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Abbaye cistercienne Notre-Dame d'Aubepierre (détruite)
Historique
L´abbaye cistercienne Notre Dame d´Aubepierre a été fondée officiellement le 10 juin 1149 par Bernard de Clairvaux, abbé et fondateur de l´abbaye du même nom. Construite au confluent de deux modestes cours d´eau (le ruisseau de la Bergerie, actuel ruisseau de Lavaud, et le ruisseau de Champaville), sur les terres du seigneur de Malval, la nouvelle abbaye a pris le nom d´Aubepierre (du latin Albis Petris, Pierres Blanches) en raison de l´abondance de quartz blanc recouvrant le sol. L´abbaye a eu une abbaye-fille : Notre-Dame des Pierres, située sur la commune de Sidiailles, dans le département du Cher. D´après les chartes des 14e et 16e siècles, la communauté d´Aubepierre a compté jusqu´à douze moines (Roy-Pierrefite indique 60 moines, ce qui a pu être possible au début, en comptant les frères convers). Outre la dévotion mariale, particulière à l´ordre, les moines rendaient un culte spécial à saint Gervais et saint Prothais, dont ils possédaient des reliques depuis une époque indéterminée. Le territoire appartenant aux religieux, constitué avant la fin du 13e siècle, allait des terres de Lignaud à Lourdoueix Saint-Pierre jusqu'à la Planche-Cassée et le Bouchet à Nouzerolles. Il comprenait de nombreux hameaux de la Marche Limousine, tels que Les Forges, Lavauvieille, Puylandon (tous les trois situés actuellement sur Fresselines), mais aussi des possessions dans le Berry (vignes). Le site de l´abbaye d´Aubepierre était alors entouré de bois, qui ont été peu à peu défrichés et mis en valeur par les cultures. Le bois récupéré alimentait des forges dites forges renardières, signalées dans les matrices cadastrales à proximité du monastère (mais dont l´activité n´a perduré que durant les premiers siècles de l´abbaye), ainsi qu'une tuilerie plus récente (d´après les documents d´archives elle ne daterait pas du Moyen Age) dont un séchoir et un four sont encore visibles au lieu-dit actuel La Tuilerie. Trois moulins étaient établis sur les cours d´eau qui traversaient le territoire des moines, dont un à l´abbaye même. Une partie des eaux de l´Augère formait le Ruisseau l´Abbé qui, grâce à un travail de canalisation sur plus de deux kilomètres, permettait d´obtenir d´excellents herbages. Les biens de l´abbaye étaient répartis en granges ou centres d´exploitation. L´abbaye possédait trois granges sur la paroisse de Méasnes : l´une située à l´entrée du monastère et qui s´est appelée plus tard la domaine de la Porte, la seconde à un kilomètre, devenu le village actuel de La Grange, et la troisième à La Bergerie. En 1453, les religieux ont favorisé l'implantation d'une famille pour défricher et mettre en valeur les terres à Champaville, à l'est de l'abbaye, en contrepartie de la construction de deux granges et deux maisons. Dès que les conditions ont été remplies, les moines ont récupéré lesdites terres et chassé la famille. A la mort de l'abbé, la famille a pu revenir dans le lieu-dit, créant ainsi le village de Champaville, mais devait payer chaque année de lourds impôts en nature. Par la suite, l´abbaye a souffert du système commendataire et des guerres de Religion. Au début du 16e siècle, l'état de l'abbaye devait déjà être problématique puisque le seigneur de l'Age-Champroy (situé au hameau de l'Age à Fresselines) se servit des pierres provenant de l' « aumônerie » des moines pour édifier le logis de son château. Un premier pillage a eu lieu en 1539 puis en 1569 les troupes calvinistes conduites par Wolfang de Bavière, duc des Deux Ponts, ont pillé l´abbaye une seconde fois, l'ont brûlé avec ses titres et papiers et ont noyé les religieux dans l´étang du domaine de la Porte. L´abbé Michel de Charpagne a été contraint de se retirer au château du Pleix-Jolliet. Il ne restait alors de l´abbaye que le réfectoire, une ou deux chambres pour les religieux et le chapitre. Certains bâtiments (dont l'église abbatiale) ont été réédifiés par l'abbé Saint-Maur au 17e siècle : le logis des religieux (perpendiculaire à l´église), le logis de l´abbé (maison