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Prieuré Saints-Pierre-et-Paul, aujourd'hui église paroissiale Saint-Paul
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente > Bouteville
Historique
Le prieuré est fondé vers 1025 par Hildegarde, épouse du sire de Bouteville, et rattaché à l´abbaye de Savigny-en-Bresse. L´église, édifiée grâce aux largesses de Pétronille, fille d´Hildegarde et épouse de Geoffroy Taillefer, comte d´Angoulême, fut solennellement consacrée en 1029-1030.
La partie en petits moellons du mur sud de la nef (parement extérieur et une partie du parement intérieur) peut se rapporter à cette première phase de construction. En revanche, ainsi que l´a souligné J. Lacoste (1998), les chapiteaux de l´ancienne nef rappellent la sculpture de la crypte de Saint-Eutrope à Saintes, dont la sculpture a été réalisée à la fin du 11e siècle, entre 1090 et 1096. Les colonnes engagées qui les portent, rajoutés après coup, témoignent d´une volonté de voûtement, même si elles ne sont pas contrebutées à l´extérieur par des contreforts. Une importante campagne de travaux a donc dû être menée à la fin du 11e siècle.
Des remaniements sont réalisés au 13e, avec notamment la construction du chœur de deux travées voûtées d´ogive.
La chapelle au nord de la deuxième travée du chœur est construite au 14e siècle. De la même époque date le remaniement de la chapelle au sud de la deuxième travée, avec au moins un nouveau voûtement. Une fenêtre de cette chapelle conserve une fenêtre romane à imposte sculptée. Cette chapelle, dont les peintures murales sont datés par certains du 14e siècle, par d´autres du 13e siècle, surmonte une crypte ossuaire.
La nef est détruite par les Anglais à la fin du 14e. Une nouvelle nef est construite au 15e, qui est à nouveau ruinée en 1569 par les protestants et restaurée en 1624 par Louise de Luxembourg, ainsi qu´en atteste notamment une inscription gravée.
Le clocher et ce qui subsistait de la nef primitive se sont écroulés en 1682. Les parties saines ont été consolidées et restaurées en 1820, 1886 et 1891.
Les glacis nord et ouest du clocher ont été restaurés en 2008.
Description
L’église est située en limite du bourg de Bouteville, à l’ouest du village, au lieu-dit les Gaultiers, à l’opposé du château.
L’église comprend aujourd’hui, d’ouest en est : les vestiges de l’ancienne façade, la nef de six travées et trois vaisseaux, détruite à l’exception du mur sud, la nouvelle façade, l’ancienne travée sous clocher de l’église primitive devenue également l’actuelle travée sous clocher, la nouvelle nef d’une travée et un chœur à chevet plat d’une travée. Sont adossés du côté nord, les vestiges partiellement ruinés de l’ancien transept nord et une chapelle au nord du chœur ; du côté sud, l’ancien transept sud avec la tour d’accès à l’ancien escalier dans l’angle nord-ouest, la sacristie adossée à la partie ouest de la première travée du chœur, une chapelle adossée à la partie est de cette même travée et à la plus grande partie de la deuxième travée du chœur. Sous cette chapelle se trouve une crypte ossuaire.
Sur l’ancienne façade, à gauche de la porte, se trouve une épitaphe gravée (la première ligne mesure 52,5 cm) : « HIC IACET A[N]CILLA / XTI D[OMI]NI PETRONILLA » (ci-gît la servante du Christ Notre Seigneur, Pétronille). Pétronille était l’épouse de Geoffroy, comte d’Angoulême, et fille de Hildegarde, épouse du sire de Bouteville.
La nef devait comprendre trois vaisseaux voûtés, la nef principale en berceau plein cintre et les collatéraux vraisemblablement en demi-berceau, si l’on en juge d’après les traces subsistant sur le mur ouest du transept sud. De la nef ruinée ne subsiste qu’un pan de la façade avec un simple portail en plein cintre et le mur sud du collatéral sud, avec un parement en moellons équarris à l’extérieur ; les trous de boulins sont conservés sur toute la longueur et la hauteur du mur. Le parement intérieur d’origine était également en moellons équarris, mais de nombreuses reprises sont visible et la base du mur, vers l’est (avant-dernière et dernière travée), est entièrement reconstruit en grand appareil, parement qui est en continuité avec un petit contrefort bas mis en place sous la dernière fenêtre, légèrement décalé vers l’est.
L’intérieur du collatéral est divisé en travées par des colonnes adossées et construites dans un second temps. Ces colonnes ne sont pas contrebutées à l’extérieur par des contreforts. Il subsiste aujourd’hui cinq colonnes plus une trace d’arrachement entre la quatrième et la cinquième colonne conservée. La position de l’ancienne façade n’est pas claire. Si elle se trouvait à l’emplacement du portail en partie ruinée, le collatéral aurait donc eu sept travées.
Le mur est arasé au niveau supérieur de l’ébrasement des fenêtres, qui correspond également au sommet des chapiteaux. Il est donc probable que les colonnes étaient surmontées d’une seconde colonne au-dessus des chapiteaux. Ces derniers sont composés d’une corbeille d’environ 50 cm de hauteur et d’un tailloir réalisé dans un deuxième bloc de calcaire. Le premier chapiteau en partant de l’ouest est composé de deux rangées de feuilles surmontées de deux grandes crosses. Les deuxième, quatrième et cinquième colonnes conservées ont des chapiteaux identiques, avec de grandes tiges entrelacées sur le fond de la corbeille et des feuilles dans la partie inférieure. Le troisième chapiteau est orné de deux rangées de dix feuilles en éventail.
Un chapiteau déposé à l’entrée de l’église semble appartenir à la même série que ceux des quatre colonnettes de l’ancien chœur. Les deux faces de sa corbeille sont ornées de feuilles d’eau.
