Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Mention : p. 344

ISBD/Commentaire :

PINARD, Jacques. Les industries du Poitou et des Charentes : Étude de l'industrialisation d'un milieu rural et de ses villes. Poitiers : S. F. I. L., 1972.

Fabrication des fûts

En 1985, Jacques Garnier a créé quatre ateliers de fente, dont un à La Souterraine (Creuse), un à Saint-Yrieix-La-Perche (Haute-Vienne) pour le bois du Limousin, un à Neuilly-Le-Réal (Allier) pour les bois de la forêt de Tronçais. A ces ateliers, il fournissait les grumes de chêne qui y étaient fendues pour la préparation des douelles.

Ces douelles pré-taillées, qui arrivent à Salignac-sur-Charente, sont installées sur des palettes et laissées à l'air libre pendant environ 3 ans de façon à ce que le bois soit bien sec. Elles sont ensuite écourtées, passées à la doleuse pour être arrondies, puis cintrées ou « appointées » sur une jointeuse. Le côté étant taillé en biais pour le jointage. Le fût est ensuite calibré, c'est-à-dire qu'il est appareillé pour la dimension désirée sur une sorte de table métrée. L'étape suivante est celle du montage de la robe sur un cercle. Les cercles, autrefois en bois, sont actuellement en métal galvanisé, fabriqués dans des tréfileries du nord et de l'est de la France, et en Allemagne. Les cercles en bois, qui étaient liés avec de l'osier, avaient comme inconvénient majeur de nécessiter un entretien fréquent pour cause d'usure. La robe du fût est ensuite serrée, puis chauffée au feu de bois de chêne (déchets de l'usine), qui a comme intérêt de développer les saveurs du bois. Ce chauffage, qui a pour but de roussir l'intérieur du fût et de cintrer les douelles en les ajustant à l'aide des cercles, dure 9 mn et fait appel au savoir-faire du tonnelier, qui évalue la température, fait tourner le fût et le renverse de manière à ce que le chauffage soit uniforme. Le fût passe ensuite dans une presse qui le calibre en réajustant les cercles. Il est par la suite poncé sur un tour. Les parties inférieures et supérieures sont « rognées », c'est-à-dire taillées en forme de chanfrein avec une gorge ou « jable » dans laquelle est engagé le fond. Celui-ci est formé de planchettes de bois maintenues entre elles par des goujons ; l'étanchéité étant assurée par du jonc fendu en deux formant joint entre deux planches. Chaque fût passe au test de l'étanchéité ou « échaudage », qui consiste à verser de l'eau chaude à une pression de 300 g pour constater les éventuelles fuites ; si tel est le cas, les pièces défectueuses sont changées.

Les ouvriers de l'entreprise n'ont pas de poste fixe ; ils passent à tous les postes de travail en y restant une semaine, de manière à faciliter l'organisation du travail. Chacun conserve donc le savoir-faire de l'ensemble des étapes de fabrication d'un tonneau et reste un véritable « tonnelier ». Environ 4 heures sont nécessaires pour la fabrication d'un fût de 400 litres.

On ne fabrique actuellement plus de foudres ou de tonneaux dans cette entreprise, mais des fûts destinés au vieillissement du cognac ou du vin. Ceux (environ 40 %) destinés au cognac sont vendus dans la région, les autres (60 %) sont expédiés dans le monde entier. Les foudres et les tonneaux sont fabriquée dans l'entreprise TARANSAUD à Merpins, qui fait partie de la même société.