Maison Cartaud de La Villatte, puis Furgaud de La Vergne, puis presbytère, actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Selon l´abbé Courteau et Maurice Dayras (1922), cette maison aurait été construite durant le premier quart du 16e siècle, vraisemblablement pour un membre de la famille Cartaud. D´après les renseignements collectés par l´historien Cyprien Pérathon (1901-1902), les Cartaud appartenaient, à l´origine, à la bourgeoisie d´Aubusson. Leur fortune se serait construite sur le commerce des tapisseries et ils auraient activement participé à la vie de la cité. Dès 1575, en effet, les archives mentionnent un Nicolas Cartaud, marchand-tapissier et consul de la ville. En 1586, l´un de ses descendants, Léonard Cartaud, est élu par le roi en l´Election de la Marche. En 1618, un autre Léonard Cartaud fait partie des notables d´Aubusson et exerce également le métier de marchand-tapissier. En revanche, après 1671, les Cartaud semblent disparaître définitivement de la liste des fabricants aubussonnais de tapisseries. Et pour cause : à la fin du 17e siècle, la famille Cartaud intègre les rangs de la petite noblesse de robe. Pierre Cartaud, avocat en Parlement, hérite, par alliance, du titre de sieur de La Villatte (voir notice IA23000746). La maison aurait subi des modifications durant le dernier quart du 17e siècle, notamment à cause de l´aménagement de l´escalier conduisant à l´église Sainte-Croix (1690), qui serait venu empiéter sur une partie de sa cour occidentale. Elle a vraisemblablement été agrandie d´une aile faisant retour vers l´est, le long du flanc nord de l´église Sainte-Croix, au cours du 18e siècle (présence de baies couvertes de linteaux en arcs segmentaires typiques de cette période). Sans doute son corps de logis principal, initialement de plan quadrangulaire, et à pièce unique par étage, a t-il aussi été doublé en profondeur du côté oriental, sur le jardin. C´est peut-être de cette période que date également le portique à arcades cintrées s´ouvrant à l´étage de soubassement de ces deux extensions. D´autres transformations seraient intervenues durant la seconde moitié du 18e siècle, puisqu´avant la restauration récente de la maison, des fragments de décor de style Louis XV (solives peintes et incisées, cheminées surmontées de trumeaux, heurtoir en boucle de gibecière) y étaient encore visibles. La maison est demeurée la propriété de la famille Cartaud de La Villatte jusqu´en 1775. Le 7 juin 1775, Gilbert-Guillaume Furgaud de La Vergne, sieur du Fot et héritier de l´une des autres plus anciennes familles d´Aubusson, reçoit de sa tante, Marie Rebière, veuve de Pierre Cartaud III de La Villatte, avocat en Parlement, la maison en donation, ainsi que tous les meubles la garnissant. La demeure comprend alors, selon l´acte notarié, « dans le salon six pièces de tapisseries filées simples à grands personnages, anciens et fort usés, tendus dans ledit salon ; dans la chambre, cinq pièces de tapisseries à l´antique, dont ledit appartement est tendu, à grands personnages, très mauvaises, tirant entour dix-sept aunes », le tout estimé 7200 livres - dont 4000 livres pour la seule valeur de la maison. Gilbert-Guillaume Furgaud décède le 25 septembre 1811. Dans la matrice du cadastre napoléonien de 1812, la maison, devenue la propriété de ses héritiers, est qualifiée de « vieille, solide, construite en pierre et couverte en tuile ». Elle comporte alors deux cours et un bûcher. La maison a visiblement été très modifiée durant la seconde moitié du 19e siècle (remaniement des ouvertures, notamment celles de l´élévation nord sur la rue Chateaufavier et de l´élévation sud, du côté de l´église). Une partie de l´élévation est (au niveau du rez-de-chaussée surélevé), sur le jardin, a été reprise en pan de bois hourdé de briques. La veuve de Gilbert-Guillaume Furgaud lui a survécu jusqu´en 1847. Les derniers descendants de la famille Furgaud de La Vergne (dont Zénon Toumieux a retracé la généalogie en 1901-1902) sont tous décédés à la fin du 19e siècle. Selon toute vraisemblance, ce serait durant le troisième quart du 19e siècle que la maison serait devenue le presbytère de l´église Sainte-Croix. Elle est en tous cas citée comme telle dans les comptes de la commune (qui en acquittait le loyer) à partir de 1870. Cette nouvelle affectation aurait occasionné la construction, à l´est du jardin, sur l´emplacement de l´ancien bûcher (disparu à une date indéterminée), d´un bâtiment en briques à deux niveaux, destiné à accueillir des salles de catéchisme. Cet édifice a été détruit en 1992-1993, lors des travaux de rénovation. Aujourd´hui, le presbytère a retrouvé sa fonction première de maison ; sa structure intérieure a été profondément remaniée.

