Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Comme pour les unités voisines du front nord, il ne reste ici que la façade nord formant l'enceinte de ville. Elle n'est conservée que sur quelques assises qui indiquent cependant, sans doute possible, un édifice roman élevé entre la fin du 12e siècle et le commencement du siècle suivant. L'emprise de cette unité reste difficile à déterminer mais elle pourrait bien ne former qu'un seul ensemble dont l'ampleur aurait alors été aussi importante que le "Palais Cardinal". Les interprétations du bâti actuel sont cependant sujettes à caution du fait d'une très importante campagne de remontage effectuée en 1971. Une photo réalisée l'année précédente témoigne d'un état primitif assez différent et par la même, d'une restauration abusive. Cependant, les quelques éléments conservés (travées scandées par des pilastres, porte) suggèrent une ressemblance avec le "Palais Cardinal". Ce front nord devait à l'origine présenter une grande unité architecturale avec probablement d'autres constructions monumentales.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Dans son état actuel, cette façade présente de nettes différences avec son état primitif attesté par une photo de 1970. La restauration effectuée cette année-là ayant accentué une symétrie qui auparavant était moins marquée et surtout, créé des fentes de jour sans fondements apparents. Les limites de cette unité pourraient correspondre côté ouest au petit décrochement de l'enceinte retenu comme limite de la maison 449-2, et côté est au large contrefort plat (fortement repris lors de la campagne de 1970-1971) qui marquerait l'angle de l'unité 3-1. En profondeur, l'emprise de cette unité est inconnue mais il est probable qu'elle s'étendait jusqu'à l'impasse Cardinal. Le plan masse de cette unité reste donc incertain ; on ne peut exclure un plan plus complexe en "L" ou à cour centrale. S'il s'agit d'une seule maison, celle-ci aurait été d'une grande ampleur et son plan serait alors celui d'un quadrilatère irrégulier avec une imposante façade sur enceinte large d'environ 12 m pour une profondeur comprise entre 15 et 20 m. Ces dimensions en feraient alors un édifice comparable au Palais Cardinal. L'alternative pourrait être deux maisons jumelles de plan barlong avec des façades sur enceinte larges d'environ 4,50 mètres chacune et séparées par une porte ouvrant sur le fossé. Le revers de l'enceinte, arasé au niveau du sol de la piscine de l'hôtel, ne permet aucune analyse. Faute d'élément permettant de définir clairement le nombre de maisons, la façade sera ici décrite dans son ensemble.

Elle se compose de cinq travées séparées par quatre petits contreforts plats (larges de 70 à 80 cm et profonds de 20 à 25 cm). Les deux contreforts occidentaux sont aujourd'hui élevés sur cinq assises mais n'en comptaient plus qu'une seule avant la rénovation de 1970-1971 ainsi qu'une base réservée dans le rocher. La travée centrale, plus large que les autres (3,10 m entre les deux pilastres), est percée d'une porte qui, bien que ses montants aient été remontés, semble d'origine ; la photo de 1970 montre qu'elle était jusque-là murée. Large de 1,68 m, elle fermait au moyen d'une barre dont les trous-barriers sont conservés dans les tableaux de l'embrasure (cette barre avait une section d'environ 10 cm). A l'arrière de la porte, le passage, large de 2,30 m, est conservé sur 75 cm jusqu'à un mur récent qui est venu l'obstruer. Cette porte a exactement la même largeur que celle percée dans la travée occidentale du "Palais Cardinal". Il devait s'agir dans les deux cas de sorties privatives sur les fossés.

De part et d'autre de cette porte, prennent place deux travées dont la largeur varie de 1,40 à 1,55 m et qui sont ajourées en leur centre d'une fente de jour. C'est ici que la restauration est la plus fautive puisque la photo de 1970 montre que les deux travées orientales étaient alors dépourvues d'ouvertures et présentaient à l'inverse un parement cohérent dans l'intervalle entre les contreforts. La seule fente de jour attestée était percée dans la travée immédiatement à l'ouest de la porte ; il s'agissait d'une étroite ouverture simplement chanfreinée du même type que celles observées sur l'unité voisine 3-1 et sur la quasi totalité des maisons romanes de la ville. Enfin, la travée la plus occidentale était non seulement dépourvue d'ouverture, mais en plus comptait une assise de plus qu'aujourd'hui, ce qui contredit totalement l'hypothèse d'une fente de jour, du moins au niveau où elle est implantée aujourd'hui. Lors de la campagne de 1970-1971, l'unique fente de jours existante fut entièrement reprise et trois autres furent créées dans les travées aveugles. Elles présentent toutes le même profil très ébrasé sur l'extérieur (attesté nulle part ailleurs à Saint-Emilion) d'un type intermédiaire entre les étroites fentes romanes décrites précédemment et les larges ouvertures du Palais Cardinal.

Malgré ces restaurations abusives, semble se dessiner sur ce front nord de la ville une série d'imposantes demeures romanes dont au moins deux disposaient de leur propre sortie sur le fossé. Le "Palais Cardinal" en serait alors le témoignage le mieux conservé et non l'élément principal.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , impasse Cardinal

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 263, 264, 265, 2010 AP 448, 449 ([3])

Localiser ce document