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Présentation de la commune de La Bastide-Clairence
France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > La Bastide-Clairence
Description
La commune de La Bastide-Clairence est située dans l’arrondissement de Bayonne. La commune d’une superficie de 2 339 hectares, regroupe un millier d’habitants permanents. Les chiffres de l'Insee de 1982 dénombraient 219 résidences principales, mais aussi une trentaine de résidences secondaires. Ces chiffres s’élèvent au recensement de 2015 à 410 résidences principales et 105 résidences secondaires, dont 395 "maisons".
Le village est implanté le long du versant d’une butte sur la rive droite de la rivière Aran, ou Joyeuse, à l’endroit où celle-ci forme un coude. Cette rivière prend sa source dans le mont Ursuya et se jette dans l’Adour, en amont d'Urt. Un autre cours d’eau traverse la commune, l'Arberoue, ainsi que son affluent Jouan de Pès. Outre ces cours d’eau, la commune est baignée de zones humides, comprenant un marais (Enhors-Cendrillon).
En plus du village établi dans la zone nord-ouest du territoire, la commune comprend aussi plusieurs quartiers répartis sur les collines environnantes, les principaux étant La Côte à l’ouest, Pessarou au sud-ouest, Le Touron à l’est, et La Chapelle au nord-est. Ils forment des secteurs d'habitats lâches, intercalaires entre le village et les fermes isolées. Le paysage est dominé par les landes propices à l’activité d’élevage, ainsi que par de petits espaces boisés. La commune présente donc un paysage vallonné caractéristique du piémont pyrénéen.
La situation entre les deux aires culturelles basques est gasconne, et la singularité d'une bastide peuplée, à l’origine, par des populations exogènes, ont souvent amené à caractériser ce territoire comme "enclave gasconne au Pays basque". Une approche toponymique confirme en effet une majorité de noms gascons tandis que les noms à consonance basque se retrouvent plutôt en périphérie, en limites d'Ayherre et d'Hasparren.
Informations complémentaires
Synthèse commune de La Bastide-Clairence
Histoire de l'occupation du sol
En l'état actuel des connaissances et dans le cadre de cette étude, il est difficile de rendre compte de l'histoire du peuplement ancien de La Bastide-Clairence, en raison de l'échelle réduite du territoire et de l'absence de site archéologique sur celui-ci.
En revanche, en le considérant à plus large échelle, ce territoire est environné par d'importants gisements préhistoriques, notamment aux abords de la vallée de l'Arbéroue. En effet, à une dizaine de kilomètres, la colline de Gaztelu, creusée par l'Arbéroue, regroupe trois grottes : les grottes d'Isturitz, d'Oxocelhaya, et Erberua. Ce site est occupé dès le paléolithique moyen, avec une forte représentativité du paléolithique supérieur. Des gravures et des artefacts d'une grande qualité témoignent de l'importance de ce site et de la fréquentation de ce secteur de la rive gauche de l'Adour aux temps préhistoriques.
A l'époque protohistorique, dans l'actuelle commune voisine d'Ayherre, une triple enceinte à gradins de terre du Mont Abarratia, localement appelée "Gaztelu zahar", permettait de contrôler les voies de communication entre les vallées de l'Arbéroue et de L'Aran (Joyeuse).
En revanche, l'antiquité a laissé localement peu de traces, les sites importants comme le camp romain de Saint-Jean-le-Vieux, Imus Pyrenaeus, étant plus éloignés. La voie reliant le village au hameau de Pessarou, longtemps appelée la "route du roi", était vraisemblablement un segment d'une voie secondaire antique menant à Garris, étape importante située sur la route Bordeaux-Astorga.
Au Moyen Age, ce secteur fait partie du royaume de Navarre, dans la zone la plus septentrionale de la "Merindad d'Ultrapuertos", appelée aussi Basse-Navarre. Le territoire dépend alors de la paroisse d'Ayherre, où est établi le château de Belzunce, du 13e siècle, appartenant à une importante famille du Royaume de Navarre. Un bâti dispersé était probablement déjà présent, lié à l'économie agropastorale dominante. Une importante forêt nommée Garraregia recouvrait une grande partie des terres, et constituait une importante ressource pour les habitants.
En 1284 est érigée au nord du village actuel, la "Nau Peciada", maison forte marquant la limite entre le duché d’Aquitaine et le royaume navarrais. Dans un contexte de tension territoriale, un souci de consolidation et de contrôle des limites de ce royaume a incité les puissants à la création de villes neuves, jouant alors un rôle militaire. Cet objectif se double ici d’un intérêt économique : privée par la Castille de son accès à la mer par le Guipúzcoa dès 1250, la Navarre trouve en ce lieu une implantation stratégique : situé au bord de la Joyeuse, affluent de l’Adour, à l’endroit où le cours d’eau devient navigable, il offre la possibilité d’aménager un port fluvial. Cette disposition a été décisive dans le choix d’implantation de la localité et dans son développement, en lien avec le port de Bayonne, alors en plein essor.
