0 avis
Présentation de la commune de Saint-Martin-de-Bernegoue
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Saint-Martin-de-Bernegoue
Historique
La première mention de la paroisse remonte à 1244 dans les livres de comptes d'Alphonse de Poitiers sous le nom de Bernagoies. Etymologiquement il provient du germain Berg signifiant une hauteur. L'orthographe de Bernegoue a évolué : écrit "Bernagoy" en 1280 dans le Grand Gauthier, puis "Bernagouhé" vers 1475 , et enfin Bernagoüe en 1555. Sur la carte de la province du Poitou réalisée par Rogier Pierre à la fin du 16e siècle ou au début 17e siècle, il est orthographié "Bernigone". C'est à partir de la première moitié du 17e siècle que la mention de Saint-Martin est associée à Bernegoue. La première fois c'est par Pierre de Voyon, en 1611, dans un aveu, puis en 1648, dans le Pouillé du diocèse de Poitiers. Cependant, dans le Pouillé de 1782, il s'agit de Sainte-Marie-Madeleine-de-Bernegoue. C'est à la Révolution française que la mention de Saint-Martin-de-Bernegoue s'impose bien que Bernegoue reste très présent dans les documents administratifs, parfois orthographié Bernegoux.
Une occupation ancienne
En 1968, lors de l'agrandissement d'une mare, cinq monnaies romaines ont été découvertes au lieu-dit Château Gaillard situé au carrefour des routes de Brûlain et de Prahecq. La pièce, la mieux conservée est à l’effigie de Faustine Mère dite Diva Faustina, femme de l’empereur Antonin qui a vécu entre 104 et 141 de notre ère. Une seconde représente Antonin Le Pieux, empereur de 138 et 161, la troisième porte la figure de Faustine Jeune (158 et 217) épouse de Marc-Aurèle, la quatrième, celle de Julia Domna (158-217) seconde épouse de Septime Sévère. La dernière pièce de monnaie, très abîmée, n'a pas pu être identifiée, elle semble toutefois dater du 1er siècle de notre ère. De plus, un fragment de céramique a été retrouvé sur le même site, elle proviendrait d'un vase de forme Dragendorff 16, fabriqué à Montans au cours du 1er siècle.
Par ailleurs, près de Loignon, en direction de Fors, se trouve un monticule dit le Signal, qui pourrait dater de la conquête romaine.
La seigneurie de Bernegoue
La seigneurie de Bernegoue fait partie de l'élection de Niort, du siège royal de Niort et de la généralité de Poitiers. En 1685, elle est détachée de la châtellenie de Chizé pour être réunie au marquisat de Fors. Elle s'étend sur toute la paroisse. Le château féodal était situé à l’actuel Logis d’en Bas.
Le premier seigneur de Bernegoue connu est Jean Guischard d'Appelvoisin ou Aubert de Poilevoisin, les sources ne s'accordent pas sur le nom exact. Il est mentionné en 1244, suite à une erreur, les terres et les droits féodaux de ce seigneur sont confisqués par Louis IX, le roi de France ayant cru qu'il avait soutenu Hugues de Lusignan contre son frère Alphonse, comte de Poitou. L'ensemble lui est restitué. La seigneurie semble donc plus ancienne mais aucune mention n'a été trouvée.
En 1450, la famille Guischard vend la seigneurie à Antoine de Maintrolles. Ce dernier la cède, en 1486, à Denis Pignon de Niort et à Pierrette Orgeuse, sa femme, qui y résident jusqu’à leur décès. En 1509, la seigneurie devient propriété de Georges Danguen qui la lègue à son neveu Jean Guischard VI gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Dans un aveu datant du 3 mars 1562, Jean Guischard VI, indique que la seigneurie de Bernegoue possède un droit d'usage sur la forêt de Chizé consistant au "droit de prendre tout le bois nécessaire pour bâtir et réparer sa maison, de clore ses terres d'épines et autres petits bois pris dans la forêt et de prendre tout le bois mort et sec et racine qu'il voulait". Au moment des guerres de religion Jean Guishard qui n’a pas embrassé la religion protestante et contraint de la vendre. Vers 1600, elle appartient à Pierre de Voyon écuyer. A partir de cette date la seigneurie est mentionnée dans un aveu comme « chastel, maison noble avec servitudes et terres ». Le 23 juin 1611, Pierre de Voyon est seigneur de Bernegoue et de St Martin. 1612, il vend la partie de la seigneurie sise à Saint-Martin à Pierre de Juyé de Poitiers et celle de Bernegoue à Mathurin de Maintrolle qui ne les garde pas très longtemps et s’en sépare en 1628 au bénéfice de Philippe Gaugain, écuyer, seigneur de Bernegoue, conseiller du roi en l’élection de Niort en 1627, maire et capitaine. Ce dernier lègue sa propriété à son petit-fils, Philippe, écuyer, seigneur de Bernegoue en 1668, maire et capitaine de la ville de Niort en 1666 et échevin en 1673. En 1700, Monseigneur de Saverne est le nouveau propriétaire de ces seigneuries. En 1745, il vend la seigneurie de Bernegoue à la Veuve Maboul, marquise de Fors. A la Révolution, le logis de Bernegoue est acheté par Michel Bourgleau et Françoise de Villeret. Cette seigneurie possédait deux fermes qui ont été détruites en 1889 : l'Aubinerie et la Voûte.
