Nous avons voulu, en donnant ce tableau, aider à mieux connaître la population ouvrière charentaise au début des années 1880, à la fois dans ses effectifs et dans sa répartition.
Le commentaire que nous en faisons ici s'efforcera d'abord d'en faciliter la compréhension et d'atténuer la froide ordonnance des chiffres grâce à quelques explications et compléments.
Il permettra par la même occasion de dresser, - non pas un état exhaustif, du moins un panorama des activités industrielles et artisanales existant dans notre département à cette époque. Et il pourrait y avoir là, pour ceux intéressés par telle ou telle étude particulière, l'amorce de petites monographies qu'il leur sera toujours loisible d'approfondir.
I. - EXPLOITATION DU SOUS-SOL ET BATIMENT
(Déjà ici, les chiffres indiqués sont sensiblement inférieurs à la réalité : le rapport de l'Ingénieur des Mines (l'Ingénieur des Mines adresse chaque année au Préfet un rapport, concernant en particulier les industries extractives du département. Les informations fournies par ce rapport ont donc une origine autre que celles du document présent. On peut supposer que, émanant d'un fonctionnaire indépendant, elles sont plus complètes et plus sûres) fait état d'un effectif de 800 ouvriers dans les carrières de pierres, soit un écart dépassant 350 personnes ; et, pour la chaux et l'argile, c'est de plus de 200 travailleurs supplémentaires qu'il faudrait majorer les estimations présentes. Cette différence s'explique, comme nous l'avons déjà dit : d'abord, par de flagrantes lacunes - on le verra plus loin pour les secteurs de Vilhonneur et de Roumazières - ; puis parce que beaucoup de petites carrières, à l'activité intermittente, n'ont pas été officiellement déclarées ; sans compter toute une main-d'oeuvre temporaire de paysans ou de journaliers agricoles qui échappe à toute vérification).
Le sous-sol charentais est très varié. D'où le large éventail des industries extractives, disséminées à travers tout le département, en fonction de la nature géologique des terrains.
CARRIERES, PIERRES DE TAILLE, PLATRE (131 entreprises - 436 ouvriers)
L'exploitation est parfois à ciel ouvert, mais le plus souvent souterraine. Elle consiste essentiellement en opérations manuelles : le métier de carrier est dur physiquement, mais n'exige guère de spécialisation.
Du fait de la grande étendue des roches calcaires, la pierre charentaise présente des types variés, tant en moellons qu'en pierres de taille, qui lui ont permis de répondre à divers besoins - pavage, bordures de trottoirs, empierrement, ballastage - aussi bien qu'à toutes les exigences de la construction. Grâce aux facilités nouvelles apportées par l'essor des chemins de fer, elle est exportée dans tout le Centre-Ouest et le Sud-Ouest, de Nantes jusqu'à Toulouse.
La production en pierres de taille, étroitement subordonnée à la demande, varie assez sensiblement : pour la période qui nous intéresse, elle se tient autour de 90000 m3 par an ; elle baissera nettement par la suite. Cette pierre de taille provient, pour l'essentiel, de trois secteurs :
- les plateaux au Sud d'Angoulême, où une trentaine de petites entreprises occupent 140 ouvriers, les principaux centres étant Voeuil et Giget (38 ouvriers), La Couronne (24), Nersac (20), Mouthiers (20) ; c'est la " pierre coquillière d'Angoulême ", qui a servi à bâtir une bonne partie de la ville : elle se travaillait bien et présentait l'avantage, tant que les transports sont restés lents et malaisés, de se trouver pratiquement sur place ; mais, friable, ayant l'inconvénient d'absorber l'humidité, sa production ira peu à peu en déclinant pour s'éteindre à la veille de la seconde guerre mondiale : les carrières seront abandonnées et celles comportant des souterrains parfois converties en champignonnières ;
- les abords de St Même - dans le Cognaçais - où l'on utilisait déjà au 12e siècle une pierre tendre, réputée pour sa finesse et son homogénéité, et par là recherchée pour la sculpture et la décoration ; la production, qui provient de gisements souterrains, est la plus considérable du département ; on y décompte 140 ouvriers, répartis dans pas moins de 50 exploitations : ce qui signifie qu'à côté de quelques entreprises conséquentes, il existe encore un nombre important de petits propriétaires qui, avec une main d'oeuvre réduite, tirent eux-mêmes parti de leur sous-sol ;
- le bassin de Vilhonneur, au Sud de La Rochefoucauld, d'exploitation beaucoup plus récente (vers 1860) : mais la " pierre dure de Vilhonneur " commence à être avantageusement connue : à la fois fine, et très résistante à la pression, elle est appréciée pour les soubassements de constructions, les dallages, seuils, marches d'escalier ; elle a contribué à l'édification de nombreux immeubles et monuments à Paris et en province. (En ce qui concerne les données numériques, elles sont ici absentes ou très imprécises : on ne peut qu'avancer un chiffre approximatif de 120 à 140 personnes, à répartir entre carriers et tailleurs de pierre).
Il faut également mentionner une forte activité dans la commune de St Sulpice de-Cognac (30 ouvriers), dont la pierre est d'assez mauvaise qualité, et en voie d'épuisement : son extraction se poursuivra encore au début du XXe siècle, mais en tombant peu à peu à rien.
(En revanche, les carrières de Sireuil - canton d'Hiersac - n'ont pas été recensées ici : elles n'en sont d'ailleurs qu'au début de leur activité, qui n'est pas encore très considérable - une quinzaine d'ouvriers environ -).
On retire du gypse et on fabrique du plâtre à Moulidars - canton d'Hiersac - (21 ouvriers), ainsi qu'à Cherves-de-Cognac (20 ouvriers), où l'exploitation a de très lointaines origines.
La pierre est broyée entre des meules actionnées par des chevaux d'abord, puis des machines à vapeur ; mais, à Moulidars, un moulin à vent a tourné jusqu'au début du XXe siècle. De Cherves à Cognac, de Moulidars à Vibrac, des charrois descendent à la Charente, où l'on charge quelques gabares ; et c'est bien plus tard seulement que Cherves bénéficiera d'un raccordement privé au réseau ferré. Ici comme ailleurs, les transports restent difficiles, et la production (qui oscille autour de 10000 tonnes) ne fournit pas au-delà des besoins locaux, en particulier pour le plâtrage des prairies artificielles.
Quant aux roches primaires du Confolentais, elles fournissent d'excellents matériaux pour pavage, trottoirs, ballast. Mais l'extraction est pénible ; on ne produit qu'en faible quantité ; les exploitations sont rares et minuscules (par exemple, autour de Confolens, 10 ouvriers pour 4 entreprises recensées).
TUILERIES, BRIQUETERIES, FOURS A CHAUX (78 entreprises - 404 ouvriers)
FAÏENCERIES, POTERIES (28 entreprises - 81 ouvriers)
Les fours 6 chaux sont cités dans la même rubrique que les tuileries, et cela peut surprendre : c'est qu'il arrive encore, lorsque les gisements de matières premières voisinent - et dans le cas de petits ateliers - que les pierres à chaux, les tuiles, briques ou carreaux soient cuits ensemble dans le même four.