Pour conforter ce premier avant-poste, une ville neuve est fondée en 1312 par Louis de Navarre (futur roi de France sous le nom de Louis X le Hutin). Cette création à laquelle fut donnée le nom de "Clarenza" (ou Clarence, Clerence, Clairence) participe du phénomène de création urbaine au Moyen Âge, à une époque où les fondations de bastides se multiplient dans la région, avec Hastingues, bastide de fondation anglaise en 1289, et La Bastide-Villefranche, bastide béarnaise en 1292. La création de La Bastide Clairence fut suivie trois mois après, le 12 septembre 1312, de la création par le même roi Louis de Navarre d’une deuxième bastide navarraise située à Echarri-Aranaz, à l’ouest de Pampelune, pour défendre la frontière contre les incursions des castillans, témoignant de l’intérêt défensif de ces nouveaux établissements.
La Bastide-Clairence est construite sur les terres de la paroisse Saint Pierre d’Ayherre, sur le territoire d’Arbéroue, elle est rapidement peuplée par une population venue majoritairement des Pyrénées occidentales. Elle se trouve alors à la jonction entre deux aires culturelles et linguistiques : gasconne et basque. Elle est dotée d’une charte organisant sa construction et régissant son organisation, copiée sur le modèle de celle de Rabastens. Elle octroie à ses habitants des privilèges (ce sont des hommes libres) mais elle insiste surtout sur les aspects liés à la vie économique (marché hebdomadaire et foire biannuelle).
La place centrale est représentative de cette entreprise de planification urbaine et affiche clairement la vocation économique de ce bourg. L’église Notre-Dame, érigée dès 1315, est consacrée par l'évêque de Pampelune. Elle surplombe l’axe central de la bastide, au-dessus de la place des Arceaux, légèrement décentrée. Cet axe traversant le village pouvait servir à la redistribution des marchandises, en direction de Saint-Palais et Saint-Jean-Pied-de-Port. C’est d’ailleurs le long de cet axe que se concentre l'habitat avec la plus grande densité en deux noyaux, celui de la bastide et celui du hameau de Pessarou. Le hameau de La Chapelle constitue un troisième noyau d'habitat, non loin des limites d'Orègue et de Bardos. Anciennement nommé Lahargou, en référence à l'activité de forge aujourd'hui disparue, il existait peut-être dès le Moyen Âge.
Avec l'établissement de la ville neuve sur une ancienne paroisse et l’arrivée de nouvelles populations exogènes, des conflits éclatent entre les populations locales et les "bastidots", notamment pour l'usufruit de la forêt de Garraregia. Ces conflits sont réglés par un bornage précis établissant, entre 1319 et 1321, des limites dont la commune actuelle a hérité. Au cours des 14e et 15e siècles, les troubles consécutifs à la guerre de Cent Ans, ainsi que des vagues d’intempéries, de famines et d’épidémies entraînent de graves crises de dépeuplement.
Au 16e siècle, la partie de la Navarre située au sud de Pyrénées passe dans les biens de la couronne de Castille, la Basse Navarre dont dépend La Bastide-Clairence et alors tout ce qu’il reste du royaume navarrais ; elle est peu à peu intégrée au Royaume de France. Cette époque est marquée par une importante vague de construction ou de reconstruction des maisons du village et des fermes dans les paysages vallonnés environnants. Les collines sont défrichées et des fermes sont implantées dans une logique d'habitat dispersé. Le bois est alors une ressource fondamentale pour ces constructions de fermes dont la structure consiste en un assemblage de poteaux de charpente. La ferme est au centre de l'économie agropastorale, reliée à une ou plusieurs bergeries ou "bordes" bâties dans les pâturages sur les hauteurs du territoire.
Les hameaux continuent de se développer, implantés sur les principaux axes de communication. Cela est notamment visible à La Chapelle, où siégeait une douane au lieu-dit l'Escapat. L'économie des hameaux est dominée par l'artisanat, avec un important nombre de forges, de cloutiers, de tanneurs, et de nombreux moulins.
La vocation de terre d’accueil de cette localité est confirmée avec l’arrivée au 17e siècle d’une communauté de "marchands portugais", juifs venant du bourg de Saint-Esprit en conflit avec les notables de Bayonne. Ils sont alors protégés par les ducs de Gramont et se réfugient le long des voies fluviales de l’Adour. Le cimetière israélite est l’un des rares témoins de cette présence à La Bastide-Clairence.
En 1789, en adhérant à la nouvelle constitution française, La Bastide-Clairence quitte définitivement la Navarre pour être incorporée à la France. Un premier recensement officiel est mené dans la commune en 1800 : 31 % de la population vit dans le bourg, et parmi eux, la majeure partie sont des artisans (dont beaucoup sont bonnetiers) ou des commerçants. 68 % vivent dans les "quartiers" et la grande majorité de la population est constituée de paysans. Le quartier Agnescous, peuplé à 89 % de paysans, représente le taux le plus élevé de la commune, avec une importante population féminine qui se déclare "fileuse". Les autres quartiers présentent des chiffres plus nuancés : même si l'activité agricole est majoritaire, les artisans sont nombreux à s'être établis le long des voies de circulation. La prospérité se traduit par un taux d'accroissement démographique élevé et une population de plus de 2200 habitants en 1836. L'architecture rurale évolue, caractérisée par une recherche d'harmonie et une planification du bâti. Certaines fermes anciennes sont reconstruites et de nouvelles constructions sont établies dans les noyaux d'habitations préexistants où aux abords des axes de circulation.
