Église Saint-Léger
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Champagné-le-Sec
Historique
Selon la légende, c'est à Champagné que serait né Junien, ermite poitevin du 6e siècle fondateur du monastère de Mairé (Deux-Sèvres). Des sarcophages du Haut Moyen Moyen, découverts à proximité de l'église actuelle, permet de supposer l'existence d'un lieu de culte dès cette période. Les plus anciennes mentions de Champagné ne relèvent, quant à elles, que de la seconde moitié du 10e siècle. L'acte de fondation du prieuré de Château-Larcher, établi en 969, est la plus ancienne source historique connue signalant Champagné. Il énumère les nombreux biens dont est doté le monastère qui est donné cette même année à l'abbaye Saint-Cyprien à Poitiers ; c'est dans cette liste qu'apparaît une " terra Campaniacus ". Le cartulaire de l'abbaye de Saint-Cyprien détient un autre acte de donation, daté de 970 environ, concédant aux moines des terres situées " in vicaria Blanziaco, in villa Campaniacus " (Rédet, A. H. P., 1874, p. 252, 267-268).
Selon R. Crozet, l'actuelle église Saint-Léger aurait été construite à la fin du 12e siècle (Crozet, 1967, p. 36). Elle est mentionnée dans le pouillé du diocèse de Poitiers rédigé par Gauthier, évêque de Poitiers au début du 14e siècle. Elle dépend de l'archiprêtré de Chaunay et la cure est à la nomination de l'évêque.
L'édifice est embelli au 13e siècle puis au 15e siècle de peintures murales ornementales et historiées. Au début du 18e siècle, l'église est dotée d'un retable monumental, construit entre la travée droite du chœur et l'abside qui, de fait, ne sert plus au culte. L'aménagement de ce nouveau chœur s'inscrit dans le mouvement de réforme liturgique alors engagée par l'Église catholique, en réaction à la Réforme protestante. Celle-ci avait connu un certain succès dans la région de Champagné où la présence de protestants est attestée au 17e siècle (Guillemet, 2003, p. 110-111). Ainsi, Anne de Jousserand, dame de Tassay et de Champagné-le-Sec, et Olivier de Saint-Georges de Vérac, seigneur de Vérac et baron de Couhé, qu'elle épouse en 1601, sont favorables à la nouvelle religion. L'adhésion à la Réforme des deux familles est temporaire. La litre funéraire aux armes de la famille Saint-Georges peinte à l'intérieur de l'église vers 1704/1705, témoigne du retour de la famille Saint-Georges au sein de l'Église catholique.
C'est également au cours du 18e siècle qu'est construit, selon l'abbé Chappeau, un nouveau clocher.
En 1789, la paroisse devient une commune ; l'église reste ouverte au culte paroissial.
Au cours du 19e siècle, l'église est restaurée à différentes reprises. En 1865, la flèche du clocher est couverte de bardeaux. Vingt ans plus tard, en 1885, la couverture de l'église est restaurée (cf. annexe 1 consacrée à la restauration de l'église). Le 23 août de cette même année, le conseil municipal approuve le devis estimatif pour la construction d'une sacristie (détruite après 1985) ; elle est édifiée contre le mur sud de l'église et remplace un ancien bâtiment signalé sur le plan cadastral de 1829.
À la fin du 20e siècle, l'église bénéficie de nouveaux travaux de restauration. En 1984, la toiture en pierre de l'édifice est l'objet d'une réfection totale, menée sous la direction de Pierre Bonnard, architecte en chef des monuments historiques. Des sondages effectués en 1993 confirment la présence de peintures murales sous le badigeon blanc qui recouvre les murs. Le dégagement et la restauration de deux ensembles peints sont menés entre 2000 et 2004, sous la conduite de F. Jeanneau, architecte en chef des monuments historiques. Les vitraux sont également restaurés.
Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1976, l'église est classée au titre des monuments historiques en 1985.
Description
L'église est implantée au cœur du village. Le terrain qui la jouxte au sud présente une dénivellation d'environ 0,5 mètre consolidée par un mur de soutènement marquant la séparation entre la partie haute, à l'ouest, et la partie basse, à l'est. Les deux sarcophages déposés devant la façade occidentale, la dalle funéraire enterrée devant le mur sud, les couvercles de sarcophages qui recouvrent le muret délimitant le placis de l'église rappellent que l'édifice était, jusqu'au début du 19e siècle, entouré d'un cimetière.
De plan allongé, l'église est composée d'une nef unique à trois travées et d'un chevet, à travée droite et abside, plus étroit que la nef. Un petit clocher carré s'élève au-dessus de la dernière travée de la nef.