Outre les débouchés habituels de la construction, ils doivent faire face à une forte demande suscitée par le chaulage des terres acides du Limousin voisin, et accélérée par l'ouverture en 1875 de la voie ferrée Angoulême - Limoges : c'est pourquoi, si on les trouve installés un peu partout, ils sont localisés en plus grand nombre en bordure des terrains primaires. Ce sont le plus souvent des affaires de petite envergure, les seules importantes se situant dans le canton de Mansle : à Luxé (1 entreprise de 35 ouvriers) et dans la commune voisine de Cellettes, au lieu-dit d'Echoisy (2 entreprises employant 117 ouvriers et produisant de 10 à 12000 tonnes de chaux hydraulique). Elles sont arrêtées aujourd'hui.
Les tuileries-briqueteries et poteries sont évidemment liées à la présence d'affleurements argileux. Comme les fours à chaux, ce sont aussi, en général, de petits ateliers, situés auprès des carrières de terre, et la fabrication se fait pratiquement à la main.
On les rencontre surtout :
- près de Cognac, où Boutiers possède une industrie de tuiles et de briques ancienne et importante, malgré la modestie de ses entreprises (64 ouvriers pour 13 ateliers), et qui déborde sur la commune voisine de St Brice (10 ouvriers) ;
- dans le Sud-Charente : secteur Baignes - le Tâtre - Reignac d'une part (12 tuileries avec 21 ouvriers, et 11 poteries avec 17 ouvriers) ; d'autre part, près de Montmoreau, à St Eutrope (8 poteries - 25 ouvriers) dont la production a été de tout temps réputée : " ponnes " à lessive, pots à fleurs, cruches, vases, marmites ;
- et encore sur les marges confolentaises, depuis le département de la Vienne, au Nord, jusqu'à La Rochefoucauld (où la fabrique de Péruzet connaît de modestes débuts - 10 ouvriers -). La géologie fait ici voisiner étroitement roches calcaires et argiles, et il arrive que l'on rencontre, à côté des tuileries ou poteries, des fours 6 chaux ou des carrières de pierre à bâtir : le cas le plus typique étant celui de Benest, à l'extrême Nord, qui occupe 14 carriers, 22 chaufourniers, tandis que 11 potiers se consacrent à une fabrication connue plus particulièrement par ses " ponnes " à lessive agrémentées de décors en relief, et qui assure à cette petite commune (comme pour St Eutrope dans le Sud) une véritable renommée locale.
(En revanche, pour ce secteur de la bordure confolentaise, notre inventaire présente deux importantes lacunes. Ne sont pas recensés :
- les fours à choux de Taponnat (éteints depuis 1965) : ouverts peu après 1875, date de la mise en service de la voie ferrée Angoulême - Limoges, ils sont, après ceux d'Echoisy, les plus importants de Charente (6000 tonnes de chaux grasse) et ils occupent de 30 à 50 ouvriers selon la saison ;
- les tuileries du bassin de Roumazières (devenu actuellement un centre de fabrication d'importance nationale). Il y avait sans doute depuis longtemps de petites tuileries travaillant à la main, et exploitées par les propriétaires des terrains eux-mêmes ; mais, là aussi, ce n'est qu'à partir de 1875 que furent édifiées les premières usines de fabrication mécanique, à Roumazières et Fontafie : 150 ouvriers environ y travaillent déjà en 1883, et l'industrie de la tuile va connaître un développement rapide. Il ne fait aucun doute que cet essor, ici encore, est lié à l'ouverture de la voie ferrée qui a facilité l'approvisionnement des usines en bois d'abord, en charbon ensuite, et fut longtemps le seul moyen de transport et de distribution des produits finis.).
La faïencerie, enfin. Il existait quelques ateliers au 18e siècle, mais leur fabrication, sans grande originalité, dépassa rarement un rang honnête : elle se cantonnait dans une production d'usage, et les pièces vraiment artistiques étaient rares. Au 19e, elle déclina peu à peu ; vers 1880, on ne compte que 2 faïenceries à Angoulême (une dizaine d'ouvriers) et 1 à I'Isle d'Espagnac (12 ouvriers) : encore ne produisent-elles surtout que de la faïence ou de la poterie à usage domestique. On peut dire que cette industrie était à peu près complètement tombée lorsqu'en 1892, Alfred Renolleau va allumer les fours de la " Faïencerie d'Angoulême ", et lui apporter un lustre nouveau.
(Pour clore ce tableau de l'industrie extractive, on signalera deux activités qui ne sont pas mentionnées ici :
D'abord, l'exploitation des tourbières. Elles occupent les fonds alluviaux humides de quelques vallées : Aume (ou Osme), Né, Lizonne, et rivières affluentes de la Charente autour d'Angoulême - plus particulièrement Boëme, entre Mouthiers et La Couronne, où le banc tourbeux atteint trois à quatre mètres d'épaisseur -. L'extraction est généralement conduite par les propriétaires eux-mêmes, aidés de quelques ouvriers. L'exploitation, fortement développée à partir de 1850, fournissait à la fin de cette même décade quelques 6 à 7000 tonnes par an, utilisées en grande part pour le chauffage des chaudières à vapeur, des fours à tuiles, à chaux, et des distilleries. Au début des années 1880, la production connaît une baisse très sensible avec l'effondrement des récoltes de vin consécutif à la crise phylloxérique : tombée au-dessous de 1000 tonnes, occupant seulement de 20 à 30 ouvriers, elle intéresse à peu près uniquement quelques dizaines d'hectares dans la vallée de la Boëme et un peu dans celle de l'Aume ; elle n'alimente plus que quelques fours à chaux et à tuiles. Elle ne retrouvera pas ses débouchés perdus et - sauf une courte reprise imposée par le manque de combustible durant les deux guerres mondiales - elle disparaîtra peu à peu.
Enfin, la présence, dans les deux communes confolentaises d'Alloue et d'Ambernac, de mines de plomb argentifère. En fait, leur exploitation, entreprise diverses fois, a toujours été remise en cause, leur dernière période d'activité se situant de 1825 à 1861. L'extraction va reprendre une fois encore, avant la fin du siècle, mais de façon intermittente, et pour s'arrêter définitivement au début des années 1900.).
MAÇONS, TAILLEURS DE PIERRE, COUVREURS (382 entreprises - 1017 ouvriers)
II s'agit de l'activité (papeterie mise à part) qui utilise les effectifs les plus nombreux : ce qui n'est pas surprenant, si l'on considère que devraient se trouver là à peu près tous les travailleurs du bâtiment, du moins en ce qui concerne le gros oeuvre.
Cette rubrique comprend-elle également les carreleurs et plâtriers ? C'est probable pour les campagnes, où leurs occupations ne se différencient guère de celles des maçons ; mais il ne semble pas que ce soit le cas lorsque les professions sont distinctes, comme à Angoulême et dans quelques autres petites villes.
II. - INDUSTRIES ALIMENTAIRES
BRASSERIES (9 entreprises - 73 ouvriers)
Au début du XIXe siècle, il n'existait que 2 brasseries, situées à Angoulême. D'autres se sont créées depuis : à Angoulême et à Puymoyen (il y en a maintenant 6 en tout), à Cognac (1), à Ruffec (1) et à Mansle (1). Elles fournissent de bière tous les bourgs du département, mais celle-ci est consommée pour la plus grosse part dans les cafés.
