Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Le Grand Séminaire :

Les dates données par Dufourcet (L'Aquitaine historique et monumentale) pour l'achèvement du séminaire entre 1668 et 1671 sont erronées. D'après P. Lahargou, chanoine directeur de l'Institution Notre-Dame entre 1892 et 1913, l'évêque de Dax, Hugues de Bar, obtient l'autorisation d'établir un séminaire à Dax pour la formation du clergé diocésain par lettres patentes de Louis XIV en 1669. Cependant, l'impôt levé par l'évêque afin de constituer un fonds de travaux, suscite la violente révolte des dacquois (qui auraient confondu cet impôt avec la gabelle) : "Le peuple s'imaginant que c'était une ordonnance de l'intendant pour...gabelle, fit une sédition si grande que plusieurs ecclésiastiques y furent outragés, et il y en eut qui furent tellement battus qu'il en demeura sur place : ce qui l'obligea lui-même [l'évêque] de se réfugier dans une maison de campagne où il fut assiégé [château de Saint-Pandelon]."

Ainsi, seules les fondations des bâtiments sont réalisées à la fin de l'épiscopat d'Hugues de Bar, en 1672, sur le terrain situé au sud-est de l'église Saint-Vincent-de-Xaintes (collège actuel). L'évêque Philippe de Chaumont ne parvient pas à mener à bien le projet de son prédécesseur. Ce n'est qu'en 1699, lorsque la décision est prise de construire le séminaire à Saint-Esprit (près de Bayonne) que le chapitre s'insurge (AD Landes, E dépôt 88 BB 5 et 6). Les travaux reprennent à Dax en 1700, dirigés par le chanoine Darrieulat, et le séminaire aurait été achevé en 1706 d'après P. Lahargou. Cependant, sur le plan de Dax de 1725 conservé à Vincennes, aucun bâtiment n'apparaît dans cette zone située en face de l'église Saint-Vincent-de-Xaintes et désignée comme "jardin des pères Paulistes" (les Paulistes sont les Barnabites désignés pour diriger le séminaire en 1672). De nombreuses années s'écoulent avant l'arrivée des premiers séminaristes. Les lettres patentes de 1741 qui entérinent les statuts du séminaire précisent "qu'il n'a pu être encore mis en exercice." On ne connaît pas précisément la raison de ce retard. D'après Lahargou, il s'agit d'un manque de moyens pour l'ameublement et l'entretien mais aussi le conflit qui oppose l'évêque Suarez d'Aulan aux Barnabites (à tendance janséniste). Ces derniers sont écartés de la direction de l'établissement en 1738.

En 1768 est fondé un petit séminaire (pour les plus jeunes) dans des locaux contigus. À la veille de la Révolution, on compte environ 40 élèves au petit séminaire et 40 aux grand séminaire.

Fermé à la Révolution, un séminaire constitutionnel fonctionne de novembre 1791 à juillet 1793. Enfin, le Grand séminaire rouvre de 1814 à 1856.

Du collège ecclésiastique à l'Institution Notre-Dame :

En 1857, le Grand séminaire est transféré par l'évêque Mgr Lannéluc dans un nouveau bâtiment à Aire-sur-l'Adour, siège de l'Évêché. Les locaux dacquois accueillent alors le collège ecclésiastique, qui déménage de l'ancien couvent des Ursulines à cette même date (réf. IA40002235). S'agissant du seul établissement d'enseignement secondaire de la commune, le collège accueille de plus en plus d'élèves et doit s'agrandir. Une nouvelle aile est bâtie au sud-est en 1860. En 1864, une aile est construite symétriquement à la précédente (d'un plan en "U", le collège forme un plan en "H"). La chapelle est aménagée dans cette nouvelle aile, sur deux niveaux avec une abside à pans coupés. En 1880, un nouvel agrandissement prolonge les deux ailes des années 1860 de la même hauteur, de deux corps à un étage et d'un corps en rez-de-chaussée les reliant, formant une nouvelle cour. La chapelle se voit alors modifiée et réduite à une salle en rez-de-chaussée de plan rectangulaire. Un gymnase est également construit à cette période, au sud de l'ensemble.

Suite aux lois anticléricales des années 1880 interdisant notamment le nom de "collège" aux établissements religieux, le collège prend le nom d'Institution Notre-Dame.

Le Collège de jeunes filles :

D'après Jean Vergès, le cours secondaire de filles ouvre à Dax le 12 mai 1902 dans une salle de l'école du Tribunal (ancien couvent des Barnabites). D'après les archives municipales, il est créé par arrêté préfectoral du 24 octobre 1903 (AM Dax 11 M 16). En 1908, date de la municipalisation des cours secondaires, il se trouve au 6 rue des Barnabites (l'ancienne cour de récréation existe toujours à l'est de ce bâtiment, AM Dax 11 M 15). De 1908 à 1911, sous la direction de Melle Magnus, le nombre d'élèves passe de 47 à 104.

Suite à la loi de séparation des Églises et de l'Etat de 1905, l'établissement de l'Institution Notre-Dame est attribué à la ville (décret du 2 décembre 1910). Le conseil municipal transforme le cours secondaire en collège de jeunes filles par décret du 15 novembre 1912. Celui-ci prend place dans les locaux de l'ancien séminaire en 1913 après quelques travaux.

À partir de 1928 débutent d'importants travaux de restauration et d'agrandissement de l'établissement (d'après l'avant-projet dressé par l'architecte municipal Albert Pomade en 1922). En 1931, le collège compte 289 élèves. En 1932-1934 est réalisée la deuxième tranche des travaux qui comprend, côté nord-ouest, la démolition de certains bâtiment, le prolongement des deux ailes et la construction d'un corps central plus bas les reliant et formant une nouvelle cour intérieure.

Plusieurs autres campagnes de travaux de rénovations et agrandissement ont lieu dans des années 1940 aux années 1970 (AM Dax 17-20), si bien que le Plan d'occupation des sols historique et archéologique d'Aquitaine indique en 1986 que "l'ensemble ne paraît pas conserver d'éléments antérieurs au 19e siècle."

Le Collège Léonce-Dussarrat :

Jugé trop vétuste pour être réhabilité, l'ensemble est totalement détruit en 1993 pour laisser place à une construction nouvelle : le collège Léonce-Dussarrat. À l'emplacement de l'ancien séminaire se trouvent aujourd'hui les terrains de sport. Seule demeure la porte d'entrée du séminaire, déposée et remontée à l'intérieur du collège.