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Prieuré, église paroissiale Saint-Ciers
France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Ciers-sur-Gironde
Historique
De l'église médiévale donnée en 1118 par l'archevêque de Bordeaux à l'abbaye bénédictine saintongeaise de Baignes, ne subsistent plus que des lambeaux de mur de l'élévation nord et du décor du portail occidental (une description et un dessin des croix de consécration de l'ancien portail roman ont été publiés par Viollet-le-Duc). L'édifice est associé jusqu'à la fin de l'Ancien Régime à un prieuré.
D'importants travaux de restauration sont entrepris durant la 1ère moitié du 19e siècle, dont la réfection du clocher, de la façade et de la chapelle Notre-Dame ; une chapelle funéraire sur un caveau est édifiée pour le marquis de Lamoignon en 1845 par l'ingénieur François Manizan. En dépit de ces travaux, l'église est présentée en 1853 comme un édifice vétuste et insuffisant, dont la reconstruction est sollicitée conjointement par le conseil de fabrique et la municipalité, représentés par le curé Lepage et le maire Froin. Les plans et devis élaborés par l'architecte bordelais Gustave Alaux sont approuvés par le conseil municipal en octobre de la même année. Les travaux sont entrepris dès 1854 par l'entrepreneur Antoine Milhau, dit Bourret, alors que la réalisation du décor sculpté est confiée à Aristide Belloc. Le chantier est achevé en régie en 1855-1856 à la suite d'un contentieux avec l'entrepreneur pour malfaçons (le règlement définitif n'est intervenu qu'en 1865).
Un autre contentieux a opposé les commanditaires au marbrier bordelais Bernard Jabouin, auteur du mobilier monumental dessiné par l'architecte, installé en 1856. La bénédiction de la nouvelle cloche intervient en octobre de la même année. Le décor peint intérieur, signé de A. Terral, a été réalisé en 1895.
Des travaux de réfection de la façade, du clocher et des voûtes sont signalés dans les années 1930 et 1940 sous la conduite de l'architecte départemental Georges Grange ; les puissants contreforts de l'élévation nord datent vraisemblablement de ces travaux. Une importante campagne de restauration intérieure, commencée en 2000, a pris fin en 2007. Le caveau du marquis de Lamoignon a été ouvert en 2008 puis de nouveau scellé.
Détail de l'historique
Description
L'église est de plan allongé. La nef à vaisseau central bordée de collatéraux est terminée par un chevet à pans-coupé. La façade occidentale, à pignon découvert, comporte un avant-corps abritant le portail en arc plein-cintre à ressauts ; elle semble conserver quelques vestiges de l'ancienne façade (dont témoigne en particulier une colonnette en remploi). L'architecte a ainsi maintenu une façade de style roman, vraisemblablement inspirée de l'ancienne église, pour un édifice d'esprit néo-gothique, qui, sous un abord très homogène, conserve dans ses structures des vestiges de l'édifice antérieur.
L'enduit partiel des élévations de la nef, en particulier du côté nord dans les parties basses des 2e et 3e travées, paraît masquer les reprises de maçonnerie ; le témoignage le plus évident est une porte en arc segmentaire murée. Les murs de calcaire sont en moellon équarris, en pierre de taille de moyen appareil pour la façade et la flèche en maçonnerie du clocher. Celui-ci est desservi par un escalier en vis situé dans l'angle du bas-côté nord et du chevet.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan allongé |
Étages |
3 vaisseaux |
Couvrements |
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Couvertures |
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Escaliers |
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État de conservation |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Le décor sculpté extérieur est localisé sur la façade occidentale, les portails latéraux et le clocher. Les chapiteaux du portail principal sont ornés de feuillages variés et de têtes fabuleuses ; la voussure est décorée de dents de scie et le rouleau d'archivolte de pointes de diamants. Une frise rudentée couronne l'avant-corps. Les portails latéraux sont décorés sur leur tympan de rinceaux feuillagés, du monogramme IHS au nord et AM au sud ; des portraits d'hommes ou de femmes figurent sur les culots du rouleau d'archivolte, dont peut-être celui de l'architecte sur la face intérieure de portail sud. Le clocher est orné à sa base d'un entablement de modillons figurés, sur la flèche de têtes d'hommes, d'animaux fabuleux et de nombreux crochets et fleurons. Les chapiteaux intérieurs sont sculptés d'ornement végétaux variés et de têtes humaines sur les angles. |
Informations complémentaires
Note de synthèse
Note de synthèse rédigée à l’automne 2007, en réponse à une sollicitation de la commune de Saint-Ciers-sur-Gironde, qui, à l’issue d’une importante campagne de restauration, souhaitait disposer d’un document de synthèse sur l’histoire, l’architecture, le décor et le mobilier de l’église paroissiale. Les informations présentées ici ont été reprises dans un document de présentation de l'édifice diffusé lors de la cérémonie marquant la clôture des travaux.
