Port dit le grand port d'Arçais
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Arçais
Historique
Un port contrôlé par les seigneurs d'Arçais au Moyen Age
Le port d'Arçais est mentionné pour la première fois le 29 novembre 1263 lorsque Jean de Coussai, chanoine de l'église Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers, donne par testament à celle-ci les deux parts qu’il possède dans la rente sur les revenus du port. En 1337, Guillaume Barrabin, seigneur d'Arçais, mentionne le revenu des amendes prélevées au port dans son aveu rendu au chapitre de Saint-Hilaire. Le 20 janvier 1408, un acte d'acquisition d'un "hébergement" à Arçais par Huguet de Charay auprès de Pierre Martinet, mentionne le "chemin par où l'on va au port". Tout au long des 16e, 17e et 18e siècles, les différents documents liés à la seigneurie d'Arçais et à ses dépendances mentionnent le grand port, le chemin qui y descend, le bouchaud ou pêcherie, dépendance du seigneur, qui s'y trouve, et la métairie liée au château, bordant le port au sud (actuels 13, 15, 17 et 19 rue du Grand port). Le seigneur d'Arçais détient aussi le "droit de port et de péage de ce qui sort entre et sort dudit port", comme l'explique par exemple une confrontation des biens de la seigneurie en 1662. Il en est aussi question dans un aveu rendu au roi par Tristan Goullard d'Arsay le 18 mai 1556.
Jusqu'à la seconde moitié du 19e siècle, il s'agissait d'un site sans véritable aménagement, à la jonction entre les terres hautes, le bourg et le château, d'une part ; le bief Minet et le bief de la Taillée, reliant le tout à la Sèvre Niortaise, d'autre part. La carte de la région par Claude Masse en 1720 situe Arçais "où il y a un port". Le plan cadastral de 1829 place aussi le "grand port", aux contours informes, dont l'eau avance alors jusqu'au pied des bâtiments actuels, au sud. Ce port est directement relié à un autre, le "port à Bertrand", alors situé sur le côté et en arrière de l'actuel 21 rue du Grand port (restaurant), où circule encore une conche qui aboutit dans le grand port. A l'est, le port est déjà bordé de bâtiments en contrebas du Logis d'Arçais. Un bail à ferme de celui-ci, en 1793, mentionne notamment "le grand grenier sur le port, au-dessus du magasin à fer" que se réserve le bailleur.
Un port aménagé au 19e siècle, modernisé au 20e
Divers aménagements sont réalisés au cours du 19e siècle sur le port et ses abords. Le 6 juillet 1844, la commune passe un marché avec Alexis Boineau, entrepreneur à Irleau, pour approfondir le port et aménager des lavoirs. En 1845, elle fait approfondir une conche aboutissant au port pour y établir un lavoir public. En 1850, on projette de construire une passerelle de halage le long du bief de la Taillée, à son croisement avec la broue d'Arçais.
Le 18 octobre 1862, la commune charge en urgence Alphonse Mercier, entrepreneur à Mauzé-sur-le-Mignon, déjà présent à Arçais pour des travaux à l'église, de construire un mur de quai de 46 mètres de long sur le côté est du port, avec création de deux escaliers en pierre de taille pour faciliter l'accostage des bateaux plats, surtout à la saison sèche. Le reste du port sera maintenu en abreuvoir et dépôt. Or, ces travaux décidés en urgence sont dénoncés par des habitants qui, le 28 avril 1863, adressent une pétition au préfet. Ils indiquent d'abord qu'à la suite de travaux de curage du bief de la Garenne, des déblais encombraient le port et en rendent l'accès et l'usage difficiles. Sans remettre en cause les travaux ordonnés par la commune, ils dénoncent la manière dont ils ont été effectivement réalisés : selon eux, plutôt qu'un véritable quai, c'est un mur de soutènement qui a été réalisé, qui plus est trop haut pour les bateaux plats, avec deux escaliers trop étroits. Les pétitionnaires demandent des réparations urgentes car la saison des récoltes arrive et, selon eux, le port est inutilisable. Ils réclament un arasement du mur de quai, la création à ses extrémités de cales en pente douce, notamment à son extrémité nord où cette cale pourra servir à la fois aux habitants et d'abreuvoir pour les animaux. Le conseil municipal du 26 décembre suivant adopte un autre projet conçu par le conducteur G. Pelloquin et qui prévoit entre autres l'empierrement d'un abreuvoir.
