Présentation de la commune de Cersay actuellement Val-en-Vignes

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Cersay et Saint-Pierre-à-Champ, deux communes en une :

L'histoire de ces deux communes était distincte jusqu'à leur réunion en une seule commune, le 1er janvier 1973.

Le toponyme Cersay viendrait de Cerasetum en référence à un lieu planté de cerisier. Le nom latin aurait évolué jusqu’à prendre sa forme actuelle. En 1122, Sanctus Hilarus de Cerceio est citée dans une charte du chapitre de Saint-Pierre-du-Châtelet de Thouars qui devient Cherchaicum en 1166 et Cersayum en 1300. Dans les textes, la forme de Cerssay apparaît vers 1571 puis Sersay en 1664, et enfin Cerçay en 1782. Le bourg de Cersay est construit sur l’ancien chemin de Saint-Hilaire, allant d’Angers à Poitiers. Le nom de Saint-Hilaire de Cersay ainsi que le patronage de l’église associé à Saint-Hilaire font référence à une probable évangélisation de la région par Saint-Hilaire et ses disciples au 4e siècle.

La paroisse de Saint-Pierre-à-Champ apparaît également pour la première fois en 1122 dans une charte du chapitre de Saint-Pierre du Châtelet de Thouars et est désignée comme Sanctus Petrus de Campis. Dans certains textes, la commune est nommée Saint-Pierre-des-Champs ce qui amène des confusions. Il semble qu’une partie du nom de la commune vienne du saint patron de la paroisse, Saint-Pierre tandis que l’autre partie vient de la famille des Champs. Arbert des Champs est cité au 12e siècle dans plusieurs chartes.

Ces deux paroisses faisaient partie des Marches communes de l’Anjou et du Poitou. Elles dépendaient de la sénéchaussée de Saumur et de l’élection de Montreuil-Bellay. La paroisse de Saint-Pierre-à-Champ, qui appartenait à la province de l’Anjou, relevaient du comté de Passavant tandis que Cersay, située dans le Poitou, dépendait de la vicomté de Thouars.

La seigneurie, maison noble de Cersay, figure sur la carte de Cassini. Elle était située au sud du bourg, près de la route qui mène à Bouillé-Saint-Paul. Son emplacement laisse penser que sa construction est postérieure à celle du bourg. Sur le cadastre napoléonien, quelques dépendances sont représentées mais, elles n'existent plus à l'exception d'un pigeonnier carré, aujourd'hui en mauvais état. L’étang servant de vivier appartenait sûrement au même fief.

Le territoire de ces deux paroisses était divisé en plusieurs fiefs, certains sont aujourd’hui des hameaux, des demeures ou des fermes isolées. Il existait également trois seigneuries indépendantes. Sur le territoire de Cersay, la seigneurie de la Garenne connue depuis le 15e siècle dépendait de la châtellenie de Bouillé-Saint-Paul. A Saint-Pierre-à-Champ, la seigneurie des Peaux qui relevait de la baronnie d’Argenton-Château est citée dès le 16e siècle ; la seigneurie des Blancharderies connue depuis le 17e siècle appartenait au comté de Passavant.

Au 16e siècle, plusieurs chapelles sont fondées dans l'église paroissiale par des seigneurs comme celle des Blandineau, dont Mathurin Blandineau était chapelain en 1511 ; des Touches, en 1551, par Jean Grossin seigneur de Bouillé-Saint-Paul ou encore celle de Saint-Jean et de Notre-Dame-de-la-Jeune-Lande, en 1583, par Guillaume Guillot seigneur de la Guillotière. Il existait également les chapelles de Saint-Michel-du-Mureau et de Notre-Dame-de-la-Lorette, dont la création semble dater de la fin du 18e siècle. Il existait par ailleurs trois autres chapelles indépendantes. La chapelle Saint Martin du Ruault construite en limite des paroisses de Cersay et Bouillé-Loretz, près de l’abbaye de Ferrières. Figurée sur le cadastre napoléonien, il n'en restait que le portail roman à la fin du 19e siècle. La chapelle Notre-Dame-des-Peaux, située dans le manoir des Peaux, a été édifiée en 1522, par Pierre de la Chapelle. Une dernière chapelle rurale nommée Argenton est citée dans les sources, sans plus d'indication sur sa localisation précise.

