Manoir dit le Logis des Cheminées
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Sorlin-de-Conac
Historique
La seigneurie des Cheminées est mentionnée en 1540 comme propriété de Nicolas Marin. Son domaine passe ensuite à sa fille Suzanne et à son gendre, Florimond de Raemond (1540-1601), historien et juriste engagé dans le camp catholique pendant les guerres de Religion, conseiller au parlement de Bordeaux à la suite de l'autre magistrat et écrivain, Montaigne. Raemond avait eu un fils d'un premier mariage, François de Raymond de Lancre, aussi conseiller au parlement de Bordeaux, qui épouse une nièce de Suzanne Marin. Cette dernière lègue les Cheminées à son beau-fils en 1603. C'est sans doute à François de Raymond de Lancre que l'on doit la construction du pigeonnier, qui porte la date 1642. Les Cheminées restent dans les mains de la famille de Raymond de Lancre jusqu'au milieu du 18e siècle. Elisabeth de Raymond de Lancre apporte la seigneurie à son époux, Marc-Antoine de Gombaud, puis à sa fille, Marie-Félicité qui épouse en 1781 Marc-Antoine, marquis de Cumont. A la Révolution, ce dernier émigre et meurt à Londres en 1798. Le domaine des Cheminées est saisi comme bien national mais son épouse parvient à le reprendre. A cette époque, il comprend déjà une maison de maître, plusieurs grandes dépendances, une cour fermée par le porche et une maison de métayer.
C'est au fils de Marc-Antoine de Cumont, Joseph-Timothée, marquis de Cumont, époux d'Isaure de La Taste, que le domaine appartient lors de l'établissement du cadastre en 1828. L'année précédente, le marquis de Cumont a parrainé la cloche qui se trouve encore aujourd'hui dans l'église de Saint-Sorlin. Le plan cadastral de 1828 fait apparaître les bâtiments selon la même disposition qu'aujourd'hui, même si la plupart ont été reconstruits depuis. La mare actuellement visible au nord-ouest n'existe pas encore. Après la mort du marquis de Cumont en 1861, la propriété est acquise, selon le cadastre, par René-Jean-Joseph Fraineau, demeurant à Pons. Elle passe en 1867 à Armand-Félix Fresneau, demeurant à Plumeret, dans le Morbihan, puis en 1883 à Germain Duquesne, de Paris, et enfin en 1898 à Jean-Jacques Ellie, époux d'Aline Réaux, maire de Saint-Germain-de-Lusignan, demeurant à Saint-Hilaire-du-Bois. En 1904, lui et son épouse lèguent leurs biens à leurs enfants. Leur fils Albert Ellie hérite ainsi des Cheminées. Il sera maire de Saint-Sorlin-de-Cônac de 1919 à 1925 et de 1935 à 1939. Auparavant, en 1910, il fait reconstruire une grande partie des dépendances et du logis, en particulier l'aile ouest de celui-ci. L'aile est fait l'objet de remaniements. Son décor imite désormais le style Louis-XIII, tout en conservant des éléments antérieurs : par exemple, les larges ouvertures, en place ou partiellement murées, datent sans doute du 18e siècle.
Description
Le logis des Cheminées est situé en bordure de coteau, surplombant les marais desséchés. Il comprend un vaste ensemble de dépendances disposées autour d'une cour, tandis qu'au sud de cette cour s'élève le logis. Ce dernier présente un plan en L. L'aile est est couverte d'un toit en tuiles creuses, ponctué de hautes souches de cheminée moulurées. Le dernier étage est éclairé, sur la façade sud-est, par des fenêtres passantes à fronton cintré. Sur la façade nord-ouest de cette aile, on observe trois travées de larges ouvertures, dont certaines murées en tout ou partie. La travée centrale comprend une porte encadrée par deux œil-de-bœuf. Au-dessus de la porte prend place un fronton brisé, orné d'un faux cuir découpé où est inscrite l'initiale "E", celle de la famille Ellie.
L'angle formé par les deux ailes du bâtiment est occupé par une tour de plan rectangulaire et à trois étages. Le toit, souligné par une corniche à modillons et orné d'épis de faîtage en zinc, est couvert d'ardoise. Il est retroussé et présente des croupes. Côté sud-est, le dernier étage de la tour est percé de deux baies en accolade néo-gothiques, avec appui mouluré. L'aile ouest du bâtiment se veut de style néo-classique. Elle est couverte d'un toit en terrasse avec balustre en pierre, à l'italienne. Sa façade sud-est est à trois pans coupés et est ornée d'un cartouche sur lequel est inscrite la date 1910. La façade ouest, imposante, domine les marais desséchés. Au devant, un double escalier permet de descendre dans la prairie. La façade, ordonnancée, est rythmée à l'horizontale par un bandeau et une corniche, à la verticale par des chaînages en pierre de taille et par trois travées d'ouvertures. La porte centrale est en arc surbaissé et est encadrée d'un traitement en bossage. Les deux travées latérales comprennent au rez-de-chaussée une double fenêtre également en bossage. Au-dessus, les pleins de travées sont appareillés. Toutes les ouvertures ont un encadrement saillant.
Parmi les dépendances qui entourent la cour au nord et à l'est, on observe une ancienne porcherie, un bâtiment aux vastes dimensions qui a abrité une écurie et une étable, puis un alignement de dépendances le long du chemin, dont une ancienne bergerie et des chais. Au centre de cet alignement s'élève un pigeonnier-porche. De plan carré, il a perdu son toit dans les années 1950. Couvert de tuiles plates, ce toit était en pavillon retroussé et il était souligné sur les quatre côtés par une génoise double dont il reste le premier niveau, peint en rouge. Un bandeau mouluré ceinture le bâtiment en hauteur. L'arc en plein cintre du porche possède des sommiers saillants, dont l'un porte la date 1642, et est traité en bossage, de même qu'une partie des chaînages d'angles. La façade sud, en hauteur, est percée de trois ouvertures en accolade néo-gothiques qui rappellent celles de la tour d'angle du logis. A l'intérieur du pigeonnier, au-dessus du porche, on observe encore des pots à pigeons. De l'autre côté du chemin, un peu plus bas, se trouve une mare. Au nord-est de l'ensemble se situe un logement de domestiques dont la façade est percée de six travées d'ouvertures et ornée d'une génoise.
Détail de la description
| Murs |
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|---|---|
| Toits |
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| Étages |
1 étage carré, étage en surcroît |
| Couvertures |
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Informations complémentaires
| Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
|---|---|
| Référence du dossier |
IA17043480 |
| Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine à la Région Poitou-Charentes puis Nouvelle-Aquitaine de 2006 à 2016, au Département de la Vendée à partir de 2017. |
| Cadre d'étude |
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| Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
| Phase |
étudié |
| Date d'enquête |
2010 |
| Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
| Citer ce contenu |
Manoir dit le Logis des Cheminées, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/76c3a27f-4a5c-4801-8190-ed669bd02665 |
| Titre courant |
Manoir dit le Logis des Cheminées |
|---|---|
| Dénomination |
manoir |
| Parties constituantes non étudiées |
cour chai pigeonnier bergerie écurie étable porcherie logement mare |
| Statut |
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|---|---|
| Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Sorlin-de-Conac , 111 route des Cheminées
Milieu d'implantation: isolé
Lieu-dit/quartier: le Bourg
Cadastre: 1828 A 4 à 9, 2009 A 5 à 8, 2333