L’architecture
Situation
L’église, alignée sur la route de Blaye à Royan, ancien itinéraire longeant l’estuaire et principale rue du bourg, occupe une position centrale dans l’agglomération, à un carrefour formant une place qu’elle domine. Sa façade principale, à l’ouest, ainsi que les élévations latérales sont dégagées de toute construction ; la partie postérieure, en revanche, confronte par la sacristie l’immeuble voisin dont elle est séparée par un étroit passage. Un jardin clôturé la borde au nord.
Historique
La date de fondation de l’église est inconnue, mais sa dédicace à saint Cyr, martyrisé avec sa mère sainte Julitte au début du IVe siècle, plaiderait pour une fondation du haut Moyen Age. Quoi qu’il en soit, elle est associée au Moyen Age à un prieuré de l'abbaye bénédictine saintongeaise de Baignes et elle apparaît jusqu’à la fin de l'Ancien Régime comme un prieuré-cure séculier.
De l'ancien édifice ne semble plus subsister que des lambeaux de mur de l'élévation nord et du décor du portail occidental roman (un dessin des croix de consécration de l'ancien portail a été publié par Viollet-le-Duc). Les descriptions anciennes la présente comme un édifice de plan simple, à nef unique ouvrant sur un large chœur terminé par un chevet plat, auquel était adossé le maître-autel encadré de celui de la Vierge au sud et de saint Jean-Baptiste au nord. Le plan cadastral napoléonien montre un édifice rectangulaire avec un avant-corps largement saillant à l’ouest.
Malgré d'importants travaux de restauration entrepris durant la 1ère moitié du XIXe siècle (dont la réfection du clocher, de la façade et de la chapelle Notre-Dame), elle est présentée en 1853 comme un édifice vétuste et insuffisant, dont la reconstruction est sollicitée conjointement par le conseil de fabrique et la municipalité, représentés par le curé Jean-Eugène Lepage et le maire Alcée Froin. Les plans et devis élaborés par l'architecte bordelais Gustave Alaux sont approuvés par le conseil municipal en octobre de la même année. Les travaux sont entrepris dès 1854 par l'entrepreneur Antoine Milhau, dit Bourret, alors que la réalisation du décor sculpté est confiée à Aristide Belloc. Le chantier est achevé en régie en 1855-1856 à la suite d’un contentieux avec l'entrepreneur pour malfaçons (le règlement définitif n'est intervenu qu'en 1865). Un autre contentieux a opposé les commanditaires au marbrier bordelais Bernard Jabouin qui réalisa le mobilier monumental, dessiné par l'architecte, mis en place en 1856.
Des travaux de réfection de la façade, du clocher et des voûtes sont signalés dans les années 1930 et 1940 sous la conduite de l'architecte départemental Georges Grange ; les puissants contreforts de l'élévation nord datent peut-être de ces travaux. Une importante campagne de restauration intérieure, commencée en 2000, doit prendre fin en 2007.
