Château de la Filolie, dit "de la Grande Filolie"

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Saint-Amand-de-Coly

Tout comme la "Petite Filolie", le domaine a pris l'appellation de "Grande Filolie" récemment, pour être distingué de son homonyme situé sur la commune de Condat-sur-Vézère. Et tout comme lui, il doit certainement son nom à la famille de La Filolie qui possédait au Moyen Âge des biens à Montignac et dans ses environs.

Selon toute vraisemblance, les biens de cette famille sont passés au XVe siècle à la famille de Beaulieu. En 1496, Antoine de Beaulieu est procureur de Montignac ; il dresse avec Antoine de Salaignac, gouverneur pour le sire d'Albret en Périgord et Limousin, le procès-verbal de la prise de possession des comté et vicomté pour celui-ci. C'est à lui que peut être attribuée dans ces années la construction à l'extrémité d'un éperon d'un premier logis composé de deux corps disposés en équerre (au nord et à l'est) dans une petite cour défendue par deux tours circulaires au sud. Un jardin, au nord, à la pointe de l'éperon, borde directement le corps de logis principal. Les fenêtres sont caractéristiques de la période comprise entre 1490 et 1510 (comparables à celles du château de La Salle à Saint-Léon et du repaire noble de Cramirac à Sergeac, tous deux datés par dendrochronologie).

Les importants travaux qui eurent lieu dans la seconde moitié du XVIe ou au début du XVIIe siècle sont probablement à attribuer à Jean de Beaulieu, qui succède à son père François peu après 1578. Il est attesté comme seigneur de La Filolie en 1581 et rend hommage au roi de Navarre pour sa maison noble "du Chaigne" à Montignac en 1583, dans un contexte très favorable pour lui : en 1600, il contracte pour son fils aîné Guillaume un mariage avec Marthe de Sédières, la sœur de François de Sédières, chevalier de l'ordre du roi et gentilhomme de sa chambre, seigneur de Coulonges.

La campagne de travaux menée à ce moment fut d'importance. La cour fut agrandie vers l'ouest au prix de grands travaux de terrassement pour racheter le dénivelé du terrain de ce côté. Un nouveau grand corps de logis rectangulaire fut établi de ce côté, dressé sur un étage de soubassement rachetant le dénivelé, orienté afin de donner des vues aux habitants sur un second jardin, bien plus vaste que le premier. En outre, la pente de l'éperon entre le nouveau corps de logis et le jardin est aménagée en terrasses pour offrir des vues surplombantes sur les parterres. Résolument tournée vers l'agrément, la nouvelle demeure n'en est pourtant pas moins pourvue d'une défense redoutable : elle est flanquée de deux tours rectangulaires à l'ouest, percées de nombreuses ouvertures de tir pour armes à feu, et un fossé est creusé afin de barré l'éperon au sud. De ce côté est aménagé un passage cocher défendu par un pont-levis et une échauguette en encorbellement percée d'orifices de tir circulaires. Une chapelle est bâtie à proximité, au sud de la cour.

Le 17 février 1665, Jean III de Beaulieu, seigneur de la Filolie, de Gaubert et de Paulin, fils de Jean II et de Marguerite de Souliac, contracte une alliance avec Angèle Hippolyte de Salignac, (demi-) sœur du célèbre Fénelon. L'inventaire des biens meubles dressé au château en 1692 révèle la présence de nombreux tableaux, d'une bibliothèque, d'objets de luxe... ; dans l'étage de soubassement de l'aile gauche, un cellier et un cuvier comportent de nombreuses barriques de vin. L'inventaire témoigne également de l'importance de l'emprise foncière de la seigneurie : à cette date, pas moins de dix métairies sont implantées autour du château.

Le domaine passe ensuite aux des Cars, aux Chapt de Rastignac, aux de Beauroyre, puis à partir du XVIIIe siècle et jusque récemment, change de mains de nombreuses fois. La croix de Malte ornant les clés de voûtes de la chapelle et du porche d'entrée sont peut-être à lier à Dominique de Beauroyre, seigneur de la Filolie, qui à la fin du XVIIIe siècle était chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. La carte de Belleyme montre que le domaine était en partie consacré à la vigne à cette époque. Au XIXe siècle, le château possédait encore deux cours figurées sur le cadastre ancien et séparées par des bâtiments aujourd'hui disparus. Le plan de Rousselet (1892) montre une aile de communs, également disparue, qui ferme l'ensemble à l'est. La tour d'escalier entre les corps de logis nord et ouest n'y apparait pas. Cette tour est également absente sur une carte postale réalisée vers 1910. Elle a vraisemblablement été bâtie peu avant la première guerre mondiale.

Périodes

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Principale : limite 16e siècle 17e siècle

Secondaire : 18e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Le site occupe un éperon peu élevé pointant vers le nord et bordé de deux vallons. Le vallon occidental est parcouru par le Doiran, ruisseau affluent de la Vézère. Il alimente l'étang du moulin. Organisé autour d'une cour ouverte à l'est, le château se compose, au nord, d'un corps de logis construit selon un plan en "L" enserrant une tour d'escalier carrée munie d'une porte à accolade défendue en hauteur par une bretèche. Il s'agit du manoir primitif, seul bâtiment à étage du château. Les combles sont éclairés de lucarnes à fronton-pignon. L'aile nord se prolonge vers l'ouest par un logis en rez-de-chaussée devant lequel s'élève une tour polygonale liant le manoir au corps de logis ouest. Celui-ci, très développé en longueur surmonte un étage de soubassement voûté d'un berceau segmentaire abritant le chai. Une tour rectangulaire occupe l'angle sud-ouest de ce corps. Une seconde, de plan identique, le flanque à l'extrémité nord de son gouttereau. Elles sont couronnées par un chemin de ronde sur mâchicoulis. Des bouches à feu ovales ou à redents les défendent. Sur les combles du logis, côté cour, au nord, une lucarne à fronton trilobé et acrotères, orné d'une coquille répond à celle du corps en retour reliant le manoir. Au sud, une seconde lucarne à croupe domine une porte d'accès. La clé de son arc porte un écu armorié. L'aile sud juxtapose plusieurs édifices : l'ancienne écurie, le porche d'accès voûté d'ogives dont la bretèche sur consoles abritait les flèches d'un pont-levis, la chapelle dédiée à l'Immaculée Conception à la nef également voûtée d'ogive et au choeur en berceau plein-cintre, puis un logis modeste en rez-de-chaussée, dit "maison du concierge". Il s'appuie contre une tour circulaire à toit conique qui marque l'angle sud-est du château. L'ensemble est en moellon de calcaire avec de rares parties de mur en pierre de taille. La toiture, très complexe, est couverte en lauze de calcaire. Au sud du château, un colombier occupe les hauteurs de l'éperon. Les dépendances de la ferme se développent sur le coteau ouest du vallon oriental. Le domaine possède plusieurs métairies ainsi que de nombreuses cabanes maçonnées ou en pierre sèche.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. calcaire en couverture
Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

  3. Forme de la couverture : toit conique

  4. Forme de la couverture : toit polygonal

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : armoiries

  2. Representations : coquille


Précision sur la représentation :

La clé de l'arc de la porte du logis ouest porte des armoiries non identifiées : écartelé au premier d'un château, au second d'un chevron avec trois poissons, deux en chef un en pointe, au troisième de trois tours, deux au chef une en pointe, au quatrième de trois cornes d'abondance, deux en chef une en pointe. Les frontons-pignons de deux lucarnes portent des coquilles sculptées en creux.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Saint-Amand-de-Coly

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Grande Filolie

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