La population communale chute brutalement au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, probablement en lien avec le déclin de l'artisanat de la bonneterie face à l’industrialisation croissante de ce secteur. A partir de 1875, la fondation du monastère Notre-Dame de Belloc déplace le centre de gravité de la commune vers le nord, l'artisanat du chocolat est en pleine expansion et la production locale acquiert une grande renommée.
Au milieu du 20e siècle, l'évolution des pratiques agricoles et des techniques de construction, apportées par le béton et l'usage des parpaings, contribuent à modifier l'aspect des fermes : de cette époque datent notamment les grands fenils, accessibles aux machines agricoles par des rampes en béton. Au village, des maisons sont entièrement reconstruites selon les techniques modernes, avec les nombreuses possibilités apportées par les nouveaux matériaux. Dans les années 1960 et 1970, des maisons sont bâties suivant la même logique d'implantation que les bâtiments anciens, en se concentrant surtout aux abords des axes de circulation. Le lieu-dit Lassarrade, sur l'axe reliant le village au quartier Pessarou, est privilégié. De nouvelles maisons sont aussi construites sur des parcelles non bâties du village, telles que les jardins de la rue Passemillon.
A la fin du 20e siècle, le développement de lotissements, impulsé par des investisseurs privés ou par la commune, évite la multiplication de nouvelles construction dispersées. Ils regroupent des maisons individuelles suivant les règlements d’urbanisme localement en vigueur, reprenant les codes esthétiques du bâti traditionnel et implantés dans des lieux ayant le minimum d'impact visuel sur l'habitat ancien. Ainsi, au sud du village, le lotissement Larandou, du nom de la ferme située à proximité, construit entre 1976 et 1989, présente une dizaine de petites maisons individuelles de plan simple, avec deux niveaux maximum, reprenant les codes du "type basque" avec une toiture à longs pans souvent asymétriques et des volets en bois peints aux couleurs vives. Il est suivit par l'aménagement au nord du bourg du lotissement Bordaxuri, situé sur une colline surplombant l'entrée septentrionale de la bastide ; sa construction s'est étirée tout au long des années 1990, avec des interprétations variées du modèle régional, des volumes plus variés, plus asymétriques, ou avec des différences de niveaux donnant un aspect hétérogène.
La politique urbanistique se concentre actuellement sur la préservation des zones naturelles et agricoles. Les zones urbanisables sont donc plus restreintes ou se cantonnent aux abords immédiats des noyaux d'habitats préexistants. C'est le cas des lotissements Iscarrot et Bellevue, en cours de développement. L'occupation actuelle du sol est majoritairement dominée par les terres agricoles, qui couvrent encore plus de la moitié de la superficie communale.
Le nombre d'habitants s'élève aujourd'hui autour de 1000 habitants. La population est surtout constituée de retraités, tandis que les actifs travaillent essentiellement dans le secteur tertiaire, dans l'agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz. Le secteur secondaire est également important dans la région, avec des pôles d'industrie aéronautique ou agro-alimentaires à proximité immédiate de la commune, apportant un certain dynamisme économique au territoire.
Aujourd'hui le patrimoine représente une valeur forte pour ce territoire dont l'identité culturelle est fondamentale pour les habitants. Les politiques culturelles, urbanistiques et l'économie du tourisme tendent à préserver et valoriser les différentes expressions patrimoniales, en veillant à ne pas les vider de leur sens. Cependant, les mutations sociales et économiques en cours depuis un demi-siècle compromettent la conservation du patrimoine architectural : de nombreuses fermes sont à l'abandon et représentent une lourde charge pour leurs propriétaires, des maisons vides dans le village tendent aussi à se dégrader et ternissent l'image dynamique promue par les politiques menées par la collectivité. La nécessité d'une meilleure connaissance du patrimoine a conduit à la réalisation de l'opération d'inventaire, en lien avec les habitants qui sont bien souvent les premiers à s'engager, sensibles à la sauvegarde de leur patrimoine.
Type de dossier |
Dossier d'aire d'étude, communal |
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Référence du dossier |
IA64002764 |
Dossier réalisé par |
Larralde Alexandra
Chargée de l'inventaire général du patrimoine culturel de La Bastide-Clairence. |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2018 |
Copyrights |
(c) Commune de La Bastide-Clairence, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Présentation de la commune de La Bastide-Clairence, Dossier réalisé par Larralde Alexandra, (c) Commune de La Bastide-Clairence, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/081a7590-d366-487d-9a36-1862ef67b064 |
Titre courant |
Présentation de la commune de La Bastide-Clairence |
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