MEUNERIES (162 entreprises - 336 ouvriers)
On comptait, au début du siècle, près d'un millier de moulins (dont un peu plus d'une centaine à vent). Ce chiffre considérable s'explique par la persistance des habitudes de l'Ancien Régime : le droit de banalité avait certes été supprimé par la Révolution, mais les paysans continuaient à porter leur blé au meunier, qui leur restituait une farine souvent grossière, car les systèmes de blutage étaient inexistants ou assez sommaires. La plupart des installations restaient d'ailleurs de construction rudimentaire, de mécanismes et de techniques simples, ne produisant en moyenne guère plus de 300 kg par jour. Rares les établissements bien équipés qui pouvaient atteindre journellement une tonne : on les trouvait presque tous sur la Charente ou la Touvre ; et il leur arrivait, grâce à la navigation fluviale, de traiter des grains importés et de réexpédier les farines sur Rochefort et La Rochelle.
Tel qu'il ressort du document présent, le nombre des moulins (162) peut paraître encore assez élevé ; et il l'est en réalité bien davantage, car il y a environ 300 petits exploitants, travaillant sans aucune aide salariée et d'ailleurs d'une façon très intermittente, qui n'ont pas été recensés. Ces moulins, d'autre part, sont dispersés à travers tout le département : on en rencontre encore un certain nombre qui sont animés par le vent ; et chaque cours d'eau, même le plus modeste, a le sien. C'est que les moyens de transport restent encore lents et rares, et le meunier, si petit soit-il, doit répondre comme il le peut à un besoin essentiel : l'approvisionnement en farine des paysans et boulangers de son petit secteur local.
Il n'en reste pas moins que beaucoup ont vu leur activité décroître très sensiblement. Les techniques de mouture se sont perfectionnées, et il faut, pour lutter victorieusement contre la concurrence, pouvoir fournir une farine mieux blutée ; car si l'échange blé-pain reste la règle commune, le paysan préfère recevoir de la farine plus blanche ou commence à acheter son pain au boulanger qui s'approvisionne, lui, aux moulins plus modernes. Ainsi, les petites installations, insuffisamment équipées et peu à peu délaissées, se trouvent-elles devant des difficultés insurmontables.
Ce mouvement ira en s'accélérant à partir des années 1890. C'est en effet une véritable révolution qui bouleverse alors la meunerie : le remplacement, pour la mouture, des meules traditionnelles en pierre par des cylindres métalliques exigeant une force plus importante et surtout plus régulière (en toutes saisons) que la seule énergie hydraulique. La quasi totalité des entreprises va donc se trouver dans l'obligation d'utiliser - soit exclusivement, soit comme force d'appoint - les nouvelles sources d'énergie : machines à vapeur, puis moteurs à gaz pauvre alimentés au charbon (en attendant les moteurs à mazout ou électriques). Ne subsisteront dès lors que celles qui auront les moyens d'assumer cette modernisation. D'autre part, ces établissements plus puissants vont devenir peu à peu de grandes usines et étendre leur rayon d'action (ramassage et distribution) : extension facilitée en Charente par la création, dans ces mêmes années (1890-1914) des réseaux ferrés secondaires - à voie normale ou voie étroite -. Incapables de soutenir la concurrence, de moins en moins indispensables, les petits moulins s'immobiliseront les uns après les autres.
On peut s'étonner, dans cette rubrique consacrée aux industries alimentaires, de ne trouver aucune indication sur les laiteries-beurreries. En fait, c'est dès 1872-73 qu'ont eu lieu les premières tentatives pour industrialiser la collecte du lait et la fabrication du beurre ; mais ce fut d'une façon très rudimentaire, et sans grand succès. Cependant, 1884 va voir s'ouvrir la laiterie de Claix ; un inventaire de 1885 mentionne l'existence d'une petite entreprise à Montmoreau ; il en est signalé quelques autres autour d'Angoulême et près de Barbezieux. Il ne s'agit, certes, que d'affaires encore peu importantes, n'occupant que quelques ouvriers (à Montmoreau, une dizaine en tout, en comptant les charretiers chargés du ramassage). Mais c'est le prélude au véritable démarrage de notre industrie laitière, qui aura lieu au cours de la décennie suivante ; il va se produire, pour une grande part, dans le cadre du mouvement coopératif qui a pris naissance, quelques années plus tôt, autour de Surgères, dans le département voisin de la Charente-Inférieure ; il apparaît évidemment comme une des principales conséquences de la crise phylloxérique et des reconversions qu'elle a rendues inévitables.)
III. - INDUSTRIES DU CUIR ET DU BOIS
TANNEURS, MEGISSIERS (32 entreprises - 74 ouvriers)
BOTTIERS, CORDONNIERS (284 entreprises - 553 ouvriers)
CARROSSIERS, SELLIERS, etc (132 entreprises - 219 ouvriers)
CHARPENTIERS, MENUISIERS, etc (473 entreprises - 897 ouvriers)
SABOTIERS (112 entreprises - 223 ouvriers)
Cette rubrique n'appelle pas d'abondants commentaires.
Les matières premières utilisées (peaux, tan, bois divers), d'origine locale pour la plus grande part, ne manquent pas ; les eaux vives et limpides, favorables au traitement des peaux, se rencontrent un peu partout : ainsi ces activités sont-elles assez régulièrement réparties.
Les entreprises concernées sont en quasi totalité de faibles dimensions (à part quelques établissements plus importants, à Angoulême notamment) : elles travaillent surtout sur commande et produisent en petite quantité, se bornant en général à couvrir les besoins locaux. Pour certaines d'ailleurs - cordonniers, selliers, bourreliers - les occupations essentielles consistent en réparation et raccommodage plus qu'en fabrication véritable.
On notera que la profession de charpentier-menuisier est parmi celles qui regroupent le plus grand nombre de personnes : ce n'est pas surprenant si l'on considère la variété des besoins - à la campagne plus encore qu'en ville - auxquels ils ont à répondre (on en trouvera un exemple dans le document n° 6).
Il n'a pas été prévu de catégorie particulière pour les charrons, eux aussi artisans du bois. Il est possible que certains d'entre eux aient été dénombrés avec les carrossiers ; mais comme les charrons travaillent également le fer (cf. document n° 5), les autres doivent se trouver avec les forgerons - chap. V).
IV. - INDUSTRIES ANNEXES DU COGNAC
TONNELLERIES (93 entreprises - 321 ouvriers)
FABRIQUES DE CAISSES, etc (32 entreprises - 140 ouvriers)
FABRIQUES DE CHAUDIERES (23 entreprises - 40 ouvriers)
Ces activités sont étroitement subordonnées à la production, au vieillissement et 6 la vente des eaux-de-vie. Elles sont logiquement presque toutes fixées dans la partie viticole du département : arrondissement de Cognac et, dans une moindre mesure, arrondissements de Barbezieux et Angoulême. Ainsi, pour la tonnellerie : 16 ateliers à Cognac (58 ouvriers), 19 à Jarnac (115 ouvriers), 11 à Barbezieux (43 ouvriers), 15 à Angoulême (55 ouvriers), ceux-ci situés pour une bonne part au faubourg l'Houmeau.
