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Historique
L'histoire de l'édifice est retracée notamment à partir de l'étude réalisée par Marie-Laure Liger. L'église relevait de l'abbaye Saint-Vincent de Bourg.
Une première église est construite au 11e siècle avec des petits moellons et un opus incertum (murs de la nef et murs de la travée droite de la crypte). Les chapiteaux de la crypte sculptés en méplat correspondent bien à cette époque. Dès l'origine, il s'agissait donc d'un édifice avec crypte surmontée d'une église haute et chevet plat. L'église haute et la nef, simples espaces de forme rectangulaire, devaient être couvertes d'une charpente. L'église haute était accessible par un escalier sans doute en bois.
Des modifications sont apportées à la fin du 11e ou au début du 12e siècle, probablement à la suite d'un incendie. Léo Drouyn indique en 1865 la présence de morceaux de bois calcinés dans les murs en petits moellons ainsi que les "traces d'un feu violent" sur la façade de la crypte. Il est possible que le niveau du sol ait été surélevé.
Les murs de la nef sont alors repris avec des pierres de moyen appareil et des contreforts plats ; deux files de supports appareillés sont construites sans doute pour soutenir une voûte. Ces supports présentent des profils différents : le projet initial de voûtement de la nef aurait donc été modifié ou abandonné au cours du chantier qui s'est déroulé depuis l'est vers l'ouest. Toutefois, un document de 1669 mentionne "une grande voûte soutenue par plusieurs grands piliers de pierre, c'est à dire par de belles colonnes romanes".
Le mur occidental de la nef est également repris (petits moellons de pierre et pierres de moyen appareil). L'épaisseur du mur (1m50) laisse penser que le massif occidental pouvait être doté d'un clocher-mur supportant deux cloches.
La nouvelle disposition tripartite de la nef modifie l'accès à la crypte, desservie à l'origine par deux ouvertures latérales (en partie murées) obturées par les supports établis dans la nef. Une porte axiale est alors percée et deux petits escaliers latéraux, probablement en bois, sont aménagés pour atteindre l'église haute.
L'ajout d'une abside semi-circulaire fait aussi partie de cette deuxième campagne de construction. Elle est venue remplacer le chevet plat d'origine.
En 1668, l'église appartenait au chambrier de l'abbaye Saint-Vincent de Bourg. Les procès verbaux dressés au cours des visites épiscopales aux 17e et 18e siècles attestent du mauvais état de l'édifice. La destruction du clocher par la foudre en 1756 est l'occasion de travaux de stabilisation terminés en 1767.
Abandonnée en 1831, l'église est démolie en grande partie en 1837, les pierres étant récupérées pour paver les routes.
Selon Charles Grellet-Balguerie qui propose en 1850 une statistique religieuse de l'arrondissement de Blaye, "l'église de La Libarde était un monument remarquable du style roman. Il ne reste plus dans le cimetière que la crypte ou chapelle souterraine, plan miniature de l'église même. Nous en avons donné la description dans la Revue catholique de Bordeaux et du Midi et dans la Guienne monumentale. Le dernier curé, Pierre Goyneau, mourut empoisonné en 89 ; abandonnée depuis lors, l'église a été démolie en 1831 pour avoir des pierres pour paver la route !"
La commission des Monuments historiques s'intéresse à l'édifice à partir de 1842 : Jules Robert réalise des relevés et des dessins, suivis de travaux de restauration en 1846, sous la direction de l'architecte Durassié. De cette restauration datent les deux colonnes à chapiteaux sculptés qui encadrent la porte d'accès à la crypte. La crypte figure sur la liste de Monuments historiques de 1846. Des travaux d'assainissement sont également réalisés entre 1956 et 1959. L'église dans son ensemble et le cimetière sont classés Monuments historiques en 1965.
Le parti architectural adopté à la Libarde est à rapprocher des églises Saint-Christophe de Baron, Saint-Seurin de Bordeaux et Saint-Ciers d'Abzac.
Un dessin de Charles Buche réalisé à la fin du 19e siècle en propose une restitution.
Détail de l'historique
| Périodes |
Principale : 11e siècle Principale : 1er quart 12e siècle |
|---|
Description
Les ruines de l'église de la Libarde se trouvent à l'ouest du hameau, accompagnées de l'ancien cimetière.
Les murs nord et sud de la nef sont conservés, arasés à 1m50 du sol environ. La crypte et l'abside semi-circulaire subsistent également ; les murs de l'église haute en revanche sont entièrement détruits.