La simplicité du plan rejoint celle de la mise en œuvre. Les murs de la nef présente un appareil assisé allongé en moellons de calcaire équarris ; l'enduit partiellement conservé de la façade laisse apparaitre, à la base du mur et sur le pignon, un appareil mixte (pierre de taille et moellon de calcaire). Pour le chevet, les constructeurs ont utilisé la pierre de taille. Le parement en moyen appareil est dégradé sur la partie sud du chevet, où des reprises ont également bouleversé la régularité des assises. Les parties hautes des murs du chevet présentent aussi une maçonnerie perturbée : les assises ne sont pas rectilignes et les joints de lits sont plus épais. Elles sont couronnées d'une corniche moderne chanfreinée qui supporte les dalles en pierre fermant les avant-toits de la toiture du chevet.
Le matériau de couverture est la pierre plate, pour le chevet comme pour la nef, cette dernière étant couverte d'un toit à deux longs pans dont les débords sont également fermés par des pierres plates reposant sur les corniches chanfreinées des murs gouttereaux. Le faîte des toits est constitué de deux rangs des pierres dressées.
L'église ouvre à l'ouest par une façade à pignon sobrement animée d'un portail, dont le seuil est en contrebas par rapport au sol extérieur, et d'une étroite baie couverte en plein cintre qui éclaire le pignon. Le portail, entrée principale de l'église, est couvert d'une voussure en plein cintre composés de deux rouleaux, nus, et d'une archivolte ornée de deux bandeaux entrecroisés. Le rouleau externe retombe sur les deux colonnes des piédroits ; les deux chapiteaux portent un décor de palmettes renversées. Le rouleau interne est supporté par les alettes dont la pierre supérieure est ornée d'un masque sculpté sur les deux faces.
Le portail est le seul élément orné de la nef. Les murs gouttereaux, dépourvus d'éléments décorés, sont aussi sobrement construits l'un que l'autre mais présentent quelques disparités. Au nord, le mur est appuyé, au centre et à son extrémité ouest, de deux contreforts plats ; une étroite baie, murée aujourd'hui, éclairait la partie est du mur. Au sud, seule l'extrémité occidentale de l'élévation est confortée par un contrefort dont le glacis forme un ressaut ; le mur est éclairé, à l'ouest, d'une petite ouverture couverte d'un arc monolithe et, à l'est, d'une baie plus large couverte d'un arc segmentaire, ce tracé laissant supposer une reprise postérieure à la période romane.
La dernière travée de la nef, à l'est, supporte le clocher carré. Une porte rectangulaire, percée dans le mur extérieur sud, donne accès à la chambre des cloches. Trois baies carrées ouvrent au nord, au sud et à l'est. Le clocher est coiffé d'un toit à quatre pans en tuile plate.
Le chevet prolonge directement la nef. Plus étroit que celle-ci, il se compose d'une travée droite et d'une abside demi-circulaire. Deux épais contreforts à ressauts épaulent l'extrémité occidentale des murs de la travée droite. Au nord, le contrefort se raccorde à la maçonnerie de la nef ; il peut s'agir d'une reprise. L'abside est, quant à elle, appuyée de quatre contreforts plats dont le glacis se termine en larmier.
Trois baies inscrites dans une arcade en plein cintre éclairent l'une l'abside, les deux autres la travée droite ; les arcs retombent sur des colonnettes à chapiteau sculpté. L'élévation sud de l'abside est ajourée d'une quatrième fenêtre, une étroite ouverture couverte en plein cintre percée au nu du mur. À droite de cette baie, une maçonnerie en moellons condamne une ancienne porte. Le mur sud de la travée droite présente également une reprise, en pierres taillées, à droite de la baie ; elle correspond à une baie murée visible à l'intérieur. À gauche de la fenêtre, près du contrefort, une porte rectangulaire donne accès au chevet.
Le chevet est très peu orné. Un bandeau mouluré règne à hauteur d'imposte sur l'abside et la travée droite. Il s'interrompt temporairement au niveau de la petite baie sud de l'abside, qui présente des traces de reprise, et du contrefort ouest du mur nord de la travée ; il en subsiste quelques fragments sur le contrefort du mur sud de la travée droite.
Le décor sculpté est réservé aux trois baies à ressaut. Les chapiteaux des colonnettes flanquant la fenêtre nord portent un décor de feuilles plates à gauche et de simples volutes d'angle à droite. Les corbeilles de la baie d'axe sont agrémentées d'un décor géométrique : lignes ondulées, à gauche ; rang de godrons (?) surmonté d'un rang de motifs triangulaires puis de boules, à droite ; ce chapiteau peut être une réalisation postérieure à l'époque romane. La baie sud de la travée droite est plus ornée car, outre les chapiteaux, l'arc a été agrémenté de deux tores.
