiés, mais également la ville et le hameau de Sainte-Luce, dans une perspective d'histoire de l'évolution urbaine. Les édifices publics et religieux ont été systématiquement documentés. Concernant le patrimoine privé, outre les maisons et immeubles de ville qui constituent l'essentiel du corpus des édifices repérés, les maisons de maître, châteaux viticoles, fermes et anciennes métairies et leurs dépendances, dispersées dans le territoire, ont également été pris en compte dans l'inventaire. Le repérage a été effectué depuis la voie publique, et, selon les possibilités, depuis les cours des immeubles urbains ou des demeures rurales. Quelques visites d'intérieurs ont également été effectuées, afin de renseigner la distribution des édifices et leurs principaux équipements. L'ensemble est documenté par 4000 photographies environ, dont un quart réalisé par des photographes professionnels.

Le territoire communal, d'une superficie de 642 hectares, comporte une façade estuarienne de plus de 4,5 km de long, centrée sur le port aménagé à l'embouchure d'un chenal. Il comprend également la partie sud de l'île Nouvelle, correspondant à l'emprise de l'ancienne île Sans Pain, et la totalité de l'île Pâté. Les secteurs en bordure d'estuaire au nord de la citadelle sont d'anciennes terres basses de palus, protégées de l'inondation par une digue. La partie sud de la ville, à l'ouest du cours Bacalan, correspond à un colmatage alluvionnaire récent des rivages estuariens, sur lesquels sont aménagées les principales installations portuaires et industrielles de la commune, jusqu'au quartier de Bugeaud. A l'arrière de ces zones basses existe une ligne de falaises calcaire, autrefois bordée par l'estuaire qu'elle domine à une altitude de 35 mètres sur le promontoire occupé par la citadelle.

Entre la citadelle et la ville s'écoule le ruisseau du Saugeron, maintenant canalisé, et dont les abords sont aménagés en promenades et stationnements. La ville est établie sur les versants sud et ouest des collines du Monteil et de Sainte-Luce, séparées par le ruisseau de la Cave selon un axe sud-est/nord-ouest, également canalisé avant de rejoindre le chenal près de l'hôtel de ville, en contrebas de l'ancien Pont du Caillou. Ces collines, secteurs traditionnels de la viticulture, sont maintenant en grande partie urbanisées par de nombreux lotissements. Au sud de la voie de contournement reliant la D. 669 à la D. 937, constituant une coupure d'urbanisation, ces collines culminent à une quarantaine de mètres aux buttes de Gontier et du Pré Videau. La viticulture demeure une activité économique essentielle, autour du principal domaine de ce secteur, le Château Loumède, mais aussi sur les croupes du nord de la ville, autour des Châteaux des Cônes, de Taillasson et de Cap-de-Haut.

La commune est traversée par la D. 937, la reliant à Saint-André-de-Cubzac au sud et à Etauliers en direction du nord-est. Un réseau secondaire en éventail converge également vers la ville et son port, et, par la D. 225, longe les anciens marais. Sa situation en bordure d'estuaire la laisse en revanche à l'écart de l'axe autoroutier Bordeaux-Paris, et du réseau ferroviaire.

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...