Église paroissiale Saint-Porchaire

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Poitiers

Porchaire est cité comme abbé de la communauté de Saint-Hilaire en 589 dans les écrits de Grégoire de Tours. Il est enterré vers 600 dans la petite église hors les murs de Saint-Sauveur, près des remparts, sur le chemin qui mène à l'église de Saint-Hilaire-le-Grand. En 863, les quartiers situés hors les murs de Poitiers auraient été ravagés par le passage des invasions normandes.

Selon une charte de 950 dite donation d'Heyrlannus, le trésorier du chapitre de Saint-Hilaire, Thetbaldus, fait construire une église placée sous le patronage de Porchaire : " Basilica Beati Porcharii que dominus ac venerabilis Thetbaldus, claviger Sancti-Hilarii construxit vel edificavit ". Elle est située à proximité de l'église Saint-Sauveur, dans la dépendance du chapitre de Saint-Hilaire-le-Grand pour recevoir les reliques de Porchaire. La fondation de cette église, établie près d'un marché, est en lien avec l'implantation et le développement d'un quartier de marchands. En 1068, l'abbé Raymond, de l'abbaye bénédictine de Bourgueil et prévôt de Saint-Porchaire, obtient le rattachement à son abbaye de la petite communauté monastique de Saint-Porchaire de Poitiers. Dès lors, Saint-Porchaire cumule les fonctions d'église paroissiale et de siège d'un prieuré qui s'établit sur le côté nord de l'église tandis que le côté sud reçoit le cimetière paroissial.

La première église est vraisemblablement transformée entre le 12e et le 14e siècles. De l'église romane, il ne subsiste plus aujourd'hui que le clocher-porche qui date du dernier quart du 11e siècle. Celui-ci prend appui sur une façade plus ancienne de la fin de l'époque carolingienne qui n'a pas été détruite lors de la reconstruction de l'église au 16e siècle. On peut encore voir dans ce pignon une grande entrée cachée partiellement par le clocher-porche ainsi que trois ouvertures murées.

Après la création d'une Université à Poitiers en 1431-1432, une cloche est installée en 1439 dans le clocher-porche pour convoquer les étudiants, elle est refondue en 1451. On peut y voir les sceaux de la ville ainsi que de l'université. En 1509 débute le chantier de reconstruction de la nef de l'église, qui était jugée " caducque " par les membres de la fabrique. Les travaux sont achevés en 1520 puis, au milieu du 16e siècle, des chapelles latérales peu profondes sont ajoutées du côté nord et au sud-ouest. La nef prend place sur une petite crypte d'époque antérieure où était placée la châsse de pierre contenant les ossements de saint Porchaire.

L'église du 16e siècle est décorée d'un ensemble de peintures murales qui ne sont redécouvertes qu'en 1912 sous des enduits. La crypte est murée en 1559 sur ordre du prieur de Saint-Porchaire par crainte de profanations de la part des protestants et l'existence du tombeau fut oubliée. Cette perte de mémoire a amené par la suite à un changement de patronage de l'église pour un autre saint Porchaire, abbé de Lérins. Ce n'est qu'en 1675 que le tombeau est redécouvert, et, en 1676, une partie des ossements sont placés dans une châsse pour le culte des fidèles. En 1710, le prieuré Saint-Porchaire est réuni au petit séminaire Saint-Charles de Poitiers mais reste le siège de l'église paroissiale.

Sous la Révolution, l'église est profanée et la châsse qui contenait les ossements du saint disparaît, l'église est ensuite transformée en lieu de culte décadaire avant de redevenir une paroisse avec la signature du Concordat en 1801. Le clocher-porche est menacé de destruction en 1843 lorsque les édiles de la ville décident de le détruire pour élargir la rue. Il est sauvé grâce à une vigoureuse campagne qui conduit à son classement au titre des Monuments Historiques en 1846.

L'église est restaurée au 19e siècle par l'architecte Joly-Leterme et la nef est à son tour classée au titre des Monuments Historiques en 1908.