Ces industries ont été durement touchées par la crise phylloxérique qui, depuis 1876, s'est peu à peu généralisée sur le vignoble. Prenons l'exemple - le plus significatif - de la seule tonnellerie : avant la crise, ses effectifs, répartis dans près de 200 ateliers, oscillaient autour de 2000 travailleurs ; ils sont tombés à 321, pour 93 entreprises !
CERCLES POUR BARRIQUES (7 entreprises - 11 ouvriers)
A la différence d'aujourd'hui, les barriques sont alors, dans leur presque totalité, uniquement cerclées en bois, les cercles en fer étant réservés pour les tonneaux et pour les barriques d'eau-de-vie appelées à voyager.
Cette fabrication est, comme les précédentes, liée au conditionnement des vins et eaux-de-vie, mais c'est la seule qui ne soit pas fixée dans la zone du vignoble. Confectionnés avec des lattes de châtaigniers, les cercles sont faits sur place par de petits artisans établis dans la bande forestière qui s'étend des confins du Poitou à ceux du Périgord. (On peut penser que, malgré la crise, les cercliers devaient être plus nombreux que ne l'indique le document, du moins pour l'arrondissement d'Angoulême : beaucoup d'entre eux en effet travaillaient en forêt d'Horte, mais on n'a pour ce secteur aucune déclaration. Et combien, paysans en même temps, n'ont pas été recensés ?)
(Pas davantage de référence, ici, à une activité également très liée au cognac, mais qui ne s'est développée que depuis peu : la fabrication des bouteilles. Jusqu'aux environs de 1850, en effet, l'exportation des eaux-de-vie se faisait en futailles ; et c'est alors seulement qu'elle a commencé à utiliser couramment des bouteilles. Les premières verreries établies à Cognac semblent avoir connu des débuts difficiles. On rencontre toutefois en 1883 (dans un autre inventaire) deux usines relativement importantes. L'une, la verrerie de Séchebec ou de Cagouillet (66 ouvriers), disparaîtra vers 1900. Quant à l'autre (82 ouvriers), située faubourg St Martin et qu'il a rachetée en 1878, Claude Boucher est en train d'en faire la première verrerie industrielle cognaçaise. C'est ici qu'il va apporter à la fabrication du verre quelques perfectionnements remarquables, notamment l'invention de la machine à souffler les bouteilles, qui remplacera le pénible travail du soufflage à la bouche. Par la suite, devenue insuffisante, l'usine sera transférée (1903) faubourg St Jacques et plus largement aménagée.)
V. TRAVAIL DU FER
HAUTS FOURNEAUX, FONDERIES, ACIERIES (18 entreprises - 583 ouvriers)
Nous retrouvons là les vestiges et survivances de la métallurgie traditionnelle au bois, développée aux XVIIe et XVIIIe siècles près des minières de l'Est charentais et alimentée par les forêts voisines. Au tout début du XIXe siècle, on comptait dix forges en activité, et encore sept en 1820, que l'on retrouve toujours vers 1840-50. La fonte qu'elles traitent va en partie à Ruelle (voir plus bas) ; elles fournissent aussi des objets en fonte moulée (plaques de cheminée, chenets, marmites et pots), des " machines à sucre " pour les Antilles, des ustensiles de forge (enclumes, marteaux), des barres, coins, ferrures de charrettes. Certes, leur production est faible (2000 à 2500 t. par an de fonte brute, rarement plus, - de 500 à 1000 t. de fer -). Elle ne se trouve pas toutefois dépourvue de qualité : les fers de Taizé-Aizie ont obtenu une médaille d'argent à l'exposition de Paris de 1839. Mais elle est lentement condamnée par l'épuisement des mines, les nouvelles techniques de fabrication et la concurrence des puissantes métallurgies modernes. Le traité de libre-échange franco-britannique de 1860 lui porte les derniers coups, et dans les années qui suivent, les hauts fourneaux s'éteignent les uns après les autres ; seuls quelques foyers d'affinerie subsistent quelque temps encore, utilisant les lingots de fonte inemployés ou de vieilles ferrailles.
De ces survivances, nous ne trouvons trace dans l'inventaire présent que de l'usine de Taizé-Aizie - canton de Ruffec -. C'était la plus considérable, la mieux organisée, et elle avait pris, sous le Premier Empire, un beau développement. Mais elle s'est heurtée, depuis une trentaine d'années, à de sérieuses difficultés. Elle a tant bien que mal essayé de survivre en fabriquant, avec l'acier de Sireuil (voir plus bas), des canons de fusil pour les manufactures d'armes de Tulle et de Châtellerault. Cependant son activité, continuant à décliner (9 ouvriers) est tombée pratiquement à rien. Le haut fourneau, devenu inutile, est démoli en 1884, la forge seule assurant encore quelques menues fabrications ; et en 1889, on enlèvera les derniers outillages. Utilisant la chute d'eau qui l'actionnait, l'établissement sera reconverti en minoterie ; mais la fermeture de la forge sonne le glas de l'ancienne métallurgie charentaise.
En dehors des installations d'Aizie, il ne reste en effet du passé que fort peu de chose (on n'en fait d'ailleurs pas mention dans ce document) :
- la forge de Combiers - canton de Villebois-Lavalette - va vivoter jusqu'en 1893 ;
- le haut fourneau de la Mothe, à Feuillade - canton de Montbron - est allumé de temps à autre et, pour la dernière fois, de 1896 à 1902 ; alimenté par les minières voisines de Charras et Mainzac, il fabrique annuellement quelques 500 tonnes de fonte au bois, utilisée à Ruelle : elle est de bonne qualité, mais beaucoup trop chère, et les commandes ne pourront être maintenues ;
- la seule à dépasser le seuil du XXe siècle sera l'entreprise de Champlaurier, à Nieuil - canton de St Claud - : le haut fourneau est éteint depuis plusieurs années, mais la forge continue et traite des fers ou des aciers du Midi (LeBoucau, l'Ariège) ; elle fabrique bon an mal an de 150 à 200 t. de fers et d'ébauches diverses à l'usage de l'agriculture charentaise ou des départements limitrophes ; déclinant lentement, surtout après la première guerre mondiale, elle tiendra toutefois jusqu'aux premières années 1930.)
Nous vivons également - en ce début des années 1880 - la fin de l'aciérie de Sireuil, qu'Emile Martin avait installée là (1852-54) sur l'emplacement d'une ancienne tréfilerie, pour la rapprocher grâce à la Charente des approvisionnements en matières premières - houille anglaise notamment -. Son fils Pierre-Emile y avait fait les essais (1863) d'un nouveau procédé de fabrication de l'acier auquel on a donné son nom. L'entreprise connut alors quelques succès (P. E. Martin recevant la médaille d'or à l'exposition universelle de Paris de 1867). Mais elle périclita bientôt, elle aussi, devant la concurrence des usines britanniques et des grandes industries du Nord et de I'Est de la France. A partir de 1882, on n'a plus d'autre ambition que de lui maintenir un semblant d'activité : les 130 ouvriers recensés ici sont pratiquement en semi-chômage, la plupart ne fabriquant plus que des limes. On va être, en 1884, finalement acculé à la liquidation. L'établissement rouvrira, une dizaine d'années plus tard, mais la forge remplacée par une tannerie-mégisserie.