Description
Le matériau de gros-œuvre exclusif est la pierre calcaire. Les devis des travaux du XIXe siècle permettent parfois de préciser de quelles carrières les matériaux sont extraits. Ainsi, dans les années 1830, pour la réparation de la façade, la pierre provient de carrières proches, de Goizet (un lieu dit Goizet existe dans la commune voisine de Saint-Bonnet-sur-Gironde, en Charente) et de Roque (soit probablement des environs de Bourg-sur-Gironde, où les carrières dites de « la Roque » fournissaient une pierre moyennement dure). Lors du chantier de reconstruction, dans les années 1850, l’approvisionnement en pierre est assuré par des carrières de Bourg-sur-Gironde et de Jonzac (Charente).
Le matériau de couverture exclusif est la tuile creuse.
L’église, de plan allongé, comporte trois vaisseaux. La nef de 5 travées avec collatéraux formant bas-côtés débouche sur un chœur à pans-coupés. L’examen des maçonneries semble révéler que, sous un abord très homogène, l’édifice conserve dans ses structures des vestiges de l’édifice antérieur à la campagne de restauration du milieu du XIXe siècle, bien que la documentation soit, à ce sujet, muette. En effet, l’enduit partiel des élévations de la nef, en particulier au nord dans les parties basses des 2e et 3e travées, paraît masquer les reprises de maçonnerie. Le témoignage le plus évident du maintien de parties anciennes est la porte en arc segmentaire murée.
L’espace intérieur est scandé de piliers à noyau carré flanqué de colonnes engagées ; seules les colonnes de l’arc triomphal ont un noyau cruciforme. Le décor sculpté, relativement varié, est essentiellement localisé sur les chapiteaux des colonnes (voir infra).
L’ensemble de l’édifice est voûté d’ogives ; la clé de voûte de la 5e travée est annulaire, la voûte du chœur est à 6 quartiers.
Les élévations intérieures des murs de la nef sont rythmées par les colonnes engagées délimitant les travées. Les vaisseaux de la première travée sont compartimentés et ouverts, dans les parties hautes, d’une baie jumelée.
A l’extérieur, les travées sont matérialisées par l’espacement régulier des contreforts ; ceux encadrant la porte nord sont plus massifs. Une porte en arc brisé est percée en vis-à-vis dans les murs de la 4e travée de chacune des élévations latérales. Le registre supérieur est percé de baies en arc brisé à 2 formes et à oculus de réseau, à l’exception d’un oculus polylobé surmontant les portes latérales.
La façade occidentale à pignon découvert comporte une travée centrale formant avant-corps abritant le portail principal. Inscrit dans un ébrasement, il est couvert d’une voussure en arc plein-cintre à ressauts formé de 6 rouleaux. De part et d’autre, sur un mur d’appui, règnent 4 arcs de réseau en plein cintre.
Le décor et le mobilier
Autels, anges, fonts baptismaux et 6 bénitiers
Les trois autels, les fonts baptismaux et les six bénitiers constituent un ensemble décoratif homogène, de style néo-médiéval, en maçonnerie ornée d’un décor peint. Le maître-autel est surmonté d’un gradin à redents et d’un tabernacle à exposition ; les autels latéraux possèdent aussi un gradin mais seul l’autel de la Vierge comporte un tabernacle. Quatre colonnes portant la table de l’autel majeur séparent trois arcades qui abritent deux statues d’anges – l’un a été volé – encadrant le Sacré-Cœur. Deux colonnes portent la table des autels latéraux ; des statues en pierre de la Vierge et de saint Jean-Baptiste, placées dans des niches, surmontent ces ensembles. Des décors peints complètent l’ornementation de chaque autel. La porte des tabernacles, en cuivre repoussé, est ornée d’un motif sculpté : un Christ bénissant pour le maître-autel et une Vierge à l’Enfant pour l’autel de la Vierge ; un Calvaire occupe le gradin de l’autel Saint-Jean.