à un étage, flanquée de deux petites tours) et une petite chapelle, édifiée à la hâte avant d´être remplacée plus tard par une nouvelle église abbatiale. Le plan du cartulaire de l'abbé de La Celle en 1767 et les relevés du cadastre ancien indiquent que le plan de l'édifice, semblable à ceux des fondations cisterciennes, a probablement été respecté. Il est vraisemblable que la reconstruction se soit appuyée sur les substructions rescapées des saccages du 16e siècle. Dès la seconde moitié du 17e siècle cependant, le prestige de l'abbaye n'était plus et les bâtiments conventuels menaçaient ruine : d´après un procès-verbal de 1723, le cloître était détérioré du côté du chapitre et le bâtiment de l´abbé était en assez mauvais état. Ce dernier a été démoli en 1741. La Révolution a sonné le glas de l'abbaye en expulsant les deux derniers moines (Dom Ange Evrard et Dom Jean Annet de la Celle), en réquisitionnant la propriété comme Bien National puis en vendant les terres le 23 mai 1792. La plus grande partie a alors été acquise par Sylvain de la Marche, qui était depuis 1786 propriétaire du château de Crozant, et par le procureur-syndic du district de la Souterraine. Le monastère a été complètement démoli vers 1820 puis remplacé par une ferme, les ruines de l'abbaye servant de carrière aux paysans des alentours. Une maison à Lourdoueix-Saint-Pierre possède un grand bassin provenant du site de l'abbaye, et qui, d'après Michel Aubrun, pourrait être le lavatorium de l'abbaye.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : milieu 12e siècle (daté par source) Secondaire : 3e quart 16e siècle (daté par source) Secondaire : 17e siècle (daté par source) Secondaire : 1er quart 19e siècle (daté par source) (détruit) |
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Dates |
1149, daté par source 1569, daté par source |
Auteurs |
Personnalite :
De Clairvaux Bernard, commanditaire (attribution par source) Personnalite : De Baviere Wolfang, personnage célèbre (attribution par source) Personnalite : Saint-Maur Abbé, commanditaire (attribution par source) |
Description
L'abbaye a été construite au sud de l'actuelle commune de Méasnes, sur la rive nord du ruisseau de Champaville, affluent de la Petite Creuse. Un arc en pierre, formant le portail de la ferme située à l'emplacement de l'abbaye, est le seul vestige d'importance de l'abbaye cistercienne d'Aubepierre. Quelques réemplois, tels que des débris de chapiteaux ou de colonnettes encastrées, sont visibles dans les murs de la ferme et dans les villages alentours, comme Champaville. Le site comporte également des vestiges d´aménagements de viviers dont l´un, proche des maisons, est toujours en eau.
Détail de la description
Toits |
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État de conservation |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA23001653 |
Dossier réalisé par |
Belzic Céline
Chargée de recherche, Conservation du Patrimoine, Conseil départemental de la Creuse, 2008-2010 Pacquot Eglantine Chargée de recherche, Conseil départemental de la Creuse, 2010-2020 |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Communauté de communes du Pays Dunois |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2009 |
Copyrights |
(c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Département de la Creuse |
Citer ce contenu |
Abbaye cistercienne Notre-Dame d'Aubepierre (détruite), Dossier réalisé par Belzic Céline, (c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Département de la Creuse, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/ab6b11cd-4373-4895-8eb8-cd52fc482cad |
Titre courant |
Abbaye cistercienne Notre-Dame d'Aubepierre (détruite) |
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Dénomination |
abbaye |
Précisions sur la dénomination |
abbaye cistercienne |
Genre du destinataire |
de cisterciens |
Vocable |
Notre-Dame |
Parties constituantes non étudiées |
croix monumentale forge moulin |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Méasnes
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: l' Abbaye
Cadastre: 1836 E 274 à 284, 2008 BH 63, 66, 115, 116