Il ne reste donc en Charente qu'une seule entreprise métallurgique importante : l'usine de Ruelle, héritière des forges créées en 1750 par le marquis de Montalembert. Passée sous l'autorité royale (1776), puis confiée (1803) au département ministériel de la Marine et devenue " Fonderie nationale ", sa prise en charge par l'Etat lui a évité le sort des entreprises voisines. Déjà, durant les guerres révolutionnaires, elle a armé la flotte française en lutte contre celles d'Europe ; par la suite, elle est associée à toutes les entreprises en vue de concevoir, fabriquer ou améliorer les canons ; la fonderie de Rochefort y est transférée en 1839 : d'où un accroissement continu du potentiel de l'usine, dont l'activité dépasse largement le cadre local qui lui a donné naissance. Le moment décisif survient en 1880, le gouvernement venant de décider la fermeture de la fonderie de Nevers et le regroupement à Ruelle de toutes les fabrications d'artillerie de marine. Directement relié au réseau ferré et, par une voie privée, de la gare d'Angoulême au port de l'Houmeau, l'établissement se trouve au début d'une puissante extension. L'inventaire fait état de 300 ouvriers - uniquement fondeurs et tourneurs, c'est-à-dire ouvriers hautement qualifiés -. Mais il ne s'agit là que d'un chiffre partiel : si l'on tient compte du personnel administratif, surveillant ou annexe (chauffage, entretien, manutention) l'effectif global représente environ 600 personnes. En 1890, le nombre des ouvriers atteindra 850 ; il y en aura de 1300 à 1500 au début du XXe siècle, avec une pointe de 5000 pendant la guerre 1914-18.
Signalons enfin l'existence à Angoulême de 10 fonderies qui occupent 138 ouvriers : ce ne sont donc pas des entreprises très conséquentes, mais certaines d'entre elles sont en train de grandir en fabriquant, entre autres - à la demande des papeteries - cylindres et grosses pièces pour machines. En revanche, les fonderies de cuivre de Cognac, aux débouchés taris par la crise qui frappe la viticulture, sont réduites à leur plus simple expression.
TOURNEURS-AJUSTEURS (12 entreprises - 34 ouvriers)
Les effectifs de cette profession n'apparaissent pas très importants ici : les tourneurs de Ruelle (210) et de Sireuil (13) ont été, pour la commodité de la présentation, regroupés à la rubrique précédente.
TREFILERIES (3 entreprises - 80 ouvriers)
FABRIQUES DE TOILES METALLIQUES (8 entreprises - 265 ouvriers)
Les tamis et toiles métalliques ont trouvé de tout temps diverses utilisations dans l'agriculture et l'industrie ; mais l'extension de la papeterie mécanique va leur offrir de nouveaux et vastes débouchés : la toile métallique tient en effet une place importante dans la machine à papier, où elle permet de transporter et d'égoutter la pâte (cf. - document 14 - commentaire sur la fabrication du papier).
L'emploi des machines à papier s'étant généralisé à partir des années 1840, la fabrication des fils et des toiles s'est développée en Charente à partir de cette époque ; elle est même devenue une activité exportatrice. Il s'agit là d'établissements en général importants, à la mesure des besoins de l'industrie papetière, pour laquelle ils travaillent essentiellement : c'est pourquoi ils se sont installés auprès d'elle (Angoulême, La Couronne, St Michel).
CONSTRUCTEURS-MECANICIENS, SERRURIERS (133 entreprises - 319 ouvriers)
FORGERONS, MARECHAUX-FERRANTS (283 entreprises - 447 ouvriers)
Nous avons rassemblé ici les artisans travaillant le fer, la limite entre leurs activités respectives étant souvent assez imprécise. Ils rendent dans ce domaine le même genre de services que les charpentiers-menuisiers pour le bois, ce qui explique à la fois qu'ils soient relativement nombreux et régulièrement répartis. A part quelques établissements plus importants (à Angoulême), ils travaillent souvent seuls, rarement avec plus d'un ouvrier.
Le constructeur-mécanicien confectionne des outils, des pièces de rechange, répare les machines. Quelques-uns sont à l'origine de fabrications qui atteindront par la suite une certaine importance (machines agricoles, mécanique générale).
Le serrurier, outre serrures et clés, forge, fabrique, répare des objets en fer ou en tôle pour les usages les plus divers ; ses occupations se confondent parfois avec celles du ferblantier (et sans doute quelques-uns de ces derniers ont-ils été également recensés).
Mais ce sont les activités du forgeron qui correspondent le mieux aux besoins de la société rurale du temps : le forgeron effectue tous travaux de forge ou de serrurerie ; la plupart des outils agricoles ou de jardinage sortent de ses mains ; mais aussi les instruments tranchants : haches, serpes, sécateurs (il se dit alors taillandier), les bandages de roues (il est aussi charron) et les ferrures nécessaires à la construction ; il répare également, et parfois il répare plus qu'il ne fabrique ; il est enfin maréchal-ferrant. Il est indispensable dans les campagnes.
VI. PAPIER, IMPRIMERIE
PAPETERIES (29 entreprises - 3057 ouvriers)
(On trouvera - document n° 15, et pour l'année 1886 - un état détaillé de leur répartition et de leurs effectifs). Elles se concentrent en presque totalité sur deux secteurs :
- les environs d'Angoulême (sur la Touvre, et plus particulièrement sur les petites rivières descendant des plateaux au Sud de la ville : Anguienne, Eaux-Claires, Charreau, Boëme), où se rassemblent plus des 2/3 des entreprises, et presque les 5/6 des salariés ;
- le long de la Lizonne et de la Dronne - où, de St Séverin à Aubeterre, on rencontre à peu près le restant des ouvriers de la profession.
Cette même Lizonne a autrefois animé le moulin de Negremus - aujourd'hui Nègre-Mure, près de Palluaud, canton de Montmoreau - : il aurait été, dans notre région, le premier moulin (1516) à produire du papier. L'industrie papetière est donc relativement ancienne en Angoumois. Elle y a trouvé d'emblée des conditions favorables : les eaux claires et pures indispensables au lavage et au traitement des chiffons ; des rivières, le plus souvent bien modestes, mais dont le débit régulier permettait d'assurer une énergie suffisante et constante ; d'anciens moulins à blé ou à drap, qu'il fut aisé de reconvertir. Elle a été ensuite puissamment stimulée par l'aide financière et les commandes des " marchands " étrangers (anglais et surtout hollandais) que le commerce fluvial sur la Charente avait mis en relations avec notre région : ce qui lui a permis de surmonter la terrible hémorragie en main-d'oeuvre qualifiée consécutive à la révocation de l'édit de Nantes.
Mais c'est au cours du XIXe siècle que, singulièrement modernisée et développée par quelques grands industriels, elle marche vers son apogée.
Elle est déjà connue pour ses papiers d'écriture et d'impression, dont elle fournit toutes les sortes et dont certains types de luxe jouissent d'une solide réputation hors de France : cette branche continuera d'ailleurs à représenter la plus grosse part de sa production.
