Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Cette unité est aujourd’hui à cheval sur deux parcelles cadastrales (cad. AP0385 et AP0386) mais le cadastre de 1845 montre que la cour, actuellement rattachée à la parcelle cadastrale AP0386, appartenait alors à la parcelle cad. 281, ancêtre de l'actuelle AP0385, correspondant à une maison distincte.

Cette portion de l'enceinte se situe immédiatement au nord de l'ancienne porte du Chapitre, détruite dès le 19e siècle, qui n’est connue que par les dessins de Léo Drouyn.

De la maison primitive, ne subsiste qu'une portion du mur occidental qui formait l'enceinte de la ville et dont la typologie de la construction et les éléments de décor témoignent d'une construction romane de la fin du 12e siècle ou du commencement du siècle suivant.

Plusieurs vestiges attestent en outre la construction à l’emplacement de l’ancienne unité d’habitation romane d’un immeuble des années 1500 qui semble en avoir débordé l’emprise vers l’est et le sud (voir cad. AP0386).

Ensuite, d'importantes reprises effectuées sur le parement extérieur du mur d'enceinte, probablement à la fin du 17e siècle et avant 1703, d'après une date graffitée, ont rogné un peu plus encore les vestiges de l'édifice primitif. L'aménagement de la cave située du côté de la parcelle cad. AP0385 pourrait dater de cette période.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Secondaire : 15e siècle

Secondaire : 4e quart 17e siècle

De cette maison médiévale, il ne reste que le mur ouest qui formait l'enceinte de la ville. Son plan masse est difficile à restituer : peut-être s'étendait-elle jusqu'à une venelle orientée nord-sud, dont la parcelle cad. AP0457 conserve le souvenir, auquel cas, cette demeure présentait un plan barlong d'axe est-ouest.

La façade de cette maison 385-386 semble s'appuyer au nord contre le contrefort plat qui limitait la maison voisine d'après un dessin de Léo Drouyn, et dont il ne reste plus aujourd'hui que les deux premières assises. Bien que le parement de cette façade a été refait récemment (restauration cabinet Artech, 2005), plusieurs indices permettent de restituer une façade de longueur équivalente de celle qui la voisine au nord (385), soit environ 15 m. Elle était rythmée de même par trois contreforts plats régulièrement implantés (deux sont conservés, un est restitué avec forte présomption dans la zone où le parement a été entièrement remonté à l’époque moderne).

Une seule fente de jour en partie basse est attestée par son embrasure conservée (encadrement extérieur a disparu derrière la réfection du parement à l’époque moderne, la petite fente de jour actuelle, à gauche du premier contrefort, ayant été percée après coup).

Deux fenêtres éclairaient la partie haute du logis. Le centre de la petite travée septentrionale conserve l'embrasure d'une première fenêtre qui a perdu l'ensemble de son encadrement mais dont subsistent les cordons d'appui et d'imposte qui règnent à un niveau légèrement moins élevé que ceux de la fenêtre de la maison voisine AP0385. Comme sur cette dernière, les cordons s'interrompent contre le contrefort. Ici, l'imposte est nue, mais l'appui est orné de trois rangs de dents de scie. Une photo de 1964 montre qu'à cette date, une partie du jambage sud de cette fenêtre était encore en place (partiellement masqué par un renfort métallique sur la photo) et surtout, que les trois assises situées au-dessus du cordon d'imposte conservaient la forme arrondie qui épousait extrados du couvrement de la baie romane. Les travaux effectués depuis ont supprimé les restes de cette baie. A l'autre extrémité de la façade, une seconde fenêtre ouvrait au-dessus de la logette de latrines moderne. Il n'en reste plus aujourd'hui que le montant sud, mouluré d'un mince tore, ainsi que le cordon d'appui qui vient buter contre le contrefort voisin, la baie elle-même ayant disparu lors de la reprise moderne du parement extérieur. Le cordon d'appui règne à la même hauteur que celui de la fenêtre nord et présente le même décor de dents de scie.