La nef est organisée en trois vaisseaux, divisée par deux rangées de trois piles dont seules les bases sont conservées. Deux colonnes engagées sur le mur séparant la nef de la crypte encadrent une porte donnant accès à l'espace semi-enterré. La porte est encadrée de deux colonnettes à chapiteaux sculptés et surmontée d'un linteau également sculpté. Un escalier en pierre permet de descendre dans la crypte.
La crypte, de plan rectangulaire, est divisée en trois vaisseaux et se prolonge à l'est par une abside semi-circulaire. Selon les relevés réalisés par le service des Monuments historiques, l'ensemble mesure 11 mètres de long sur 6,50 mètres de large. Le vaisseau central est large de 2,95 m et les bas-côtés de 1,67 m. La nef présentait une hauteur sous clef de 3,20 mètres tandis que les bas-côtés s'élevaient à 2,95 mètres. La nef centrale est séparée des bas-côtés par deux files de cinq supports (colonnes et piliers cruciformes). Les trois vaisseaux sont voûtés en berceaux, cintrés de manière irrégulière. Chaque travée est séparée par un arc doubleau. L'abside est voûtée en cul-de-four et percée de deux petites ouvertures, l'une dans l'axe, l'autre au sud. A l'ouest, sur le mur séparant la crypte de la nef, deux ouvertures en plein-cintre ont été comblées au moyen de petits moellons. La crypte conserve une vingtaine de chapiteaux sculptés en méplat, à décor principalement végétal.
Détail de la description
| Murs |
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|---|---|
| Toits |
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| Plans |
plan allongé |
| Étages |
3 vaisseaux |
| État de conservation |
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| Décors/Technique |
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Informations complémentaires
| Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
|---|---|
| Référence du dossier |
IA33010154 |
| Dossier réalisé par |
Morel Thomas
Stagiaire INP (juin-décembre 2015). Steimer Claire Conservatrice du patrimoine au sein du service du patrimoine et de l'Inventaire. |
| Cadre d'étude |
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| Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
| Phase |
étudié |
| Date d'enquête |
2015 |
| Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde |
| Partenaires |
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| Citer ce contenu |
Église paroissiale Saint-Saturnin de La Libarde, Dossier réalisé par Morel Thomas, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/a25e1ecc-4248-4e24-b9a9-34477f8ee170 |
| Titre courant |
Église paroissiale Saint-Saturnin de La Libarde |
|---|---|
| Dénomination |
église paroissiale |
| Vocable |
Saint-Saturnin |
| Parties constituantes non étudiées |
crypte |
| Statut |
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|---|---|
| Protection |
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- Gravure publiée dans la Guienne monumentale, Jules Philippe (Bibliothèque municipale de Bordeaux, Fonds Delpit, Del. Carton 51/1).
- Bourg : crypte de la Libarde : coupe en long, coupe en travers et plan. Planche détachée des Comptes-rendus de la Commission des monuments historiques ((Bibliothèque municipale de Bordeaux, Fonds Delpit, Del. Carton 51/4)
- Eau forte détachée de La Guienne anglaise, planche 26, Léo Drouyn (Bibliothèque municipale de Bordeaux, Fonds Delpit, Del. Carton 51/2)
- Eau forte détachée de La Guienne anglaise, planche 27, Léo Drouyn (Bibliothèque municipale de Bordeaux, Fonds Delpit, Del. Carton 51/3)
- AD Gironde, 162 T 5. Dessin de Jules Robert, décembre 1842
- Fonds photographique de la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine
- AD Gironde, 156 T 2-A. Commission des monuments historiques et bâtiments civils - Dossiers par communes - La Libarde - Travaux de restauration et d'entretien : Architecture religieuse, 1839-1906
- AD Gironde, 90 J 34/47. Croquis de J.A. Brutails : plan de la crypte de l'ancienne église de La Libarde à Bourg, 27 mai 1895
- AD Gironde, 90 J 34/48. Croquis de J.A. Brutails : chapiteaux, pilier, colonne, décor d'entrelacs, etc, de la crypte de l'ancienne église de La Libarde à Bourg, 27 mai 1895
- AD Gironde, 90 J 41/26. Notes et croquis de J.A. Brutails [1897]
- Collection de cartes postales numérisées. Pôle de la mémoire locale (PML), Bourg. Carte postale, crypte de la Libarde.
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Bourg
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: la Libarde
Cadastre: 2018 AD 94, 1825 A3 1424