En 1912, le curé Berthaud fait réalisé des vitraux pour le chevet plat de l'église. Le chantier est confié au maître verrier parisien Henri Carot qui réalise des vitraux dans le style 15e siècle pour se conformer à l'époque de l'église. Puis en 1939, les peintures du 16e siècle, dégradées et peu lisibles, sont remplacées par le peintre poitevin Pierre Valade qui tente de respecter le programme du 16e siècle. Les peintures exécutées sur toiles marouflées sont posées en 1944 puis déposées en 1987 pour une campagne de restauration qui ne fut pas réalisée.

Le sarcophage qui contient les ossements de Porchaire et qui était placé dans la crypte est sorti en 1951 pour être placé entre les deux autels du chœur.

Une campagne de restauration et de nettoyage du clocher-porche est lancé en 2011.

Les trois cloches du clocher, la cloche " Anne " de 1451 ainsi que les cloches de 1771 et de 1803 qui contient des fragments du bourdon du Gros Horloge de Jean de Berry sont déposées pour nettoyage par la société angevine Bodet. Les battants de la porte d'entrée sont aussi restaurés lors de cette campagne.

Périodes

Principale : 4e quart 11e siècle

Principale : 12e siècle

Principale : 16e siècle

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

L'église Saint-Porchaire est construite en dehors des remparts romains dans les dépendances du chapitre de Saint-Hilaire-le-Grand. La proximité d'un marché et l'accroissement du culte des reliques de Porchaire permettent le développement d'un quartier de marchands qui est protégé par la construction de la nouvelle enceinte en 1160. Son chœur est décalé vers le sud et orienté est-sud-est, par convention, nous utilisons l´ouest pour la façade et l´est pour le chevet.

Construite en pierre de taille, l'église est dominée par son clocher-porche qui fait saillie sur la rue à l'ouest et qui ouvre sur deux nefs modernes. De mêmes dimensions, elles sont séparées par une série de trois colonnes qui forment quatre travées. L'église est fermée à l'est par un chevet plat et reçoit sous la nef nord dans la travée avant le chevet une crypte aujourd'hui condamnée. Le clocher-porche est voûté au rez-de-chaussée d'un berceau en plein cintre de même que le premier étage mais contrarié pour équilibrer les poussées. Le troisième et dernier niveau n'est pas voûté mais les trompes aux angles des murs attestent d'un projet inachevé de construire une flèche pour couronner le clocher-porche, qui est aujourd'hui couvert par une toiture en pavillon. Les deux nefs reçoivent quant à elles un couvrement par huit voûtes d'ogives.

Le clocher-porche de plan carré, qui mesure huit mètres cinquante de côté et vingt-quatre mètres de haut, marque très fortement l'entrée de l'église. Il est divisé en trois niveaux avec un accès au deuxième par une petite tourelle dans l'angle sud-est du clocher-porche. La face sud du rez-de-chaussée est masquée par la présence d'un bâtiment qui s'adosse contre celui-ci. Les deux niveaux supérieurs sont en léger retrait par rapport au mur plus massif du rez-de-chaussée. Trois contreforts plats scandent la tour sur ses faces jusqu'au sommet. Ceux du dernier niveau se transforment en contreforts-colonnes. La face ouest du rez-de-chaussée ne comporte que deux contreforts plats qui encadrent le porche.

