Château Lagrange

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

L'ancienne maison noble de Lagrange n'apparaît que tardivement dans la documentation. Selon une description et des vues anciennes, la demeure comportait un corps de logis rectangulaire flanqué de tours quadrangulaires aux angles opposés et d'une tourelle circulaire, datée 1641. Une fontaine s'écoulant dans un bassin, autrefois attenante à des bâtiments mais aujourd'hui isolée dans le parc, paraît datable de la fin du 17e siècle. Les cartes du 18e siècle qui donnent une représentation du site montrent que la demeure était entourée d'un enclos. Le domaine, dit de La Grange du Gar, est détenu par la famille Deluc (ou de Luc) à la fin de l'Ancien Régime, propriétaire par ailleurs du château de Romaneau à Saint-Dizant-du-Gua en Saintonge. La famille s'illustre localement après la Révolution, le comte Antoine Deluc de Lagrange, chevalier de Saint-Louis, étant connu pour être maire de Blaye entre 1810 et 1819, date de sa mort.

Le plan cadastral de 1832 montre un ensemble de bâtiments organisés sur une cour en U, fermée à l'ouest par une vaste bâtiment séparé de la cour ; d'autres dépendances figurent isolées plus au nord. Un plan du domaine, daté de 1847, levé après l'acquisition de la propriété par Édouard Lelièvre, marquis de La Grange, détaille la fonctions des différents bâtiments, qui comprennent alors, outre le "château" : des communs, chais, maison de régisseur, des logements pour vignerons dits "de construction récente", ainsi que la maison du fermier accolée à une vaste grange-étable. Par ailleurs, l'aile sud sur la cour, ancien chai de garde, a disparu au profit d'un parterre alors qu'un "jardin anglais" occupe l'emplacement de l'ancien potager.

Une nouveau château est édifié à l'emplacement des communs d'après un projet de l'architecte bordelais Gustave Alaux ; les travaux sont achevés en 1856, ainsi que l'atteste la date figurant sur un cul-de-lampe près de l'entrée. Il est raccordé à l'ancien château par une chapelle néo-gothique mentionnée en 1859. L'ensemble du décor sculpté est probablement dû à l'ornemaniste Aristide Belloc, travaillant par ailleurs sous l'autorité de Gustave Alaux sur le chantier de restauration de l'église de Saint-Ciers. Des travaux sont effectués à la même époque afin d'améliorer les dépendances agricoles du domaine.

Le vignoble est, pour sa part, classé en premier cru bourgeois et en second bourgeois pour les vins de palus, ainsi que le mentionnent les différentes éditions de Bordeaux et ses vins dans la seconde moitié du 19e siècle.

Après la mort sans postérité directe du marquis de Lagrange en 1876, le domaine, légué à une petite nièce, passe dans les biens de la famille des comtes de Luppé qui en conserve la jouissance jusque dans les années 1930.

L'entrée et le portail actuels, créés en brèche dans le mur d'enclos, datent des environs de 1970, probablement après la distraction de la ferme de la propriété. Le château, laissé sans entretien, a été amputé de sa partie ancienne, démolie vers 1985.

Périodes

Principale : 2e quart 17e siècle (détruit)

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1856, porte la date

Auteurs Auteur : Alaux Gustave

Jean-Paul Louis Gustave Alaux, né à Bordeaux le 29 novembre 1816 à Bordeaux, mort dans la même ville le 23 mars 1882 ; fils du peintre Jean-Paul, dit Gentil-Alaux.

, architecte (attribution par source)
Personnalite : Lelièvre Edouard

Marquis de La Grange et de Fourille.

, commanditaire (attribution par source)
Auteur : Belloc Aristide

François Aristide Belloc, sculpteur né à Nantes le 23 août 1827, mort entre 1888 et juillet 1908 (dates des premier et second mariages de son fils), deuxième fils des sept enfants d'Aristide Philimé Belloc (1804-?), chapelier à Nantes (rue de la Casserie puis rue d'Orléans), et de Jeanne Eugénie Rousseau (1806-?). Il épouse à Saint-Paul-lès-Dax, le 6 juillet 1858, Françoise dite Francine Lamaison (Laurède, 27 novembre 1829 - ?), fille de Jean-Baptiste Lamaison, tonnelier à Laurède, et de Marie Lagraulet, et nièce du Père Antoine Lamaison, supérieur du sanctuaire marial de Buglose près de Dax. Françoise Lamaison était depuis 1854 la belle-sœur du sculpteur bordelais Vincent Saint-Sébastien (1829-?), qui succédera en 1863 à Belloc sur le chantier de Buglose. L'un des témoins du mariage de Belloc fut le sculpteur Joseph Fradel.