Elle ne se contente pas de fabriquer, elle assure aussi les diverses transformations : enveloppes, cartes de visite, de correspondance et de deuil, papiers à lettres, registres, agendas, cahiers d'écolier. Une bonne partie de la population ouvrière de la ville d'Angoulême travaille dans ces ateliers de façonnage ; les plus importants d'entre eux, de l'entreprise Laroche-Joubert, occupent à l'époque 500 personnes environ et vendent à travers toute la France et même à l'étranger.
Mais surtout - et précisément durant ce dernier quart du siècle - elle va, s'efforçant de répondre à toutes les nouveautés, diversifier largement ses productions :
- la fourniture des sacs et papiers d'emballage prend de l'ampleur : papiers de paille, notamment de seigle (Exideuil, Confolens), ou papiers gris, à partir de vieux papiers (quelques entreprises d'Angoulême ou des environs) ;
- l'industrie cartonnière se développe aussi (Poulet - près La Couronne -, et de petits moulins autour d'Angoulême) : elle est en partie subordonnée à la papeterie de transformation - cartes, couvertures de cahiers, de registres, d'agendas -, mais fait aussi des boîtes d'emballage, aux usages de plus en plus divers et nombreux ; à partir du papier de paille, on va bientôt (Exideuil) fabriquer du papier ondulé qui sera utilisé comme cartonnage pour transports ;
- en 1876, Bécoulet installe au Marchais (St Séverin) la première grande fabrication française de papier sulfurisé, qui va trouver des débouchés accrus avec les emballages de produits alimentaires et la distribution des beurres de nos laiteries ; aussi son exemple sera-t-il suivi, en 1902, à Colas (La Couronne) ;
- le papier couché, de création récente, s'avère convenir merveilleusement à l'imprimerie et à la lithographie : dès le début des années 1880, l'usine Laroche (Mouthiers) en assure une production régulière ;
- avec la cigarette, c'est une nouvelle façon de goûter le tabac qui entre peu à peu dans les moeurs. Les premiers essais charentais de fabrication du papier à cigarettes ont débuté (peu avant 1865) dans deux usines d'Angoulême : celle que la famille Lacroix possédait sur la Charente, près du pont de St Cybard, et celle du Petit Montbron, sur les Eaux Claires ; ils ont été poursuivis, à partir de 1880, à l'usine de Cothiers (La Couronne). Une partie du papier produit est directement livrée, en bobines ou en rames, à la Régie des tabacs ; une partie est façonnée en cahiers dans de petits ateliers de la ville. Mais entre temps (vers 1875) Léonide Lacroix fils, qui finalement est allé fabriquer le papier dans ses usines de la Haute-Garonne, au pied des Pyrénées, a installé à Angoulême un atelier de façonnage qui va vite connaître une notoriété internationale croissante (dès 1881, ses articles, sous le nom " La Croix ", " Riz la Croix ", sont vendus aux Etats Unis d'Amérique). Enfin, dans les toutes premières années du siècle suivant, la société Bardou achètera l'usine du pont de St Cybard, et une nouvelle appellation, " le Nil ", va venir s'ajouter aux marques existantes. Le papier à cigarettes allait être un des éléments les plus caractéristiques de la production papetière charentaise.
Voilà bien, par son dynamisme, par la qualité et la variété de ses fabrications, l'industrie-reine du département.
On peut même dire qu'elle est (la Fonderie de Ruelle, la Poudrerie mises à part) la seule industrie vraiment moderne, tant par le nombre total des salariés que par l'importance des entreprises (cf. document n° 15).
Une véritable industrie-mère enfin, car c'est d'elle que dérivent, en droite ligne, diverses activités nées pour répondre à ses besoins : constructions et réparations de matériel, fabriques de fils et de toiles métalliques (cf. plus haut, chap V), ou encore de feutres industriels (cf. plus loin, chap. VII). Et comme les fabriques de papier se trouvaient déjà pour une grosse part dans l'agglomération angoumoisine, c'est là encore que se sont installées de préférence ces industries annexes. Par là aussi la papeterie a favorisé la forte prépondérance économique du chef-lieu.
IMPRIMERIES - LITHOGRAPHIES (19 entreprises - 155 ouvriers)
Angoulême n'a pas été seulement une ville du papier, mais aussi - et très tôt - une cité de l'imprimerie, les deux activités s'étant développées parallèlement. Dès les dernières années du XVe siècle, on y rencontre un atelier en pleine activité. A la fin du XVIIle, il y a 4 imprimeurs brevetés : ce chiffre ne devait plus changer durant une cinquantaine d'années, aucun brevet d'imprimeur n'ayant été délivré entre 1789 et 1840.
A l'époque qui nous occupe, la profession s'est de nouveau développée : Angoulême ne compte pas moins de 9 ateliers d'imprimerie-lithographie (115 ouvriers), mais on en trouve également à Cognac (3 ateliers), Jarnac (1), Barbezieux (2), Ruffec (2), Confolens (2). Cette industrie est donc présente dans toutes les villes du département.
Ses activités sont variées :
- c'est d'abord la fourniture courante d'imprimés de toutes sortes pour l'administration ou le commerce : prospectus, avis, circulaires, prix-courants, factures, papiers à en-tête, carnets à souches, etc... ;
- s'y ajoute l'impression d'ouvrages locaux (brochures ou mémoires) ;
- quelques imprimeries possèdent des ateliers de clichage ou spécialisés dans la confection d'affiches de grand format ;
- le commerce local des eaux-de-vie, qui vient de développer l'expédition en bouteilles, apporte à la lithographie un champ d'applications supplémentaires, en lui demandant la fourniture d'étiquettes artistiques ;
- mais il y a surtout la fabrication des journaux : la presse locale (en règle générale à cette époque) est plus vivace et plus diversifiée que celle d'aujourd'hui. Angoulême édite 3 journaux " politiques, littéraires, agricoles, commerciaux et d'annonces " (l'un en deux éditions -quotidienne et trihebdomadaire -, le second en trois éditions - quotidienne, bi-hebdo et hebdo -, le troisième en deux éditions - trihebdo et hebdo -) ; et encore 3 autres hebdomadaires (politique, agricole, religieux). Cognac imprime 5 journaux paraissant deux ou trois fois par semaine ; plus tous les quinze jours, 1 " revue viticole et commerciale ". Il y a 2 hebdos à Barbezieux, 2 à Ruffec, 1 à Confolens.
Quant aux techniques, elles restent, comme partout, assez archaïques. Le linotype n'est pas encore inventé : la composition se fait tout entière à la main ; la mise en page est malaisée et lente.
VII. INDUSTRIES TEXTILES
FABRIQUES DE FEUTRES ET TISSUS DE LAINE (23 entreprises - 529 ouvriers)
La fabrication des feutres dits " industriels " est liée à l'invention de la nouvelle machine à papier en continu. Sans doute existaient-ils auparavant sous forme de pièces carrées que l'on intercalait entre les feuilles de papier soumises à la presse. Mais avec les nouvelles machines, il faut, pour porter et protéger la bande de papier tout au long de sa fabrication, des feutres sans fin et rotatifs : ils apparaissent donc comme un des éléments essentiels de la modernisation technique (qui s'accélère, nous l'avons dit plus haut, dans les années 1840).