Le portail est couvert d'un grand arc en plein cintre à double ressaut dont le rouleau extérieur est mouluré de tores dégagés par des gorges. L'archivolte est ornée d'un motif de damier. Les rouleaux retombent sur des colonnes dont les chapiteaux sont sculptés de plusieurs motifs. Au nord, le chapiteau extérieur présente des rinceaux avec des lions et des oiseaux buvant dans une coupe. Le chapiteau intérieur est sculpté de deux lions séparés par un arbre schématique et complété par l'inscription " LEO NES ", les deux syllabes étant disposées de part et d´autre de l´arbre. Au sud, le chapiteau intérieur porte quatre lions dressés dont les têtes se fusionnent sur les angles. Le chapiteau extérieur est quant à lui un chapiteau historié. Il est sculpté de la scène de Daniel dans la fosse aux lions. Le prophète y est représenté dans une mandorle qui porte une inscription très érodée " Hic Daniel Domino vi[ncit] coetum leoninum " (Favreau et Michaud, Cporpus, 1974, p. 93). Il est encadré par deux lions soumis qui tirent la langue. Au-dessus, sur la gauche, la main de Dieu, représentée dans des nuées, protège le saint. La face nord du chapiteau présente en outre un monstre à queue de serpent et la face sud, un ange qui porte par les cheveux le prophète Habacuc qui tient un pain rond et un autre objet.

Le portail est surmonté par une dalle rectangulaire à damiers. Elle est sculptée d'un bas-relief très dégradé qui révèle un Christ en majesté entouré du symbole des quatre Évangélistes entre deux anges.

La séparation avec le deuxième niveau du clocher-porche est marquée par une corniche à modillons et métopes. Les modillons, dont beaucoup datent du 19e siècle, sont sculptés de têtes animales ou de feuillages tandis que les métopes sont ornées d'animaux et d'entrelacs.

Le second niveau est rythmé par un double registre superposé d'arcatures aveugles. Le registre inférieur est constitué sur chacune des faces de deux arcatures en plein cintre à double ressaut séparées par un contrefort dont les écoinçons reçoivent un petit appareil réticulé. Elles sont percées chacune d'une haute et étroite fenêtre qui éclaire une grande salle. Le registre supérieur est constitué de deux arcades géminées avec une archivolte décorée de denticules et surmontées dans les écoinçons d'un petit appareil réticulé. Les baies géminées sont cloisonnées par les contreforts qui scandent le clocher. Une corniche portée par des modillons sculptés sépare le deuxième du troisième et dernier niveau qui correspond à la salle des cloches.

Chacune des faces du dernier étage sont percées de deux baies en plein cintre à ouvertures géminées qui forment un petit tympan en petit appareil réticulé. Chaque baie est séparée de sa voisine par un contrefort qui, à ce niveau, se transforme en contrefort-colonne. Les chapiteaux du second et du troisième niveaux sont très peu sculptés, dominés par une série de chapiteaux lisses à volutes ou semi-lisses avec anneau saillant. Quelques corbeilles sont sculptées de feuillages. La couverture du clocher-porche est soulignée à sa base par une corniche à modillons.

La façade sur laquelle s'appuie le clocher-porche date de l'église carolingienne. De cette façade primitive en moyen appareil de pierre, il subsiste encore la grande entrée, cachée partiellement par la tour du clocher, ainsi que trois ouvertures murées mais marquées dans la maçonnerie. La première est visible depuis l'extérieur, en partie masquée par le contrefort nord-est du clocher. On peut encore distinguer une baie en plein cintre avec des claveaux étroits qui reposent sur deux pierres taillées juxtaposées. Les deux autres baies, du même schéma que la première, reprennent ce dispositif. La seconde est située sous la voûte en berceau du rez-de-chaussée du porche, au-dessus de l'arc d'entrée, visible aussi à l'intérieur depuis la tribune. La dernière est seulement observable depuis l'intérieur, au-dessus des confessionnaux.

L'entrée de l'église se fait par le vestibule du clocher-porche, décoré en partie basse d'arcatures aveugles en plein cintre dont l'une accueille la plate-tombe de Hilaire Macé, échevin de Poitiers décédé vers 1525. L'entrée de l'édifice n'est pas dans l'axe de l'église mais légèrement décalée légèrement vers le nord.