La période révolutionnaire a eu des répercussions matérielles sur la commune de Saint-Pierre-à-Champs. En 1790, elle reçoit une aide de 200 livres accordée pour pallier la perte de la récolte de vignes et le délabrement de la paroisse. Des changements administratifs sont également opérés. La paroisse de Saint-Pierre-à-Champ est renommée « Champs ». Le maire de Saint-Pierre-à-Champ, François Trotereau des Blancharderies, demande en 1790, le rattachement de sa commune au district de Vihiers et au canton de Passavant dans le Maine-et-Loire, alors que les départements sont en cours de création. L’année suivante, la loi dite du 4 mai 1791, ignore la demande du maire et la commune est intégrée au département des Deux-Sèvres. Elle est rattachée au district de Thouars et au canton d’Argenton-l’Église. En 1794, certains habitants devenus gardes-nationaux des républicains sous les ordres du lieutenant Gaudichaud de la Brosse d'Enfer, deviennent la cible des vendéens qui pillent la paroisse.

L’urbanisation au cours dès 19e siècle et 20e siècle :

Au cours du 19e siècle, les bourgs de Cersay et Saint-Pierre-à-Champ, ainsi que les hameaux alentours se sont développés progressivement. Ainsi, les fermes du Petit Beaulieu et du Limonet se sont dotées d’un moulin à vent, et une tuilerie-briqueterie s’est installée à la Blotterie au milieu du 19e siècle. Cependant, les transformations les plus importantes sont visibles dans les bourgs.

Au début du 19e siècle, le centre bourg de la commune de Saint-Pierre-à-Champ, présente la morphologie d’un village-rue. Il se compose d’une rue bordée de fermes prolongée par une place où se tiennent l’église et le cimetière. Dès 1836, une maison dans le bourg est louée pour servir d’école et de logement au maître. Il faut attendre dix ans pour que la municipalité construise une mairie-école sur une parcelle faisant face à l’église paroissiale. Au milieu du 19e siècle, deux hôtels servant également de relais pour les attelages sont construits dans le carrefour principal qui traverse le bourg. Des commerces, cafés, boulangeries et quincailleries sont aussi ouverts. La commune demande, sans succès, en 1866 une autorisation pour la construction d’un bureau télégraphique, la création d’un marché est faite en 1869 et l'installation d'un bureau de poste en 1888. Pour faciliter la circulation sur les nouvelles routes qui traversent la rivière, des pertuis ou passages sont construits en 1886. En 1888, pour suivre les recommandations hygiénistes, une translation du cimetière est réalisée en lisière est du bourg, libérant ainsi l'espace sur la place centrale.

Au début du 20e siècle, la vétusté de l’église de Saint-Pierre-à-Champ, oblige la municipalité à procéder à sa reconstruction. Elle est achevée en 1933. Après la dévastation des vignes par le phylloxéra, la commune retrouve progressivement au cours du 20e siècle une agriculture viticole avec plus 200 ha de vignes en 1920. L’agriculture prospère, et en 1950 un pont à bascule est installé près de l’église. Un abattoir à lapin est aussi construit au hameau de Marchais dans les années 1950. À la fin du 20e siècle, peu de nouvelles maisons sont construites. Elles se trouvent essentiellement dans le bourg. Plusieurs fermes sont en ruine ou n’existent plus, principalement les fermes Petit Chanteloup et la Jubardière située dans le sud-est de la commune ainsi que la plus ancienne de Pernange. En 1980, une nouvelle mairie est construite au sud de l’église. Elle fait face au café-restaurant dernier commerce de la commune.

