Tombeaux des réfugiés basques

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Lurbe-Saint-Christau

En raison de ses vastes capacités d'accueil, la station thermale de Saint-Christau est réquisitionnée durant divers conflits militaires au 20e siècle, en particulier durant la Guerre civile espagnole où elle héberge plusieurs dizaines de réfugiés placés sous la protection du Comité de Secours aux Basques, section française de la Ligue internationale des Amis Basques, entre 1937 et 1940.

Suite à la victoire de Franco marquant la fin de la guerre et le début de la dictature en 1939, des milliers d'opposants et leurs familles sont contraints de fuir lors du dramatique épisode de la Retirada. Réquisitionnés sous l'autorité de l'État français, Bureau de la Défense nationale, les hôtels de Saint-Christau font l'objet de remaniements sous la direction de l'architecte départemental Fernand Noutary pour ces motifs humanitaires. Des négociations sont conduites entre les maires de Lurbe-Saint-Christau et d'Oloron et le Comité de Secours aux Basques, dont le gérant, Federico de Zabala, est alternativement logé à l'hôtel Au Bon Coin puis à Biarritz. Ces tractations sont notamment attestées par le compte rendu d'une conversation téléphonique en 1939 indiquant que Saint-Christau peut recevoir - sans doute exagérément - 700 réfugiés en comptant l'aménagement du garage, soit 200 de plus qu'à Oloron et environ 5 individus par chambre. D'après les archives relatives aux travaux effectués au sein des édifices, une partie des réfugiés a transité par le camp de Mulhouse vraisemblablement saturé.

Les tombeaux de huit réfugiés basques, hébergés au sein de la station thermale reconvertie en accueil d'urgence dans des conditions sensiblement plus confortables que dans les barraquements du camp de Gurs tout proche ou ceux de Labouheyre (Landes), Argelès (Pyrénées-Orientales) et Foix (Ariège), témoignent de cette réalité historique. La sépulture la plus monumentale, non signée, abrite les tombeaux de Luiz Trucios Barranco et d'Enrique Fernández Gomez, tous deux originaires de Biscaye et décédés à l'âge de 22 ans en septembre 1937. Le blason des quatre provinces basques de la péninsule ibérique (Guipuzcoa, Alava, Biscaye, Navarre) associé au nom d'Euzkadi (Pays basque en langue euskarienne, orthographié comme le fait alors le gouvernement basque en exil) figurant au centre du monument proclament la force combative du peuple basque face aux persécutions subies durant la guerre civile. Trois autres tombes, sur le côté, rendent hommage à six autres réfugiés décédés en 1939 : Don Luis Domeque Alguacil décédé à l'âge de 51 ans, Josu Mirena Mendizabal y Olabe et Joso Aldez, puis Enrique Elorza Aristimuno, Petra Lecuona Perez et Manuel Bernaldo Fernández.

Le stèle funéraire commémorative installée dans le carré date de la seconde moitié du 20e siècle. En 2012, l'association Terre de mémoire(s) et de luttes et le gouvernement de la communauté autonome du Pays basque se sont recueillis sur ces sépultures et ont lancé un appel afin d'informer les familles concernées et de faire connaître ce pan de l'histoire commune à Lurbe-Saint-Christau et au Pays basque.

Périodes

Principale : 2e quart 20e siècle

Dates

1937, porte la date

1939, daté par source

Sises dans un carré spécifiquement dédié aux réfugiés basques, les trois tombes sont alignées à droite de l'entrée tandis que la stèle monumentale est adossée au mur d'enceinte oriental du cimetière.

Sur la stèle sculptée sont inscrits le nom Euzkadia (Pays basque en langue euskarienne) et la phrase Bere Semiei [A ses fils], rendant hommage aux deux défunts. Des épitaphes en espagnol figurent sur la partie inférieure du monument : Luiz Trucios Barranco, 22 años, natural de Bizkaia, falleció 8 septiembre 1937 [22 ans, originaire de Biscaye, décédé le 8 septembre 1937] ; Enrique Fdez [Fernández] Gomez, 22 años, natural de Bizkaia, falleció 2 septiembre 1937 [22 ans, originaire de Biscaye, décédé le 2 septembre 1937]. Il n'est pas anodin que le nom de la province de Biscaye apparaisse ici en langue basque.

L'ensemble de la composition, relevant du monument aux morts habituel entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, érige les défunts en martyrs et témoigne de la violence et de l'importance historique de la Guerre civile d'Espagne.

Sur le côté, la tombe centrale est dominée par une robuste croix en calcaire. La pierre tombale de gauche est sculptée d'une croix et porte le nom de deux défunts. Le tombeau de droite est orné d'une croix plus sommaire avec le nom des défunts sur sa traverse, partiellement cassée.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

  2. Matériau du gros oeuvre : ciment

Toits
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : armoiries

  2. Representations : homme

    Symboles : symbole national


Précision sur la représentation :

La stèle monumentale associe représentations figuratives et ornementales. Dans la partie supérieure, se trouve en position centrale une figure féminine représentant vraisemblablement l'allégorie de la nation basque, debout et en toge, et apposant ses mains sur les têtes de deux hommes nus agenouillés tenant une guirlande végétale, dont le rendu des corps, notamment des muscles et des côtes, est naturaliste. Les trois personnages s'organisent dans une composition triangulaire appuyée sur un piédestal pyramidal au sommet duquel se trouve les armoiries du Pays basque, elles-même servant de support à la figure allégorique.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Lurbe-Saint-Christau , Chemin du Bugala

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Cimetière

Cadastre: 2019 OA 129

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