Les fonts baptismaux et les six bénitiers en pierre taillée sont constitués d’une cuve sculptée de fleurs et portée par une colonne à base moulurée et à chapiteau décoré de feuillages. Les bénitiers sont adossés aux murs de chaque côté des portes d’entrée.
Les documents d’archives mentionnent que cette église a toujours possédé trois autels sous le vocable des dédicataires actuels. Lors des travaux de reconstruction de l’église, les trois autels, les fonts baptismaux et trois bénitiers ont été exécutés en 1856 par le sculpteur-marbrier bordelais Bernard Jabouin selon les projets de l’architecte Gustave Alaux. La qualité du travail, critiquée par la fabrique, et le paiement de ces ouvrages ont été le sujet d’un long litige entre l’architecte, le sculpteur, la mairie et la fabrique. Les statues ont été réalisées en 1856 par le sculpteur niortais Aristide Belloc (signature) qui a aussi exécuté les chapiteaux et la plupart des autres ornements. Le maître-autel fut avancé dans le chœur en 1867, enrichi de sculptures et flanqué d’anges lampadophores en 1880 ; l’ensemble fut orné de peintures en 1884 par A. Zabalza, peintre à Mirambeau, qui décorait alors les murs de l’église.
Les anges lampadophores en terre cuite recouverte d’un badigeon polychrome encadrent le maître-autel. Habillé d’un long vêtement et baissant la tête dans un geste d’adoration, chacun porte un chandelier où s’assemblent des lys garnis de bougies électrifiées. Un socle de pierre, orné d’une corniche brisée, de cercles polylobés et d’ars trilobés, porte chaque statue. Ces anges sont offerts par un particulier en 1880, date à laquelle de nombreux catalogues de fabricants en proposent divers modèles.
Décor sculpté
Dès 1855, Aristide Belloc reçoit le paiement de diverses sculptures (140 chapiteaux, 80 crochets, 6 fleurons et 8 gargouilles), confirmant le parti pris ornemental de la nouvelle construction, revendiqué par l’architecte Gustave Alaux.
Le décor sculpté extérieur est localisé sur la façade occidentale, les portes latérales et le clocher. Les chapiteaux du portail sont ornés de feuillages variés et de têtes fantastiques ; la voussure est décorée de dents de scie et le rouleau d'archivolte de pointes de diamant. Une frise rudentée couronne l'avant-corps. Si la partie centrale de la façade s’inspire peut-être de quelques éléments du décor sculpté d'origine, le clocher est recouvert de sculptures réalisées a novo. Il est orné à sa base d'un entablement à modillons figurés, alors que sur la flèche, des animaux fantastiques et des végétaux s’accrochent aux chapiteaux et aux bases des colonnes, aux gâbles et aux clochetons. Les portes latérales sont décorées sur le tympan de rinceaux feuillagés, du monogramme IHS au nord et AM au sud ; des portraits d'hommes ou de femmes figurent sur les culots du rouleau d'archivolte. Peut-être faut-il y reconnaître les principaux acteurs de la reconstruction (en particulier l’architecte Gustave Alaux, sur le culot de droite de l’archivolte interne de la porte sud), mais on aimerait identifier plus sûrement ces portraits et peut-être y reconnaître les partenaires de cette aventure que fut la reconstruction de l'église.
Les chapiteaux intérieurs sont sculptés d'ornements végétaux variés avec, parfois, de petites têtes humaines sur les angles. Quelques têtes de démons figurent aussi sur les bases des colonnes.
