Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Mention : p. 316

ISBD/Commentaire :

Association promotion patrimoine (Niort). Châteaux, manoirs et logis. Les Deux-Sèvres / dir. Philippe Floris, Pascal Talon. Niort : Ed. A.P.P., 1991.

Nous n'avons trouvé que très peu de sources concernant ce manoir.

La Gravette n'est pas nommée dans le "Mémoire statistique sur l'élection de Saint-Maixent" de 1698 et est mentionnée dans le Dictionnaire de Ledain comme une simple ferme.

Le plus ancien seigneur connu de la Gravette est Joachim Vasselot. Sa veuve, Jeanne Monnet, fut maintenue noble par M. Barentin en 1667. Leur fils, Gabriel épousa Louise Girard en 1676.

Or, Catherine, une fille de Gabriel et de Louise Girard, épousa en 1719 Louis-Alexis Louveau, auquel elle apporta la terre de la Guigneraye. La cérémonie religieuse eut lieu le 20 octobre 1719 à Prailles.

A la même époque, le frère de Catherine, Louis Vasselot, né en 1688, est dit "sieur de la Gravette" (1722, 1727). Il avait épousé Bienvenue d'Auzy. L'extrait de baptême de ce dernier, a été délivré en 1715 par le curé de Prailles.

Dans un bail à ferme du moulin de Moulin neuf, à Salles (canton de la Mothe-Saint-Héraye), appartenant en indivis aux frères et soeurs d'Auzy, du 10 mai 1731, Gabrielle-Bénigne, soeur de Gabriel et Bienvenue, épouse Vasselot, demeurait au logis noble de la Gravette.

Le 29 novembre 1746, Louise Vasselot de La Gravette assista à la visite du manoir de Barbin à Prailles. Elle mourut le 26 février 1772, âgée de 88 ans.

Les procès-verbaux d'adjudication des biens nationaux provenant d'émigrés comprennent l'adjudication du 29 floréal an II de La Gravette. Ces biens, consistant dans "une maison de maître appartenant cy devant à Louis Louveau La Gravette", ont été adjugés à un médecin de Niort, Guillemeau le jeune.

En germinal de l'an IV (printemps 1796), le docteur Guillemeau fait faire un état des lieux de la métairie et des terres dépendant de la Gravette qu'il avait également acquises. Parmi ces dépendances, il y a une garenne "en bois taillis" et un champ nommé "l'Allée". Ce dernier était "clos ... sans faussé [fossé], les haye vive du costé du couchant il n'est d'age de trois ans, ... celle du costé de levant d'age de cinq ans ...".

En 1818, lors de l'établissement de l'ancien plan cadastral, on peut noter parmi les parcelles comprenant le domaine : B 85, champ de l'allée ; B 91, le réservoir et B 92, la fuie ; la maison, quant à elle (B 88), était imposée pour une porte cochère et vingt ouvertures.

Cet ensemble a appartenu jusqu'en 1867 à Guillemeau, puis jusque vers 1884 à Jean-Henri Fouquet, commerçant à La Mothe-Saint-Héray, et enfin à Pierre Monnet et ses descendants.

Le recensement de 1872 mentionne Jean Richard, 60 ans, et ses fils Jean, 35 ans, et Jacques, 30 ans, comme fermiers du domaine. A cette époque il y avait 4 domestiques agricoles et une servante. Ce Jean Richard était déjà fermier du domaine depuis au moins 1865, lorsqu'il acquit la ferme de la Grange d'Oiré.

En 1873, une publicité de vente sur saisie immobilière indique simplement que cette propriété était formée "d'une maison de maître, d'une maison de fermier, se composant le tout de plusieurs appartements au rez-de-chaussée, au premier et au second, et de plusieurs servitudes pour l'exploitation de la ferme ..." Parmi les parcelles énumérées à la suite des bâtiments on ne retrouve plus le "champ de l'allée" (B 85), ni le bâtiment dit "la fuie" (B 92). Seul "le réservoir", situé au milieu du pré de la fontaine (B 93) est encore nommé.

L'extrait de baptême de Louis Vasselot, fils de Gabriel et de Louise Girard, délivré par le curé de Prailles, prouve qu'il est né à Prailles en 1688.

La cérémonie religieuse du mariage de sa soeur Catherine eut lieu dans la même paroisse en 1719. Ces événements indiquent qu'entre 1688 et 1719 le couple Louis Vasselot et Louise Girard vivait dans la paroisse de Prailles et très probablement dans leur logis de la Gravette qui pourrait avoir été bâti au milieu du 17e siècle.

En 1731, Gabrielle-Bénigne Vasselot y demeurait.

Un sondage dans les registres paroissiaux a permis de noter la signature d'une Louise Vasselot, marraine, en 1739. Celle-ci, appelée Louise Vasselot de La Gravette, fait faire un état des lieux d'une ferme au lieu-dit Barbin en 1746, ferme qui est également saisi sur Louis Louveau à la Révolution. D'après Beauchet-Filleau, elle mourut en 1772, âgée de 88 ans.

L'émigré "Louis Louveau La Gravette" ne peut pas être Louis-Alexis-Laurent, fils de Louis-Alexis et de Catherine Vasselot. Il mourut à Saint-Maixent en 1784 et sa veuve, Claude-Marie-Thérèse de La Fitte, en 1785. Il s'agit probablement de leur fils Louis, né en 1755, qui émigra, tout comme son frère Louis-Amable, qui se retira à la Martinique. En revanche, leurs deux soeurs, Catherine-Françoise, dlle de la Guigneraye, et Marie-Louise, dlle des Touches, restèrent en France et moururent sans alliance connue à Saint-Maixent, respectivement en 1827 et 1833.