La seigneurie possède également des droits sur la foire qui a lieu chaque année. Elle fut autorisée par Alphonse Comte de Poitou au 13e siècle à Jean Guischard, seigneur de Berengoue. Elle se déroule le 22 juillet, jour de la sainte Marie-Madeleine sainte patronne de la paroisse, jusqu’à la Révolution française. On y trouvait bœufs, mulets, mules, moutons, vin, froment, baillarge, chanvre et lin. Par ailleurs, on apprend par Pierre de Voyon en 1611, que la seigneurie de Bernegoue possède un four banal, un droit de chasse, d’amande, un pressoir banal.
L'impact des guerres de Religion et le patrimoine religieux
A partir de 1534, le mouvement réformiste se développe dans la région. En 1567, la lutte entre catholique et protestants est au plus fort, les forces calvinistes de l'amiral de Coligny envahissent Saint-Maixent et Niort, et s'emparent d'une partie du bas Poitou. En 1568, l'église de la paroisse de Bernegoue est entièrement détruite, ainsi que le presbytère, longtemps il ne restera que le puits. D'après plusieurs historiens, elle était située dans l'enceinte du château. La chapelle de Brisson dans le village de Berry est également détruite au même moment, seul le chevet de la chapelle Saint-Martin est épargné. Elle devient par la suite l'église paroissiale. Jean Guischard, seigneur de Bernegoue, n'a pas voulu embrasser la religion réformée, les biens ecclésiastiques relevant de sa seigneurie lui sont donc confisqués par les confédérés protestants suite à l'ordonnance du 29 janvier 1569 signée par Jeanne d'Albert, Henri de Navarre, Louis de Bourbon, Gaspart et François de Coligny. Manquant d'argent lors de la troisième guerre de religion, les chefs protestants décident de vendre ces biens à savoir principalement constitués par le prieuré de la Vieille-Chaize, comprennent les terres sises à Bourgeon, les Cosses et Fontclairouin.
Il faudra quelques décennies pour que la paix revienne. Progressivement, le village s'est reconstitué autour de l'ancienne chapelle Saint-Martin, devenue l'église paroissiale. La paroisse Saint-Martin-Sainte-Marie-Madeleine dépend du diocèse de Poitiers et de l'archiprêtré de Melle jusqu'en 1802, puis, suite au concordat, à l'archiprêtré de Notre-Dame de Niort.
Une communauté protestante est toujours présente au 19e siècle. Le recensement de la population de 1851 fait mention de 10 habitants de confession calviniste contre 472 catholiques. Toutefois, aucun cimetière privé protestant n’a été repéré sur la commune. En 1902, une mission de trois semaines a lieu à Saint-Martin-de-Bernegoue, une croix de mission en bois mesurant 9 mètres est érigée sur la route de Saint-Martin-de-Bernegoue à Prahecq, vraisemblablement près du lieu-dit le Peu, cependant, elle tombe en 1913. En 1938, une croix est élevée dans le bourg de Saint-Martin par l'abbé Demellier pour remplacer une précédente croix détruite à la Révolution française.
Une commune tournée vers l'agriculture
L'élevage
Dès le Moyen-Âge, l'élevage est une activité agricole importante dans la commune. Il est fait mention de la présence de chevaux, mulets, bœufs et de moutons. Ces élevages sont principalement localisés dans les prairies situées au nord de la commune. Au 18e siècle, le haras de Bernegoue, sis à la Fosse est l'un des plus renommé du Poitou, il est vendu à la Révolution française.