Dès lors, si elle veut s'adapter aux exigences de la papeterie, la production des feutres va devoir déborder le cadre de l'artisanat pour devenir une importante industrie. Elle va y parvenir d'autant mieux qu'elle trouve facilement sa matière première dans les marchés et foires de l'Est du département, où les éleveurs avaient l'habitude d'apporter la laine de leurs moutons. Comme pour les toiles métalliques, une partie de la production est exportée.
Parallèlement à cette activité se sont aussi développées des fabriques de tissus de laine : ce qui n'est pas surprenant, car il existe entre les deux productions une évidente parenté, la matière première étant la même et les procédés techniques à peu près identiques.
Ainsi, moyennant quelques modifications aux traditionnels métiers des tisserands, s'établissent auprès de rivières dont les eaux permettront le lavage et les traitements indispensables aux textiles, de nouvelles usines, de dimensions diverses, se sont installées :
- soit à proximité des fabriques de papier : Le Pontouvre (25 ouvriers), L'isle d'Espagnac (34), Voeuil et Giget (5), Roullet (15), et surtout Nersac (267) ; ou dans leurs environs immédiats : Montignac (24), Vars (5), Châteauneuf (50) ;
- soit au voisinage des marchés de l'Est : Aunac - canton de Mansle - (31 ouvriers), La Rochefoucauld (32), St Laurent-de-Céris - canton de Champagne-Mouton - (23) et, plus au Nord, Confolens (12) et Lessac (6). (A Montbron, une usine, non mentionnée ici, occupe une trentaine d'ouvriers).
FILATURES ET TISSAGES DE LIN ET CHANVRE (19 entreprises - 39 ouvriers)
Si le tissage de la laine et des feutres a déjà pris une allure industrielle, il n'en est pas de même pour le travail du lin et du chanvre, qui en est resté au stade artisanal : les quelques ateliers recensés le montrent bien. La production charentaise de matières premières, peu rémunératrice, a d'ailleurs sensiblement diminué : on n'en trouve plus guère sur une certaine étendue que dans la région d'Aigre et quelques communes du Confolentais.
(L'inventaire passe complètement sous silence la fabrication traditionnelle des tissus de lin, chanvre et même encore de laine, qui se perpétue dans les campagnes.
Chaque famille paysanne (ou presque) cultive, quelques lopins de chanvre, un peu de lin, que l'on fait rouir dans la mare de la ferme ; les fibres sont teillées et peignées à la maison, puis filées par les femmes, et l'on confie au tisserand du village le soin de confectionner les toiles. La laine des moutons, également cardée et filée à la veillée, prend parfois (mais plus rarement) le même chemin. Il y a un tisserand dans presque chaque commune, et certains bourgs en comptent même plusieurs - en particulier dans la Charente limousine -. Il travaille souvent seul, ou avec une main-d'œuvre familiale ou enfantine ; mais il est rarement occupé à plein temps : tissant l'hiver, travaillant dans les champs l'été. Mi-artisan, mi-paysan, il reste un des représentants les plus authentiques de l'ancienne économie d'auto-consommation.
On rencontrera de ces tisserands de campagne pendant de nombreuses années encore ; mais ils commencent à céder devant la concurrence que leur font d'une part les métiers mécaniques, d'autre part les étoffes de coton que l'on achète dans les villes ou que les colporteurs font pénétrer jusque dans les coins les plus reculés. C'est encore une des figures les plus caractéristiques du vieux monde rural qui va peu à peu s'en aller.)
CORDERIES (28 entreprises - 49 ouvriers)
Elles fournissent ficelles et cordes, et des câbles pour la marine. Leur fabrication exige des aires allongées pour tendre dans toute leur longueur les fils et les cordages. Il s'agît toutefois d'un petit artisanat : le cordier a certes besoin d'aide pour tourner la roue qui permet de faire les fils, puis de tordre les " torons " et les câbles ; mais il lui suffit d'un ouvrier, souvent un enfant.
La profession connaît des difficultés ; outre que la matière première locale manque de plus en plus, elle doit supporter un handicap supplémentaire : le déclin de la navigation sur la Charente réduit un de ses débouchés, la fourniture de câbles pour gabares.
CONFECTION D'HABITS (60 entreprises - 628 ouvriers)
II s'agit de la fabrication des vêtements masculins, effectuée soit par des maisons de confection, soit par des tailleurs. (La confection féminine n'existe pas encore, et on n'a pas tenu compte ici des couturières.)
La ville d'Angoulême se signale par de gros effectifs (10 établissements - 460 ouvriers) : elle compte en effet quelques maisons de confection importantes et réputées, dont certaines fournissaient les grands magasins parisiens. Ces maisons fabriquent des costumes en tous genres pour hommes, jeunes gens et enfants, mais aussi, le plus souvent, des vareuses, blouses, chemises ou gilets de flanelle... La main d'oeuvre, en très grosse majorité féminine, est rarement groupée en ateliers : la confection ne se fait pas encore en série ; elle reste un secteur où les tâches sont demeurées très individualisées. Pour l'essentiel, le travail est fait à la maison et payé aux pièces : le tissu est coupé, puis porté à domicile, le fil et les aiguilles sont fournis. Les femmes utilisent en général leur machine à coudre personnelle (progrès énorme dont l'usage se généralise), qu'elles ont souvent achetée à tempérament ; elles exécutent l'ouvrage qui leur est confié selon leur spécialisation - " vestonnières ", " giletières ", " culottières " -. Elles sont dans l'ensemble assez peu payées, et exposées aux aléas de la demande : pour réduire les risques, chacune d'elles travaille pour deux ou trois maisons en même temps.
La confection reste toutefois de finition sommaire. Il n'existe pas, d'autre part, ce que nous appelons aujourd'hui la " mesure industrielle ". Aussi les classes aisées s'habillent-elles couramment chez le tailleur, qui doit faire face, de ce fait, à une importante demande. Ceux-ci se rencontrent surtout dans les villes et les bourgs. Souvent, ils travaillent à façon, le client apportant lui-même le tissu acheté au magasin de " nouveautés ", au colporteur, ou fabriqué parfois encore par le tisserand du village. Bien des fois, ils viennent même à domicile confectionner, en quelques journées, de solides costumes.
Les tailleurs constituent avec le personnel qu´ils emploient le reste de l´effectif recensé ici (mais on peut constater - en particulier pour l'arrondissement de Confolens - que le tableau comporte d'évidentes lacunes).
(Parfois sont mentionnées dans certains inventaires - ce n'est pas le cas ici - les fabriques de chapeaux. C'est une activité non négligeable à l'époque, l'usage des chapeaux étant très courant. Cela représenterait une bonne centaines d'ouvriers supplémentaires - sans compter les modistes -.)
VIII. INDUSTRIE CHIMIQUE
USINES A GAZ (7 entreprises - 56 ouvriers)
II s'agit des installations d'Angoulême (éclairée au gaz depuis 1843), de Cognac (1859), Barbezieux (1876), Ruffec (1 879) et - tout récemment mises en service - La Rochefoucauld, Jarnac, Confolens. (A la fin de 1884, Châteauneuf se joindra à cette liste ; et en 1887, Cognac va construire une nouvelle usine pour remplacer l'ancienne, devenue insuffisante et d'ailleurs fort mal située en pleine agglomération - l'actuelle place Camille Godard -).
