Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Le contexte archéologique de la mise au jour de cet ensemble funéraire reste inconnu : il semble que la découverte est eu lieu lors du creusement de la cave dans les années 1950, probablement lors de la construction de l'immeuble actuel. Bien que n'ayant donné lieu à aucun compte-rendu à notre connaissance, des fouilles semblent avoir été menées, puisque dans un renfoncement de la cave, à son angle sud-est, un témoin de ces investigations a été conservé : il s'agit d'un ensemble stratifié présentant en coupe les extrémités postérieures de deux sépultures en coffre de pierre (niveau inférieur de ces sépultures : 79,82 NGF). L'une d'elle est encore recouverte d'une dalle qui ne semble pas comporter d'ornement. Au-dessus, environ 60 cm de sédiments compactés ont été conservés, sur lesquels reposent une dalle moulurée surmontée de blocs de forme indéterminée, qui pourraient constituer un cénotaphe.

Contre le mur est de la cave, décalé vers l'ouest par rapport à l'ensemble précédent, un cénotaphe beaucoup plus soigné est resté en place. Il est constitué d'un socle maçonné à profil en bâtière légèrement incurvé surmonté d'un niveau de dalles d'environ 10 cm de haut. Au-dessus, la base, également soigneusement maçonnée, est de profil très semblable à celui des bases de colonne du 12e siècle : tore-scotie-tore, le tore inférieur, nettement débordant, étant souligné en haut par un filet, comme le départ du tore supérieur. Le sommet du monument est composé de plusieurs blocs sculptés, peut-être en remploi : la face avant est ornée de demi-palmettes de style roman, et les côtés, de files de dents de scie de plusieurs modules au-dessus d'une frise de dents de loup. Le tout semble couronné d'une moulure saillante en bandeau animé en son axe d'une moulure érodée (chanfrein-double ?).

Enfin, en 2005, les restes d'un troisième monument funéraire apparaissaient, sous la forme de deux dalles jointives sans ornement disposées un peu plus au nord et en avancée par rapport au cénotaphe précédent, aujourd'hui dissimulé par les caisses de vin en dépôt du commerce qui occupe l'immeuble.

Sur le mur sud de la cave, est accrochée une plaque de pierre sculptée probablement mise au jour lors de la même campagne, d'environ 30 cm de côté. Elle représente en son centre une croix, plantée sur un cour. Un motif semblait exister à l'intersection des deux branches de la croix, trop érodé pour en déterminer la forme. A droite, est figuré un personnage en pied, vêtu d'une longue tunique. Son visage a disparu, mais le tracé de l'auréole qui l'encadrait est encore bien visible qui pourrait indiquer qu'il s'agissait d'un saint personnage, à moins que ce soit le contour du chapeau à large bord, attribut traditionnel de Jacques le Majeur. A gauche, une sorte de torsade évoque la forme d'un caducée. Au-dessus de la scène, trois étoiles se détachent en relief sur un fond à découpes arrondies qui évoquent des nuages, probable évocation de la voie lactée. Ce dernier élément en particulier évoque une représentation en relation avec le culte de saint Jacques de Compostelle, la forme du caducée pouvant être celle du bâton-bourdon du saint, parfois contaminé par l'attribut d'Esculape.

Cet ensemble témoigne de l'existence d'une des zones de cimetière paroissial : plusieurs opérations archéologiques ponctuelles menées sur la Place du Clocher ont révélées l'existence d'une puissance de remblai sépulcral allant jusqu'à 3 m d'épaisseur selon les endroits, les plus anciennes repérées n'étant pas antérieures au 12e siècle. La présence en place du cénotaphe le mieux conservé de cette cave et datable du 12e ou 13e siècle, participe de l'hypothèse selon laquelle la zone la plus proche de la collégiale et de son cloître pouvait avoir été réservée à des sépultures et des monuments funéraires privilégiés, séparée de la zone du cimetière proprement paroissial et ayant pu être gérée directement par le clergé canonial.