Au 19e siècle, l’élevage reste diversifié. En 1873 sur la commune on recense 80 juments, poulains et mulets, 159 bœufs et vaches, 250 moutons, 91 cochons et 35 chèvres. Au 20e siècle, favorisé par l'installation deux laiteries coopératives dans le canton, l'une à Prahecq, la seconde à Vouillé, l’élevage va se rationaliser autour des espèces bovines et porcines. En 1902, on compte à Saint-Martin-de-Bernegoue 41 chevaux, 71 bœufs, 110 vaches laitières, 140 porcs et 80 brebis. De 1892 à 1990 le lait est collecté par la laiterie coopérative de Prahecq. Cette laiterie développe également une coopérative avicole et une porcherie annexe. L'abbé Demellier, écrit dans les années 1930, que l'élevage des porcs est largement pratiqué ainsi que l'élevage des chevaux, des mulets et des bœufs de race gâtinaise et quelques rares moutons.
La viticulture
L'activité viticole semble ancienne sur la commune. Au début du 17e siècle, la seigneurie de Bernegoue possède un pressoir banal. Les éléments témoignant du passé viticole sont rares. Un chai du 1er quart du 17e siècle est présent dans le hameau de Fontclairouin. Une loge entourée de vigne figure sur le cadastre par masse de culture de 1805, mais elle n'y apparaît plus sur le cadastre napoléonien de 1834. Les vignes sont principalement localisées au sud-ouest de la commune. D'après les matrices cadastrales, il y a 229 hectares de vigne en 1834, soit 13% des surfaces cultivées de la commune. Celle-ci va se développer au cours du 19e siècle jusqu'à atteindre 444 hectares en 1882. La production est principalement tournée vers le vin blanc nommé Folle Blanche, servant à l’élaboration d’eaux-de-vie et cognac. Suite à la crise du phylloxéra, le vignoble périclite. En 1892, il reste 3 hectares de vigne de 4 ans ou plus, ainsi que 4 hectares de vigne jeune de moins de 4 ans. La production se maintient. En 1927, la production viticole compte 34 hectares de vignes et 5 hectares de vignes pas encore productives. Toutefois, dans le rapport des statistiques agricoles de cette année, il est mentionné qu'il y eu un "très mauvais rendement en vin".
Les cultures
En 1834, près de la moitié des terres était destinée à la culture céréalière 779 hectares. Aux 19e et 20e siècles, les principales cultures sont le blé (le froment) et l’avoine. En plus de ces cultures majoritaires, le chanvre était également cultivé sur une faible surface (3 hectares en 1882), plusieurs familles de tisserand ont été recensées sur la commune, la présence de multiples mares semble également favoriser cette activité Elles s'expliquent par la présence de nappes phréatiques peu profonde et la présence de nombreuses sources, comme la fontaine de Fonclairouin connue depuis le Moyen Âge pour ses vertus thérapeutiques.. Il faut noter également la présence de trois moulins à vent : Le Vieux Moulin, Le Moulin de Bernegoue et le Moulin des Cosses. Ils ne semblent pas avoir tournés en même temps. Dans l'état d'élection de Niort réalisé en 1716 et 1744 mentionne seulement un moulin à Bernegoüe. Alors que deux moulins banaux relèvent de la seigneurie de Bernegoue lors de la vente de celle-ci en 1793. L'inventaire des moulins à Farine des Deux-Sèvres réalisé en 1809 révèle que deux moulins sont en activité au début du 19e siècle et que leur pierre meulière proviennent de Saint Cyr ou de L'Hermenault en Vendée. Cependant, ils ne tournent qu'un tiers de l'année et peuvent produire jusqu'à 200 kg de farine par jour. N'ayant pas une production suffisante, ces moulins vont cesser de tourner au milieu du 20e siècle faute de rentabilité.
Le Vieux Moulin vraisemblablement détruit à la Révolution devait être situé au nord de la commune en direction de Niort. Il dépendait de la seigneurie de Seneuil. Détaché de la Seigneurie de Bernegoue au milieu de 16e siècle, il est cité dans un acte de 1735 de séparation de terre autour du moulin. A la Révolution, le domaine est vendu à Jacques Simonnet. Détruit, il a donné le nom à une rue : rue du Vieux moulin.
Le moulin de Bernegoue figure sur le cadastre napoléonien de 1834, il était établi au sud-ouest du village de Bernegoue. D’après les matrices cadastrales, il est dans un état de ruine en 1858. Cependant, le recensement de la population fait état d’un meunier habitant à Bernegoue entre 1876 et 1891.
