« Une vie, une usine » : Menuisier chez Tesserault
Hubert Daudin livre les souvenirs de ses deux années de travail en tant que menuisier à la fabrique de caravanes Tesserault, à Saint-Benoît (Vienne). De 1963 à 1965, il habille l'intérieur des caravanes de panneaux en bois.
Carnet du patrimoine
Publié le 25 juin 2013
# Vienne, Saint-Benoît
# Opération d'inventaire : Mémoires ouvrières en Poitou-Charentes
# Usine de construction mécanique
# 3e quart 20e siècle ; 4e quart 20e siècle
Paul Tesserault, le fondateur de cette entreprise familiale, est charron et carrossier. Dès 1942, il construit ses premières caravanes, en bois, puis en métal, dans son garage à Poitiers. En 1959, l'entreprise se développe et la nouvelle usine Tesserault est créée à Saint-Benoît, sur le site de Roc-Fer. Sa clientèle, composée essentiellement de forains au début, s'élargit lorsqu'il conçoit de petites caravanes légères et bon marché pour le tourisme de masse. L'effectif passe ainsi de 80 ouvriers en 1960, à 180 en 1964, pour une production annuelle de 800 caravanes. Tesserault se place alors comme le deuxième constructeur de caravanes en France. En 1969, l'usine est transférée à Grand-Pont (Chasseneuil-du-Poitou), faute de place à Saint-Benoît, jusqu'à sa fermeture en 1987. Hubert Daudin est ouvrier chez Tesserault durant cette période faste des années 1960 : il raconte la vie à l'usine.
C'est le bon patron qui fait le bon ouvrier, et vice-versa
Hubert Daudin reconnaît le paternalisme et la bienveillance de Monsieur Tesserault envers ses ouvriers et ses ouvrières (une dizaine de femmes travaillent à la couture et au nettoyage des caravanes), qui lui accordent en retour leur confiance. La revente de l'usine à un entrepreneur extérieur signe la fin des caravanes Tesserault, s'en suit la fermeture définitive de l'usine de Grand-Pont quelques années plus tard, et le licenciement de tous les salariés.
De la fête foraine au camping
Hubert Daudin garde des souvenirs très précis des forains, principaux clients de l'entreprise au début de sa carrière. Les premières caravanes, fabriquées pour les forains, sont massives et le plus souvent réalisées sur mesure. Elles sont bien différentes des modèles de tourisme qui feront la fortune de l'entreprise Tesserault : plus légers, plus petits, réalisés en série, avec plus ou moins d'options, comme les présentent les catalogues des années 1970.
Un menuisier au doublage des caravanes
Hubert Daudin revient sur le processus de fabrication des caravanes, et plus particulièrement sur les techniques de doublage : « Mes outils étaient surtout des outils portatifs, des outils à main, comme les scies sauteuses, les scies électriques. On avait une grosse presse hydraulique à chaud, pour faire les collages. À l'époque, on utilisait beaucoup de formica dans les meubles et dans le doublage. Donc on recevait les panneaux de contreplaqué grand format d'une usine de Châtellerault, et on faisait des collages de formica, contrebalancé, sur l'autre face, avec un matériau un peu moins cher que le formica qui s'appelait du polyrey. Ces éléments sont collés sous la presse hydraulique, à chaud, de façon à découper après les morceaux à utiliser ». Les chutes de formica étaient récupérées par les ouvriers, avec l'accord de Monsieur Tesserault, afin de réaliser des petits objets du quotidien. Un ouvrier a même pu construire une cuisine entière grâce à ces chutes. « On faisait beaucoup dans les restes de découpe, il y eu une époque où on faisait beaucoup de dessous de plat en formica. Et il y a eu l'époque des boîtes à pain ! Si vous aviez besoin de quelque chose, le patron tenait à le savoir. Il fallait demander l'autorisation, mais jamais il ne nous a fait payer ! ».
Hubert Daudin garde d'excellents souvenirs de l'entreprise qu'il se félicite d'avoir quittée avant le départ de Paul Tesserault, pour devenir menuisier à l'Université de Poitiers.
Remerciements à Hubert Daudin.
Auteurs : Stéphane Baillargeau et Camille Bodin – Service régional de l’inventaire du patrimoine culturel, mission de service civique « Mémoires ouvrières de Saint-Benoît », 2013.
Ressources documentaires
Dossier d'inventaire
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Usine d'Habillement, Usine de Construction Electronique (Usine de Perruques), Usine Hyvernat
DossierDossier d'oeuvre architecture
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Usine d'Habillement, Usine de Construction Electronique (Usine de Perruques), Usine Hyvernat
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Titre : Usine d'Habillement, Usine de Construction Electronique (Usine de Perruques), Usine Hyvernat
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Auteur de l'oeuvre : auteur inconnu
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Période : 2e quart 20e siècle , 3e quart 20e siècle
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Localisation : Vienne , Saint-Benoît , $result.adressePrincipale
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Date d'enquête : 1994
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Auteur du dossier : Moisdon Pascale
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Copyright : (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel
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Webdocumentaire
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Webdocumentaire : Le patrimoine industriel de Poitou-Charentes
Initialement publié en 2007, retrouvez le webdocumentaire consacré au patrimoine industriel de l'ex-région Poitou-Charentes. Mille usines identifiées en Poitou-Charentes témoignent de l’industrialisation du territoire, du 17e siècle à la fin du 20e. En partant de ces traces inscrites dans les paysages, plusieurs synthèses aident à mieux comprendre l’activité industrielle des siècles passés.