L’entrée actuelle de l’église est placée au niveau de l’ancienne croisée du transept que couvre une coupole sur trompes. De cet ancien transept ne subsiste que le croisillon sud et, du côté nord, des vestiges visibles à l’extérieur.
L’église se prolonge à l’est le l’ancien transept par deux travées voûtées d’ogives, du 13e siècle, se terminant par un chevet plat percé d’une fenêtre à triplet, la fenêtre centrale, plus haute, est surmontée d’un oculus.
De chaque côté de la première travée gothique ont été conservées des colonnettes superposées, témoins probables d’un état ancien du chœur. Ces vestiges suggèrent un étagement en deux registres d’arcatures semblables à celui de Saint-Thomas-de-Conac, Bougneau ou Sémillac.
À l’entrée de la première travée de la nouvelle nef, quatre colonnettes constituent probablement les vestiges d’une double armature ornant l’ancien chœur de l’église. La colonnette supérieure droite est du reste surmontée d’un départ d’arc. Les bases et tailloirs sont ornés d’entrelacs, tandis que les corbeilles sont ornées de motifs végétaux.
Les chapiteaux des colonnettes de l’ancien chœur ont des corbeilles étirées en hauteur et ornées de feuilles allongées et finement dentelées en relief très plats ou de palmettes retournées dont les larges tiges s’entrecroisent.
Les rebords chanfreinés des socles et les vestiges d’impostes présentent un décor de vannerie et d’entrelacs. La comparaison des chapiteaux avec ceux de l’ancien mur de la nef révèle de grandes similitudes, notamment dans le cas de tiges plates s’entrecroisant au-dessus de palmettes retournées.
Au nord de la seconde travée s´ouvre une chapelle du 14e siècle, tandis qu´au sud est accolée une chapelle dépassant légèrement sur la première travée et établie au-dessus d´une crypte ossuaire. Cette chapelle conserve une fenêtre avec imposte romane. Cette chapelle a été remaniée à l´époque gothique et dotée de peintures murales, probablement des fresques, de couleur noir, jaune, ocre, vert et marron, du 13e ou du 14e siècle. Les scènes du côté sud ont conservé le bandeau qui les limitait en bas. Dans la première travée, du côté nord, se trouvent des personnages sous arcades (deux chapiteaux subsistent) ; on distingue encore à gauche la main d´un personnage en prières et, plus haut à droite, celle d´un autre personnage tenant un objet (peut-être une crosse ou un calice) ; au centre, un évêque mitré semble agenouillé, les mains jointes, tandis qu´une autre figure (son saint patron ?) se tient debout derrière lui. Tout en haut, on croit deviner les ailes d´un ange à gauche et le bas d´une mandorle au centre. En face, sur le mur sud de la même première travée, un roi est assis jambes croisées et sceptre en main. Face à lui se tient debout une femme, portant devant elle un livre, puis un homme semble conduire devant lui (au supplice ?) la femme de la scène précédente (même robe marron et même manteau vert). Au centre, la même femme, en robe marron cette fois, est agenouillée entre deux roues dentées. À droite, elle est agenouillée devant un homme portant une épée, dont on ne voit que le bas du fourreau (scène de décapitation ?). Ces scènes paraissent empruntées au martyre de sainte Catherine. Les scènes du mur nord de la deuxième travée sont effacées. On ne distingue plus que les fleurons d´une couronne sur le bandeau soulignant le tympan. En face, sur le mur sud de la deuxième travée, à gauche, quatre femmes nimbées s´avancent vers la gauche ; la première porte un livre et - de même que la seconde - une couronne ; à droite, une femme nimbée à longs cheveux blonds est agenouillée (sainte Madeleine) devant un Christ à nimbe crucifère tenant devant lui une longue hampe se terminant à la partie supérieure par une croix. En haut, inscription NOLI NE Ta[N]GERE. Sur le mur est, on reconnaît encore en haut à gauche un personnage couronné assis de face et dans l´angle inférieur droit des squelettes de poissons (scène de repas ?). Sur le mur ouest, à gauche, se tient une haute figure d´ange.
Détail de la description
| Murs |
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|---|---|
| Toits |
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| Plans |
plan allongé |
| Étages |
1 vaisseau |
| Couvrements |
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| Couvertures |
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| Escaliers |
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| Décors/Technique |
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Informations complémentaires
| Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
|---|---|
| Référence du dossier |
IA00041622 |
| Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine |
| Cadre d'étude |
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| Aire d'étude |
Pays Ouest-Charente - pays du Cognac |
| Phase |
étudié |
| Date d'enquête |
1986 |
| Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
| Citer ce contenu |
Prieuré Saints-Pierre-et-Paul, aujourd'hui église paroissiale Saint-Paul, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/804011cf-bd41-4ed0-84b3-f4a5e452ea38 |
| Titre courant |
Prieuré Saints-Pierre-et-Paul, aujourd'hui église paroissiale Saint-Paul |
|---|---|
| Dénomination |
prieuré |
| Vocable |
saint Pierre saint Paul |
| Destination |
église paroissiale |
| Parties constituantes non étudiées |
ossuaire |
| Statut |
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|---|---|
| Protection |
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- Lien vers le dossier documentaire établi lors de la première enquête
- Lien vers le dossier documentaire de l'épitaphe
- Lien vers le dossier des 5 chapiteaux de la nef détruite
- Lien vers le dossier du chapiteau déposé orné de feuilles d'eau
- Lien vers le dossier des 4 colonnettes dans la première travée de la nouvelle nef
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente , Bouteville
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: Les Gaultiers
Cadastre: 1834 C2 673, 2011 C 365