Le moulin des Cosses, est mentionné dans les biens relevant de la seigneurie de Bernegoue. La mention la plus ancienne date de 1672. D’après les matrices cadastrales, il a été démoli en 1869. Après cette date, il n’y a plus de mention de meunier aux Cosses. Les vestiges du moulin sont toujours visibles.
Les édifices communaux
Au 19e siècle, la commune s’équipe de bâtiments communaux, mais elle est contrainte par des budgets limités. L’entretien de l’église paroissiale et la construction d’un presbytère affaiblissent le budget communal. A partir de 1831, la commune loue une maison pour servir d'école, celle-ci change à quatre reprises jusqu'à l’acquisition d'une maison en 1859 située à la sortie du village. Cette acquisition est soutenue par le ministère de l'instruction publique et des cultes qui accorde à la commune un secours de 1500 francs pour réaliser ce projet. Les travaux de restauration sont effectués par l'architecte Désiré Bontemps. La mairie-école est inaugurée en 1887. Un foyer rural est construit, sur le terrain adjacent à la mairie-école, à la fin des années 1950 avec la contribution des habitants. Il a servi de cinéma, le projecteur est aujourd’hui conservé à la mairie.
La construction d’un château d’eau est approuvée par le conseil municipal le 19 août 1934. Son édification répond à un besoin capital. En effet, malgré la présence importante de l'eau et de nombreuses mares, l'abbé Demellier, écrit en 1936 que les terres sont sèches dès le mois de mai et les puits prennent alors toute leur importance bien qu'ls peuvent être à sec pendant une partie de l'été. Par ailleurs, le sous-sol argileux au nord de la commune ne permet pas de filtrer l’eau convenablement, pouvant la rendre impropre à la consommation. Ce phénomène est à l’origine de plusieurs épidémies relatées au début du 20e siècle. Le château d'eau, ayant perdu son utilité depuis, a été détruit dans les années 2010.
La population
En 1716, la population était d'environ 300 habitants et en 1790 de 418 habitants. Entre 1800 et les années 1970, elle fluctue entre 390 habitants et 514 habitants. Elle connaît une augmentation à partir des années 1970-1980 en raison de la construction de nouveaux pavillons, principalement autour de l'ancien village de Bernegoue.
Description
La commune de Saint-Martin-de-Bernegoue est située à environ 14 km à l'est de Niort, sur la plaine de Niort. Elle est entourée au nord par la commune de Prahecq, à l'est par celle de Brûlain, au sud par Saint-Romans-des-Champs et Juscorps et à l'ouest par Fors.
Sa superficie est de de 1 775 hectares et son. L'altitude varie entre 28 mètres et 88 mètres. Le sous-sol s'est constitué au Jurassique et s'est formé au cours de la deuxième période de l'ère secondaire. Aujourd'hui, on trouve dans le bâti, de nombreuses ammonites : fossile caractéristique de cette période.
Au nord-ouest du territoire communal se trouve une bande bocagère, où de nombreuses sources sont présentes notamment celles de la Courance et du Marmais, elles alimentent des rus se jetant dans la Guirande. La source près du hameau de Fonclairouin est connue depuis le Moyen Âge pour ses vertus thérapeutiques. Tandis qu'au sud-est se développe une vaste plaine légèrement vallonnée. La route départementale 104 fait le lien entre ces deux zones. Elle traverse la commune et donne accès à la majorité des hameaux et relie les communes d'Aiffres et Brûlain. L'habitat est construit en haut d'un léger coteau. Il est regroupé entre le village de Saint-Martin, l'ancien village de Bernegoue qui a absorbé des écarts limitrophes : La Fontaine, le portail Rouge, la Fosse et Berry. On y trouve également les hameaux situés sur la plaine : Fonclairouin, Bourgeon, L'Oignon et Maison Neuve, ainsi que des fermes isolées : Les Cosses, La fontaine, La Mellerie et L'Arcande.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'aire d'étude, aire d'étude |
---|---|
Référence du dossier |
IA79009903 |
Dossier réalisé par |
Chemin Mathilde
Chargée de mission, Communauté d'agglomération du Niortais de 2018 à 2024 |
Cadre d'étude |
|
Date d'enquête |
2020 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Niort Agglo |
Partenaires |
![]() |
Citer ce contenu |
Présentation de la commune de Saint-Martin-de-Bernegoue, Dossier réalisé par Chemin Mathilde, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Niort Agglo, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/133509b7-24c4-4b83-9363-991e8bda4c36 |
Titre courant |
Présentation de la commune de Saint-Martin-de-Bernegoue |
---|