Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

L’emprise de cette vaste parcelle est occupée aujourd’hui par un immeuble moderne (18e ou 19e siècle) longeant la place Pioceau, et d’un bâtiment à usage de commun le long du fossé, en bordure d’un jardin. Les parties remontant au Moyen Âge se bornent donc ici au seul mur d’enceinte. Les relevés et l’analyse détaillée des vestiges conservés, confrontés à un corpus fourni de représentations anciennes (dessins, clichés anciens) permettent dorénavant de proposer une restitution assez précise de la configuration des demeures formant enceinte de cette portion.

La simple lecture du parement extérieur indique en effet que deux maisons distinctes occupaient la parcelle AP0385 : l’une au nord (unité 385), l’autre à l’extrémité sud, qui se prolongeait sur l’emprise de la cour actuelle de la parcelle AP0386 (unité 385-386) ; ces deux édifices, datables des années 1200, font par conséquent l’objet de dossiers distincts.

La maison 385 a la particularité notable, et exceptionnelle pour cette période de l'architecture domestique, de n'être constituée à l'intérieur que d'un seul niveau, de près de 6 m sous plafond. L’espace était éclairé en bas par de hautes fentes de jour et en haut, par deux fenêtres à baie simple. Le sommet du mur était couronné d’un crénelage, complété par une galerie de hourd, comme le prouvent des trous de boulins ménagés à la base du mur du parapet et dans les merlons, selon un dispositif observé par ailleurs à Saint-Emilion même (cad. AP0010 et AP0003). Le chemin de ronde était accessible depuis l’intérieur de la maison par un escalier ménagé dans l’épaisseur du mur.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Cette portion du mur d’enceinte présente les caractéristiques communes aux maisons romanes édifiées entre le milieu du 12e siècle et le début du 13e à Saint-Emilion : parements de grand appareil lié au mortier de chaux, blocage de cailloux et de terre, contreforts plats rythmant la façade extérieure, fenêtres à bandeau d’appui et impostes sculptés...

La limite sud de l’édifice, encore bien visible sur le dessin de Léo Drouyn, est aujourd’hui matérialisée, depuis l’extérieur, par le léger décalage des assises de part et d’autre du contrefort plat implanté à leur jonction, vérifié par les relevés pierre à pierre précis. Au revers, subsiste encore le départ du mur de refend qui fermait l'édifice, plaqué contre la façade (en grande partie rebâti à l’époque moderne).

Au nord, la demeure s’appuyait contre une tour d'angle marquant l’extrémité du mur sud de la maison 2, rue de l’Abbé Bergey (cad. AP0381), mur que Léo Drouyn figure encore conservé sur toute sa hauteur au 19e siècle (sa hauteur se réduit aujourd’hui à ses premières assises).

Longue d’une douzaine de mètres, la façade formant enceinte était rythmée par trois contreforts plats. Les ouvertures, regroupées sur la moitié nord de la façade, consistent en deux longues fentes de jours au niveau du sol, chanfreinées et couvertes de linteaux échancrés d'un arc en plein cintre aveugle, et une fenêtre haute, délimitée par des cordons d’appui et d’imposte régnant sur le pan de mur compris entre les deux contreforts voisins. Cette fenêtre, selon une formule rencontrée ailleurs à la même époque à Saint-Emilion (cad. AP0003-1), a la particularité de ne comporter qu'une seule baie, couverte d'un linteau monolithe échancré depuis sa face inférieure d'un léger arc segmentaire surhaussé. Le linteau découpé en arc de cercle est entouré d’une archivolte saillante, délicatement ornée de pointes de diamant. Ce linteau interrompt l’assise mince du dallage du chemin de ronde qui prenait place juste au-dessus.

Ces trois fenêtres donnaient le jour à un logis de plain-pied, équipé d’une cabine de latrines, ménagée dans l’embrasure de la fenêtre la plus au nord, et d’une imposante armoire murale, large de 2 m pour 3 m de hauteur et seulement une trentaine de centimètres de profondeur (le parement du fond de l’armoire, cohérent avec celui des piédroits, indique qu’il ne s’agit en rien du bouchage d’une ancienne porte, mais bien d’un aménagement mural d'origine). Cette pièce unique, d’une hauteur sous plafond proche de 6 m, bénéficiait d’un décor de modillons sculptés portant le rebord des dalles du chemin de ronde sur lesquelles reposaient les poutres d’un comble. Ce niveau supérieur devait englober le chemin de ronde et former un encorbellement sur l’enceinte, de type hourds, comme l’indiquent plusieurs trous d’ancrages ménagés dans le parapet, visibles sur les clichés anciens (une première série d’empochements dans l’assise au-dessus du dallage et une seconde série au sommet des merlons), selon un dispositif également mis en évidence sur la maison cad. AP010 et AP0003 sur le front nord-est de l’enceinte. L’accès au comble se faisait par un escalier droit, inséré dans l’épaisseur du mur, dont la porte (bouchée aujourd’hui) prenait place entre les deux niveaux de fenêtres ; son seuil, situé à 1,50 m du sol, peut-être par mesure de précaution défensive, nécessitait donc l’usage d’un escabeau pour l’atteindre.

En avant des deux premières travées de l’édifice, en contrebas, ancré sur le socle rocheux de l’escarpe, subsistent les restes maçonnés du pignon d’un garage implanté dans le fossé, détruit par l’effondrement du parement en 1949.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 2 place Pioceau

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 281, 284, 285, 2010 AP 385

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