Ville de Pauillac

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L'implantation humaine remonterait au néolithique avec l'existence dès cette époque d'un port. La ville se développe en bord d'estuaire, à l'emplacement d'une villa gallo-romaine dont d'importants vestiges ont été retrouvés dans le secteur de l'église.

Au 17e siècle, l'agglomération relevait de la puissante seigneurie de Lafite, aux mains de la famille de Ségur. La population se répartissait entre plusieurs hameaux et le bourg, qui concentrait la majorité des habitants. D’après René Pijassou, en 1680, on y comptait entre 500 et 600 âmes ; en 1750, la population s’élevait à quelque 1200 personnes. Jacques de Ségur et ses descendants sont considérés comme des "seigneurs urbanistes" ou des "promoteurs de la petite ville", en imposant à de nouveaux tenanciers l’obligation de bâtir : plus de trente maisons furent ainsi édifiées entre 1687 et 1720 environ. Les rares bâtiments qui environnaient l’église et le rivage en pente douce, dessinés par le voyageur hollandais Herman van der Hem au milieu du 17e siècle, ont donc été complétés par de nouvelles constructions. En 1723, la carte de l’ingénieur Claude Masse fait état d’un bourg étoffé, l’"un des plus considérables du Médoc où il se fait un gros commerce, il y a un bureau des Fermes et une Patache et il si cueile (sic) de bon vin". Toutefois, la croissance en était contenue au nord par la présence d’un camp militaire de 4 à 5000 hommes, implanté en 1706, à l’initiative du maréchal de France Montrevel. Les vaisseaux de guerre profitaient également de la protection qu’assurait le chenal du Gahet, défendu par une batterie dont les vestiges sont encore attestés à la fin du 18e siècle.

Pauillac est au 18e siècle un port stratégique, permettant aux bateaux remontant l'estuaire de faire escale en attendant la marée favorable leur donnant accès à Bordeaux. Le port est donc équipé d'une cale saillante, dit "peyrat", probablement dans les années 1760.

L'habitat s'est concentré autour de l'église, reconstruite au début du 19e siècle. La partie nord du bourg était occupée au 18e siècle par le "camp" militaire indiqué sur la carte du cours de la Garonne de 1759 et sur le plan cadastral de 1825 qui reprend ce toponyme. Les constructions ne s'y multiplient qu'au cours du 20e siècle.

L'alignement des façades le long des quais est caractéristique de la ville, entièrement tournée vers l'estuaire. Il résulte de plans d'alignement successifs, le premier étant instauré à l’initiative de l'Intendant Dupré-de-Saint-Maur en 1784. Ce projet fut confié à l’un de ses proches, l’ingénieur Nicolas Brémontier. De nombreuses constructions sont attestées dans les années 1790 (confirmées par quelques dates portées relevées sur les maisons). Le presbytère est construit en 1784-1787. En 1791, le cimetière situé autour de l’église, au cœur du bourg, est déplacé au nord. Les abords de l'église sont aménagés en place publique.

Le plan de 1784 fut sans doute en partie appliqué, comme l'atteste un "plan et projet d’alignement de la traverse du port de Pauillac", levé par les Ponts et Chaussées en 1822. Un projet d’alignement dressé par l’ingénieur géomètre Richard fut également déposé en mairie le 12 octobre 1828. Ces documents avaient probablement été établis à la suite de la loi du 16 septembre 1807, qui préconisait la réalisation d’un plan d’ensemble pour les villes de plus de 1500 habitants. Or la mise en œuvre de cette loi ne fut pas immédiate et les plans réalisés souvent partiels. À Pauillac, des plans concernant l’ensemble du bourg ne furent levés qu’en 1835, par Henri Bagouet, géomètre à Lesparre. Ils prévoyaient les constructions à venir, percement de nouvelles rues, élargissement des axes existants, aménagement de places... Ce plan fut, semble-t-il, dressé à l’initiative de la commune qui en examine le résultat lors d’une séance du conseil en février 1836. Ces améliorations, impliquant des frais importants et des contraintes fortes pour les habitants, furent mises à exécution progressivement. Le décret impérial, émanant de la loi du 3 mai 1841 sur l’expropriation pour cause d’utilité publique, "sur l’alignement du quai du port de Pauillac" daté du 30 novembre 1863, en a certainement facilité le parachèvement. Tout au long du 19e siècle, les travaux d'amélioration et de percement des rues rendent plus aisée la circulation dans la ville.

Le chantier de reconstruction de l'église de Pauillac s'inscrit dans les améliorations décidées au début du 19e siècle. Il se déroule de 1824 à 1829.

Alors que la commune comptait 2640 habitants en 1821, la population atteint et dépasse les 4000 âmes dans la seconde moitié du 19e siècle. Cette importance nouvelle s'accompagne de la construction d'un nouvel hôtel de ville, construit sur les quais à partir de 1866. Le presbytère et ses abords sont également au cœur des aménagements urbains : en 1867-1868, le jardin est amputé par le percement d'une rue et la terrasse est modifiée. La cour est utilisée pour accueillir le marché. A la même époque, la commune souhaite dégager les abords de l'église et détruire plusieurs maisons, ce qui est fait dans les années suivantes, entre 1870 et 1878. A l'emplacement de l'ancien cimetière, vaste espace disponible laissé vacant depuis le milieu du 19e siècle, un projet de marché couvert est proposé sur la place Carnot en 1896.

