Éléments du retable-lambris du chœur de l'ancienne église priorale Saint-Gilles (panneaux, quatre colonnes)

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Montgaillard

Selon l'abbé Césaire Daugé (cité par l'abbé Vincent Foix dans ses Notes sur Montgaillard), "le curé Daniel Filhot restaura l'église en 1657 et y fit placer des boiseries encore conservées ; elles portent sur deux cartouches les armes d'un évêque d'Aire et le chiffre du curé restaurateur". Ce décor, installé dans le chœur de l'ancienne église priorale Saint-Gilles (au milieu du cimetière), a subi mutilations et remaniements, car les photographies prises dans les années 1930, avant la démolition de l'édifice, le montrent déjà réduit à deux panneaux de lambris flanquant le maître-autel et incluant les portes de la sacristie ménagée au fond de l'abside. Or, l'ensemble devait comporter également un retable central, dont proviennent les quatre colonnes corinthiennes toujours conservées : la facture identique des angelots sculptés sur la gaine des colonnes et sur le lambris confirme en effet l'unité de l'ensemble. L'abbé Daugé, qui mentionne allusivement ce retable ("les boiseries de l'autel et les colonnes qui les soutenaient"), précise que ses colonnes, après le remaniement du chœur en 1886, furent remployées pour soutenir la tribune occidentale "qui menaçait ruine".

Au moment de la ruine définitive de l'église priorale, en 1937, ces éléments furent transportés à l'église du bourg et répartis dans l'édifice. En 1969, date d'un pré-inventaire de son mobilier, les quatre colonnes étaient disposées de part et d'autre de l'ancien maître-autel (devenu autel de la Vierge) dans le collatéral sud de l'église. Un seul panneau de lambris subsistait presque intact (à l'exception du battant de sa porte, disparu) dans le porche ; du second (peut-être jugé en trop mauvais état en 1937) ne restait que le cartouche aux armes épiscopales du niveau d'attique, remonté sur le socle d'une statue de saint Gilles acquise en 1854. En 2017, l'unique panneau de lambris est remisé à la sacristie ; les colonnes ont été rapportées à l'ancienne église priorale et déposées dans le porche, seul reste de l'édifice encore debout dans le cimetière communal.

L'un des deux cartouches à cuirs qui couronnaient les panneaux de lambris porte, comme le signalait l'abbé Daugé, le nom du commanditaire de l'ouvrage, le curé Daniel Filhot (desservant de Montgaillard entre 1657 et 1676), accompagné d'un cœur et de la lettre E, symboles dont le sens nous échappe aujourd'hui. Le second cartouche est effectivement sculpté d'armoiries épiscopales, timbrées d'une mitre et d'une crosse (au crosseron tourné vers l'extérieur). Les meubles sculptés (un chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe d'un agneau sur un croissant) ne figurent pas, en revanche, dans les armes de l'évêque d'Aire en fonction au moment des travaux du curé Filhot, Charles-François d'Anglure de Bourlemont (1650-1657, transféré à Castres le 20 juin 1657), ni dans celles de son successeur Bernard de Sariac, nommé seulement en mai 1659. L'hypothèse séduisante avancée en 1969 par Paul Roudié, qui supposait un don de Gilles Boutault (évêque d'Aire de 1625 à 1649) en l'honneur de son saint patron, l'ermite Gilles, titulaire de l'église priorale de Montgaillard, se heurte à la même incompatibilité, l'écartelé de ses propres armes n'ayant rien de commun avec celles ici représentées. Une recherche dans l'armorial des archevêques d'Auch, métropolitains d'Aire, s'est également avérée vaine. A un détail près (le croissant), les armes sont celles de la famille du chancelier Séguier ("d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles de même et en pointe d'un agneau d'argent"), qui comptait en 1657 un prélat, Dominique Séguier, évêque de Meaux (1593-1659), et devait en compter un autre peu après, Jacques Séguier de La Verrière, évêque de Lombez (dans le Gers actuel) de 1662 à 1671. Rien, cependant, dans la vie de ces prélats ne semble présenter un lien quelconque avec Montgaillard ou l’évêché d'Aire.

Périodes

Principale : 3e quart 17e siècle

Dates

1657, daté par source

Auteurs Personnalite : Filhot Daniel

Prieur et curé de Montgaillard (Landes) au moins de 1657 à 1676 (il signe les registres paroissiaux entre le mois d'août 1658 et le 23 juin 1676). Il était parent (frère ou oncle ?) du notaire royal Pierre Filhot (vers 1634-1711), marié à Montgaillard le 18 novembre 1680 à Marie Barrière et mort à Montgaillard le 10 septembre 1711.