La porte occidentale donne accès à l'intérieur de l'église romane. La nef unique, à trois travées, est longue de 11 mètres et large de 6 mètres. Elle est couverte d'une voûte en berceau brisé soutenue par deux arcs doubleaux ; dans la troisième travée, un oculus, fermé par un plancher, communique avec le clocher. La voûte repose sur les murs gouttereaux qui ont été doublés d'une série de trois arcades brisées ; une imposte couronne les supports des arcs. Les arcatures sont confortées par des piliers engagés qui reçoivent les arcs doubleaux.
La nef est directement éclairée par la petite baie occidentale et les deux fenêtres du mur sud. À l'extrémité ouest de ce mur, la baie est ébrasée et ouvre au centre de la première arcade brisée. À l'extrémité est, la baie est décentrée par rapport à l'axe de la troisième arcade ; les piédroits ne sont pas ébrasés et l'appui est composé de quatre degrés.
Le chœur succède directement à la nef. Plus étroit que cette dernière, il est composé d'une travée droite et d'une abside. Une arcade à ressaut marque la transition entre les deux parties et le sol du sanctuaire est surélevé de deux marches.
La travée droite est couverte d'une voûte en berceau brisé reposant sur les murs. Elle est éclairée, au nord et au sud, par une baie à faible ébrasement et à appui à cinq degrés. À gauche de la baie sud, une troisième ouverture carrée, murée aujourd'hui, porte sur le tableau gauche un motif gravé évoquant un jeu de mérelle. Une porte rectangulaire ouvre également au sud.
Un retable classique sépare la travée droite et l'abside, à laquelle on accède par deux portes aménagées de chaque côté de l'autel ; devant la porte sud, une croix est gravée sur une dalle du sol. L'abside est couverte d'une voûte en cul-de-four et elle est éclairée de deux baies en plein cintre. Au sud, la fenêtre est très ébrasée. La baie d'axe, peu ébrasée, est flanquée de deux colonnettes à chapiteau sculpté. À gauche, deux oiseaux à tête humaine (sirène-oiseau à deux corps ?) sont affrontés et se détachent sur un fond à décor de nid d'abeille. À droite, la corbeille porte ce seul motif géométrique.
Le décor roman intérieur de l'église se résume à ces deux chapiteaux mais, lorsque l'on pénètre dans l'édifice, le regard est immédiatement attiré par les scènes peintes sur les murs puis par le retable monumental. Les peintures murales relèvent de deux campagnes. Au 13e siècle, les murs et les voûtes sont recouverts d'un décor monumental et historié auquel appartient l'imposant Christ en majesté qui occupe le cul-de-four de l'abside. Puis, à la fin du 15e siècle, l'église est dotée d'un nouvel ensemble peint où dominent les représentations de saints. Ces deux cycles sont décrits dans l'annexe 2 consacrée aux peintures murales.
Au début du 18e siècle, est posé le retable du chœur. En occultant l'abside, ce dernier modifie la perception intérieure de l'édifice roman. Installé à l'époque de la Contre Réforme, il magnifie l'autel tout en adaptant l'église à la liturgie du 18e siècle. À la même période, une litre funéraire aux armes de la famille Saint-Georges est peinte sur les parties hautes des murs.
Détail de la description
| Murs |
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|---|---|
| Toits |
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| Plans |
plan allongé |
| Étages |
1 vaisseau |
| Couvrements |
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| Couvertures |
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| Décors/Technique |
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| Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Armoiries : Écartelé : aux 1 et 4, d'argent à la croix de gueules, qui est de Saint-Georges ; aux 2 et 3, fascé, nébulé d'argent et de gueules, qui est de Rochechouart. |
Informations complémentaires
| Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
|---|---|
| Référence du dossier |
IA86007833 |
| Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine |
| Cadre d'étude |
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| Aire d'étude |
Civray |
| Phase |
étudié |
| Date d'enquête |
2010 |
| Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
| Citer ce contenu |
Église Saint-Léger, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/ffc76477-8472-4430-bf8c-781bce65a8af |
| Titre courant |
Église Saint-Léger |
|---|---|
| Dénomination |
église |
| Vocable |
saint Léger |
| Statut |
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|---|---|
| Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Champagné-le-Sec
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1829 A 489, 1985 A 347, 2010 AA 87