Le cadastre napoléonien de 1814 présente le bourg de Cersay centré autour de l'église, de son cimetière et desservis par un réseau de rues anciennes et sinueuses. Dans un premier temps, la mairie-école est construite sur une parcelle faisant face au cimetière. En parallèle, une école libre de filles, dirigée par les sœurs de la Charité du Sacré Cœur de Jésus, s'installe dans une maison donnée par l'abbé de Vieilblanc en 1858 à l’extrémité ouest du bourg. Sur la place principale, la commune procède également à la translation du cimetière en dehors du bourg, pour des raisons d’hygiène mais également permettre de redresser et d'élargir la rue principale. Le terrain de l’ancien cimetière, aplani, sert dès 1868 de place et un marché hebdomadaire y est organisé. À partir de 1873 deux foires annuelles sont organisées en avril et en septembre. L’église vétuste est reconstruite à l’emplacement du jardin de la fabrique racheté par l’ancien maire Adolphe Chauvin Boissette. Il lègue 40 000 francs à la commune pour que l’église soit édifiée sur cette parcelle. Le nouvel emplacement permet d’aérer le tissu urbain du centre-bourg et d’agrandir le parvis de l’église. En parallèle, il est prévu de construire un nouveau presbytère derrière l’église ou de racheter une maison. Finalement, la commune décide de racheter la maison et d’utiliser la parcelle arrière pour construire l’école des filles. Une promenade arborée est également plantée au nord de la nouvelle église, redessinant une partie de l’entrée est du bourg.

Il faudra cependant attendre une dizaine d’années avant que l’ancienne église et le presbytère ne soient détruits. En 1881, les deux édifices sont vendus et une partie de l’ancien cimetière est découpée puis vendue comme parcelles à construire. Les commerçants autour de la place s’insurgent très vite contre la construction d’édifices autour de la place. Une pétition des commerçants et artisans de Cersay est envoyée au préfet. Néanmoins, le projet est maintenu et la place réduite prend sa configuration actuelle durant les années 1890. Sur la place rectangulaire, des édifices de style néoclassique sont construits mettant en lumière la mairie au nord et l’église à l’est. Un café, un restaurant, une mercerie et une boucherie s'installent dans ces édifices. De plus, une bascule publique est installée sur la place principale en 1904. Puis, un bureau de poste est construit au nord de l’église en 1911.

Le tramway des Deux-Sèvres :

En 1895, le conseil municipal donne un avis favorable pour le passage de la ligne de Tramway des Deux-Sèvres reliant Bressuire à Montreuil-Bellay. Des champs sont achetés par la municipalité et une nouvelle voie de circulation est percée au nord du bourg pour éviter la rue principale dont le tracé est trop sinueux pour le passage tramway qui nécessite une largeur de 3,5 mètres. La nouvelle route plus large permet l'installation des rails du tramway, le passage de véhicules et devient progressivement la rue principale lorsque des maisons et des commerces sont construits. En 1902, la gare de Cersay située à la sortie ouest du bourg est achevée. Plusieurs surnoms vont être utilisés pour désigner ce tramway : Train Déraillant Souvent, Tête De Sot', Raballot, Boite à sucre et Tacot. Ces sobriquets lui sont donnés par les usagers et les riverains qui subissent ses fréquents accidents, incidents de circulation et retards. Dans les années 1920, le tramway à vapeur est remplacé par l'autorail. Dès 1934, le tramway qui fait face à la concurrence de l'autocar n'est pas rentable pour la Compagnie des voies ferrées des Deux-Sèvres qui envisage de l'arrêter. La ligne est déclassée en 1939 et un réseau routier de cars prend le relais. La gare est ensuite vendue en 1949.

Le 1er janvier 1973, les communes de Cersay et Saint-Pierre-à-Champ sont fusionnées. Elles conservent leurs mairies et leurs écoles. Depuis 2017, les élèves de Saint-Pierre-à-Champ vont à l’école de Cersay. Puis en 2017, après la fusion des communes de Bouillé-Saint-Paul, Cersay / Saint-Pierre-à-Champ et Massais, la mairie de Cersay est devenue la mairie principale.