Décor peint
En 1856, G. Alaux revendique dans son mémoire la décoration de l'église dont le marché des « peintures du sanctuaire et des chapelles » passé avec les peintres bordelais Vincent et Bonnet. En 1859, Rabainne, peintre à Blaye, décore les « nervures et joints » d'une partie des voûtes. En 1867, le curé Corbini fait exécuter de nombreux travaux de décoration dont la peinture des chapelles. C'est entre 1880 et 1884 que A. Zabalza réalise à la peinture à l'huile et la dorure des « sujets historiques et des tableaux sur les faces extérieures des arcs à l'entrée du chœur et du sanctuaire » ainsi que quelques autres ornements. En 1893, le peintre bordelais Terral est chargé des « dessins d'ornementation conformes aux plans déposés » en recouvrant « les chapiteaux et les clefs » de peinture et d’or après avoir réparé les « effets du salpêtre ». Ces informations données par les comptes de la fabrique sont confirmées par la présence des ornements cités et par la signature de Terral.
Un décor est peint au sommet du mur oriental de chaque chapelle, de part et d’autre de la partie supérieure de la niche abritant la statue du dédicataire des chapelles. Au nord, la présentation de Jésus par saint Jean-Baptiste se déroule au bord d’un lac, non loin d’une ville alors qu’une barque se dirige vers la rive. Jésus, de face, regarde vers Jean-Baptiste de profil. Au sud, l’Institution du Rosaire figure la Vierge et l’Enfant, de face, distribuant les chapelets aux saints agenouillés : Dominique de profil et sainte Catherine de Sienne de troisquarts. Des buissons de roses encadrent la scène. La signature de Terral est située au pied de saint Dominique. Ces deux scènes restent d’inspiration conventionnelle ; cependant, celle du témoignage de Jean-Baptiste est davantage marquée par un sentiment pathétique plus au goût du jour.
Vitrail
Dans le chœur, les vitraux figurent les saints dédicataires de l’église : saint Cyr et sainte Julitte, saint Jean-Baptiste, saint Fiacre. Au nord, du côté de la chapelle Saint-Jean, les vitraux sont consacrés successivement à la vie de saint Jean-Baptiste, à la remise des clefs à saint Pierre, au culte du Sacré-Cœur avec sainte Marguerite-Marie Alacoque, et, proche des fonts baptismaux, au baptême du Christ. Au sud, du côté de la chapelle de la Vierge, ils relatent différents épisodes de la vie de la Vierge : le Calvaire, le couronnement de la Vierge et le dogme de l’Immaculée Conception avec sainte Bernadette. Des citations religieuses complètent chaque scène. Des motifs héraldiques et symboliques illustrent les oculus : Agneau mystique, armoiries du pape Léon XIII et du cardinal Donnet. Des verrières décoratives géométriques et végétales ferment les baies de l’élévation principale.
Les textes d'archives et les inscriptions sur les verrières documentent ces œuvres. Les trois verrières du chœur, les oculus au-dessus des portes latérales et les verrières des chapelles ont été réalisés par Joseph Villiet, peintre-verrier à Bordeaux entre 1852 et 1877. Les verrières du chœur ont été offertes dès le début de la reconstruction de l'église par le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux de 1836 à 1882, les oculus par la paroisse en 1856, le vitrail de la chapelle Saint-Jean en 1858 par A. Froin, maire, et celui de la chapelle de la Vierge en 1859. Les autres vitraux ont été réalisés par le peintre-verrier bordelais Gustave Pierre Dagrand vers 1880.
Les vitraux de J. Villiet s’inspirent d’un projet archéologique reproduisant des modèles médiévaux à médaillons superposés alors que les compositions de G.-P. Dagrand mettent en scène les personnages dans des tableaux disposés sur un fond à décor végétal.
Tableaux
En juin 1857, le tableau représentant le Christ en croix, copie d’après Pierre-Paul Prud’hon (conservé au Louvre), réalisé par M. Chandelier est adressé par le ministre d'Etat aux Beaux-Arts, pour la décoration de l'église, les frais d'encadrement, d'emballage, de transport étant à la charge de la fabrique. Dans cette composition classique, un éclairage particulier met en scène Jésus et Marie-Madeleine, le sauveur et la pécheresse repentie, alors que l’ombre de la nuit dissimule Marie et saint Jean.