La limite méridionale est marquée par un contrefort plat, à droite duquel les assises de la maçonnerie d’origine, qui reprend sur environ 2 m de long, ne sont plus alignées sur celles de la maison, indice d’un changement de propriété.

A l’intérieur, la zone de parement conservée dans la partie appartenant à la parcelle cad. AP0385 ne présente curieusement aucune trace de plancher, ce qui laisse à penser que cette demeure était constituée d’un niveau unique, comme sa voisine. Dans cette perspective, l’emplacement d’une porte étroite, desservant des latrines ménagées dans l’épaisseur du mur, a donc de quoi surprendre : son seuil est situé à plus de 3 m du sol d’origine, soit au même niveau que les appuis des baies hautes. Il s’agit là du seul aménagement domestique repéré sur ce qui reste de cette demeure, limité il est vrai à quelques mètres de son mur formant enceinte, les murs est et sud ayant entièrement disparu, et celui mitoyen de la maison 385 n’étant conservé en l’état que sur quelques mètres.

A hauteur de l'ancien chemin de ronde, depuis la cour de la parcelle CAD. AP0386, subsiste une portion de chéneau, constitué d'une pierre dont la lèvre débordante, entaillée d’une feuillure, devait s'encastrer dans la pierre suivante, aménagement favorisant ainsi l’étanchéité. Parfaitement intégré dans le parement roman qu’il couronne, il est très probable que cet élément date de l’époque de construction de la demeure, indiquant en outre que, contrairement à la maison voisine, sa toiture ne couvrait pas le chemin de ronde.

Du côté de la parcelle cad. AP0385, une cave voûtée a été aménagée à l’époque moderne, à laquelle on accède aujourd'hui par un escalier depuis l'unité voisine. Une fente de jour a alors été percée dans le mur roman pour l’éclairer. Sous son niveau d’appui, la présence d'une petite armoire murale creusée dans la roche indique que le sol de la cave était à l'origine plus bas.

Dans la partie médiane du mur, une nette rupture d’appareil témoigne d'une importante reprise de toute la partie centrale du parement extérieur durant la période moderne. La zone de reprise correspond au secteur de la cour intérieure, aujourd'hui rattachée à la parcelle cad. AP0386 mais qui, en 1845, appartenait à la parcelle cad. AP0385. Côté intérieur, le parement roman de grand appareil est encore en place, seulement perturbé par l'implantation moderne de la logette de latrines appareillée en pierre de taille sciée, d'aspect très différent des pierres de grand appareil du parement médiéval. Dans la logette, dont une petite fente de jour trahit sa présence depuis l'extérieur, deux petites niches d'éclairage, couvertes d'un arc plein cintre sont creusées dans les pierres du parement sur chacun des murs latéraux. Sur la paroi nord sont gravés deux noms (RAMON et NICOLAS) assortis de la date 1703. Au nord de cette logette, le parement roman de l'enceinte est percé d'une porte quadrangulaire à feuillure dont les montants s'inscrivent dans la continuité des assises du mur. Le linteau, d'une hauteur inférieure à celle de l'assise dans laquelle il s'insère a peut-être été repris plus tard. La petite pièce à laquelle il donne accès aujourd'hui a été entièrement refaite à une date indéterminée (parois en moellons rejointoyés) pour y aménager un logement éclairé par une petite fenêtre ; la fonction initiale de la porte a donc été perdue, mais sa typologie suggère l'accès à un placard mural.

Les murs nord et est de la cour, faits de moellons, témoignent d'un ou plusieurs bâtiments édifiés à la fin du 15e siècle ou au début du siècle suivant. Sur l'emprise de la parcelle cad. AP0385, une première construction présente à l'étage un ancien évier sous niche aujourd'hui ouvert en fenêtre. A même hauteur mais côté cour, le mur est de cette dernière conserve le jambage d'une cheminée au profil chanfreiné, datable de la même période (vers 1500). Enfin, le pignon est de l’immeuble longeant la place Pioceau a gardé la trace d’un fenestron, bouché, couvert d’un linteau monolithe échancré d’un arc en accolade, datable des années 1500.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 2 place Pioceau

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 281, 284, 285, 2010 AP 385, 386

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