Présentation de la commune de Saint-Yzans de Médoc

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Yzans-de-Médoc

Selon Didier Coquillas, la découverte de haches polies et de silex sur les sites du Bois-Carré, de la Hourqueyre, de Queyzans, témoigne d'une implantation humaine dans le secteur dès le néolithique. Les toponymes Grand Peyre ou Bois du Roc pourraient évoquer d'anciens mégalithes disparus.

Les fouilles menées de 1969 à 1985 sur le site du Bois-Carré ont mis au jour les vestiges d'une villa. Un premier établissement daterait du dernier quart du Ier siècle avant J.C., remplacé à la fin du Ier siècle après J.C. par un autre établissement plus grand, dont les fondations ont été en partie dégagées. La partie nord de la villa est équipée de fours et de deux salles sur hypocaustes avec tubulures. Des sols de mortier, des enduits peints et des décors de mosaïque ont été retrouvés. De nombreux éléments de céramique ont également été prélevés. L'occupation du site est attestée jusqu’à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle ap. J.C.

D'autres sites installés sur les quelques hauteurs qui dominaient les zones de marais datent peut-être également de cette période, à Loudenne et à Mazails, notamment.

Lors de travaux d'adduction d'eau réalisés devant l'église en 1967, quatre sarcophages mérovingiens ont été retrouvés (et détruits), indiquant peut-être la présence d'une nécropole au Haut Moyen Âge. Un peu plus tard, l'église-prieuré de Saint-Yzans dépend de l'abbaye de l'Isle à Ordonnac. L'abbé Baurein ne fournit que peu d'éléments sur la paroisse ; quant à Léo Drouyn, qui a visité l'église avant sa complète reconstruction dans la 2e moitié du 19e siècle, il évoque un édifice du 15e siècle.

Au Moyen Âge, le territoire est doté de plusieurs sites fortifiés : le château de Loudenne dépendait de la seigneurie de Castillon ; son implantation sur un îlot en bord d'estuaire constituait sans doute un élément défensif associé à la forteresse de Castillon. L'actuelle demeure date probablement du 17e siècle, remaniée aux 18e et 19e siècles. La maison noble de Sigognac dépendait également de la seigneurie de Castillon ; elle est attestée dès la fin du 13e siècle. Selon Didier Coquillas, "d'imposantes structures visibles dans les bois de Sigognac laissent envisager une maison forte : fondations de mur d'enceinte avec plusieurs tours d'angle. Un tertre, voisin de ces structures, interprété comme un tumulus pourrait bien être les restes d'une motte médiévale antérieure". La demeure de Sigognac date probablement du 18e siècle, remaniée aux siècles suivants.

La carte de Masse qui représente le territoire au début du 18e siècle figure au sud les marais de Cadourne desséchés qui entourent le monticule de Loudenne en bord 'estuaire : ils sont traversés par deux grands fossés avec digues, dont la digue de l'Herbe qui constitue la limite avec la commune voisine d'Ordonnac. Au nord, une vaste zone de marais est accessible par deux chemins, reliant le bourg de Saint-Yzans et le hameau de Queyzans aux rives de l'estuaire. On note la présence de plusieurs îlots qui émergent de ce secteur en grande partie inondé, tantôt cultivés, tantôt habités : bourg de Saint-Yzans, hameau de Queyzans, enclos de Sigognac. Un chenal/fossé sépare nettement les deux zones de marais de la commune, desséchés au sud, et inondés au nord : il aboutit à l'estuaire au lieu-dit le Mait, où un bâtiment est édifié, comme le montre la carte de Belleyme dans la seconde moitié du 18e siècle.

Un chemin borde les rives de l'estuaire et relie le port de la Maréchale au sud, à la forteresse de Castillon au nord.

Les cartes de Desmarais (1759) et de Belleyme (1763-1764) témoignent de la culture de la vigne sur les buttes de Loudenne et de Mazails, à l'ouest du bourg de Saint-Yzans et dans l'enclos de Sigognac.

En 1850, dans la première édition de l'ouvrage de Charles Cocks, Bordeaux et ses vins, la commune de Saint-Yzans est mentionnée comme produisant 900 tonneaux de vin et comptant 600 habitants. Les châteaux Loudenne et Sigognac sont les plus importants producteurs de la commune avec respectivement 150 et 200 tonneaux.

La commune ne dispose pas de port et les habitants fréquentent celui de la commune voisine de Saint-Seurin-de-Cadourne, à la Maréchale. En 1852, un chenal est aménagé afin de dessécher les marais des communaux de Queyzans. Les travaux sont conduits par Gilbert Saugue, entrepreneur de travaux publics à Saint-Christoly-Médoc. La commune prévoit l'installation d'un port sur ce chenal. Le port de Lamena est établi en 1862, et un chemin de grande communication le relie au bourg de Saint-Yzans.

La population de la commune a augmenté au cours de la 2e moitié du 19e siècle, passant de 600 habitants en 1850 à 731 en 1898. On note une diminution au début du 20e siècle, avec 664 habitants en 1922. Aujourd'hui, la commune compte 392 habitant (recensement de 2014).

L'inventaire du patrimoine de la commune a donné lieu à la réalisation de 114 dossiers documentaires. Parmi les éléments étudiés, 32 ont été sélectionnés pour leur intérêt historique et/ou architectural et 76 ont été repérés. Des dossiers de synthèse ont également été réalisés sur des familles d'édifices : les demeures, les maisons et les fermes, les chais et les cuviers, les moulins, les croix.

La commune est située en Bas-Médoc, entre les communes de Saint-Seurin-de-Cadourne au sud et Saint-Christoly-Médoc au nord. A l'ouest, elle est limitrophe des communes de Couquèques, Blaignan et Ordonnac ; à l'est, elle est bordée par l'estuaire de la Gironde.

Le chenal de la Maréchale, avec la digue de l'Herbe, forme la limite sud ; au nord, c'est le chenal de Castillon qui constitue la frontière avec Saint-Christoly.

Le territoire de la commune s'étend sur une superficie de 11,54 km2 et se compose de terres basses de marais, exploitées pour l'élevage et la culture de céréales. De ces zones émergent des îlots plantés en vigne, à Loudenne et Mazails notamment. La vigne s'est développée également en retrait de l'estuaire, au nord et au nord-ouest du village.

La commune est traversée du sud au nord par la route départementale D. 2 qui relie Saint-Seurin-de-Cadourne à Saint-Christoly-Médoc. La départementale 4 joint le port de Lamena au village et se dirige à l'ouest vers Potensac et Ordonnac. Au nord, la départementale 103 rejoint Couquèques.

L'habitat se concentre dans le village et dans le hameau de Queyzans. Les châteaux de Loudenne et de Sigognac sont deux propriétés viticoles emblématiques de la commune.

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...