Le second tableau, peint en 1847 par Lina Vallier, représente saint Cyr rejoignant au ciel sa mère sainte Julitte : il met en scène sous un ciel orageux le jeune martyr dédicataire accompagné d’un ange gardien, ailes déployées, et sa jeune mère qui, bras ouverts, dans un jour lumineux l’attend au milieu d’angelots. Deux tableaux de Murillo ont servi de modèle à cette œuvre remarquable : dans les personnages de saint Cyr et de l’ange il vaut reconnaître le Tobie conduit par l’archange Raphaël (conservé dans la cathédrale de Séville), alors que sainte Julitte reproduit la figure de la Vierge dans La vision de saint Félix de Cantalice (au musée des Beaux-Arts de Séville).
Chaire à prêcher
En chêne sculpté, la chaire à prêcher est adossée au troisième pilier nord du vaisseau central. De plan hexagonal, elle est portée par un pied formé de courtes colonnes en faisceau. L’escalier tournant, dont la rampe est constituée de panneaux ajourés par des ouvertures en arc brisé, débouche dans le bas-côté. Les panneaux de la cuve sont sculptés des quatre Evangélistes placés sous des arcs brisés aux écoinçons décorés ; chacun est debout sur une console ornée du symbole du Tétramorphe qui lui correspond. Des pinacles séparent chaque panneau. Le dorsal, orné d’arcs brisés et d’un quadrilobe, est flanqué de colonnettes portant l’abat-voix, lui-même orné d’un décor néo-gothique à base de festons découpés et de pinacles ; il est surmonté d’une flèche maintenue par des arcs-boutants.
Lors d’une délibération du conseil de fabrique en date du 25 juin 1855, G. Alaux est chargé de donner les projets d’une chaire : en pierre de Saintonge, elle est réalisée en 1856 par B. Jabouin. Cette première construction a été un des sujets du mécontentement du conseil de la fabrique et du litige qui opposa l’architecte, le sculpteur, la mairie et la fabrique. Les comptes de celle-ci mentionnent que, malgré des réparations et un nouveau décor peint en 1858 par Nazereau, peintre à Blaye, elle fut remplacée par la chaire actuelle vers 1898 lors d'un achat de mobilier facturé par la maison Ancus à Aurillac.
Statuaire
Outre les statues en pierre des chapelles latérales, déjà évoquées, on remarquera parmi la dizaine de statues de série celles de saint Fiacre, « patron secondaire » de la paroisse et de sainte Jeanne d’Arc, réalisée sans polychromie en 1939 par l'éditeur orléanais Marcel Marron (signature) d'après une sculpture de Charles Desvergnes. Le Christ en croix accroché face à la chaire à prêcher a été réalisé par Henri-Hamilton Barrême (1795-1866), sculpteur à Ancenis (signature).
Mobilier
Certains meubles répartis dans l’église et la sacristie sont mentionnés dans les documents d’archives. Le confessionnal est le seul subsistant des deux réglés au menuisier Thouvenin en 1859.
D'après les comptes de la fabrique, un premier achat de stalles est effectué en 1848 mais les stalles actuelles semblent dater par leur décor d'un second paiement effectué en 1897.
Si un tambour de porte et une tribune construits en 1867 sont peints par Terral en 1894, il semble bien d'après la documentation qu’une nouvelle installation – ou une importante modification – soit réalisée en 1903 par la maison Ancus.
La même opération semble concerner le chemin de croix : en effet le curé Corbini achète un chemin de croix en 1867 mais les représentations actuelles sont signées de A. Terral qui ne travaille dans l’église qu’à l’extrême fin du XIXe siècle. Les scènes sont inspirées de différentes gravures reproduisant des tableaux renommés.
L’armoire à six battants, le placard dissimulant une des portes d’entrée et l’armoire-chasublier qui meublent la sacristie font sans doute partie des travaux d’ameublement mentionnés en 1846 et en 1876, bien que ces aménagements d’un style classique dénaturé diffèrent du style gothique adopté pour toute la décoration de l’édifice.
