Chapelle de cordeliers ; actuellement église paroissiale Saint-Jacques

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Pau

C’est en 1651 que les cordeliers s’installent à Pau, sur la rive nord du Hédas. La construction de leur ensemble conventuel, dont la chapelle commence rapidement, dès 1659. Relais sur la route de Saint-Jacques de Compostelle, le couvent des cordeliers est également loué, sous l’Ancien Régime, au parlement de Béarn qui y tient session, à l’évêque de Lescar, ainsi qu’aux pénitents gris. À partir de 1785, la municipalité s’y installe ainsi que la bibliothèque et la justice de paix. L’église, orientée nord-sud, adoptait un plan allongé, à vaisseau central et bas-côtés de largeur inégale, prolongés par une abside à 3 pans. Un clocher carré terminait le collatéral est, du côté du sanctuaire.

Les cordeliers sont chassés à la Révolution et l’église fermée au culte. Au moment du rétablissement du culte en 1802, l’ancienne chapelle des cordeliers devient église paroissiale sous le vocable de saint Jacques. En mauvais état, des travaux sont entrepris dans le premier quart du XIXe siècle : les chapelles du bas-côté est sont restaurées en 1812, celles du bas-côté ouest en 1818.

Au milieu du XIXe siècle, face à la forte augmentation de la population paloise et à la vétusté des bâtiments, le besoin de reconstruire les deux principales églises de la ville, Saint-Martin, l’église paroissiale historique de la ville, et Saint-Jacques, se fait de plus en plus pressant.

C’est le constat également établi par Léon Ohnet, inspecteur des monuments diocésains dans une lettre au maire de Pau datée du 3 novembre 1851 ; constat qu’il réitère deux ans plus tard dans un rapport au baron de Crouseilles, ministre des Cultes, affirmant que "le rapport sur l’état des églises de la ville de Pau ne sera ni long ni difficile, il se résume en ces quelques mots : la ville de Pau n’a pas d’églises." Il poursuit : "je ne sache pas en France une seule ville si chétive, si pauvre, si désertée qu’elle soit, qui ne puisse offrir à la majesté du culte catholique un lieu saint plus digne de sa célébration que ceux consacrés à Pau aux paroisses saint Jacques et saint Martin [sic]. Cela est d’autant plus frappant que cette ville, avec ses 16.000 habitants, a, par la richesse qui s’y montre sur tous les points et par le luxe qui s’y déploie, toutes les allures d’une grande ville."

Très tôt, la lutte pour l’obtention des subsides municipales est âpre entre les deux paroisses, Saint-Jacques, la plus peuplée avec 9.500 paroissiens et Saint-Martin, la paroisse historique mais dotée de seulement 7.000 âmes. La municipalité ne peut cependant prendre à sa seule charge les deux chantiers, comme l’annonce le maire de Pau au conseil de Fabrique de l’église Saint-Martin lors de sa séance du dimanche de Quasimodo 1853 (10 avril). Un rapport est commandé aux architectes Tétaz, Lévy et Dumoulou sur les différentes possibilités. Daté du 9 avril 1855, il analyse les différentes options aussi bien pour la reconstruction de l’église Saint-Louis, abandonnée depuis le XVIIIe siècle, que pour la construction des nouvelles églises Saint-Jacques et Saint-Martin. Le choix des édiles se portent finalement sur Saint-Martin.

L’abbé Bordenave, curé de Saint-Jacques a, en effet, proposé au conseil de Fabrique, en sa séance de Quasimodo de 1860, le financement intégral des travaux par souscription, libérant la municipalité de cette charge. La première souscription est lancée le 27 mai 1860. Elle réunit à l’automne la somme de 271.000 francs. Les fonds soulevés se monteront finalement à 354.487,18 francs. Le 24 octobre 1860, le conseil de Fabrique adopte les projet et devis de l’architecte Émile Loupot qui sera également l’entrepreneur des travaux. Le 19 novembre de la même année, le conseil municipal approuve en délibération la reconstruction de l’église à son emplacement. Le 15 décembre suivant, le maire demande, par lettre, la validation du projet par le préfet des Basses-Pyrénées qui lui demande en retour copie de la délibération du conseil municipal, les comptes et budget de la Fabrique, l’état de la souscription ainsi que le budget de la commune. Une demande de subvention de l’État est également soumise à cette occasion.