Périodes

Principale : 1er quart 16e siècle

Secondaire : 4e quart 17e siècle

Secondaire : 18e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 2e moitié 20e siècle

Cette maison, de plan régulier en L, construite entre une petite cour (à l´ouest) et un jardin (à l´est), occupe une parcelle peu profonde, limitée, au nord, par la rue Chateaufavier et au sud, par le terre-plein de l´église Sainte-Croix. Elle est accessible, depuis la rue Chateaufavier, par une porte ménagée dans le mur de clôture de la propriété, au bas des marches de l´église, donnant sur la cour et sur l´entrée de la tour hors-œuvre. Une autre porte cintrée percée dans l´élévation nord (toujours sur la rue Chateaufavier), et précédée de quelques marches, permet, quant à elle, d´accéder au jardin. Construite à contre-terrier contre les premiers degrés de la montée vers l´église Sainte-Croix et la colline du Chapitre, la maison se développe sur un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble, éclairé par de nombreuses lucarnes à fronton-pignon, devanture de bois ou à croupe débordante. Elle s´articule en deux corps de logis, le premier de plan quadrangulaire, perpendiculaire à la rue Chateaufavier et le second formant retour d´équerre vers l´est, contre le flanc nord de l´église Sainte-Croix - tous deux couverts de toit à croupes recouverts de tuiles plates. L´étage de soubassement, permettant de rattraper la dénivellation avec le terre-plein de l´église, forme cave voûtée sous l´aile est, tandis qu´il est à usage d´habitation sous le corps de logis principal. Du côté du jardin, il est devancé par un portique à arcades reposant sur de massifs piliers à tailloir saillant. Le corps de logis principal, en alignement de la rue Chateaufavier, présente, sur cette voie, une élévation très remaniée (nombreuses reprises de maçonnerie décelables autour des ouvertures), non ordonnancée et recouverte d´un enduit simulant des pierres de taille (avec de faux joints profondément engravés). Son élévation occidentale, du côté des degrés montant vers l´église, offre les mêmes caractéristiques, bien que ses baies (sans doute d´anciennes croisées de facture Renaissance) aient été manifestement agrandies (par abaissement des appuis) ou reconstituées à partir d´éléments de remploi (encadrement chanfreiné, bases prismatiques, appuis saillants moulurés en quart de rond). Contre cette élévation est accolée la tour hors-œuvre de plan circulaire, qui abrite l´escalier en vis en pierre, qui dessert les différents niveaux du corps de logis principal. Elle est coiffée d´un toit conique couvert de tuiles plates et de bardeaux de châtaignier à son sommet. Elle est éclairée par deux petits fenestrons moulurés en doucine et alignés verticalement, et percée d´une porte basse et pleine, en planches de bois épaisses, contrebalancées et clouées. Sur l´élévation est, du côté du jardin, le rez-de-chaussée surélevé est percé de fenêtres couvertes de linteaux en arcs segmentaires, avec appuis saillants moulurés. Sa partie nord a été reprise en pan de bois hourdé de briques. La structure intérieure de la maison a été totalement modifiée par une restauration récente (cloisonnements), mais deux belles cheminées à linteau monolithe en pierre subsistent dans l´étage de soubassement. A l´étage de comble, la charpente présente une disposition avec faux entraits.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

  2. Matériau du gros oeuvre : brique

  3. Revêtement : enduit

  4. Mise en oeuvre : moellon

  5. Mise en oeuvre : pierre de taille

  6. Mise en oeuvre : pan de bois

Toits
  1. tuile plate, bardeau
Plans

plan régulier en L

Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble

Couvrements
  1. voûte en berceau
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit conique

  2. Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

État de conservation
  1. remanié
  2. restauré

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , 26 rue Chateaufavier

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 C 871, 2007 AL 42

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