A partir des années 1890, l’activité portuaire est transférée aux appontements construits à Trompeloup. C’est aussi dans ce secteur que sont localisées les activités industrielles, comme les hauts fourneaux puis dans les années 1930 la raffinerie, dans cette zone jusqu’alors réservée au lazaret. Le chenal du Gahet forme alors une frontière tenant à distance ces activités polluantes.

Dans les années 1930, la cave coopérative est créée et installée dans les anciennes dépendances viticoles du château Constant-Bages-Monpelou.

Pauillac est endommagé lors des bombardements de la ville par les alliés anglo-américains les 4 et 5 août 1944. Le 24 août, Pauillac est libéré des occupants allemands. La raffinerie a été l'une des cibles privilégiées. Les appontements ont également été détruits. Le chenal du Gahet et le site des Consommateurs de Pétrole Jupiter sont largement endommagés. Le centre ville est aussi touché. Sur 1588 maisons existant au dénombrement de 1936, 124 sont détruites et 523 endommagées. Un nouveau plan d'urbanisme est nécessaire ; l'architecte de Bordeaux Raymond Mothes, agréé par le ministère de la Reconstruction, est sollicité. Un plan topographique régulier de la ville est dressé en 1946. La place de Lattre de Tassigny, largement touchée, est réaménagée selon les plans de l'ingénieur de la DDE, M. Brard, au début des années 1950. Elle est inaugurée en 1955. D'autres constructions sont caractéristiques des années 1960 : la salle des fêtes, le cercle nautique ou encore la maison construite par André Cazes sur les quais.

Détruite par des bombardements, la raffinerie est reconstruite en 1947 puis en 1952. Entre 1968 et 1970, elle est rasée pour être reconstruite avec de nouveaux bureaux. En 1970, le site emploie 300 personnes. La ville doit accueillir et loger l'ensemble du personnel et connaît une période de croissance et de prospérité. L'activité de raffinage sur place est arrêtée en 1985. Le démantèlement des unités de raffinage s’achève en 1988. En en 1990, il ne reste que 38 salariés. La vie de la commune s'en trouve bouleversée.

L’aménagement du port de plaisance inauguré en 1978 matérialise la prédominance de la navigation de loisir à Pauillac. Dès 1872, une société "La Voile de Pauillac" était créée ; dans les années 1920, le débarcadère de voyageurs a été converti pour ces événements, tandis que les voyageurs arrivant par le bac débarquaient sur une nouvelle cale en béton. Le peyrat disparait au profit de ces nouveaux aménagements. La rotonde et les hangars à bateaux marquent les quais d’un nouveau style architectural, celui des années 1960, dans la lignée de la reconstruction de Royan.

Le tourisme, initié par la création dans les années 1980, de la Maison du Tourisme et du Vin est désormais l'un des leviers économiques que souhaite activer la commune. En 2014-2015, les quais ont été réaménagés ; le développement des croisières sur l'estuaire, y compris l'accostage prévu de paquebots, est l'un des enjeux pour redynamiser le bourg. Des travaux de réaménagement ont été réalisés favorisant la circulation (prolongement de la rue de Grassi), requalifiant les abords de l'église, etc.

Le tissu urbain est encore marqué par l'activité viticole : aux anciens chais souvent délaissés sont venus s'ajouter des installations modernes (chais Duhart-Milon, bureaux de Mouton-Rothschild, etc) qui marquent de leur emprise le plan de la ville.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

La ville de Pauillac ne domine l’estuaire que de quelques mètres et s'est développée à proximité des eaux, entre le chenal du Gahet au nord et le chenal du Gombaud ou de la verrerie au sud.

L'alignement des façades des maisons le long des quais est emblématique de la ville. S'y trouvent du sud au nord : la maison du Tourisme et du Vin, des bâtiments de l'administration (centre des finances, pôle emploi, etc), les anciens hôtels et commerces apparus dans la 2e moitié du 19e siècle, l'hôtel de ville, le château Grand-Puy-Lacoste, le cinéma (ancienne Caisse d'Epargne). Le port de plaisance et la cale de l'ancien bac sont aménagés dans l'axe de la rue Victor-Hugo.

En cœur de bourg, l'habitat s'organise autour de l'église et de la place De Lattre de Tassigny. Les bureaux du Domaine Mouton-Rothschild occupent un vaste îlot complété d'un parking pour le personnel.

Les lotissements se trouvent en périphérie, ainsi que les équipements publics : le lycée Odilon Redon au sud avec piscine et gymnase, le stade et le collège Pierre de Belleyme au nord, la gare au nord-ouest.

Quelques parcelles de vigne sont encore présentes dans le périmètre de la ville ; le vignoble s'étend principalement à l'ouest et au sud de la ville.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse, tuile mécanique

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Pauillac

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