Le 16 mars 1861, un premier projet est soumis au Conseil général des bâtiments civils. Le devis s’élève à 312.223,27 francs, auxquels s’ajoutent 12.312,85 francs d’améliorations demandées par le Conseil. Le 19 mars suivant, un nouveau devis est soumis au Conseil général des bâtiments qui s’élève à 363.000 francs. Il ne comprend cependant pas les travaux de vitrerie, de peinture, d’ameublement et la fourniture des armatures métalliques. Loupot s’y engage à « exécuter à ses risques et fortune les travaux compris dans le devis », à condition de lui abandonner les travaux de démolition de l’ancienne église. Le Conseil juge néanmoins le budget insuffisant pour un tel chantier. Afin de répondre au devis, l’édifice ne sera pas construit en pierre de taille, mais en brique à parement de pierre. Le 13 mai 1861, une allocation de 50.000 francs est octroyée à la ville par le ministère des Cultes pour les travaux de l’église. Celle-ci sera versée en quatre tranches annuelles à partir du 28 octobre suivant. Le 23 juillet 1861, les plans de l’édifice et le devis des travaux, dont l’architecte de la ville Dumoulou accuse réception, sont exposés en mairie. La première pierre est posée le 25 juillet 1861. Le traité de gré à gré avec Émile Loupot est signé le même jour. Particularité du chantier, afin de permettre la continuité de l’exercice du culte, la nouvelle église est construite autour de l’ancienne, dont le bâtiment est conservé pendant une grande partie des travaux.

Ceux-ci seront émaillés par les nombreux conflits entre l’architecte entrepreneur, Loupot, et l’architecte de la ville, Dumoulou. Le principal affrontement concerne, en 1865, les flèches de l’église, pour lesquelles le projet original prévoyait une couverture en charpente et ardoise. En cours de chantier, Loupot, probablement par désir de rivaliser avec la tour-porche de la nouvelle église Saint-Martin, modifie le projet au profit d’une couverture de pierre. Afin d’appuyer son projet, il établit des comparaisons avec les flèches de la cathédrale de Chartres et celle de l’église Saint-Martin. Arbitrage est demandé à l’architecte diocésain Émile Boeswillwald, qui construit au même moment Saint-Martin, qui statue en faveur de l’architecte entrepreneur. L’histoire donnera néanmoins raison à Dumoulou.

Les travaux avancent rapidement. Le 3 janvier 1863, considérant que le sanctuaire, le chœur, le transept et "la nef latérale droite" seront terminés dès le mois de juillet, contrat est passé avec Émile Thibaud, peintre-verrier à Clermont-Ferrand, pour la réalisation des verrières de l’église. Le programme est défini d'un commun accord entre le curé et le verrier. L’artiste s’engage à livrer les verrières en juillet 1864. Le 12 avril 1863, le montant des souscriptions s’élève à 338.128 francs. 133.536 francs ont déjà été payés à Loupot. Le 29 avril 1863, le conseil de Fabrique approuve en séance extraordinaire la modification du plan du bâtiment. Les bas-côtés sont surélevés de 0,55m et l’épaisseur des murs est augmentée. Lors de sa séance de Quasimodo 1864, le conseil avalise l’ajout de deux portes latérales au porche de l’église ainsi que la substitution de flèches de pierre aux flèches couvertes d’ardoise initialement projetées. Les clefs de voûte sont exécutées la même année.

En avril 1865, un nouveau traité est passé avec Thibaud pour la réalisation des vitraux "des bas-côtés de la seconde partie de l’église". La même année, une nouvelle souscription est lancée pour réunir les 44.000 francs nécessaires à l’érection des flèches en pierre. En 1866-1867, le perron de l’église est construit pour la somme de 9.821,70 francs. Le 8 avril 1866, le coût des travaux s’élève à 407.000 francs. Le même jour, Émile Loupot présente un projet pour le maître-autel qui est refusé par le conseil de Fabrique. Il dessine également les autels du Sacré-Cœur et de la Vierge, ainsi que la balustrade du sanctuaire (disparus). Le 18 avril 1868, 418.000 francs ont été dépensés pour la construction et l’ornement de l’église. L’église est consacrée le 15 novembre 1868. Cinq jours plus tard, un nouvel orgue est commandé à Joseph Merklin, facteur d’orgue à Paris. Les chapelles latérales des bas-côtés sont peintes par Icard "artiste de Paris" en 1872.

