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Maison du Gouvernement, actuellement mairie
France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Eaux-Bonnes
Historique
Implantée au cœur de la station, cet immeuble, actuel hôtel de ville, est un édifice majeur de l'histoire et de la naissance d'Eaux-Bonnes. De par son ancienneté, il figure sur l'ensemble des documents iconographiques représentant des vues générales de la station. Sa construction et son nom de Maison du Gouvernement résulte d'un décret de Napoléon publié en l'an XII (1803-1804) qui exige l'édification d'une maison de location destinée aux baigneurs, outre un effort d'aménagement de voies de communication et la création d'un hospice militaire - lequel ne verra le jour que sous le Second Empire. Des projets imaginés en 1809 pour la station thermale encore embryonnaire, seul celui de la Maison du Gouvernement proposé par l'ingénieur Cailloux est réalisé. C'est Jean Latapie, architecte de la commune depuis 1801, qui se charge de l'exécution du projet, puis de son remaniement en 1829.
Durant de nombreuses années, cet édifice, alors confortable au regard des premiers baraquements constituant le parc immobilier du bourg, est destiné à l'accueil de curistes, de voyageurs et de personnages officiels. En 1841, des appartements y sont réservés pour le préfet des Basses-Pyrénées et le curé, mais on y aménage également un bureau de poste aux lettres. Le reste des appartements est géré par un entrepreneur local qui en fait un hôtel. En 1840, le Général Bertrand, sur la route de Sainte-Hélène où il est missionné pour rapatrier les cendres de Napoléon, y fait escale. Entre 1853 et 1855, l'édifice est réaménagé en vue de la visite imminente de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, qui connaît déjà la station. Ces travaux, notamment de couverture, de serrurerie, et globalement de restauration, sont financés par la Maison de l'Empereur et réalisés par l'architecte Alexis Paccard.
La Maison du Gouvernement figure ensuite dans la catégorie des maisons garnies du Guide Jam de 1869. Au début des années 1870, y est installé un cercle de jeux provisoire en attendant la fin du chantier du casino, tandis que les locaux de la mairie sont établis à l'hospice Sainte-Eugénie. Ainsi, en 1872, une importante campagne de travaux, parmi lesquels des ouvrages de peinture, de crépissage ou encore de boiseries, est menée par les entrepreneurs Boy et Lahitte afin d'adapter l'édifice à sa destination publique. Le casino provisoire accueille non seulement les jeux de hasard mais aussi des concerts et des représentations théâtrales. Ce n'est qu'en 1885, à l'achèvement du casino, que la mairie est installée au sein de la Maison du Gouvernement. Les archives communales sont quant à elles délocalisées au sein du casino, comme devait l'être à l'origine un bureau de poste et le muséum d'histoire naturelle. L'hospice Sainte-Eugénie étant libéré des locaux municipaux, les salles de l'école communale y sont alors établies. C'est sous son appellation d'hôtel de ville que la maison du Gouvernement est mentionnée dans la carte touristique du Guide Joanne en 1894. L'édifice accueille également le Musée Gaston-Sacaze au début du 20e siècle, raison pour laquelle il arborait, sur sa partie gauche, l'enseigne de l'institution muséale.
Compte tenu de l'importance administrative et de la valeur patrimoniale de la bâtisse, diverses campagnes de travaux ont lieu par la suite et ont considérablement modifié sa physionomie originelle. Quelques modifications mineures sont réalisées durant l'entre-deux-guerres par l'architecte palois Maussier Dandelot, tel le perron de l'entrée principale, sur l'actuelle place Abadie-Tourné, ou le portail d'entrée, en 1936. Des travaux de "grandes réparations", notamment la réfection de la toiture avec la réalisation de larges lucarnes, estimés à quatre millions de francs, sont entrepris en 1950 et 1951 par l'ingénieur-architecte palois C. Bacqué, expert du conseil de préfecture interdépartemental, et subventionnés par la préfecture des Basses-Pyrénées à hauteur de plus d'un million de francs au titre du programme de Plan d'équipement national (signature au premier étage, sous le rebord de la fenêtre de droite). Un projet de cloisonnement au rez-de-chaussée, isolant notamment le secrétariat, et l'installation du chauffage central sont exécutés en 1972 et 1973. L'édifice abrite de nos jours les locaux de la mairie au rez-de-chaussée, ainsi que des appartements privés au premier étage et dans le soubassement ouvrant sur la place Bordeu et le jardin Darralde.
Détail de l'historique
Description
Comptant parmi les plus anciennes constructions d'Eaux-Bonnes, la maison du Gouvernement n'a pas été pensée en fonction de l'urbanisme qui caractérise le développement ultérieur de la station mais plutôt comme une vaste demeure empruntant aux maisons de maître vernaculaires. Identifiable entre toutes, en particulier dans les documents iconographiques de l'époque, elle se distingue ainsi de l'architecture habituelle de la commune.
De plan rectangulaire, elle est implantée presque perpendiculairement à l'établissement thermal situé à proximité, ce qui s'explique par sa fonction première d'accueil des baigneurs. La nécessité de s'adapter au relief lui permet d'exploiter deux niveaux de soubassement, dont un partiel, ouvrant sur le jardin Darralde et la place Bordeu. Son rez-de-chaussée surélevé est accessible du côté des thermes par la façade principale, devancée par une terrasse et un perron en pierre. La bâtisse s'élève ensuite sur un étage d'habitation et un niveau de combles. Plus large que haute, ce qui la démarque encore des immeubles avoisinants, cette façade ordonnancée se développe sur sept travées percées de baies rectangulaires et dotées de volets à persiennes vert foncé. L'élévation latérale faisant face à la rue Louis-Barthou et à l'Hôtel Richelieu se compose de cinq travées et d'un soubassement percé de trois portes d'entrée et de deux fenêtres. L'autre élévation latérale, donnant sur une ruelle en escalier séparant l'édifice de la construction voisine (ancienne Maison Incamps), est quant à elle quasiment aveugle, hormis au niveau de l'escalier desservant les étages.
Malgré sa singularité esthétique, le mode constructif, caractéristique de l'architecture locale, est similaire à celui généralement pratiqué dans la station, avec l'emploi du moellon recouvert d'enduit ocre, l'usage de la pierre de taille d'Arudy pour la modénature, ici peinte en blanc, et la couverture en ardoises pyrénéennes. Des deux côtés, les cinq fenêtres en chien-assis abondamment représentées dans l'iconographie ancienne et relevant de l'architecture ossaloise, ont laissé place à de larges lucarnes plus fonctionnelles mais rompant l'ordonnancement originel.
Situé en position centrale de la façade principale, le portail d'entrée, représentatif de l'esthétique Art Déco de l'entre-deux-guerres, s'achève en arc en plein-cintre et se compose de deux vantaux en bois clair ornés d'une grille en fer forgé noire qui forme en lettrage stylisé le nom de la commune. Il ouvre sur un vaste vestibule distributeur en étoile vers la salle du conseil municipal et plusieurs bureaux administratifs. Deux autres portes d'entrée localisées à chaque extrémité de cette élévation donnent accès respectivement à un bureau, à droite, et à un hall et un escalier menant aux logements de l'étage, à gauche. Malgré les nombreux remaniements, la distribution démontre encore la nécessité d'exploiter tous les espaces afin d'optimiser la capacité d'accueil.
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Eaux-Bonnes , place Abadie-Tourné
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 2018 AN 164