Entre 1858 et 1870, différents lustres achetés par la fabrique ou offerts par des paroissiens sont installés dans le chœur et les chapelles. Le lustre à branches du sanctuaire est composé d’un balustre central à vasque ovoïde en verre taillé à facettes portant sur deux niveaux une vingtaine de branches ornées de perles en verre. Deux lustres « montgolfière » accrochés aux piliers du chœur sont composés de branches sur deux niveaux avec perles et pendeloques. Un autre, à branches en métal doré est suspendu par des chaînes dans la chapelle Saint-Jean. L’inventaire dressé en exécution de la loi de 1905 consigne ce mobilier mais ne mentionne pas les lustres à couronnes de lumière installés dans le vaisseau central et les bas-côtés ; cependant, les comptes de la fabrique signalent divers achats d’ornementation entre 1866 et 1883. Chacun de ces lustres en laiton doré est composé d’une couronne suspendue à des chaînes aux maillons cruciformes.
Cloches
Le beffroi comporte deux cloches, dont une datée de 1750. Les différents documents d'archives consultés ne la signalent pas, mais seulement la refonte du bourdon de 1856, œuvre de l’entreprise Deyres, en 1882.
La première cloche, de volée, appelée Anne-Magdelaine, est suspendue par des ferrements à un mouton de bois. Le tintement se fait actuellement par un marteau cylindrique. La dédicace sur deux lignes et des frises de palmettes et de rinceaux occupent la partie supérieure du vase : M * R * LE PRESIDENT * CASEAUX * GRAND SYNDIC ET M * MME * DE * SENANT * LUI * ONT * DONNE * LE * NOM / ANNE * MAGDELAINE. Une croix et l’inscription AN 1750 ornent le vase et des filets la partie inférieure. Cette cloche est inscrite au titre des objets protégés depuis 1988.
La deuxième cloche est le bourdon situé au sud du beffroi. Des têtes d’homme ornent les anses. Sur la partie supérieure du vase se succèdent les trois lignes d’inscription, une frise de feuillage puis deux autres inscriptions au-dessus d’un Christ en croix et d’une Vierge. Un cordage forme un liseré autour du vase inférieur. La dédicace et la marque du fondeur nous apprennent que cette cloche fut refondue en 1882 par Henri Deyres fils, fondeur à Bordeaux.
Conclusion
Le projet architectural de l’architecte Gustave Alaux est cohérent, certes radical par l’ampleur de la reconstruction, mais il s’inscrit toutefois, en partie du moins, dans la tradition locale. L'architecte a ainsi maintenu une façade de style roman, de type saintongeais – peut-être inspirée de l'ancienne église – pour un édifice d’esprit néo-gothique, qui, sous un abord très homogène, conserve dans ses structures des vestiges de l'édifice antérieur.
Pour le mobilier, inspiré d’un style gothique tardif, il révèle la réorganisation du culte catholique au XIXe siècle, qui, ici, sans conserver le souvenir des périodes antérieures, n’hésite pas à promouvoir un complet changement de décor.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA33005397 |
Dossier réalisé par |
Beschi Alain
Chercheur et conservateur du patrimoine au sein du service du patrimoine et de l'Inventaire en Aquitaine, puis Nouvelle-Aquitaine (1994-2023). |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2011 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde |
Partenaires |
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Citer ce contenu |
Prieuré, église paroissiale Saint-Ciers, Dossier réalisé par Beschi Alain, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Gironde, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/f66a57ab-6a37-4a9e-ab69-bc564f8e79f1 |
Titre courant |
Prieuré, église paroissiale Saint-Ciers |
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Dénomination |
prieuré église paroissiale |
Vocable |
Saint-Cyr Saint-Ciers |
Parties constituantes non étudiées |
tombeau |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Ciers-sur-Gironde
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1828 (C2 1030, 1031; 2007 C6 1303)