On peut émettre l'hypothèse que le couple Louis-Alexis-Laurent et son épouse Claude-Marie-Thérèse de Lafitte, d'une famille possédant le manoir du Courteil dans la paroisse proche de Sainte-Blandine, ont fait restaurer et réaménager dans la seconde moitié du 18e siècle l'ancien logis, situé à quelques lieues de Saint-Maixent où ils demeuraient, en "demeure aux champs" et relais de chasse.

Cette demeure était non seulement pourvue de parties agricoles, mais également de dépendances propres à une maison noble, telles une garenne, un pigeonnier et un bassin ou vivier. Elle était accessible par une allée qui a été coupée dès le début de la Révolution. Le pigeonnier ou fuie, établi à l'angle sud-est du pré (AC 75), a disparu à l'époque de l'établissement de l'ancien plan cadastral.

Procès-verbal d'adjudication du logis et métairie de la Gravette, du 29 floréal an 2 (28 mai 1793) :

"Ils consistent dans une maison de maître appartenant cy devant à Louis Louveau la Gravette, sittuée audit lieu de la Gravette, affermée à Texier, fermier du Lineau, avec ses cours, granges et écuries, tous bâtimens qui en dépendent...".

"Ils consistent dans l'herbergement de la métairie de la Gravette, consistant en une chambre basse, un grenier par dessus, une autre chambre basse, sur une partie de laquelle est encore un petit grenier ; la moitié d'une grange servant d'écurie, séparée des terres de jacques Guidai par une haye, une autre chambre basse, un toit à brebis, un fourniou, un jardin ...".

Bail à ferme de la métairie appelée la Gravette, du 11 fructidor an 3 (28 août 1795) :

"Ils (les preneurs) feront les charois des matériaux nécessaires aux réparations desdits lieux et du logis de la Gravette, et autres charois dont le bailleur (propriétaire) aura besoin audit logis...

Ils planteront par chacun an dans les endroits convenables à leurs frais vingt noyers, vingt châtaigners, et trente pommiers sauvages ...".

Visite de la métairie de la Gravette, du 19 germinal an 4 (8 avril 1796) :

"...De là somme allé sur le terrain nommé la guarenne en bois taillis (1818 B 40), proportionnée en sept coupes égalle de cinq coupes par le bois desquel il y en n'a ...

Les fermetures de laditte garenne sont en vieilles levées sans faussé (fossé), ou s'il y en a eu, ils n'ont point esté recallés ...

De là somme allé dans un champ nommé l'allée (1818 B 85), clos de (?) sans faussé, les haye vive du costé du couchant (au-dessus, midy), il n'est d'âge de trois ans les fossé à plain, celle du costé du levant d'âge de cinq ans ...

La couverture desdits bastimants est en très mauvais estat, les charpante et latte cassé et pourrie ...".

Fonds agricole en 1818 d'après l'état des sections :

Parcelle B 40 : La garenne, bois : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B ? : Champ de la garenne, pâtis : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 76 : ? pâtis : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 77 : Jardin du bas, pâtis : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 78 : Champ du pré haut, ? : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 84 : Pré de la Jonchère, pré : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 85 : Champ de l'allée, propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 86 : Petit jardin bas, terre : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 87 : Pâtis du jardin, pâtis : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 88 : La Gravette, maison, bâtiment, cour : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 89 : La Gravette, jardin : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 90 : La fruitière, terre : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 91 : Le réservoir, réservoir : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 92 : La fuie, bâtiment : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 93 : Pré de la fontaine, pré : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 94 : Grand pré, ? : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 95 : Grand pré, pré : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Parcelle B 96 : Fond pourri, pâtis : propriété de Jean-Louis-Marie Guillemeau jeune, médecin à Niort.

Mutations de propriété :

1867 : parcelle B 88-88 bis, maison, bâtiment, cour : propriété de Jean-Henri Fouquet,

à la Mothe-Saint-Héraye.

1884 : parcelle B 88-88 bis, maison, bâtiment, cour : propriété de Pierre Monnet, à Souvigné.

1904 : parcelle B 88-88 bis, maison, bâtiment, cour : propriété de Pierre Monnet-David, expert, à Souvigné.

1911 : parcelle B 88-88 bis, maison, bâtiment, cour : propriété de Marie-Louise Monnet (épouse David).

Publication de vente d'immeubles sur saisie immobilière, sur M. Henri Fouquet, propriétaire et commerçant, demeurant à la Mothe-Saint-Héraye, du 20 avril 1873 :

"Une propriété dite la propriété de la Gravette, se composant d'une maison de maître, d'une maison de fermier, se composant le tout de plusieurs appartements au rez-de-chaussée, au premier et au second, et de plusieurs servitudes pour l'exploitation de la ferme, telles que : écuries, granges, fenils, hangar et servitudes de toutes sortes, ayant son aspect au couchant, exploitée par monsieur Jean Richard, fermier, y demeurant, le tout d'une contenance de vingt-deux ares vingt-huit centiares, numéro 88, 88bis de la matrice cadastrale...".