A la même époque, Philippe-Auguste Ducrocq, propriétaire du Logis d'Arçais qui surplombe le port, aménage dans le soubassement de sa propriété une série de magasins. Il ne s'agit pas d'entrepôts servant au stockage de marchandises échangées sur le port, mais de locaux que M. Ducrocq loue aux bateliers pour y déposer leur matériel. Concernant toujours les abords du port, en 1879, Alfred Cayer, serrurier à Niort, construit un pont à tablier métallique sur la broue d'Arçais à Saint-Hilaire qui débouche dans le port, à l'ouest.
Le 5 novembre 1893, le conseil municipal adopte de nouveaux travaux au grand port, avec empierrement, terrassement et maçonnerie des quais, en profitant du fait que le bief de la Garenne a été asséché pour être curé. Le 23 juin 1906 encore, le conseil municipal approuve un projet de restauration du port, tandis que le bief de la Taillée va être prochainement mis à sec. Le projet, conçu par le conducteur Denizeau, comprend la réparation du mur de quai est et la reconstruction de la cale-abreuvoir, d'une pente jugée trop forte. Les travaux sont adjugés le 5 novembre à François Métayer, entrepreneur à Arçais.
Dans les années 1980, le grand port d'Arçais fait partie des sites retenus dans le Marais poitevin pour bénéficier du programme des Grands travaux du Président de la République. Présidé par Ségolène Royal, le Syndicat des Grands travaux encadre ce programme qui concerne, entre autres, la réhabilitation de ports, de lavoirs, de fontaines, le tout pour relancer l'économie et le tourisme dans le Marais. Bernard Wagon, architecte à La Rochelle, supervise les opérations. Le 4 février 1992, François Mitterrand vient poser la première pierre des travaux de réaménagement du grand port d'Arçais. Aujourd'hui, le port est le point de départ de promenades en barque à partir d'un embarcadère.
Description
Le grand port est situé à l'entrée nord du bourg, au pied de la hauteur sur laquelle s'est développée le bourg. La rue du Grand port le longe au sud : elle le relie au sud-est, en montée, au bourg, et file au nord-ouest vers la route de Damvix. Aboutissent également au port la rue de l'Ouche, au sud, et une ruelle liée à la rue du Logis et à la rue de la Garenne, au nord-est. A cet endroit aussi commence le chemin de halage du bief Minet, en contrebas du quartier de la Garenne. De ce côté-ci enfin, la haute silhouette du Logis d'Arçais surplombe le grand port et contribue à son image. Les magasins aménagés dans le soubassement de cette propriété, ferment le port au sud-est.
Le port est principalement constitué d'une grande cale en quart de cercle. Empierrée, elle descend en pente douce vers l'eau. Elle est encadrée à l'ouest et à l'est par des murs de quais verticaux. Le quai est se termine par une petite cale ou abreuvoir, en pente plus prononcée que la grande cale. A l'extrémité du même quai, prend place la reconstitution en bois d'une grue, rappelant un équipement observé sur les cartes postales du début du 20e siècle. A noter que le quai ouest est divisé en plusieurs petites parcelles accolées, avec pour chacune un droit d'accostage en bateau.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA79004641 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2022 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques |
Citer ce contenu |
Port dit le grand port d'Arçais, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/48548f7c-9f2d-4c34-8e4a-9ff452c79290 |
Titre courant |
Port dit le grand port d'Arçais |
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Dénomination |
port |
Parties constituantes non étudiées |
cale quai |
Statut |
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Protection |
Site, secteur ou zone de protection : Aire de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine |
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Arçais , rue du Grand port
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: Bourg
Cadastre: 1829 D 751, 2022 AM 429