Cet engouement pour ce genre de réalisations s'explique surtout par la nécessité d'assurer un éclairage public décent dans nos villes ; mais les particuliers commencent déjà à utiliser le gaz pour l'éclairage de leurs demeures, et peu à peu ses usages domestiques et privés connaîtront une rapide extension.
Signalons à ce propos le cas tout à fait exceptionnel du domaine des Plans - commune de La Faye - près de Ruffec - : il n'est pas mentionné dans l'état présent, mais dans une autre enquête de la même année. Cette exploitation agricole ultra-moderne, de plus de 200 hectares, complétée d'une distillerie de betteraves occupant une trentaine de personnes, s'est dotée, entre autres équipements, d'une petite usine à gaz alimentant l'éclairage des bâtiments et des abords : c'est du grand luxe ! ... On s'étonne moins quand on sait que la propriété appartient aux descendants de Jean-François Cail, richissime industriel, originaire d'une humble famille de Chef-Boutonne (Deux Sèvres) et devenu, à la faveur de l'essor économique qui a animé la Monarchie de Juillet et le Second Empire, un très gros métallurgiste du Nord.)
On ne peut terminer cette rubrique sans évoquer la Poudrerie nationale d'Angoulême, bien qu'elle ne soit pas signalée ici. Prévue dès 1819 pour remplacer celle de St Jean-d'Angély, qui avait été créée au 17e siècle afin de pourvoir aux besoins du port militaire de Rochefort, et qui venait d'être anéantie par une explosion ; construite de 1821 à 1827, le long de la Charente, dans la plaine de Basseau ; agrandie à plusieurs reprises depuis une quinzaine d'années, elle est déjà devenue une importante affaire d'industrie chimique. Elle couvre, en ce début des années 1880, une superficie de 70 hectares, qu'elle va presque doubler en dix ans. Elle dispose d'une force motrice de 600 chevaux (bientôt 800), dont 300 fournis par la Charente et le reste par des machines à vapeur. Elle emploie plus de 300 ouvriers, et peut fabriquer journellement jusqu'à une dizaine de tonnes de poudre : poudre de guerre, mais aussi de mine et de chasse, dont elle alimente les départements du Centre et du Centre-Ouest. Elle exporte également une partie de sa production à l'étranger.).
BILAN (2620 entreprises - 11066 ouvriers)
Pour donner toute sa signification à ce bilan, il sera profitable de tenir compte de quelques données complémentaires, fournies par les recensements de population : celui de 1881 en particulier, le plus proche de la date qui nous intéresse. Selon les indications qu'il nous donne, la totalité des personnes actives du secteur industriel s'élève à 33600, se répartissant comme suit : 14800 patrons ou chefs d'entreprises, 18800 ouvriers ou employés.
Le premier chiffre de 14800 patrons, comparé aux 2620 entreprises recensées dans notre document, laisse une énorme différence qui ne peut s'expliquer par de simples carences en matière de déclarations. Il faut faire intervenir d'autres explications, touchant aux critères qui ont servi de base à l'élaboration de l'inventaire (nous les avons indiqués p. 4) :
- d'une part, le recensement de population qui nous fournit ce chiffre regroupe dans le secteur industriel toutes les professions qui, peu ou prou, participent d'une façon quelconque à une activité de production, de transformation ou de réparation : il obéit donc à une définition très large englobant un certain nombre de métiers qui avaient été écartés de l'inventaire ;
- il comprend aussi un effectif - que l'on ne peut chiffrer avec précision mais certainement important - de travailleurs indépendants, oeuvrant à domicile, n'utilisant aucune main-d'œuvre salariée, et qui n'ont pas été recensés dans notre document ; parmi eux, à coup sûr, bon nombre de ruraux, mi-artisans qui exercent leur métier de façon intermittente, car la demande est souvent irrégulière, mi-paysans car ils complètent leurs ressources en cultivant les quelques terres qu'ils possèdent. Ainsi se précise et se confirme assez bien la structure d'un monde du travail industriel le plus souvent éclaté en multiples unités, en général très petites, et encore engoncé dans l'économie d'autrefois.
La seconde catégorie (18800 salariés) appelle moins de remarques. Si l'on retire de ce chiffre quelques 4000 journaliers, manœuvres, ouvriers temporaires (ces derniers nombreux en milieu rural) qui ne sont pas compris dans les effectifs recensés, on peut estimer la population ouvrière plus ou moins qualifiée à un peu moins de 15000 personnes : la différence entre ce dernier chiffre et celui de l'inventaire s'explique par les diverses lacunes et anomalies que nous avons signalées au fur et à mesure du commentaire.
Il aurait été intéressant de présenter une comparaison avec des situations antérieures et d'élaborer un schéma de l'évolution générale au XIXe siècle. Faute de documents aussi exhaustifs que celui-ci, cette étude n'a pu être proposée. En revanche, il sera possible à ceux qui en auraient l'intention, d'utiliser les renseignements fournis ici pour les confronter à la situation actuelle de l'industrie charentaise.
Ajoutons, pour terminer, que les années 1875-95 sont une période de dépression économique. La lutte s'en trouve durcie sur les marchés extérieurs où les industries exportatrices charentaises (papiers, toiles métalliques, feutres industriels) se heurtent à la concurrence étrangère. D'autre part, la conjoncture est aggravée dans notre région par la crise phylloxérique, qui touche non seulement les industries annexes du cognac, mais atteint aussi par ricochet un certain nombre d'activités diverses.
On ne saurait donc voir dans ce document qu'un instantané de la situation industrielle du département à un moment précis de son histoire et dans un contexte économique qui est, à quelques exceptions près, assez peu euphorique.
Il est possible toutefois, à la fin de ce commentaire, de dégager quelques conclusions :
- une économie restée en majorité rurale et artisanale, peu touchée par le développement industriel : selon les recensements, la population vivant de l'industrie dépasse à peine l/5ème du total, alors que le secteur agricole en constitue les 2/3 ;
- une exception cependant : la forte activité de l'agglomération angoumoisine, qui occupe à elle seule la moitié environ des travailleurs ; c'est d'ailleurs, à l'époque, le seul centre industriel notable de l'ensemble Poitou-Charentes ;
- des industries qui possèdent un long passé : nous l'avons dit de la papeterie et de l'imprimerie, ainsi que de la métallurgie ; c'est vrai aussi de toutes celles qui utilisent les ressources naturelles de la région : non seulement richesses du sous-sol, mais encore minoterie et industries annexes du cognac ;
- un catalogue d'activités en voie d'évolution et de diversification : des activités anciennes frappées d'un irrémédiable déclin (la métallurgie traditionnelle) ; mais quelques autres de solide notoriété (la papeterie bien sûr, qui domine, et la Fonderie de Ruelle, ou encore la Poudrerie) ; des orientations nouvellement suscitées et développées (ainsi les tuileries de l'Est charentais, les laiteries, les industries dérivées de la papeterie mécanique). Au total, et en divers domaines, de multiples entreprises de transformation, de petite ou moyenne importance en général. C'est là, pour une grande part, la préfiguration de la carte industrielle du XXe siècle.