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Ensemble des fonts baptismaux (fonts, retable et clôture)
France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Bidart
Historique
Cet ensemble fut offert en 1902 par la reine Nathalie de Serbie, née Natalija Keshko (Florence, 1859 - Saint-Denis, 1941), épouse séparée (veuve depuis 1901) de l'ancien roi Milan Ier Obrénovitch et mère du roi Alexandre Ier, qui sera assassiné l'année suivante avec son épouse Draga, ex-dame d'honneur de Nathalie. Retirée sur la côte basque après son bannissement de Serbie (provisoire en 1891, puis définitif en 1900), la reine résida à Biarritz auprès de sa sœur la princesse Ghika, puis à Bidart où elle fit construire sur les hauteurs d'Ilbarritz le château Sacchino (ainsi nommé en hommage à son fils Alexandre), aujourd'hui villa Les Ailes. Pleine d'animosité contre l’Église orthodoxe qui avait dissous illégalement son mariage avec le roi Milan, Nathalie, sous l'influence des abbés Larre et Soulange-Bodin, embrassa le catholicisme à Berck-Plage le 12 avril 1902 et offrit peu après des fonts baptismaux à sa paroisse d'adoption, sur lesquels elle tint par la suite plusieurs enfants bidartars.
Si la cuve baptismale elle-même est probablement due à un marbrier local, le décor peint du retable serait l’œuvre de la princesse Ghika, née Ecaterina Jeanne Keshko (1863-1953), cadette des deux sœurs de la reine et femme en 1883 du prince roumain Eugen Ghika-Comăneşti (1840-1912) - les talents de peintre amateur de la princesse ne semblent pas documentés par ailleurs. Le style général du meuble et les détails ornementaux évoquent, de manière assez générique, l'art orthodoxe de tradition byzantine, mais l'iconographie des panneaux figurés (du moins ceux des ailes) est directement liée au contexte bidartar et plus largement français de la réalisation de l’œuvre : les deux scènes latérales de la "prédelle" se déroulent ainsi dans un cadre naturel inspiré de la chapelle d'Ur Onea ("la bonne eau") à Bidart, bâtie en 1704 et destination rituelle d'une procession mariale le dimanche de la Pentecôte. La statue "miraculeuse" de la Vierge d'Ur Onea venait précisément d'être restaurée par le peintre décorateur bayonnais Étienne Decrept (Bayonne, 1868 - Bidart, 1938), Bidartar d'adoption qui pourrait avoir joué un rôle dans l'exécution du retable. Les deux figures saintes qui surmontent les scènes renvoient en revanche à l'histoire nationale : saint Louis est le patron traditionnel de la monarchie française ; Jeanne d'Arc, déclarée vénérable par l’Église en 1894, venait en décembre 1901, quelques mois avant le don de la reine Nathalie, de voir confirmer l'héroïcité de ses vertus, étape nécessaire sur la voie des futures béatification (1909) et canonisation (1920).
Détail de l'historique
Description
L'ensemble, adossé au mur, constitue une petite "chapelle" baptismale à l'extrémité nord-ouest de la nef. Il comporte trois éléments : des fonts baptismaux, une clôture qui l'entoure sur trois côtés et un retable-lambris fermant le quatrième côté.
Les fonts, en marbre blanc des Pyrénées, se composent d'un socle, d'un pied et d'une cuve de plan octogonal, ces différents éléments reliés par des moulures en cavet ; l'intérieur de la cuve est divisé en un bassin circulaire (avec trou d'évacuation des eaux) accompagné d'un petit compartiment rond (destiné à la conservation des saintes huiles) flanqué de deux petits écoinçons triangulaires. Le couvercle en fer forgé et martelé est de plan circulaire et d'élévation conique, son pourtour raidi par six pentures rivetées terminées en enroulement, son sommet amorti d'une croix nimbée, également forgée et dorée.
La clôture, en chêne sculpté, teint faux bois sombre et verni, est de plan rectangulaire avec deux décrochements rentrants aux angles antérieurs et un portillon à deux battants sur la face. Panneaux dormants et portillon sont entièrement ajourés en forme de claustra.
Le retable, plaqué au mur, est en chêne sculpté, gravé, peint (polychrome) et doré à la feuille faux or. Il comporte un soubassement ou lambris d'appui de même hauteur que la clôture, sur le côté gauche duquel est fixé un coffre avec couvercle en pente, articulé sur deux charnières et sans doute destiné au rangement des saintes huiles. Au-dessus du soubassement, un large panneau rectangulaire horizontal en bois teinté uni porte le retable proprement dit. Celui-ci, d'inspiration byzantine, affecte la forme d'une façade d'église tripartite, avec fronton couvrant le corps central et ailes latérales à corniche rampante. L'intérieur de ces trois corps est divisé en deux registres, l'inférieur formant une sorte de prédelle, le registre supérieur plus élevé et orné de fausses niches cintrées abritant une scène figurée et des personnages en pied. Les peintures figurées et décoratives des panneaux sont exécutées à l'huile ; les grandes lignes de la composition sont incisées dans le bois.