Le 25 août 1916, suite à un incendie, des travaux de réparation sont lancés dans la sacristie. De 1921 à 1923, la tribune d’orgue est agrandie afin d’accommoder la schola devenue trop importante. De 1958 à 1962, on procède à la réfection des couvertures d’ardoise.

En 2000, devant l’état de dégradation avancé des flèches et par mesure de précaution, celles-ci sont arasées. De nouvelles flèches à couverture métallique sont érigées en 2011.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1861, daté par source

Auteurs Auteur : Loupot Émile

Architecte et ingénieur des mines (cité en cette qualité en 1856). Installé à Bagnères, à Luchon (1855-1858) puis à Pau. A l'occasion du mariage de sa fille avec l'officier d'artillerie Lemonnier, le Bulletin du diocèse de Bayonne (10 mai 1885, n° 13, 7e année, p. 206) écrit : "(...) Mlle Loupot, la fille cadette de l'architecte bien connu et apprécié dans nos contrées. Aussi bien ce nom se rattache très intiment à l'archéologie diocésaine. M. Loupot depuis une quarantaine d'années n'a pas cessé d'être, sous l'impulsion du regretté M. Menjoulet, le promoteur d'une véritable restauration religieuse et artistique dans les églises de notre diocèse." Il construisit ou remania plusieurs églises dans les Pyrénées-Atlantiques entre 1853 et 1885 : Bénéjacq (1853), Bordères (1853), Gurmençon (1855), Saint-Jacques de Pau (1861-1866), Coarraze (1866), Saint-Palais (1866-1874), Buros (1865-1870), Espéchède (1869-1875), Laruns (1874-1883), Eaux-Bonnes (maître-autel, 1879), Jurançon (1885). Il restaura en outre la cathédrale Sainte-Marie d'Oloron (1858-1859) et l'église Saint-Esprit à Bayonne. Hors Aquitaine, il bâtit l'église de Bagnères-de-Luchon (1847-1857) et l'église néoromane de Saint-Paul-Cap-de-Joux dans le Tarn (1854-1865).

, architecte (attribution par source)

L'église Saint-Jacques, de type basilical, orientée nord-sud, adopte un plan allongé à nef à 5 travées, composée d'un vaisseau central flanqué de deux bas-côtés à chapelles latérales. Le transept, non saillant, ouvre sur la sacristie et une chapelle toutes deux dotées d'absides à 3 pans qui flanquent le chœur à 2 travées et abside à 5 pans. La nef se développe sur 3 niveaux : un premier niveau de grandes arcades à arc brisé, un niveau de tribunes sur bas-côtés et un niveau de fenêtres hautes. L'ensemble de l'édifice est voûté d'ogives.

On accède au bâtiment par un degré de 15 marches donnant sur le porche dans-œuvre en façade voûté d'ogives et divisé en 3 arcades de tailles inégales. La façade méridionale se compose de deux tours-clochers flanquant un mur pignon se développant sur 5 niveaux séparés par des larmiers : un premier niveau de soubassement percé de deux portes de part et d'autre du degré ; un second niveau percé de deux baies à arc brisé de part et d'autre du porche ; un troisième niveau rythmé par une arcature aveugle à arc brisé sur colonnettes ; le quatrième niveau est percé, sur le mur pignon, d'une rose à 12 lancettes trilobées rayonnant autour d'un oculus polylobé sous un arc de décharge brisé. Sur les tours, sous une arcade à arc brisé : des baies jumelées sur colonnettes à chapiteaux feuillagés dont les tympans sont percés de quatrefeuilles ; au cinquième niveau, correspondant au pignon, les tours sont ouvertes de baies jumelées à arc outrepassé et tympan ajouré d'un oculus de réseau polylobé, fermées par des abat-son.

L'édifice est bâti en appareil régulier calcaire marbrier (pierre de Louvie) et couvert en ardoise, sauf pour les flèches, couvertes en métal.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire marbrier

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise, métal en couverture
Plans

plan allongé

Étages

3 vaisseaux, étage de soubassement

Couvrements
  1. voûte d'ogives
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon découvert

  2. Forme de la couverture : toit polygonal

    Partie de toit : croupe polygonale

  3. Forme de la couverture : flèche polygonale

Escaliers

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Pau , place de la Libération

Milieu d'implantation: en ville

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