, commanditaire (attribution par source)

Le décor devait comporter originellement un retable à quatre colonnes flanqué de chaque côté par un panneau de lambris faisant le raccord avec les murs latéraux du chœur de l'ancienne église Saint-Gilles. La porte au battant en plein cintre percée dans chacun des panneaux donnait accès à la sacristie ménagée derrière le maître-autel, dans le fond de l'abside. De cet ensemble ne subsistent actuellement qu'un seul des panneaux de lambris (celui de droite, si l'on se réfère aux photographies du chœur dans les années 1930), le cartouche sommital armorié de l'autre panneau (remonté sur un socle de statue) et les quatre colonnes du retable. Celles-ci, d'ordre corinthien, comportent un fût cannelé peint en faux marbre brèche beige et gainé au tiers inférieur - la gaine peinte en faux marbre rouge du Languedoc et sculptée d'angelots et de guirlandes - et un chapiteau doré ; le revers du fût, qui était adossé, n'est ni cannelé ni sculpté. Le panneau de lambris conservé est constitué de six éléments embrevés.

Catégories

menuiserie, sculpture

Structures
  1. élévation, droit
  2. colonne, 4
Matériaux
  1. Matériau principal : bois

    Mise en oeuvre : en plusieurs éléments

    Techniques : décor en bas relief, décor dans la masse, décor rapporté, tourné, mouluré petit cadre, ajouré, doré à la feuille d'or à l'eau, sur apprêt, apprêt gravé, peint, faux marbre

Iconographie
  1. Caractère général : ornementation

    Thèmes : angelot, chute végétale, fruit, fleur, cartouche, cuir découpé, volute, draperie, masque feuillu


Précision sur l'iconographie :

Le panneau de lambris subsistant est orné d'un riche décor sculpté en bas et demi relief, polychromé et doré. Au registre inférieur, surmontant la baie en plein cintre, une tête d'ange est flanquée de deux volutes à motifs auriculaires d'où s'échappent des linges prolongés par des chutes de fruits (à gauche : pommes ou poires, grenades, baies rouges) et de fleurs (à droite : roses) épousant le cintre de la porte. Sur les panneaux verticaux ou parcloses flanquant la porte, des masques feuillus grotesques engoulant des draperies rouges nouées, auxquelles sont suspendues des chutes de fruits et de feuilles. Au registre supérieur, au centre, un grand cadre rectangulaire horizontal mouluré contenant un cartouche ovale à cuirs et volutes, sculpté du nom du commanditaire (voir inscriptions) ; couronnant le cadre, une autre tête d'ange entre des volutes auriculaires à draperies ; de part et d'autre du cadre, des petits cadres verticaux sculptés d'un angelot à deux paires d'ailes (chérubin). Du panneau de lambris détruit ne subsiste que le cadre médian du registre supérieur, sculpté d'armoiries épiscopales (voir inscriptions).

Le chapiteau corinthien des colonnes comporte trois rangs de feuilles (avec pointes de flèche sur le rang supérieur) et un fleuron sur chaque face de l'abaque ; la gaine du fût de deux colonnes est sculptée d'un angelot brun dont les ailes soutiennent des draperies festonnées, lesquelles sont emplies de fleurs et de fruits ; la gaine des deux autres colonnes ne comporte pas d'angelot, remplacé par un gros nœud de draperie en éventail.

Inscriptions et marques
  • inscription concernant le commanditaire, sculpté
  • armoiries, sculpté

Inscription concernant le commanditaire (dans l'ovale central du cartouche sommital du panneau de lambris subsistant) : DANIEL / FILHOT / [un cœur] E ; lettres D M (gravées sur le bord du cartouche).

Armoiries (dans le cartouche remployé sur un socle de statue) : De... au chevron de... accompagné en chef de deux étoiles de... et en pointe d'un agneau de... sur un croissant de... ; ornements extérieurs : mitre et crosse, deux palmes.

État de conservation
  • mauvais état
  • élément
  • manque

Éléments provenant d'un ensemble démantelé (voir historique). Il manque le chapiteau de deux colonnes et la base de l'un d'eux. Le cartouche armorié du panneau de lambris gauche (lequel a disparu) est remployé sur un socle de statue du XIXe siècle ; les deux volutes supérieures de ce cartouche sont mutilées et sa volute inférieure gauche est manquante. Les volutes au-dessus du cintre de la porte sur le panneau subsistant sont aussi mutilées.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Montgaillard

Milieu d'implantation: en village

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