Le vestibule franchi, la double nef se présente, séparée par les trois colonnes à base prismatique et sans chapiteau dans lesquelles s'engagent directement les nervures des voûtes d'ogives. Celles-ci s'appuient vers l'extérieur sur des demi-colonnes et dans les angles sur des quarts de colonnes engagées. Chaque nef est dotée d'un autel dont les textes mentionnent celui du nord comme autel de la paroisse et celui du sud autel du prieuré. L'autel nord, qui provient de l'abbaye bénédictine de Saint-Cyprien de Poitiers, est daté, comme l'autel sud, du 17e siècle. Les murs gouttereaux nord et sud sont percés en partie haute de quatre baies tandis que le mur du chevet plat est percé de deux fenêtres, toutes présentent un arc brisé surbaissé. Un remplage forme, en partie basse des baies, deux lancettes surmontées d'un réseau. La partie basse des murs gouttereaux est occupée par des chapelles percées dans l'épaisseur des murs, une dans chaque travée au nord et deux au sud dans les travées les plus à l'ouest. Peu profondes, elles ouvrent sur la nef par un arc en plein cintre à bordures moulurées de tailles différentes selon les chapelles. Le fond des chapelles est fermé par un mur plat qui était à l'origine percé au sud de baies pour éclairer les chapelles. Les chapelles nord sont voûtées par des ogives dont les clefs étaient ornées d'armoiries encore observables dans la deuxième et quatrième chapelles en partant de l'ouest. Une porte aujourd'hui murée, située entre celle de la sacristie et la chapelle latérale sud, ouvrait jadis sur le cimetière tandis que la première chapelle à l'ouest de la nef nord est percée d'une porte latérale.

La crypte de forme irrégulière, creusée sous la nef, mesure 4,2 m de longueur. Elle se compose d'un étroit couloir voûté d'un berceau en plein cintre à ressaut qui continue vers l'est par un escalier aujourd'hui arrêté par un mur sous l'autel. À l'origine, cet escalier ouvrait dans la sacristie adossée au pignon de l'église carolingienne situé plus à l'est.

Les séries de chapiteaux du clocher-porche de l'église sont d'époque romane. Le décor, qu'il soit historié, animalier ou à fond lisse, renvoie aux thèmes des autres chantiers poitevins de cette époque. Le sculpteur qui a réalisé la série des chapiteaux du rez-de-chaussée du clocher dans les années 1065-1085 est à mettre en lien avec les œuvres réalisées par l'atelier de la nef et du transept de Saint-Hilaire-le-Grand. Outre la similitude des thèmes sculptés dans les corbeilles des chapiteaux, on peut noter aussi des liens dans le travail des compositions et le traitement des reliefs. Le modillon plat à décor tressé situé le plus à gauche de la corniche qui sépare le premier et le deuxième niveaux à l´ouest du clocher-porche pourrait être un vestige ou un remploi d´une phase plus ancienne. Il est très comparable à ceux conservés aux extrémités des corniches du baptistère Saint-Jean.

Les peintures du 16e siècle de la nef qui représentaient le Credo apostolique ont presque toutes disparues. Ne sont plus de visibles que quatre personnages, un seul au nord, saint André avec sa croix ; les trois autres au sud représentent saint Philippe, saint Matthieu armé d'une hallebarde avec une bourse et saint Simon qui tient verticalement une longue scie.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moyen appareil

  3. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : petit appareil

Toits
  1. tuile plate
Plans

plan allongé

Étages

2 vaisseaux

Couvrements
  1. voûte en berceau plein-cintre voûte d'ogives
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

État de conservation
  1. restauré
Décors/Technique
  1. peinture
  2. sculpture
  3. vitrail
Décors/Représentation
  1. Representations : ornement géométrique

  2. Representations : ornement végétal

  3. Representations : ornement animal

  4. Representations : sujet chrétien

  5. Representations : ancien testament

  6. Representations : animal fantastique

  7. Symboles : Tétramorphe


Précision sur la représentation :

Seules les sculptures romanes ont été prises en compte.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , rue Gambetta

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: Cadastre ancien, copie 1837 L2 616, 2012 BR 32

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