Détail de la description
Catégories |
marbrerie, menuiserie, sculpture, peinture, ferronnerie |
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Structures |
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Matériaux |
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Dimensions |
Précision sur les dimensions : Peintures de Jeanne d'Arc et de saint Louis : h = 79 ; la = 39. Peintures des processions à Ur Onea : h = 22 ; la = 39. |
Iconographie |
Précision sur l'iconographie : Ornementation de la clôture. Claustra à motifs de rouelles cantonnées de perlées dorées et disposées en colonnes et bandeaux, de part et d'autre de panneaux rectangulaires à quadrillage de carrés posés sur la pointe et fleuronnés ; traverses supérieure et inférieure à frise d'ajours carrés garnis de quartefeuilles. Ornementation du retable. Composition architecturée évoquant une façade d'église paléochrétienne ou byzantine, avec corps central couronné d'un entablement et d'un fronton triangulaire et ailes latérales sommées de corniches rampantes. Les angles de la façade sont soulignés par des pilastres dorés avec motifs sculptés de tablettes, de losanges incurvés et de besants. La frise de l'entablement du corps central est peinte d'une frise d'angelots nimbés dans des médaillons octogonaux dorés à bordure échiquetée. Le fronton sommital porte, sur fond bleu gravé d'un quadrillage losangé, trois rosaces sculptées à motifs floraux ; il est amorti d'une croix grecque pattée à bras curvilignes, sertie de perles et cabochons de verroterie verte. Sous l'entablement du corps central et les rampants des ailes court une bande arcaturée dorée à décor de nid d'abeille, encadrant de petites rosaces à motifs géométriques alternés. Au-dessus des rampants des ailes sont peints deux grands oiseaux de paradis. La surface intérieure des trois corps est divisée en deux registres. Le registre supérieur est entièrement gravé d'un quadrillage (carrés droits dans le corps central, posés sur la pointe dans les ailes) peint en bleu sombre, sur lequel se détache, également gravé et peint en noir et or, un motif de treille avec grappes et feuilles de vigne. Dans le corps central, une grande arcade dorée, à riche décor sculpté d'éventails, entoure une peinture à l'huile sur fond d'or représentant le baptême d'un enfant : celui-ci, entièrement nu, debout dans une grande cuve baptismale godronnée et dorée, est soutenu par une femme voilée (sa mère ou sa marraine) et baptisé par un jeune prêtre revêtu d'une chape à orfrois dorés ; agenouillée à gauche, une autre femme voilée ; debout autour du groupe, sept grands anges nimbés et orants, symbolisant les sept dons du Saint-Esprit (sagesse et intelligence, conseil et force, connaissance et piété, crainte du Seigneur) accordés au nouveau baptisé à l’invocation du prêtre. Sur la "prédelle" sous la scène du baptême, deux anges agenouillés soutiennent un grand cartel où se détachent, en or sur fond noir, les paroles sacramentelles prononcées par le prêtre, In nomine Patris et Filii et Spiritus sancti. Au registre supérieur des ailes latérales, des fausses niches en plein cintre, à fond doré, abritent deux effigies peintes en pied : à droite, saint Louis IX, le saint protecteur de la monarchie française, tenant la couronne d'épines posée sur un coussin ; à gauche, Jeanne d'Arc, figurée au sacre de Charles VII, armée de toutes pièces et brandissant son étendard. Les panneaux de la prédelle sous les deux figures accueillent deux scènes peintes contemporaines : à gauche, une procession de villageois bidartars - les hommes coiffés de bérets, les femmes de capulets ou de voiles, deux moines encapuchonnés - accompagne un jeune couple menant son enfant nouveau-né à la chapelle d'Ur Onea, afin de le faire baptiser et, peut-être, de le vouer à la Vierge du lieu ; à droite, les mêmes personnages, la cérémonie terminée, quittent la chapelle pour s'en retourner au village. Ces scènes sont parfois dénommées "les âges de la vie", bien que ce thème ne soit guère explicite ici. Sur la traverse inférieure du retable est peinte en or sur fond noir une inscription en caractères vieux slavons. |
Inscriptions et marques |
Inscription (dans le cartel tenu par deux anges au centre de la "prédelle"du retable) : IN NOMINE PATRIS / ET FILII ET SPIRITUS / SANCTI. Inscription (sur le bandeau ou traverse inférieure du retable) : inscription non déchiffrée en caractères glagolitiques ou vieux-slaves. |
État de conservation |
De nombreux éléments brisés de la clôture (quartefeuilles) sont déposés dans le coffre adossé au soubassement du retable. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre objet mobilier |
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Référence du dossier |
IM64004270 |
Dossier réalisé par |
Maisonnave Jean-Philippe
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Bidart (commune) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2020 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Ensemble des fonts baptismaux (fonts, retable et clôture), Dossier réalisé par Maisonnave Jean-Philippe, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/eca75bb3-e742-448b-a81d-014ea24d8afe |
Titre courant |
Ensemble des fonts baptismaux (fonts, retable et clôture) |
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Dénomination |
fonts baptismaux retable des fonts baptismaux clôture des fonts baptismaux |
Statut |
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Protection |
Précision sur la protection : Arrêté de classement : fonts baptismaux offerts par la Reine Nathalie de Serbie réfugiée à Bidart, deux tableaux. |
Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Bidart
Milieu d'implantation: en village