À la fin du 20e siècle, des zones pavillonnaires sont construites au sud-est et à l’ouest du bourg. Puis la zone économique intercommunale de la Croix de Gobillon est créée. En 2010, la MARPA, « Maison d’accueil et de résidence pour l’autonomie » est construite dans le bourg au lieu-dit de la seigneurie, à l’emplacement d'une ferme.

La commune de Cersay s’étend sur une superficie de 51,78 km². En 1793, la population des deux communes était de 1007 habitants. En 1901, on assiste à une progression de la population dans les deux communes qui passe à 1556 habitants. En l975, le nombre d’habitants descend à 1174, puis 998 en 2004 avant la création de la commune de Val-en-Vignes.

À Cersay, le territoire se caractérise par un paysage de bocage sur un terrain plutôt vallonné dont le point le plus haut se situe à 112 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le paysage se compose de champs de pâturage, de céréales et de vignes. Le sous-sol granitique et argileux a favorisé l’émergence de mares et d’étangs alimentés par des ruisseaux et des rus. Au nord-est, le bois de la Pierre-levée s’étend sur la commune de Cersay et de Bouillé-Loretz. Il est protégé par une zone ZNIEFF de type 1 dans lequel vit un ensemble faunistique dont certaines variétés sont rares et menacées.

Le site de la Blotterie qui est exploité comme carrière à partir du 2e quart du 19e siècle, est aujourd’hui un espace naturel riche qui a permis l’émergence d’un microcosme. Les carrières se caractérisent par un sous-sol de schiste datant du cycle Cadomien (c’est-à-dire 600 millions d’années) recouvert d’un sol argileux datant du Cénomanien (90 millions d’années). La discordance singulière de ses deux ensembles a permis de répertorier ce site parmi les 11 sites des Deux-Sèvres validés en 2018 lors de l’inventaire régional géologique de Nouvelle-Aquitaine.

À Saint-Pierre-à-Champ, le territoire se compose d’un sol schisteux datant du Briovérien (600 millions d’années) et d’une partie granitique dans le sud à la frontière avec le territoire de la commune de Cersay. Le paysage se compose de plaines et bocages. Au nord du bourg, le relief accidenté de la Soire a été créé par l’érosion de la roche, donnant au paysage des dénivelés plus important formant une vallée encaissée. Le point le plus haut, situé à la Gachère culmine à 108 mètres au-dessus du niveau de la mer.

L’urbanisme des deux communes présente le même schéma, c’est-à-dire que le territoire possède un bourg central ainsi que des hameaux et des fermes dispersés. À Cersay, le bourg est desservi par la Départementale 31. Il conserve des maisons anciennes en granite dont les ouvertures sont chanfreinées et à linteau en accolade. À Saint-Pierre-à-Champ, le bourg conserve peu d’exemples de bâtis anciens en schiste. Dans les deux bourgs, l’architecture du milieu du 19e siècle au début du 20e siècle sont en tuffeau et conservent des décors empruntés au registre néo-classiques. De nombreuses dates portées ont été repérées, essentiellement sur les frontons des lucarnes. Les corniches avec ou sans denticules et les génoises ferment les avant-toits en tuile ou en ardoise.

Les bâtiments artisanaux, industriels et agricoles sont construits en moellon de granite, de grès, de schiste et couverts de toit en tuile creuse. Dans les hameaux, quelques logis conservent un escalier extérieur donnant accès par une baie fenière au grenier et dans les intérieurs : des éviers et des potagers. Plusieurs fours, pressoirs et chais ont également été aperçus. Le territoire possède aussi des cabanes de vignes en mauvais état, construites en bord de route et au milieu des champs. La présence de nombreuses mares n’a pas nécessité la construction de lavoir.

Plusieurs fermes sont en ruine ou n’existent plus, principalement les fermes Petit Chanteloup et la Jubardière situées dans le sud-est de la commune, ainsi que l'une des plus anciennes la ferme de Pernange. D’autres n’ont pas été vues, elles sont construites en fond d’impasse privée, c’est le cas pour la ferme de la Mazure.

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