Élève des sculpteurs nantais Suc et Grootaers, puis de Rude, Aristide Belloc fut d'abord actif dans sa ville natale, où il travailla pour le Théâtre, pour plusieurs églises et pour l’hôtel de Ville (tête colossale de Judith), œuvra ensuite à Bordeaux dans les années 1850 (deux Renommées tenant les armes de la ville au Grand-Théâtre), avant de s'installer à Perpignan (où il semble faire faillite en 1866-1867), à Angers (rue des Deux-Haies, où naît sa fille Eugénie Néméa en juin 1870), à Niort (avant 1877), enfin à Reims (50, rue du Faubourg de Laon), où il est signalé en 1885 (renseignements biographiques communiqués par l'abbé Dominique Bop, 2019). Il exposa à Toulouse en 1858 et à Bordeaux en 1859. Il donna des modèles à des fabricants-mouleurs tels que Dominique-Michel Vidiani, de Poitiers, ou Giovannetti et Pieraccini, de Tours (Saint Michel terrassant le dragon, 1876). Sur l'artiste, voir : Émile Maillard, L'art à Nantes au XIXe siècle (E. Monnier, 1888), et Pauline Carminati, "Enquête sur la vie et l’œuvre du sculpteur Aristide Belloc", Raffl & Cie [en ligne], 08/08/2017. URL : https://raffl.hypotheses.org/810 (consulté le 09/11/2017).

, sculpteur (attribution par analyse stylistique)

Le château, en bordure de la zone de palus des rivages estuariens, est environné d'un parc et séparé de la route de Blaye à Saint-Ciers par un mur d'enclos. Le plan originel comprenait une aile du bâtiment ancien, prolongée par la chapelle raccordée en retour d'équerre au nouveau corps de logis, de plan rectangulaire et flanqué d'une tour polygonale à mâchicoulis sur l'angle sud-ouest. L'édifice est établi sur un sous-sol semi-enterré formant un niveau pour le service. Un avant-corps à l'est, à pignon découvert, est précédé d'un escalier droit donnant accès au rez-de-chaussée surélevé. Un escalier en vis hors-œuvre est aménagé dans une tourelle en encorbellement sur cul-de-lampe, dans l'angle formé avec le corps de logis au nord-est. Sur l'élévation opposée côté parc, un porche surélevé voûté d'ogives soutient un balcon à l'étage. Les travées irrégulières reflètent l'organisation intérieure. Des cordons soulignent les niveaux. Les fenêtres, croisées ou demi-croisées, sont à rouleau d'archivolte, en accolade à l'étage. Les lucarnes de l'étage de comble sont en pierre à croisée pendante et fronton-pignon, à l’exception de trois lucarnes à encadrement bois du côté parc. Le toit d'ardoises est à croupes et pignon découvert pour l'avant-corps ; les tours sont couvertes de flèches, l'une polygonale et l'autre conique.

A l'intérieur, le vestibule est voûté d'ogives. La distribution d'origine est connue par des documents : contrairement au parti habituel de ces demeures, les chambres sont situées au rez-de-chaussée surélevé. Un escalier en charpente assure la desserte de l'étage où se trouve la salle à manger, la bibliothèque, le petit et le grand salon, équipé d'une cheminée monumentale à façade de bois à décor Renaissance (éléments de remploi ?). Une pièce de la tour adjacente au salon est voûtée d'ogives. Les chambres des domestiques occupent les deux étages de combles.

Le parc arboré comporte une fontaine en pierre de taille, décorée de volutes, de pilastres et couronnée d'un fronton cintré. Un mur d'enclos longeant un chemin menant vers le marais, bordé de platanes, sépare le parc des dépendances agricoles au nord.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Étages

sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Couvrements
  1. voûte d'ogives voûte en berceau
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Partie de toit : pignon découvert

  3. Forme de la couverture : flèche conique

  4. Forme de la couverture : flèche polygonale

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en charpente

  3. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : armoiries

  2. Representations : terme


Précision sur la représentation :

Le foisonnant décor sculpté est développé sur l'ensemble des élévations. Les angles de l'avant-corps sont décorés de pinacles et le pignon à crochets est fleuronné, de même que pour les lucarnes. De petits personnages, représentant semble-t-il des ouvriers maçons, sont accrochés aux parties saillantes des cordons. Les fenêtres de l'étage ont des appuis sculptés d'ornements végétaux, d'animaux et de personnages divers ; leur couvrement est en accolade à fleuron. Les lucarnes sont cantonnées de personnages et d'animaux réels ou fantastiques. Le blasonnement est généralisé sur les lucarnes et sur les clés de voûte : les principales armoiries sont celles des familles Lelièvre de La Grange et Nompar de Caumont. Les culots des voûtes sont sculptés de têtes humaines, de personnages et d'animaux.

Le poteau de l'escalier intérieur est sculpté de têtes d'hommes. La façade de la cheminée du grand salon à l'étage est sculptée d'un riche décor de termes, de colonnes torses, de chapiteaux corinthiens, de cornes d'abondance et d'armoiries.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Lagrange

Cadastre: 1832 A1 154-155 (Ajouts de numéros en bis : 154, 155, 156, 158.), 2013 AB 11

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